Sujet: Re: The Red Planet [Karen & Robbie] Dim 13 Nov - 23:52
THE RED PLANET ft Robert Aylen
D
u sang s’écoule abandonnement de son flanc, je ne sais quoi faire, la panique rend mes gestes incertains et maladroits. L’urgence de la situation fait considérablement monter mon niveau de stress. Plus rien autour n’a d’importance hormis Robbie. C’est étrange à dire, et surtout à penser, mais le voir dans un tel état a stoppé brutalement mon désir de revanche. Il n’y est pour rien, même si l’envie d’en terminer avec lui était présente, elle ne fut pas assez forte pour passer à l’acte. Mon sixième sens me bloque, me murmure qu’il y a quelque chose de beaucoup plus profond derrière cette façade glaciale, que je dois essayer de passer outre notre altercation. Difficile à faire, mais je dois essayer, et ne pas me laisser aveugler par la colère. Cela n’apporte rien de bon, preuve en est, cette blessure, c’est de ma faute. Une de mes mains se pose délicatement contre sa tempe, caressant brièvement ses cheveux. Un geste irréfléchi, instinctif, naturel. A sa demande, ne montrant aucune opposition, je le conduis jusqu’au rover, puisant dans mes dernières forces pour le placer sur le siège conducteur. J’aurais très bien pu conduire, mais dans la précipitation et la panique, je le laisse gérer la situation. Généralement dans ce genre de moment je ne fais pas une très bonne leadeur, et mes décisions sont souvent incohérentes. Mes yeux sont rivés sur Robbie, le voir comme ça réveille une forte culpabilité. L’impulsivité dont j’ai fait preuve n’est pas pardonnable, c’est ainsi que je le ressens, du moins sur le moment. Je le laisse apposé ma main sur sa blessure, un frisson me parcourt aussitôt. Le contact de ce liquide épais, me fait grimacer. Je tremble, mais exerce la pression demandée. Est-ce que la balle a touché un organe ? Je n’y connais strictement rien en médecine, et je crains le pire pour Robbie. Ce tir m’était initialement destiné, là est le pire. Hein ? Quoi ? La retirer ? Pardon ? Mes yeux s’arrondissent. Je le fixe, incrédule face à sa requête. Jamais de ma vie je n’ai pratiqué une telle chose, et avec ma maladresse, toutes les issues sont possibles, les meilleures comme les mauvaises.
Une fois à l’arrêt, je me précipite pour le tirer délicatement à l’arrière, sur l’un des matelas, avant de chercher cette fameuse trousse de secours. J’y parviens au bout de quelques secondes. Une paire de gants attire mon attention. Etant donné l’environnement dans lequel nous nous trouvons, et la plaie béante, elle tombe à pic. J’inspire profondément, essayant de retrouver un semblant de calme. Gants enfilé, pince déballée, je me penche doucement au-dessus de l’abdomen de Robbie. Tout ce rouge m’impressionne, fait remonter quelques nausées. J’inspire une seconde fois. Il ne peut pas s’en sortir sans mon aide, du moins pas totalement. Mes doigts prennent place autour de la blessure, j’essaie de contrôler mes tremblements, mais ils sont bien trop violents. J’approche la pince, mais des tâches gênent soudainement ma vision, et des hauts-le cœur commencent à se faire ressentir. Prise d’un vertige, je me laisse tomber en arrière, le dos contre la paroi du rover, les jambes contre ma poitrine. Malgré mon malaise, je fais attention à ce que les gants ou la pince ne touche rien, serrant cette dernière fortement pour éviter qu’elle ne m’échappe. Des larmes commencent à ruisseler sur mon visage. Il m’en demande trop, beaucoup trop. Tout s’enchaîne à une allure folle, je n’ai pas le temps de me remettre de mes émotions, qu’un nouvel incident se produit, et pire que le précédent.
— Je … Je n’peux pas. Désolée Robbie mais … un sanglot me coupe, je tente de l’étouffer à l’aide de mon avant-bras. Non impossible … je n’en suis pas capable. Je n’ai jamais fait ça de ma vie, je ne sais même pas si je vais y arriver … je risque surtout d’aggraver les choses... Une nouvelle vague de sanglots me prend, m’empêchant de respirer convenablement. Le voir ainsi, aussi livide, à se vider de son sang, ça me bloque. Je ne suis qu’une moins que rien, incapable de faire quoi que ce soit d’utile.
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Sujet: Re: The Red Planet [Karen & Robbie] Lun 14 Nov - 1:34
The Red Planet
“Karen Page & Robert Aylen”
La douleur qui persiste poursuit ses ravages mentaux. Elle réveille un à un des sentiments que j’avais pourtant mis de côté pour ne plus les ressentir. La panique. La peur. La souffrance. La perte de contrôle. La confusion. Je ressens tout en même temps et cela m’étourdie, alourdie ma tête. Je ne pense plus aussi clairement qu’avec ma rigidité. Je tente de me concentrer sur des petites choses simples. Comme respirer. Je ferme les yeux un instant et je me mets à respirer lentement pour calmer mon corps, dans l’attente de l’intervention de Karen. Je n’ouvre les yeux qu’en remarquant le délai anormalement long de la dite intervention. Je vois la blonde qui s’est retiré à l’autre bout du Rover. Mais qu’est-ce qu’elle fout? Je me relève sur mes coudes pour mieux la voir alors qu’elle se met à sangloter. Elle me dit alors la plus grande absurdité qu’elle n’a jamais prononcée devant moi. Je fronce les sourcils et j’expire un bon coup afin de me redonner un peu de nouveau souffle pour parler plus facilement.
« Approche. » J’attends qu’elle le fasse mais apparemment elle a besoin d’un peu plus d’encourage. « S’il te plaît, Karen, approche. » Ma voix est tremblante, parler me fait mal.
Ma position actuelle applique une certaine pression contre ma plaie et parler me demande d’activer un peu plus mon diaphragme qui nom de Dieu me fait un mal de chien en ce moment. Je me recouche, sentant mes bras me lâchée. Karen finit par s’approcher de moi et j’attrape doucement son avant-bras contenant toujours la pince. Je ferme les yeux, de plus en plus épuisé.
« Je peux t’aider à trouver la balle avec ma main comme ça sur ton avant-bras, mais je ne peux pas la retirer seul. J’aimerais bien, mais comme tu le vois, je ne suis pas au top de ma forme. Si tu n’y arrives toujours pas, je n’aurais pas le choix que de supprimer ta peur de le faire. » J’ouvre les yeux et la fixe avec sérieux, mais jamais autant qu’avant cette mésaventure. « Tu te rappelles ce que j’ai fais à ces pilleurs ? Je peux aussi faire des choses bien, tu sais, comme guérir de la peur. »
Je mets ça tout beau pour ne pas qu’elle se mette à pleurer encore plus fort, mais j’ai vraiment besoin qu’elle reprenne sur elle et rapidement parce que je sens que je vais m’évanouir si personne ne m’aide dans les prochaines minutes. Je garde ma main sur son avant-bras, comme pour la soutenir alors que je fixe désormais le plafond, suant toujours abondement. Au bout d’une minute de la sorte, lorsque je sens la tension dans son corps diminuer à mon impression, je tourne la tête pour l’observer dans ma fièvre naissante.
