Tu as changé de jeu sans prévenir les copains ? (Elektra)

La rage la gouvernait. La rage et la vengeance. Elle avait été utilisée. Une bande d’illuminé avait songé qu’ils pouvaient disposer d’elle et de son corps sans risque. Elle leur ferait payer, à chacun, les uns après les autres. Elle assassinait, froidement méthodiquement, les idiots qui la pensaient maitrisable, méprisable. Elle s’attaquait aux petits et elle remontait la pyramide. Elektra n’était pas stupide, elle savait qu’il viendrait un moment ou La Main lui enverrait les meilleurs et donc les pires. Donc elle avait demandé de l’aide. Elle avait demandé à Castle, parce qu’elle savait qu’il ne renâclerait pas à éliminer la vermine. Une nuit, elle aurait face à elle quelqu’un de trop fort, peut-être qu’elle mourrait, mais elle n’avait pas peur de la mort. Il la ressusciterait. Elle verrait Hela. Elle lui manquait terriblement, mais elle ne voulait pas aller la voir, elle ne voulait pas la mêler à ses problèmes, pas avant qu’ils deviennent ingérables.

Pour le moment elle s’attaquer aux raclures, les enfoirés indignes et utiles qui comprenaient à peine dans quoi ils étaient impliqués. Les proxénètes, les dealers, les revendeurs, ceux qui fournissent. Les égoïstes imbéciles. Elle se faufile, elle sait. Elle les a rencontrés, parfois ils lui ouvrent sa porte et elle tue non sans une certaine satisfaction. Les saïs comme prolongement de ses bras, elle élimine. Elle envoie un message à ses boss : je ne suis plus votre petit jouet. Elle fuit, elle ne veut plus être tenue en laisse. Finalement, en la capturant, Strange la libéré, elle a pu briser ses chaines. Oh, elle continue de lui en vouloir, elle a passé un temps en asile, elle n’est plus certaine des frontières de sa folie, mais elle est certaine de son but. Elle les veut morts, tous. Son corps ne sera le temple d’aucun démon.

Elle rentre chez ce type, un crétin qui sort accompagner mais veut conserver sa vie privée. Elle rentre tranquillement par une fenêtre ouverte dans la cage d’escalier de son immeuble miteux. Hell's kitchen, elle commence à haïr ce quartier. Il est comme la bouche de l'enfer, rien n'est calme. Elle a voyagé autour du monde et pourtant c'est ici qu'elle a vu le pire, ici qu'elle est morte, ici que vit, travaille et veille le seul homme qu'elle ait jamais aimé, quand bien même elle s'en pensait incapable. Elektra traverse le couloir silencieux, elle ne fait aucun bruit, elle écoute, pas un murmure, pas le bruit assourdi d'un téléviseur. C'est calme. Trop calme. Elle se demande si elle s'est trompée. Est-ce qu'il n'a pas changé ses plans, est ce qu'il est bien là ? Elle fracture la porte sans difficulté et pénètre la pièce avant de sortir son second saï. Quelque chose est anormale. Le calme puis un sifflement. Elle se fige, elle a reconnu avant de le voir. Au ton, au rythme, elle sait.

