Dodge this ! ft. Maisie

On ne va pas m’enlever de la tête que c’est une idée pourrie. M’apprendre à tirer, pour quoi faire ? Sérieusement, Niall et Aidan m’ont demandé de ne pas m’incruster dans leurs histoires et je pensais le faire, mais c’est vrai que je suis plutôt impulsive et têtue, alors si jamais il y a un truc, je serais capable de me jeter dans le tas. Après il faut dire que même si je me tiens sagement à l’écart, le fait de fréquenter deux personnes liées à des activités comme les leurs peut me mettre en danger. Il suffit que je sois au mauvais endroit, au mauvais moment ou que pour faire pression sur eux, on me prenne pour cible. J’y ai pas mal réfléchi. Mais franchement c’est pas de bon cœur que je me rends à ce foutu stand de tir. En plus Aidan est en retard… ou je suis en avance, j’en sais trop rien. Je m’allume une clope pour patienter et c’est assez rapidement que mon professeur de la journée arrive. « Alors, prête à devenir la nouvelle James Bond girl ? » J’expire la fumée de ma bouche. « Tss… tu crois sérieusement que j’ai la gueule de l’emploi ? » Je n’ai jamais vu un seul James Bond, les bandes annonces m’ont largement suffit : toujours une nana canon prête à tout pour satisfaire l’espion qui est amoureux d’elle et le film suivant ; hop ! une autre nana ! En plus je suis sûre qu’elles sont connes. En gros : mauvaise blague.

« Si tu te demandes où est Niall, il ne viendra pas. Il est en mission pour Icare et je me suis dit que ce serait mieux si c'est moi qui t'apprends à tirer. Rapport aux mains magiques, tout ça. » Un sourire mutin étire mes lèvres et je me rapproche de Aidan. « Avoue que ça t’arrange bien. T’aurai pas filé exprès du taff à Niall par hasard ? En tout cas, t’as rien d’un James Bond mon grand, t’es pas assez propre sur toi avec cette barbe. » Mes doigts touchent son menton. « Mais j’aime bien. T’es beaucoup plus viril et sexy comme ça. » Et ça n’énerve ! Je devrais lui en vouloir encore, au pire le voir comme un ami qui m’a trahi par le passé, mais c’est justement du passé. Sauf que je n’y arrive pas. Mais merde ! c’est le premier gars que j’ai aimé et je n’arrive pas à l’oublier, encore maintenant qu’il est de nouveau dans ma vie.

« Si t'es prête, c'est quand tu veux. » Je le suis dans le stand de tir, pas vraiment enthousiaste mais bon. On se retrouve vite au comptoir où le type file les armes et les munitions. « Donnez-moi un CZ-75. » Je lance un regard à Aidan qui a l’air surprise. « Bah quoi ? Je joue à Battlefield sur ma console et j’prends toujours ça. » Ouais je sais qu’entre le jeu et la réalité il y a une différence mais j’aime bien cette arme quand même, autant que je commence avec un truc familier, au moins visuellement. Les flingues chargés et en mains, on va se caler dans un truc dont je ne sais pas le nom. Enfin le truc dans lequel on voit tirer les flics qui s’entraînent dans les séries télé… Ouais je kiffe les séries policières et alors ? La cible est loin mais c’est le but, non ? Et je fais ma grande, je prends mon arme d’une seule main, je me mets de profile en mode grande experte qui a la classe et je tire. Sauf que il y a un truc auquel j’ai pas pensé : le recule. J’ai failli me prendre l’arme dans le nez, c’est passez vraiment pas loin et du coup, j’ai été surprise. Je lance un regard à Aidan, sachant parfaitement la réaction qu’il va avoir. « Si tu te marre, souviens-toi que j’ai une arme chargée dans les mains. » Je boude. Je ne m’attendais pas à me rendre ridicule de cette façon. J’en oublie même la cible et je ne regarde même pas si j’ai foiré ou si j’ai eu un gros coup de chance et que je l’ai touché.

« J'ai rien dit pour l'instant » C’est le ‘pour l’instant’ qui me dérange. Marre toi et je te fous un coup de cross dans les dents ! Ca y est, ça me soul déjà cette histoire. Je savais que je n’aurai pas dû accepter ! A peine revenus dans ma vie que les deux gars essaient déjà de la régir. Pas moyen. En réalité, je suis surtout vexée de ce foutu recul qui aurai pu me péter le nez. J’ai pas spécialement envie de me foutre la honte … « Oh, ça va, t'as touché le coin droit, pour une première fois, ça aurait pu être pire » Un moue déforme mes lèvres. Je ne suis pas convaincue. Mais bon, c’est toujours mieux que rien ! Au moins je l’ai touché ! Mais en cas de véritable danger, si je me vautre par terre au premier coup, je blesserai peut-être la personne en face de moi, mais elle aurait le temps de me dégommer avant que je ne me relève. Moyen donc.