« Tu es prête ? »
J’ai désespérément besoin d’un oui. Avant de ne plus avoir la force de faire quoique se soit et de cette fois véritablement attendre la mort dans le néant de l’inconscience. Étrangement, alors que je la fixe, ce n’est pas Karen que je vois. Le visage inquiet à côté de moi est celui de Cassie. Je détourne les yeux, ne souhaitant pas que cette fissure dans mon armure me conduise à pleurer. Surtout pas maintenant. Combattre cette émotion est difficile, la douleur est plus forte encore que celle à mon flanc. Résiste. S’il te plaît, Robert, résiste. Mes yeux sont attirés à gauche, là où il n’y a personne en apparence. Mais dans ma tête, la présence de cette femme tenant ce bébé naissant dans ses bras qui me fixe en souriant me déchire le cœur en deux. Je serre un peu plus fort ma main autour de l’avant-bras de Karen, effrayé par mon passé qui resurgit, comme ce fameux film qu’on voit au moment de mourir. Les images que j’y vois aurait dû me réjouir. Mais pas alors que je suis responsable de leur mort.
Sujet: Re: The Red Planet [Karen & Robbie] Lun 14 Nov - 19:02
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S
ecouée par des sanglots, le dos collé à cette paroi, mes yeux fixent cette pince entre mes doigts. C’est une situation irréalise. On ne peut s’improviser médecin, chirurgien du jour au lendemain, je n’en suis tout simplement pas capable. La vue du sang, de la chair blessée m’effraie, me paralyse. D’un autre côté, je ne peux le laisser dans un tel état, ne pas retirer cette balle, et le laisser se vider ainsi de sang ne lui laisse pas de grandes chances de survie. Respire Karen. Paupières closes, je tente de me calmer, inspirant et expirant lentement. Je dois faire disparaître toutes ces craintes de mon esprit, retrouver une certaine lucidité, et ne pas laisser cette crise d’angoisse prendre le dessus. Une voix me tire de ma méditation improvisée, celle de Robbie. Mes yeux se posent automatiquement sur lui, mais mon corps demeure immobile, refuse tout mouvement. La crainte à son égard persiste. Va-t-il me reprocher ce manque de courage de ma part ? Ou bien me faire payer cette balle ? Ma méfiance est toujours là. J’ai peur de ce dont il est capable de faire, de me faire. Ce regard froid qu’il arbore depuis nos « retrouvailles », et son visage déshumanisé ne me mettent pas en confiance, du moins pas entièrement. Seulement, contrairement à la majeure partie des habitants de cette planète, je ne suis pas totalement sans cœur, je suis capable de faire preuve de compassion, de tendresse malgré tout. J’ai l’impression que cette blessure, Robbie, ont réveillé cet instinct, profondément endormi depuis bien trop longtemps. Je me rapproche finalement de nouveau de lui, faisant suite à sa demande. Un frisson me parcourt bien malgré moi lorsqu’il m’attrape l’avant-bras. Sa main est glacée, livide, et a perdu de sa puissance. Elle est bien différente, misérable comparée à la fois où elle s’abattait sur mon corps sans ménagement. C’est un contraste saisissant, effrayant. Je l’écoute attentivement, me focalise sur ses paroles. Elles me rassurent, brièvement. Sa fièvre gagne en intensité, son corps va finir par ne plus pouvoir la supporter, je dois faire au plus vite. Une légère pliure s’installe entre mes sourcils froncés, dès lors qu’il se met à parler des pilleurs. Les images de leurs corps inertes, tombant lourdement au sol sans aucune raison apparente, du comportement anodin de Mark me reviennent en tête. Il est donc à l’origine de cette hécatombe… Comment ? Je secoue discrètement la tête. Je ne pense pas que ça soit le moment propice pour se poser ce genre de question, et d’y chercher les réponses.
— Je suis prête… enfin, je crois.
Une lueur étrange illumine soudainement son regard. Loin d’être joyeuse, elle provoque en moi un sentiment de malaise. C’est pas le moment de rêver ! Mes esprits retrouvés, je me penche derechef sur son abdomen ensanglanté, posant délicatement mes doigts autour de la plaie. Cette fois-ci je ne peux pas me permettre de faire demi-tour. Une profonde inspiration, puis j’enfonce avec précaution la pince dans sa blessure, avançant millimètre par millimètre à la recherche de ce bout de métal. L’outil se heurte finalement à un obstacle, petit, sphérique et dur.
— Je l’ai. Maintenant la phase la plus délicate…
D’un geste lent, j’emprisonne la balle entre les extrémités de la pince, avant de retirer doucement cette dernière. Ma concentration est à son maximum, un tremblement, et je risque d’aggraver la situation. Les secondes me semblent durer une éternité. Libération. J’observe, sans vraiment grand intérêt, cette petite boule étincelante avant de poser le tout dans une petite boîte de chirurgie en inox, trouvée dans la trousse également. Je m’écroule derechef contre la paroi, à bout de force après autant d’émotions.
— J’y suis arrivée. Un chuchotement, une réussite, un léger sentiment de satisfaction. Je cache mon visage entre mes mains par réflexe, oubliant le sang accumulé sur mes gants qui tâche ma peau.
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Sujet: Re: The Red Planet [Karen & Robbie] Mar 15 Nov - 0:39
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Lorsque la réponse de Karen résonne dans mes oreilles, je suis subitement sortie de mon cauchemar éveillé. Le cligne des yeux plusieurs fois, comme si je ne saisissais pas encore qu’elle avait dit oui. Je maintiens ma main sur son avant-bras, stabilisant ses manœuvres alors qu’elle approche la pince de ma blessure. Je ne sens pas l’outil dans ma chair, la douleur couvre toutes sensations nouvelles à mon flanc droit. Je tente de respirer plus posément, pour ne pas trop bouger durant l’extraction. Lorsqu’elle touche la balle, je sens cette fois clairement cette dernière remuer dans ma chair et mon visage forme une grimace de souffrance. Je demeure en contrôle, lui permettant d’agripper la balle et de commencer à la retirer. Je perçois de manière désagréable la balle qui frôle les parois qu’elle a créées en entrant dans mon corps. Lorsqu’enfin elle est extraite, je relâche d’un coup l’avant-bras de Karen et je me mets à haleter, toujours souffrant. En étirant un bras, je me saisis du kit médical et je fouille à l’intérieur pour y prendre plusieurs compresses. Je les colle à ma plaie et le sang qu’elle crache en silence s’absorbe en majorité. Je demeure ainsi, appuyant contre ma blessure. Je retourne au kit pour cette fois prendre une petite bouteille d’Hibitane ainsi que d’autres compresses. Je retire celles qui sont souillées et je laisse couler le liquide antiseptique directement sur ma plaie avant d’appuyer de nouveau avec les compresses. Je retiens un cri puissant, me contentant de grogner et passer bien près de perdre connaissance. Je regarde dans la direction de Karen. Elle est encore secouée par l’extraction de la balle. Elle n’est certainement pas en grande forme pour faire les points de suture. On n’a pourtant pas le choix.
« Tu veux bien m’assister ? » Je lui demande en sortant de la trousse un kit de suture.
Je l’ouvre et je commence à préparer le matériel, demandant simplement à Karen de maintenir la pression des compresses déjà en place. Dans le kit, se trouve une seringue de Xylocaïne. On se croirait dans un vrai hôpital. Ma mère n’y est pas allée de main morte lorsqu’elle a monté cette trousse médicale. Tant mieux pour moi. Je prépare donc la seringue et en me relevant un peu plus, le haut du dos appuyé contre le mur derrière moi, je pique localement pour facilité les sutures. Mes mains ne tremblent pas trop, donc je pense être en mesure de les faire par moi-même. Je fixe toutefois Karen encore une fois.