Les lames de ses saïs luisent, son regard est acéré quand il arrive. Trevor. Une arme dans la main, un sourire aux lèvres. Trevor. Elle frisonne, de quoi elle ne sait pas trop. Elle l'écoute et baisse le col carmin qui couvre le bas de son visage, un sourire passe sur ses lèvres, un peu ironique, un peu hautain. "Je ne pense pas que La Main te laissera jouer à mon jeu" Elle fait machinalement tourner un saï dans sa main, elle est presque déçue de n'avoir pas pu tuer sa victime, Trevor lui a volé sa victime du bout de sa batte. "Ils t'ont demandé de me ramener à la maison ?" Elle se souvient, Stick lui a demandé la même chose, il s'agissait alors d'un jeune étudiant en droit qui déviait du chemin tracé des chastes. Elle resserre ses mains sur le manche de ses armes, prête à fuir, prête à se battre, à gagner du temps. Impossible de gagner contre un type optimisé à l'adamantium, elle n'est pas stupide au point de s'imaginer pouvoir le tuer. Et puis elle n'a même pas envie de le tuer. Il lui colle des sueurs froides aussi bien qu'il lui colle la fièvre. Il représente tout ce qu'elle a peur de devenir, tout ce qu'elle est tentée de devenir. Elle sourit déjà trop, mais pas autant que lui. "Tu sais que je ne vais pas me laisser faire." Elle se met en position, elle ne peut pas le vaincre, mais elle peut le retarder, elle connait les points qui peuvent paralyser un corps, même un comme le sien. "Je m'amuse trop, j'ai pas envie de rentrer." elle minaude, elle en a fini avec la peur, elle a été harcelé par le démon, elle a été mise à terre par Bullseye, c'est terminé maintenant.  

Elle sait que c'est dangereux, qu'elle n'est plus si loin du cynisme, du nihilisme. Arrêter de croire en un mieux lui permet d'arrêter de craindre le pire. Alors elle sourit quand bien même il n'y a chez elle aucune joie, juste un mécanisme de revanche, elle ne pense à rien d'autre. Ca l'obsède, toute son existence est une farce, sa naissance la prédestinait à n'être résumé qu'à un utérus alors que jamais elle n'avait songé à devenir ma mère, c'était pas son but, pas même une envie, mais ses envie La Main s'en fout. Ils veulent juste la conformer à leurs attendre, la laisser se faire engrosser pour répondre à leurs attente. Ils finiront par l'attacher dans une cave. "Si tu veux me tuer..." commence t-elle en posant sa main sur son bas ventre "vise bien." elle effleure sa combinaison et penche un peu la tête, elle sait quel effet elle peut avoir sur lui. Elle se souvient de l'unique nuit ou elle l'a cherché, ou elle l'a trouvé, c'était malsain, c'était dépravé, c'était la dernière fois, mais parfois elle voit comme il la regarde. Il s'en cache pas et elle sait reconnaitre la concupiscence, alors elle sourit, parce qu'elle sait qu'elle a un coup d'avance.

Il est tellement plein de certitude tandis qu’il se déplace dans la pièce, qu’il la toise, Elektra le suit du regard mais ne bouge pas. Elle hausse un sourcil mais ne dit rien, La Main décident déjà à quel jeu ou non ils ont droit de participer, ils biaisent les règles, mentent sur les rôles, tous les jeux de La Main sont déjà truqués. Elle ne sait pas s’il s’en fout ou s’il l’ignore, elle hésite sur laquelle des options est la pire. Il doit la ramener, comme d’habitude, il a le rôle de son chaperon attitré. Celui qui l’avait déterré, elle l’ignorait jusque-là, mais ça ne la surpris pas plus que ça, la prochaine fois qu’elle mourrait elle veillerait à indiquer de l’immerger au fin fond de l’océan, là où personne n’irait la récupérer, là où son corps se disloquerait sous la pression pour être inutilisable.