Oh ! Mais il fait quoi là ? Aidan se met derrière moi et commence à me faire bouger comme une poupée. Sur le principe j’ai de quoi le vanner mais dans le fond c’est tellement plaisant de le sentir à nouveau aussi proche de moi. « Sur le principe, c'était ça. Écarte tes jambes, tes pieds doivent être alignés avec tes épaules » Ok, il n’a probablement aucune idée de ce qu’il me fait ressentir… A moins que si, et il en joue le salop ! Je vais le tuer. Un jour, il ne s’y attendra pas et je l’étranglerai. Pour m’avoir fait tomber amoureuse de lui, pour s’être barré sans un mot comme un connard, pour être revenu dans ma vie comme une fleur, pour les sentiments qu’il continu à faire naître en moi. Ouais, je lui ferai sa fête ! « Redresse-toi et respire calmement. Concentre-toi sur ton arme et pas sur la cible » Se concentrer ? Que se soit sur l’arme ou la cible, c’est impossible, pas avec lui quasiment collé à moi. Et puis merde ! Avec toutes ses histoires sur ses mains magiques, je me fais plein de films… « Celle-là, laisse-la ici, t'en as pas besoin » Mais arrêtes ! J’ai envie de hurler, mais je me retiens quand même. Sauf que lorsqu’il s’écarte j’ai envie de l’engueuler pour être parti. Il m’énerve…

« Vas-y, réessaye » Bon, j’ai la bonne position, le viseur bien placé – normalement, vu que c’est Aidan qui s’en est chargé – donc ça devrait le faire, sinon je balance tout et je me casse. Je stabilise mes pieds comme s’ils étaient encrés dans le sol, espérant ainsi ne pas me reprendre de recul en pleine face. J’inspire et j’expire un bon coup puis je tire mais pas une fois, non… quatre fois. Vu que j’ai la bonne position autant essayer plusieurs tirs. Ca doit arriver dans la vie de tirer à l’affiler. En tout cas dans les séries que je regarde, c’est le cas. Je regarde la cible, cligne des yeux plusieurs fois pour être sur que je vois bien. Déjà j’ai un peu bougé mais rien à voir avec le recul de tout à l’heure et surtout j’ai tout mis dans la cible. Bon c’est pas précis, c’est éparpillé mais bordel, je lui ai mis quatre balles dans la gueule – façon de parler. J’ai l’impression d’avoir accompli un putain d’exploit. Comme si j’étais une surdouée de la gâchette. Le première à faire un truc pareille alors que c’est sûrement pas le cas.

Je me tourne vers Aidan : « T’as vu ça ? » Je suis limite incrédule, surprise. Puis c’est la joie qui prend le dessus. Je pose mon arme sur une tablette et je saute littéralement au cou d’Aidan tout en lui claquant un baiser rapide sur les lèvres. « Non mais t’as vu comme je déchire ! » Je suis légèrement trop enthousiaste… « C’est bon, j’ai compris le truc. On peut se tirer maintenant ? » Je demande, toujours pendue à son cou et la mine ravie.

Allez. J’ai compris comment on faisait. On n’a pas besoin de rester au stand de tir tout l’après-midi. Si ça se trouve c’était de la chance et je ne serais pas capable de le refaire mais j’ai tellement pas envie de rester là avec une arme. Par contre rester là, dans les bras d’Aidan… c’est une autre histoire. Mais il faut que je lutte contre ça. Je ne suis pas une gourde qui perd tous ses moyens à cause d’un homme… mais si c’est homme est spécial à mes yeux. « Pourquoi ? Tu as quelque chose de prévu ? » Pas spécialement mais… Quoi ? Les lèvres d’Aidan sont sur les miennes. Il fait quoi là ? Oui j’ai fait pareil mais moi c’était un smack, un truc qu’on fait quand on est super content, ça ne veut rien dire ! Bon je ne fais pas ça à tout bout de champ, mais il n’a pas fait la différence ? Non parce là son baiser n’a rien à voir. Le mien a claqué une demi seconde, le sien dure et dure et je ne peux pas m’en échapper. Parce que c’est tendre, comme un baiser retenu, attendu.
Je me surprends à lui rendre son baiser. A suivre le rythme qu’il m’impose et ses mains sur mes hanches m’électrisent, me donnent envie de me coller plus à lui encore, ce que je fais. En fait, je suis le genre de fille qui perd ses moyens face à un homme comme Aidan.