« Trois ou quatre points devraient être nécessaires. Je peux les faire. »
Je commence donc dès que les compresses ne sont plus dans le chemin et que l’anesthésie fonctionne. Je suis concentré à la tâche, prenant beaucoup plus de temps que nécessaire. Rendu au dernier point, mon équilibre commence à faiblir et j’ai une crampe au dos. Je m’arrête donc en tente de me replacer correctement, ce qui n’apporte aucun bienfait.
« Si seulement j’avais un oreiller. » Je murmure en fermant les yeux.
Je suis toujours très étourdi. Je dois finir les points sinon je vais m’écrouler de fatigue.
Sujet: Re: The Red Planet [Karen & Robbie] Mer 16 Nov - 1:21
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D
u bruit résonne entre les parois du rover, comme des tintements de bouteilles, et brise mon isolement. Inquiète de leur origine, j’abaisse aussitôt mes mains pour poser mes yeux sur Robbie. Rien de bien “grave”, il termine simplement les soins. Quelle idiote ! Je me rapproche, observant, surveillant le moindre de ses gestes. S’assurer que tout se passe bien, et apprendre par la même occasion. Ces compresses souillées, imbibées de ce liquide cuivré, cette légère odeur de fer que je commence à percevoir après ces longues minutes d’enfermement, me provoquent des vertiges, inoffensifs mais ô combien insupportables. Cette envie soudaine de fuir, loin, et courir à en perdre haleine, de tout faire pour ne plus poser les yeux sur ce terrible spectacle. Seulement j’y suis pour quelque chose, pour ne pas dire responsable, je dois rester. Je me demande s’il aurait fait la même chose pour moi, ou s’il m’aurait laissé là-bas, à la merci de ces mercenaires. Après tout mon arme l’a visé, mon doigt était prêt à appuyer sur la détente. Cela aurait été une réaction légitime de sa part. Sa voix résonne, me tire de ces pensées morbides pour me ramener à la réalité. J’exerce la pression demandée, sentant la chaleur que dégage le trou creusé dans sa chair, le sang s’en échapper à travers mes gants. Un frisson, puis un second. Je devine rapidement ses intentions, la suite logique à ce genre de soin, la dernière ligne droite, et pas la plus agréable. Cette aiguille qui scintille m’impressionne. Un objet insignifiant en apparence, mais capable de beaucoup de choses. Je l’envie. Les outils prêts, je retire mes mains avec précaution, pour le laisser poursuivre ses soins.
— Je suis là…
Quelques mots, un murmure pour lui rappeler que malgré ma fragilité, je suis prête à surpasser mes craintes, mes peurs pour lui venir en aide. Je détourne les yeux dès que l’aiguille traverse une première fois sa chair. J’observe le paysage stérile, cette poussière qui s’étend à perte de vue. Mon reflet à travers la fenêtre attire finalement mon attention. Ce visage abîmé, tâchés, marqué. Où est passé cette innocence qui le recouvrait ? Du mouvement, un corps qui bouge puis de nouveau cette voix familière qui résonne dans l’habitacle. Je retrouve mon poste aux côtés de Robbie, constatant l’avancée de « l’opération ». D’un geste tendre, de soutien, ma main se pose quelques secondes sur l’arrière de son crâne avant de descendre plus bas, vers le milieu de son dos afin de le soutenir, toujours en douceur. Les grimaces qui se dessinent sur son visage en disent long sur son état. Ma seconde main vient trouver sa place sur sa jambe, tandis que sans vraiment m’en rendre compte, je viens poser mon front contre sa tempe. Les yeux fermés, j’attends patiemment que ces sutures se terminent. Ce qui ne tarde pas. Je me détache, faisant attention de ne pas lui faire mal au passage. Je me débarrasse des gants, jetant ces bouts de plastique plus loin. Enfin.
— J’ai besoin de sortir.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Faisant attention à ne pas bousculer Robbie, je repasse l’avant du véhicule pour en sortir, le plus rapidement possible. Un soupire s’échappe d’entre mes lèvres dès lors que le vent me fouette le visage. De l’air. Je me laisse glisser le long de la porte, me retrouvant assise dans ce sable rougeoyant. Mes yeux fixent le vide, ne s’attache à rien, flottent inlassablement dans ce décor désertique. Les minutes s’écoulent, peut-être des heures avant que je ne reprenne l’entière possession de mon esprit. Le ciel s’assombrit, le froid se lève. Il est temps de retourner à l’intérieur. De retour dans l’habitacle, j’y retrouve un Robbie assoupie, enfin reposé après autant de péripéties. Un léger sourire se dessine sur mes lèvres, bien malgré moi.
La nuit est là, son manteau recouvre le ciel depuis de longues heures. A bout de forces, vidée de toute énergie, j’ai trouvé place aux côtés de Robbie, partageant avec lui ce coin du rover ainsi qu’une couverture de survie. Assommée par Morphée, à naviguer dans le monde des songes, mon corps à la recherche d’une quelconque chaleur se presse inconsciemment contre le sien, et mon visage trouve refuge dans le creux de son cou. Dans cette profonde noirceur j’aperçois une silhouette qui ne m’est pas inconnue. J’y cours, m’efforce de la rejoindre. Une fois les ténèbres dissipées, je fais face à mon souvenir. Une maison délabrée, victime des persécutions des pilleurs, et devant elle, cette pauvre fille, apeurée, tenant le corps inerte d’un homme dans ses bras. C’est moi… Des pleurs, des cris, tout se mélange. Adam…
— Ne m’abandonne pas s’il te plaît … reviens…
Des pensées devenues des mots, une légère mélodie brisant le lourd silence des lieux. Dans un réflexe émotionnel ma main agrippe la première chose qu’elle croise, s’accrochant à cette dernière comme si ma vie en dépendait. Ce rêve se répercute sur la réalité, quelques larmes m’échappent, et coulent le long de mes joues.
WILDBIRD
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Sujet: Re: The Red Planet [Karen & Robbie] Mer 16 Nov - 2:45
The Red Planet
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La souffrance que je ressens dans mon dos à être dans une position aussi inadéquate, mais nécessaire pour les sutures, ne disparaît pas immédiatement. Je ressens Karen qui offre un répit à mon corps en me soutenant un peu. Je suis assez surpris de son geste d’ailleurs, hésitant à prononcer le moindre mot en réponse à cela. Puis, sa tête se retrouve contre la mienne alors que je suis à nouveau en train de suturer. Un malaise m’habite, saisissant mal sa soudaine proximité. Je termine le dernier point et je coupe le fil de suture. La blonde manifeste un soudain désir de sortir. Je ne la retiens pas, souhaitant moi-même un peu d’éloignement. Elle quitte l’habitacle et me retrouver ainsi seul me permet de me concentrer sur les détails qui restent à ma guérison. Je commence par nettoyer délicatement avec de l’Hibitane les points. En fouillant dans le kit médical, je trouve plusieurs types et grandeurs de pansement. Je choisis celui qui me semble le plus résistant, en prévision évidemment d’un éventuel changement prochainement pour assurer la bonne guérison de la plaie et éviter les infections. En parlant d’infection, je trouve une seringue d’Ancef en injection intramusculaire. Il y en a trois dans le kit, en plus de plusieurs comprimés d’antibiotiques plus puissant. Je commence par une première injection médicamenteuse pour agir plus rapidement. Je vais devoir inclure les comprimés dans ma routine des prochains jours pour prévenir une éventuelle infection. C’est la dernière chose que je souhaite en ce moment. En observant mon t-shirt déchiré ainsi que les compresses souillées, j’essais d’évaluer la perte de sang. C’est très difficile à faire. Je pense toutefois que ce n’est pas suffisant pour prendre des compléments ferreux. Au cas où, il y en a parmi les pilules de la trousse. Je referme ce dernier et le range près de moi. Je suis fatigué et toujours étourdis. Mon cœur bat toujours à vive allure. Le pire sera les premiers quarante-huit heures. Même si la balle a été retirée et la plaie suturée, je ne suis pas à l’abri de complications consécutives à cet attaque armé. Je soupire et je me laisse glisser sur le matelas. Je n’ai aucun mal à trouver le sommeil. Un sommeil qui pour une fois est profond et imperturbable par mes visions d’horreurs habituelles.