Trevor pense qu’il la connait. Peut-être que c’est le cas, c’est en rien rassurant. Ils se connaissent depuis longtemps, elle le connait à peine elle, elle l’a cerné mais elle ne sait rien de lui et n’a jamais rien voulu savoir. Quand il cite un ami, elle tique, Trevor a des amis ? Assez proche pour qu’ils lui arrachent un serment la concernant. Elle penche un peu la tête et ses cheveux coulent contre son épaules, elle le dévisage. "Quel ami ?" demande-t-elle un peu sèchement. Lui il sait trop de chose, il sait comment la faire rentrer dans le rang sans même avoir à lever un de ses flingues. Et il le prouve, il ne répond pas, il continue de parler, Elektra se tend, ses mains se crispent sur ses armes, ses yeux lancent des éclairs. Elle ne supporte pas quand il le mentionne, elle ne supporte pas d’avoir cette stupide faiblesse, par chance elle connait aussi la sienne et le prouve, elle traverse la petite pièce, sur le qui-vive, jusqu’à la table, pas loin de la fenêtre entrebâillée, pas loin de Trevor non plus. Il parle et elle comprend qu’il ne sait rien de son rôle, un rire léger lui échappe, elle se hisse sur la table, balance ses jambes presque indolente. Pas face à lui, un peu plus loin, elle le regarde par-dessus son épaule son regard brille d’une certaine malice "Tu ne sais rien Trevor." et cette constatation l’amuse et l’émerveille presque. Elle regarde la chaîne posée sur la table, elle sait reconnaitre un Kusarigama quand elle en voit un mais ignorait que Trevor savait manier une telle arme. Ses doigts passent sur les maillons et jusqu'à doucement heurter la boucle qui doit probablement être pourvue d'un mécanisme, elle le trouve et la lame jaillit, son sourire se refléte dans l'éclat tranchant "Tu sors le grand jeu pour moi, j’en suis honorée", elle s’en amuse.

Savoir qu’il ignore tout de cette stupide prophétie a totalement changé son humeur, elle délaisse l'arme et relève son regard vers lui "Parlons ! On aura le temps de se battre plus tard" propose t-elle presque joyeusement, presque férocement. La Main ne dit rien à ses agents, elle se chargerait de rétablir une certaine vérité. "Je n'ai pas besoin de faux dieux ou de sorcier traitre pour décider de massacrer des imbéciles" dit-elle tranquillement "Il y a quelques mois, après que tu ais une entrée remarquables pour venir me chercher après ma petite altercation avec Bullseye, nos employeurs m'ont envoyé racoler le sorcier suprême, dans une robe très blanche et très courte." commence t-elle "Tu l'aurais adoré" ajoute t-elle, elle même l'avait détesté, pour ce qu'elle représentait. Elle n'était pas une poule de luxe, elle était une assassine et ça, La Main avait tendance à l'oublier. "Sauf que j'avais un sorcier à disponibilité et un titre à  comprendre, cette connerie de Black Sky qui m'a ruiné ma vie et ma mort. "  Cette connerie c'est un argument dont elle abuse pour que la plupart des autres membres de La Main lui foute la paix, le petit gang de Trevor en tête. "Je te passe les détails, mais je sais finalement ce que c'est. Et ça ne m'a vraiment pas plu." conclu t-elle sciemment élusive "Et donc... qui est cet ami à qui tu as fait une promesse ?" redemande t-elle innocemment, impliquant qu'il n'aurait pas la suite de l'histoire sans cette réponse, elle n'avait pas dit qu'elle ne voulait pas jouer, ce n'était peut être pas le jeu que Trevor avait en tête. Tant pis. Celui-ci l'intéresse plus. elle n'a pas lâché ses armes et bien qu'elle soit nettement plus détendue pour une raison pas tout à fait clair, elle n'en est pas à abandonner ses précieux petits jouets. La pointe de l'un est fiché dans le bois de la table, machinalement elle le fait tourner, l'autre est posé mais sa main ne quitte pas le manche. Elektra n'est pas certaine qu'il se plie au jeu, à ses règles, alors elle le guète, sonde son regard et surveille ses gestes, le moindre un peu brusque la fera bondir plus svelte d'un chat, plus rapide que lui.