J’apprécie ce baiser et bien plus encore mais je ne peux pas m’empêcher de cogiter. Est-ce qu’il a prit mon petit baiser pour une invitation ? Se fait-il de fausses idées ? Je ne veux pas qu’il pense qu’il m’a récupéré – du moins si c’est ce qu’il veut. Les sentiments que j’ai pour lui son bien là, réels. Mais j’ai… peur. Peur que si nous retournons dans cette relation, il ne finisse pas disparaître de nouveau et je ne supporterais pas d’avoir à nouveau le cœur brisé par lui. Je me souviens de la douleur que j’ai ressenti lorsqu’il est part. Je ne veux plus jamais refaire cette expérience et j’ai l’impression que c’est ce qui arrivera si jamais nous redevenons ce ‘nous’ de notre jeunesse. Aussi je mets fin à ce baiser, tout en douceur parce que je n’ai pas de raison de le faire autrement.

Je lui offre un sourire amusé. Parce que je vais pas le frapper alors que j’ai aimé ce baiser mais je ne veux pas qu’il le prenne comme le début de quelque chose. « Tu récompenses toujours tes bonnes élèves comme ça ? » Je me recule, brisant cette étreinte qui nous liait, puis je lui donne un coup de poing dans l’épaule. « Don Juan vas ! » J’essaie de garder un côté amusée mais je me sens fébrile. Avoir sentie ses lèvres de cette façon contre ma bouche et ses mains simplement posées sur mes hanches ont réveillé en moi un tas de souvenirs intenses. Je savais que j’avais toujours des sentiments pour lui, mais je pensais vraiment que je lui en voudrais durant des mois avant de ne serait-ce lui reparler comme avant. Et pourtant ça n’a duré que quelques minutes avant que je ne reprenne mes habitudes avec lui. Bien sûr je lui en veux encore et son excuse de : ‘je ne voulais pas que tu sache que je changeais de pays pour que tu m’attende et ne m’oublie pas’ c’est carrément égoïste ! Et en même temps romantique. Enfin plus égoïste quand même parce que monsieur ne m’a jamais donné de nouvelles ! Si Chipset ne m’avait pas aidé à refaire ma vie et si je n’avais pas choisi New York comme destination, nous ne nous serions jamais croisés. C’est compliqué. Je lui en veux mais je ne peux pas nier les sentiments que j’ai pour lui. Je peux m’empêcher de les dévoiler par contre et de me laisser guider par eux. Enfin, je crois.

« Alors dis-moi : t’as dû en faire des conquêtes avec ta barbe sexy. Tu t’es marié quand même ou fiancé durant ces années ? » Simple curiosité. Après tout je lui ai bien dit que j’ai été marié par le passé, même si l’information est sortit comme ça. Et je dois l’avouer : il n’y a pas que de la curiosité mais un peu de jalousie. Bon, il n’a pas vécu comme un moine durant toutes ces années, je ne suis pas folle ni naïve. Mais est-ce qu’il a eu une femme qui a vraiment compté pour lui ? Une pour qui il aurait été prêt à tout, même à mourir ?

En dix ans, les gens changent, les choses évoluent. C’est un fait et c’est tout à fait naturel. Je sais qu’Aidan a croisé bon nombre de chemin, qu’il a fait des rencontres, certaines plus importantes que d’autres. Pourtant, au fond de moi, j’ai envie de croire qu’il ne m’a jamais oublié, qu’il m’a toujours aimé malgré les femmes qui ont pu se perdre dans ses bras. C’est stupide. Après toutes ces années sans se voir, sans même avoir de nouvelles, il a dû simplement m’oublier, ou ses sentiments se sont éteints. Se serait normal. Dans le meilleur des cas, il a gardé un souvenir tendre de moi. Une nostalgie liée à notre relation et à notre jeunesse, rien de plus. Cela me fait de la peine, bien que je ne le montre pas. Je n’ai pas envie de le faire culpabiliser, ni de le mettre mal à l’aise… et encore moins de passer pour la fille qui n’a jamais réussi à tourner la page malgré une décennie d’écoulée. Tout se contredit en moi. Je ne suis même pas sûre de ce que je désire réellement. J’ose néanmoins lui poser une question sur sa vie amoureuse. J’ai livré quelques détails sur la mienne, donc il n’y a rien de mal ni de suspect à ce que je m’intéresse à la sienne. Dans le meilleur des cas, on peut dire que nous sommes plus ou moins redevenus des amis, et les amis discutent, se confient, surtut après autant de temps passé loin l’un de l’autre.