Jour 24
Je suis réveillé par des paroles prononcées directement à mon oreille. Je ne sursaute pas, mais je sors d’une brume particulièrement épaisse. Mon corps est une épave, lourd d’épuisement. Je cligne des yeux, tournant la tête pour réaliser la nouvelle proximité de Karen. Nom de Dieu, on a dormit comme ça! Je tasse ma tête sur le côté, provoquant un mouvement dans le haut de mon corps qui m’arrache un gémissement. Ah, c’est vrai, les points. Je continue à glisser sur le côté malgré ce détail, souhaitant me retirer de cette position inappropriée. Des plans pour qu’on m’accuse d’avoir profité d’elle alors que je n’y suis vraiment pour rien cette fois. Je sens de plus mon masque de froideur se reformer tranquillement. Je n’avais pas réfléchis à cela avant maintenant. Mais j’ai comme l’impression que ce nouveau moi n’en a pas finit d’exister. Je me retrouve entre les deux sièges avant. Dans un effort excessif pour mon état, je me jette derrière le volant. Je dois vérifier l’état du moteur et de tout le reste à vrai dire. J’ai du le négliger hier à cause du trou dans mon flanc et maintenant me semble plus que le temps pour remédier à cela. Lorsque j’entre le code, le moteur du Rover ne bronche pas. Je réessaie, mais toujours rien. Le véhicule ne redémarre pas. Je ne dis rien, me contentant d’ouvrir la porte et je me jeter dehors. Je tombe à genoux dans le sable, en grognant de plus belle à cause de la douleur. Comment je suis sensé faire l’inspection du moteur dans cet état?
Sujet: Re: The Red Planet [Karen & Robbie] Mer 16 Nov - 22:48
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U
ne souffrance incommensurable, des mots qui résonnent mais qui n’ont aucun impact. Ce corps que je serre, que je pleure, celui de l’homme qui m’a tout apprit, le premier qui a su m’apprécier à ma juste valeur, et qui a été à mes côtés pendant de longs mois. Le seul en qui je faisais aveuglément confiance. Pourquoi rêver de ça aujourd’hui ? Un plongeon vertigineux dans le passé. Son prénom s’échappe d’entre mes lèvres dans de légers murmures, des plaintes douloureuses. Ma peine s’étend au fur et à mesure que cette image défile, que je ressente de nouveau les sentiments déchirants de ce jour. Je me débats contre ce souvenir, essayant de lui échapper, mais il continue, encore et encore. J’ouvre subitement les yeux, tombant sur le plafond immaculé du rover. Ma respiration est saccadée, mon cœur s’affole, tambourine violemment contre ma poitrine. J’inspire profondément. Ces images doivent disparaître, et rapidement. Quelques secondes passent avant que je ne me rende compte de l’absence de mon voisin de couchage. Je me redresse aussitôt, balayant l’habitacle des yeux. Vide. La nuit recouvre toujours le ciel. Ou est-ce qu’il est ? Je quitte le confort de la couverture pour me rendre vers l’avant, personne. Je regarde par la fenêtre du côté conducteur et remarque Robbie au sol. Je descends par la porte passager, contourne le rover pour m’avancer vers lui, avant de me pencher, posant instinctivement mes mains sur ses épaules.
— Qu’est-ce que tu fais ? Ce n’est pas l’moment de jouer au dur, tu as besoin de repos. Un reproche, une remontrance d’une femme inquiète envers un idiot complètement inconscient. Il y a un problème ? Dis-moi ce que je peux faire…
Hors de question d’aggraver son cas. Sans attendre sa réponse, je le soulève doucement pour le remettre sur pieds, tout en ouvrant la portière. Le vent souffle violemment, et mon simple débardeur n’est pas très efficace contre les températures aussi basses. Puisant dans les dernières forces qu’il me reste, je le force à s’asseoir dans le siège. Je n’attends de nouveau pas son consentement pour vérifier que la plaie ne s’est pas rouverte à cause de ses crapahutages. Rien. Mon corps se décrispe, je lui referme la portière au nez, sans ménagement. Qu’il m’engueule s’il le souhaite, aujourd’hui je ne suis plus à ça prêt. Je contourne derechef le véhicule pour retrouver ma place du côté passer. Je me tourne dans sa direction, le fixant d’un regard peu amical. Je quitte finalement le siège un instant pour attraper la couverture de survie, restée à l’arrière et lui lancer, d’un geste énergique, hostile. Ce n’est pas possible d’être aussi têtu. Exaspérée par son comportement, je détourne finalement les yeux, fixant le néant qui nous entoure.
— Je ne sais pas si tu te rends compte de ta stupidité ? Ok tu veux partir, te débarrasser de moi au plus vite, mais ce n’est pas une raison pour jouer avec ta vie. Tu devrais apprendre à être patient.
Étrangement son comportement me rappelle parfois celui d’Adam. Tout aussi impétueux, toujours en mouvement, avide de découvertes, et borné. De nouveau ce souvenir. Je ferme brièvement les yeux. Je frotte doucement mes bras, recherchant désespérément un moyen de me réchauffer.
WILDBIRD
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Sujet: Re: The Red Planet [Karen & Robbie] Jeu 17 Nov - 2:19
The Red Planet
“Karen Page & Robert Aylen”
Les genoux dans le sable, je me sens envahit par la fraîcheur extérieure. Mon corps brûlant est secoué de frissons agréables. Le Soleil ne devrait pas tarder à se lever. Si je me dépêche d’inspecter le moteur, cela devrait nous permettre de repartir à l’heure habituelle. Je soupire durement en me disant que nous avons tellement perdu de temps. J’ai certes emmené beaucoup plus de provisions que nécessaire pour justement pallier à ce genre de problèmes, mais tout de même, nous n’avons pas des réserves illimitée. Je dois constamment faire les calculs en fonction des pépins et mon cerveau n’est certainement pas en mesure de bien évaluer les conséquences en ce moment. Karen apparaît soudainement à côté de moi, me faisant relever la tête sur elle. Malgré l’obscurité, je remarque très bien son regard sévère. Je n’en ai que faire de ses reproches, tout ce que je fais depuis le début c’est de prolonger nos chances de survie. Pourquoi est-ce qu’elle n’arrive pas à le réaliser? Elle me dit que j’ai besoin de repos et ça je le sais déjà très bien. Je ne suis pas aveugle. Je le sens dans mon corps que je suis fatigué. Je pourrais lui déléguer la vérification du moteur, mais à quel point je peux m’assurer de la fiabilité de ses conclusions? Je fronce les sourcils lorsqu’elle me soulève sans me laisser le temps de lui donner des indications, obstinée à me ramener à l’intérieur. Si je suis dehors, c’est qu’il y a une bonne raison. Je ne cherche pas à prouver quoique se soit. Je me retrouve derrière le volant et la porte se referme sur mon nez, m’empêchant toujours d’exprimer le fond de ma pensée. Ok, elle est colérique aujourd’hui. Ce n’est pourtant pas elle qui a reçu une balle. Elle prend place sur le siège passager et me jette presque au visage une couverture. Elle s’attend à quoi? À ce que je pique un somme alors que le Rover est peut-être compromis et qu’il faut le réparer? J’agrippe la couverture et je l’envoi valser de son côté à elle, n’étant pas du tout intéressé par la présence de l’objet sur moi. Je me retourne vers elle, comptant bien profiter de ce moment pour enfin dire ce que je pense.