Elle retient une remarque désobligeante, elle n’a aucune envie d’entrer sur ce terrain avec Trevor, elle se contente de lever un sourcil, un peu ironique. Il est proche maintenant et si elle continue de feindre une certaine nonchalance elle sent l’étau se refermer. Mais elle a besoin de savoir. Elle sait déjà, avant même qu’il le dise, elle le sait. Elle ne bouge pas quand il s’approche encore, il s’amuse,  elle s’impatiente. Parce qu’elle sait, elle veut juste qu’il le dise, mais il fait durer le suspense. Elle se rappelle sa silhouette, elle n’a juste jamais fait le rapprochement, pas voulu le faire.  Elle se rappelle les jeux avec Oreste et le bureau enfumé de leur père. Bien sûr que Trevor était là. Immense, le sourire brillant, la petite Elektra était déjà d’un caractère plutôt rétif et évitait non sans une certaine perspicacité de se trouver dans les parages quand les collaborateurs de son père étaient dans les parages. Elle n’aimait pas leur façon de la regarder. Elle entrainait son frère aux limites du domaine. Inventer des nouvelles infractions. Trevor était déjà là. Quand tout allait bien. Quand tout a dégénéré. Est-ce qu’il était là quand elle a égorgé son père ? Elle a pâlit un peu, détourne son regard. La Main a systématiquement été présente depuis sa naissance. De son enfance, elle n’avait que des souvenirs flous que son séjour psychiatrique n’avait pas arrangé, mais elle était persuadée d’une chose, la plus grande menace qui avait pesé sur elle, était son père lui-même. « Tu crains dans ton boulot. » dit-elle. Elle était folle, elle était morte : Trevor est probablement le pire des protecteurs.  

Elle assimile, le regard vers la fenêtre, elle ne répond pas immédiatement. En face brille un éclat, fugace. La lunette d’un fusil de viseur un instant reflété. Castle probablement venu surveiller dans quoi il s’engageait. Il pouvait pas choisir un autre soir ? Son regard glisse à nouveau vers Trevor, c’est son tour de répondre et bien que cela ne la réjouisse pas, elle choisit de sourire. « Le black sky c’est… » commence t-elle tranquillement, la tête penchée et une main remontant le long de la manche de Trevor « … une très ancienne prophétie qui stipule que viendra au monde un jour une femme capable d’offrir à la Bête…. » elle s’interrompt un instant « Tu connais la Bête n’est-ce pas ? Tu es parti intégrante de Sa Main. » elle prend son temps, elle réfléchit à se sortir de cette situation. Sourire joueur, elle flirte, ses ongles contre sa nuque, son saï toujours bien en main.

Elle n’a pas besoin de robe blanche pour distraire Trevor. Ils sont proches, assez pour qu’elle sente sous souffle sur ses lèvres. « Une femme capable de porter Sa progéniture. Mais Il a besoin d’un hôte pour ça. » L’expression presque douce de son visage se fige, se transforme et la rage la transfigure « Est-ce que ça te tente ? » demande-t-elle, soudainement hargneuse « Tu pourras me baiser, me mettre en cloque. » D’un geste vif elle brandit son arme de prédilection qui s’enfonça directement dans son oreille. Eclat de violence. Si sa peau  est une armure en soit, celle-ci a quelques défauts. La pointe de son saï heurte son blindage interne, non sans faire quelques dégâts, pas assez pour le retenir. Un peu de sang, c’est une petite victoire. Elle profite de la surprise pour bondir hors de sa portée, non sans se saisir, au passage du kusarigama, la chaîne se détend, la lame heurte Trevor sans faire de dégât. Elektra est derrière lui et elle fait tournoyer l’arme sitôt sur ses pieds. Guerrière furieuse. L’arme est agréable à manier, mais elle n’a pas le temps de s’amuser, bien que, de toute évidence ce soit le cas. L’arme siffle quand elle la projette et la chaîne s’enroule autour du cou de Trevor. Sa lame n’est d’aucune utilité et elle ignore même si elle peut l’étrangler, si il est physiquement possible de le faire, mais qui ne tente rien n’a rien. Elle lève la jambe pour prendre appuis sur son dos, lâche son saï pour agripper avec sa seconde main la chaine et tirer aussi fort qu’elle peut. Faire suffoquer le colosse. Faire tomber son gardien. « Allez tous vous faire foutre. » sa voix hachée par l’effort continu, l'adrénaline la boostant, elle fonctionne à la rage, à la haine. Elektra n'appartient à rien ni à personne. Elle ne se laissera pas remettre une laisse.