« Non, pas de mariage ni de fiançailles. J'avais d'autres choses à faire et à penser mais, je ne vais pas te mentir, il y a eu des femmes dans ma vie. Quelques-unes sont parties, d'autres ont été obligées de partir et d'autres… Je ne les compte même pas comme des conquêtes » Je prends un peu de temps pour analyser sa réponse : Pas de choses sérieuses parce qu’il n’avait pas le temps et avec son travail, cela devait être compliqué. Donc si il avait choisi un tout autre chemin, il serait probablement marié aujourd’hui ? Sauf que se n’est pas le cas. Qu’il ait eu des liaisons est tout à fait normal, je m’en fous de savoir qui est parti et pourquoi, l’important c’est qu’il n’est plus avec l’une d’entre elles… Par contre son histoire de femme qu’il ne compte même pas comme des conquêtes me donne matière à réfléchir. « T’étais un gigolo ? » Je plaisante, je le taquine, mais qui sait ? Avant son business de voleurs, il a pu offrir ses services d’une autre façon afin de gagner sa vie. L’idée ne me plait pas, mais je n’ai pas toutes les cartes en mains pour pouvoir le juger si jamais la réalité est telle que mon imagination me le fait entrevoir.

« J'ai pas encore eu le temps de jouer » Duran ma réflexion, Aidan s’est posté devant le stand de tir. Il prend son arme et vide le chargeur avec une précision à couper le souffle. Il se tourne vers moi après avoir reposé son arme, la mine satisfaite comme on peut s’y attendre de sa part. Je sais qu’il sait tirer, mas ça ne l’empêche pas de montrer qu’il est fier de lui. « Et toi, d'autres personnes après ton mari ? » Quand je parlais de confidence… Je hausse les épaules nonchalamment. « Rien de bien sérieux. En même temps, j’ai eu ma dose avec les hommes et leur manie de me laisser tomber. » Je ne cherche pas à le faire culpabiliser, il n’a pas été le premier ni le dernier à m’abandonner. Ca a commencé avec mon meilleur ami qui du jour au lendemain s’est mis à m’ignorer sans que je ne sache jamais pourquoi. Ensuite Aidan et son départ non annoncé. Niall qui a disparu dans la nature. Et enfin mon mari qui m’a dénigré et rejeté dès qu’il a découvert que j’étais une mutante. Bref touts les hommes de ma vie m’ont abandonné. « J’ai eu quelques histoires sympas avec des femmes mais elles sont chiantes. Elles veulent toujours de l’engagement et toutes ces conneries. Enfin tu me connais. » Je n’avais jamais pris une relation au sérieux avant Aidan et encore, c’est venu petit à petit sans que je ne m’en rende compte. Au début, on couché juste ensemble, on se consolait, on comblé le vide laissé par Niall. C’était la façon dont je voyais les choses. Puis il y a eu le besoin de se voir, le manque, les promenades toutes simples, les discussions stupides, les rires… tout ça mis bout à bout et je l’ai considéré comme mon petit ami, celui dont j’étais amoureuse. J’ai essayé de recréer ce lien avec Marcus, ça a marché mais seulement au début, avant qu’il ne découvre mon secret, et puis Aidan était toujours présent dans mon cœur. Après ça, je n’ai plus voulu retenter l’expérience, j’ai préféré revenir à mes anciennes habitudes.

« Mais tu sais…» Je m’arrête. Non pas par envie mais quelque chose m’y force. Je me sens étrange. J’ai sentis une douleur dans l’omoplate. Quelque chose de violent mais aucun son ne sort de ma bouche. Je ne sais pas ce qui m’arrive exactement. Je sais que mon visage est décomposé et je fixe Aidan d’un air absent. « Aidan ? » Une question pleine de détresse, comme s’il pouvait me dire ce qu’il m’arrive. Je crois que je suis en état de choc. Oui, c’est ça. Je viens de recevoir une balle et une fois que mon cerveau a assimilé l’information, mes jambes se dérobent et je m’écroule. Puis plus rien, seulement l’obscurité.