« Stupidité ? Tu n’as aucune idée de ce que je tentais de faire. Qu’est-ce qui te dis que ce n’est pas plutôt pour éviter de mourir tous les deux que je cherchais à atteindre le moteur ? Je suis au courant de mon état. Mais je connais aussi mes priorités. Je connais le temps d’action de mon pouvoir et dans combien de temps tous ces abrutis de pilleurs que j’ai endormis vont se réveiller et commencer à nous chercher. »
Je dis tout ça de manière si calme. Pas brusque, ni même avec une froideur particulière. Juste comme une personne qui raconte des faits. J’approche ma main de l’écran tactile près du volant et j’entre un code en vitesse. Rien ne se passe.
« Le Rover ne redémarre plus. Je voulais aller vérifier que ce n’était pas simplement de la crasse dans le moteur ou bien un problème électrique. Sauf qu’apparemment, je dois me reposer. »
Toujours parfaitement calme. Je commence à sentir mon corps s’anesthésier à nouveau contre toutes émotions. Je ne fais rien pour arrêter le processus. Je n’en ai pas envie. Étant coincé à l’intérieur avec Karen, j’appuie plutôt sur une touche de l’écran pour lancer un diagnostic du Rover avec l’ordinateur de celui-ci. Le résultat arrive au bout de deux minutes, dans un clignement lumineux. Le moteur est normal. Les circuits aussi. Comme je le pensais. C’est donc forcément de l’encrassement, probablement secondaire à la poussière martienne. Je me calle dans mon siège.
Sujet: Re: The Red Planet [Karen & Robbie] Dim 20 Nov - 22:37
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C
ette froideur qui commence à envahir peu à peu les lieux et à laquelle me corps ne peut résister, se fait de plus en plus persistante. Je me retrouve brièvement plongée dans le noir, couverture en plein milieu du visage. D’un geste bref je la retire, l’enroulant autour de mes épaules, en silence. S’il n’en veut pas, tant mieux. Ma mâchoire se crispe en sentant son regard se poser sur moi. Je contiens, ravale ma rancœur, mes remarques désobligeantes. Après tout, si on se retrouve dans cette situation c’est un peu en grande partie de ma faute, si je ne m’étais pas soudainement prise pour Calamity Jane nous n’en serions pas là. Le regard toujours rivé sur cet océan obscur à l’extérieur, j’écoute d’une oreille son discours. Chouette, voilà qu’il endosse le rôle du héros maintenant, avec son soi-disant pouvoir. Un bref sourire se dessine sur mes lèvres. C’est amusant de voir comment Robbie, un homme profondément borné, égoïste, se met soudainement à penser à notre survie et pas seulement la sienne. Suis-je bête, ce ne sont que de jolis mots pour essayer de me calmer de m’attendrir. Ne pas oublier que je suis là uniquement parce que je peux lui permettre d’entrer dans le laboratoire, et ainsi obtenir ce qu’il souhaite tant. Ce ton qu’il emploie, beaucoup trop calme, trop neutre par rapport à ce que je m’attendais m’agace fortement. Je resserre la couverture contre moi, me contentant d’enfoncer mes ongles dans le tissu au lieu de son visage. Je dois essayer de ne plus me laisser attendrir, de tomber aussi facilement dans le piège des sentiments. Ici c’est chacun pour soi. Dans le fond il n’a pas totalement tort. Ces idiots vont forcément se remettre à notre recherche, encore plus après mon petit coup d’éclat. Je soupire.
— Tu dois surtout arrêter de jouer le héros, tu es loin d’en être un.
Je daigne enfin me tourner dans sa direction, plongeant instantanément mon regard dans le sien. Je me retrouve de nouveau face à un mur, à un être dénué de sentiments. A quoi il joue ? Ce masque qu’il s’oblige très certainement a porté réveille fortement ma curiosité, c’est indéniable, mais loin de moi l’idée d’essayer de lui retirer. S’en est terminé. Qu’il se débrouille avec ses problèmes, j’ai les miens dorénavant. L’hostilité qui s’est immiscée entre nous ne fait que s'accroître au fur et à mesure je découvre un peu plus la sombre facette de sa personnalité. Elle empiète complètement sur sa personnalité, et me donne l’impression qu’il n’y a pratiquement plus rien de bon en lui, même si dans le fond, j’espère me tromper. On ne peut devenir aussi indifférent à la vie en si peu de temps, surtout sur Mars où il ne se passe rien, du moins pas grand-chose. Qu’a-t-il pu se passer pendant mon absence ? Où est passée cette petite lueur d’espoir, d’humanité que je percevais autrefois dans son regard ? Beaucoup de questions qui resteront sans réponses. La voix de Robbie me tire de mes pensées, et je retrouve place au fond de mon siège, toujours enroulée dans cette couverture de survie.
— Etre la fille d’un scientifique ne veut pas dire que je suis une incapable.
Une énième provocation du regard, de nouveau un geste impétueux en lançant une nouvelle fois la couverture dans sa direction. Je me redresse afin d’accéder à l’arrière, et attraper la caisse à outils avant de quitter le rover pour me diriger vers l’avant de ce dernier. J’installe la lampe frontale, l’allume, et ouvre le capot pour m’y pencher et commencer à m’affairer à la tâche. A l’aide d’une brosse prévue à cet effet, je retire toute cette poussière qui s’est accumulé un peu partout et qui empêche le moteur de fonctionner. Je reste ainsi de très longues minutes, minutieuse dans mon travail, avant de constater que tout est propre et que l’on peut enfin reprendre la route. Je referme le capot du rover, assez violemment. En espérant que monsieur est satisfait.
JOUR 28
Le paysage continue de défiler, morbide, identique depuis quatre jour. Une soudaine masse blanche se dessine enfin dans toutes ces roches. Le voilà enfin, le laboratoire. Une certaine euphorie me gagne. Une fois arrêté, je me jette littéralement hors du rover, ignorant totalement mon colocataire de route. Mon cœur s’affole dans ma poitrine face à ce laboratoire qui abrite une bonne partie de mes souvenirs. Par simple précaution, je me permets de faire le tour de l’enceinte, avant de me stopper devant la porte principale, et ce petit écran qui affiche un clavier numérique. Concentres toi Karen. Il n’y a pas le droit à l’erreur. Si je tape le mauvais code le système de sécurité maximum s’enclenche, et il n’y aura plus aucun moyen possible d’y entrer. J’inspire profondément avant de laisser mon index frôler les chiffres. Un petit cliquetis, puis une brève mélodie indique l’ouverture de la porte. Je pénètre dans le sas de dépressurisation, le laissant s’enclencher, avant d’arriver enfin à l’intérieur. Mes yeux balaie la pièce centrale, illuminés d’une certaine lueur, sourire aux lèvres. Rien n’a changé, les bureaux des collègues de père sont toujours aussi bordéliques. San perdre une seconde je me dirige vers les chambres, retrouvant celle que j’occupais, et tous les objets laissés derrière moi.
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Sujet: Re: The Red Planet [Karen & Robbie] Dim 20 Nov - 23:47
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D’un visage fermé, j’observe les actions de Karen sur le moteur. En silence, je l’ai suivi à l’extérieur, demeurant tout de même appuyé au côté conducteur du véhicule afin de ne pas être trop loin de la porte en cas de besoin. Je cache la souffrance que me cause cette position debout à mon flanc. Je suis aussi concentré que la jeune femme. Lorsqu’elle termine le travail et claque le capot, je me contente de retrouver ma place au volant, près pour tester le moteur. Celui démarre normalement et je me permets un soupire de soulagement. Nous n’avions pas besoin d’un retardement supplémentaire. J’attends que le Soleil se lève avant d’initier la journée de conduite. Le silence retombe dans le Rover et seule ma respiration un peu plus intense par moment résonne contre les parois. Les nuits suivantes sont pénibles. Je n’ai aucune position pour dormir. Je me contente donc de demeurer sur le dos, le haut du corps légèrement surélevé. À tous les matins, je procède au changement de mon pansement. La plaie ne semble démontrer aucun signe d’infection ou de déhiscence. Les points tiennent bon. Je ne me gêne pas pour les désinfecter plus que nécessaire. Je prends également des antibiotiques dans ma routine matinale. À un moment donné durant la fin de ma conduite quotidienne, j’ai ressentie un étourdissement. J’ai essayé une injection de supplément ferreux pour aider mon corps à balancer la perte de sang récente. Au bout d’une dizaine de minutes, je me sentais déjà mieux. Durant ces quatre jours de route, je me concentre surtout sur ma rémission, ignorant complètement Karen. Par moment, je croise son regard, mais seulement pour y déceler de l’hostilité. À quoi, je ne réponds rien du tout. La brève humanité qu’elle a décelée suite à ma blessure est du passé désormais.
Nous arrivons au laboratoire vers le midi du septième jour. Je gare le véhicule près du bâtiment, laissant Karen explorer un peu autour pendant que j’inspecte brièvement le Rover comme à chacun de nos arrêts. Je m’approche ensuite de la porte où elle se trouve. J’observe l’écart numérique. Ce genre de système est très capricieux et la moindre tentative de piratage en résulte en une barricade assez violente de toute la bâtisse. On n’a qu’une chance. Voilà pourquoi j’avais besoin d’une personne connaissant la combinaison et dont la machine est sensible aux empruntes. Parce qu’évidemment, ce n’est pas n’importe qui qui peut inscrire la bonne séquence de chiffres. Sinon, je ne me serais pas embarrassé de la blonde. J’espère seulement qu’elle ne m’a pas mentie à son sujet. Lorsque la porte se déverrouille, je suis étrangement surpris. Elle entre en premier. Je la suis au bout d’une minute. Je ne m’attendais pas à la présence d’un sas à l’entrée. Je savais que les laboratoires, contrairement aux maisons terriennes, étaient particulièrement sensibles aux changements de pression et d’environnement. Je présume que c’est pour cela que celui-ci est muni d’un sas. Je ne le demande pas à Karen. Lorsqu’on me donne enfin accès au dit laboratoire après le bref cycle de dépressurisation, je me concentre immédiatement sur l’ordinateur principal. Je m’y approche et je commence à l’inspecter. Il n’est pas aussi sécurisé que le système d’accès. Il faut toutefois entrer en usant d’un code d’identification. J’espère sincèrement que celui de son père n’a pas été désactivé à sa mort. J’appelle Karen à moi. Je ne sais pas où elle est, mais j’ai besoin d’elle. En l’attendant, je commence à démonter l’espèce de tableau de bord pour accéder aux câblages que je vais bidouiller tout à l’heure. En plongeant la main pour toucher une carte mémoire du circuit, l’écran gigantesque au-dessus de moi s’allume. Je lâche tout, ne comprenant pas ce qui se passe. On dirait un enregistrement automatique à première vue. Ce qu’il montre me surprend au point que ma froideur s’estompe et la surprise gagne mes traits. Il s’agit d’images d’archive d’expérimentations sur les mutants. D’après le décor, nul doute que les expériences ont eu lieu ici même. Je me retourne vers Karen lorsque je l’entends derrière moi, le visage partagé entre la dureté et la haine.
« Ton père est l’un de ses scientifiques en mutation ? »
L’accusation est violente et mon regard est animé par une flamme destructrice. S’il y a une chose que je déteste en ce monde, ce sont les tueurs de mutants.
Sujet: Re: The Red Planet [Karen & Robbie] Lun 21 Nov - 22:48
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D
es photos recouvrent certains coins de la pièce, divers objets, et une peluche trône en plein milieu du lit. Cette dernière m’arrache un sourire, éveille de vieux souvenirs. Je l’attrape délicatement. Ce vieil ours décrépit, mon meilleur ami d’enfance, celui qui me rassurait pendant mes nuits de cauchemars, me réconfortait quand les cris résonnaient dans la maison. Une certaine joie m’anime face à ces retrouvailles. Mais elles sont de courtes durées, mon prénom résonne dans les couloirs et me tire de cet instant d’émotion. Qu’est-ce qu’il veut ? Un soupire m’échappe. Je retourne donc dans la salle commune, gardant l’ours dans mes bras pas réflexe, maintenant que je l’ai retrouvé, hors de question de le lâcher. A ma grande surprise, je retrouve facilement le chemin du retour, retrouvant rapidement mes réflexes face à ces nombreux couloirs. Mes longues heures à crapahuter un peu partout ont finalement servi à quelque chose. J’atteins finalement le cœur du laboratoire, où je retrouve un Robbie absorbé par l’écran de contrôle. Une vidéo ? Curieuse, je me plonge à mon tour dans le contenu de cette dernière. Un décor familier, des visages qui le sont tout autant, et de pauvres personnes dénudées, au centre d’une salle. La surprise, l’incompréhension recouvre mon visage. Je ne comprends pas d’où sort cette vidéo, ni ce qu’ils y font. C’est loin, très loin du projet de base. Je sursaute sans le vouloir en voyant Robbie se tourner vers moi, et en remarquant cette violente étincelle qui brille dans son regard. D’un pas, puis d’un deuxième je m’éloigne de lui par réflexe. Sans m’en rendre compte je serre un peu plus mon vieux compagnon, sentant un flot de haine se déverser dans l’air. Il m’accuse, mon corps s’alourdit presque aussitôt. Sa question résonne dans ma tête.Impossible !
— C’est faux ! Mon père est venu ici pour essayer de trouver des méthodes pour faciliter la vie sur Mars, agrandir les capacités de la colonie, pas ça !
Un énième mensonge ? Le poing serré je m’avance finalement vers l’ordinateur, décidée à avoir les réponses à ces questions. Je contourne Robbie en l’ignorant totalement. Je vais lui prouver. Je prends place dans le fauteuil de commandes, posant l’ours en peluche un peu plus loin sur le tableau. Sans perdre une seconde je mets fin à cette vidéo, tape divers codes pour accéder au serveur. Le premier dossier qui apparaît porte un nom étrange, qui titille ma curiosité. C’est peut-être un projet de développement, rien de plus ? Je l’ouvre, et dès lors, divers noms commencent à défiler sur l’écran, et des vidéos d’expérimentations en pagaille le recouvrent. Sur l’un d’elle la voix de mon père y résonne, donnant des ordres, posant des questions à ces pauvres jeunes en souffrance. Affalée dans le siège, sous l’emprise d’un état de choc conséquent, le regard complètement hagard, je reste immobile. Toutes ces années de mensonges, de tromperies. Moi qui admirais mon père pour son travail, voilà que je tombe de bien haut. Une image qui s’effrite. Ces enfants, emmenés ici, dans ce laboratoire dans le seul et unique but de subir des tortures… et si tel était l’objectif de mon père en m’emmenant ici ? Je suis perdue. Cette vérité me secoue. Sans un mot, je quitte ma place pour m’éloigner de cette salle, de ces horreurs qui défilent sur l’ordinateur. Poussée par l’impulsivité, j’attrape une des tours pour la balancer à l’autre bout de la pièce. Je suis à bout. Lentement, je regagne mon ancienne chambre, glissant contre l’armoire pour retrouver le sol froid. Tout ce chemin, ces péripéties, ces vies en danger pour découvrir qu’au final mon père est l’un des plus grands salauds. Il m’a séparé de ma mère, de mon frère pour une vie aussi misérable ? Ou sont les promesses d’aventures, d’une belle et parfaite colonie ? Loin.
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Sujet: Re: The Red Planet [Karen & Robbie] Mar 22 Nov - 0:50
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La mutation. Quelle malédiction à avoir. Si autrefois, à l’époque de la Confrérie et des X-Men, être mutant signifiait un tant soit peu de liberté et d’expression, de nos jours c’est la définition même de la souffrance. La grande majorité de la population mutante a été assassiné dans les débuts de la troisième Guerre mondiale. Pour les survivants et les malchanceux à naître ainsi, ils furent dépistés en jeune âge et catégorisés dans un registre. Leur vie fut réglementée à la lettre, leur avenir inexistant. Ils ne servent que de cobayes pour les fameux « scientifiques en mutation ». Ces derniers n’ont certes pas une très bonne réputation, travaillant clandestinement. Mais la population approuve néanmoins leur pratique, même si légalement c’est criminel. Tout simplement parce qu’être un mutant c’est synonyme de danger. Des erreurs de l’humanité à réparer.
En fixant la surprise sur le visage de Karen, mon avant-bras droit commence à me démanger. C’est à cet endroit que se trouvais la marque incrustée dans ma peau d’un mutant. J’ai depuis des années retiré le tatouage, non sans souffrance. Pour ce qui est de la puce dans ma nuque, disons que j’ai des contacts qui m’ont permis de briser définitivement les liens avec cet esclavage. Les paroles de la jeune femme me déroutent. Elle nie les activités de son père et mon visage se durcit davantage par réflexe. Est-elle naïve à ce point? Elle s’installe à l’ordinateur, faisant exactement ce que j’allais lui demander. Je ne la stoppe donc pas, me contentant de rager un peu plus derrière elle. Alors, elle ouvre la boîte de Pandore. L’un des dossiers contient des images beaucoup plus explicites des activités contre les mutants. Cela me fait horriblement mal de voir les images et les vidéos. La voix d’un homme résonne plus que les autres, semblant guider ses congénères. Je baisse les yeux sur le dos de Karen. Je sens sans problème le chao qui naît en elle en découvrant la terrible vérité. Elle se lève sans un mot, sans un regard dans ma direction. Je m’approche de l’écran et ferme le son, ne laissant que les images s’animées en continue. Un bruit me fait me retourner. Elle semble en colère, ce qui est compréhensible. Je ne suis absolument pas la personne qu’elle veut voir en ce moment. Alors je ne vais pas vers elle. Je m’installe à la chaise et je commence à pirater le système. Je trouve la source d’alimentation et je suis heureux de constater qu’elle répond à mes commandes. Cela signifie que la compagnie sur Terre n’a pas désactivé la connexion externe. J’établis donc le lien avec le réseau satellite et j’ordonne de copier le programme sur l’une des puces de sauvegarde auxiliaire de l’ordinateur. Cela va me permettre de l’extraire littéralement une fois le téléchargement terminé et d’avoir ma propre connectivité portative aux satellites. Il me faudra un ordinateur pour lire les informations sur la puce, évidemment. Mais ce n’est pas très difficile à trouver. J’active donc le téléchargement et cela réveille du même coup l’entièreté du laboratoire. Toutes les lumières s’allument et les systèmes de survie recommencent à fonctionner normalement. Le mode veille est temporairement désactivée. Sauf que quand je vais retirer la puce, j’ai bien peur que tout s’endorme à nouveau. J’espère seulement que ça ne va pas arriver avant que le téléchargement soit complété. J’observe le pourcentage approximatif de transfert de données. Je ne suis qu’à 3%, bien évidemment. Je croise donc les bras, fixant l’écran. Au bout de dix minutes, le pourcentage n’a pas bougé et je soupire. Je me lève et je décide de retrouver la blonde. Elle va probablement m’envoyer un truc à la tête, mais je crois qu’elle est en droit de connaître ce que j’ai à lui dire. Je la retrouve au bout d’un autre dix minutes supplémentaires. Cet endroit est un véritable labyrinthe. Elle est dans une chambre d’enfant. Probablement la sienne. Je demeure dans le cadre de la porte, par précaution.
« Je n’ai rien contre ton père. C’est contre ce qu’il est que j’ai de la haine. Il y a des tas de laboratoires comme celui-ci sur Terre et j’en ai fréquenté deux dans ma vie. Le premier à quatre ans et le second à onze ans. » Je dis cela d’un ton las, fixant le mur au loin. « Je ne te dis pas ça pour que tu me prennes en pitié. J’en n’ai rien à foutre de la pitié des autres. Je veux juste que tu ne juges pas ton père trop rapidement. Y’a parfois des jobs qu’on fait pour sa famille et qu’on n’est pas très fier de faire. Mais on les fait qu’en même. »
Mon avant-bras me démange à nouveau et je remonte ma manche afin de pouvoir directement gratter ma cicatrice.
Sujet: Re: The Red Planet [Karen & Robbie] Dim 27 Nov - 23:43
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B
ercée par le mensonge, les faux-semblants durant toutes ces années. Je ne sais plus quoi penser. Tout ce mélange. Le dos contre cette armoire, le regard figé dans le vide, j’essaie de démêler le vrai du faux, mais encore trop secouée, je n’y parviens pas complètement. Ces expériences, ces atrocités se déroulaient sous mes yeux, ici même. Un frisson me parcourt. Leurs cries résonnent de nouveau dans mes oreilles, mes entrailles se tordent, et une vague de sentiments me submerge. Je mets instinctivement à leur place. J’essaie surtout de comprendre les raisons d’un tel traitement, et de comprendre comment un homme, un père puisse faire subir ce genre de choses à des enfants. La plupart n’étaient même pas majeur au moment de ces vidéos … ils doivent être de mon âge, ou dans les environs. S’ils sont toujours vivants. De nouveau un tourbillon de sentiments. Du bruit attire mon attention, des pas qui se rapprochent. Je reste immobile, il n’y a que Robbie dans ce laboratoire. Plus aucune émotion ne traverse mon visage, ne m’anime. Sa voix résonne dans la pièce, je n’y prête guère attention, beaucoup trop absorbée par mes propres pensée. Qu’est ce que j’en ai a faire de son jugement ? C’est mon père après tout, c’est moi qui suis censée le connaître, mais finalement je me rends compte que non. Cette image de père aimant, proche n’était qu’une saleté d’illusion. Mes doigts se resserrent autour d’un pan de moquette.
— Il gagnait beaucoup mieux sa vie sur Terre. Mais maintenant je comprends mieux pourquoi mon père était heureux de partir, et ma mère contre le projet. J’attrape le premier objet qui me passe sous la main pour le balancer assez violemment contre le mur d’en face. Il m’a emmené avec lui pour que je serve d’appât, que je gagne la confiance de ces enfants ...
Lentement, je daigne enfin tourner la tête dans sa direction, essayant enfin de comprendre son histoire dans un éclair de bonté. Il a vécu ses expérimentations, à souffert, s’est fait avoir. Et pourtant je n’arrive pas à ressentir énormément d’empathie pour lui. Qu’est-ce qui m’en empêche ? Je l’ignore. Mon regard se pose sur son avant-bras, qu’il gratte discrètement. Très certainement une cicatrices due à ses séjours entre les mains de scientifiques peu scrupuleux. Je me redresse enfin, mes pieds retrouvant le sol. Doucement, je me place face à Robbie, essayant de capter son regard au passage. Bien évidemment que j’aimerais connaître son histoire, en apprendre un peu plus sur les raisons qui ont poussé ces hommes à torturer de pauvres enfants pour le soit disant bien de la science. Qu’ils soient différents ou non ce sont des enfants merde. Des êtres innocents, et les plus purs qui puissent exister, avant que la vie ne les façonne.
— Qu’il soit mon père ou non, je ne peux pardonner ce genre d’actes. Encore plus le mensonge, c’est quelque chose qui m’insupporte. Mes yeux se posent sur sa cicatrice, et une légère tristesse recouvre mon visage quelques secondes. Je vais retrouver cette salle et découvrir ce qu’ils voulaient à ces pauvres enfants. Fais ce que tu veux, tu peux partir ou rester, je n’en ai rien à faire. Tu as eu ce que tu voulais, après tout.
Sans un mot je le contourne, commençant à déambuler dans les couloirs à la recherche de cette fameuse salle que les vidéos projetaient. J’ai bien une idée quant à sa localisation, et me dirige donc vers un vieil ascenseur de service avant de le remettre en marche.
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Sujet: Re: The Red Planet [Karen & Robbie] Mar 29 Nov - 2:57
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Le même sentiment mort figure sur le visage de Karen. Sa tristesse est infinie et étrangement, j’arrive à la comprendre puisque je vis la même depuis de nombreux jours à présent. Peu importe ce que je fais, rien ne change. Je n’ai donc d’autre choix que de me protéger de la souffrance. Ne plus rien ressentir du tout, voilà qui semble l’idéal. Mais non, ce n’est qu’une façade fragile. Je m’en suis rendu compte à la suite de ma blessure. Le masque peut tomber avec une telle aisance, s’en ai effrayant. La bonne solution pour vivre avec le traumatisme que je porte m’est donc pour le moment toujours inconnue. L’option temporaire demeure la froideur, l’absence de sentiments. Mais pour combien de temps encore avant que cette protection ne se fissure pour de bon? Ces paroles sont difficilement assimilées par mon cerveau. Je suis tellement préoccupé par cette histoire de satellite que j’accorde peu ma concentration au reste. Je saisis toutefois le point qu’elle soulève lorsqu’elle se retrouve face à moi. Je la fixe en silence, redescendant la manche de ma veste pour cacher à nouveau la cicatrice à son regard. Elle me signale qu’elle compte découvrir ce que son père voulait à ses enfants, en cherchant la salle de torture. Je fronce les sourcils. Elle n’a toujours pas compris? Elle quitte et je passe ma tête dans l’encadrement de la porte pour l’observer progresser dans le couloir. Dois-je être celui qui intervient à nouveau dans ces conflits avec son père? Quelque chose me dit que oui. En tant qu’ex-enfant torturé, je peux me faire leur porte-parole. Je me lance donc à la poursuite de Karen et mon pas s’arrête lorsqu’elle active un ascenseur. Me voilà à de nombreux mètres d’elle. Cela me serait si simple de l’arrêter avec mon pouvoir. Mais je suis las de le faire. Si elle ne m’écoute pas, je compte la laisser explorer le bâtiment. Elle a raison sur un point, j’ai eu ce que je voulais et son sort ne m’importe plus vraiment.
« Ça me semble évident, non. Ce que ton père voulait, c’est ce que chaque scientifique en mutation recherche : L’éradication du gène mutant. Ils ne comprennent pas pourquoi le corps humain refait sans cesse la même erreur génétique et engendre de nouveaux mutants. Les lois sur Terre sont devenus trop sévères à la fin de la guerre et Mars me semble l’endroit idéal pour les transgresser sans être arrêté et poursuivre les recherches. Il ne me semble pas si différent des autres. Pourquoi il le serait d’ailleurs ? Si comme tu penses il t’a amené ici pour servir d’appât, c’est qu’il se fourvoyait dans ses illusions comme chacun de ces scientifiques. Trouver la salle ne changera rien au fait que ce laboratoire entier a été conçu uniquement dans ce but. Libre à toi de prouver si j’ai tord. Je retourne à l’ordinateur. »
Je recule d’un pas, fixant le dos de Karen. Je fais ensuite demi-tour et je commence à retrouver mon chemin vers l’ordinateur, faisant attention de ne pas me perdre dans les couloirs. J’ai de la chance puisque je parviens du premier coup à l’immense écran. Je grogne non sans retenu en voyant que le pourcentage est à 48%. Le téléchargement progresse vraiment trop lentement. Je n’ai qu’une envie, s’est de quitter ce lieu qui me rappelle beaucoup trop de souvenirs désagréables. Je passe une main dans mes cheveux avant de remarquer du revers de la main que mon front est brûlant. D’où vient cette soudaine fièvre que je ne ressens que très peu? Probablement de cet endroit de malheur. Je garde une main sur mon front tout en m’asseyant à nouveau sur la chaise. 49%, génial!
Sujet: Re: The Red Planet [Karen & Robbie] Ven 2 Déc - 23:50
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U
ne légère sonnerie résonne, les portes abîmées s’ouvrent devant moi, laissant apparaître une cabine légèrement décrépie, usée par les années d’inutilisation. Le miroir est tâché, mais je parviens à y percevoir mon reflet. Quelques secondes d’hésitations, de réflexions. Des bruits de pas me tirent de mes pensées, mes yeux restent fixés sur le miroir, où se dessine légèrement la silhouette de Robbie. Pourquoi me suivre ? Immobile, le corps crispée, les poings légèrement serrés, je ne sais quoi faire. Sa voix se met à résonner contre les murs du couloir. Ses mots me plongent un peu plus dans l’incompréhension, me font mal. Imaginer mon père infliger de telles souffrances est juste insupportable. C’est une enfance qui s’écroule, qui se retrouve tâchée par d’horribles secrets. Il a raison. Essayer de retrouver cette salle n’apporterait rien de bon, bien au contraire, et pourtant j’ai ce besoin viscérale de voir tout ça de mes propres yeux, d’y être en quelque sorte confrontée pour m’assurer que tout ceci n’est pas un cauchemar mais bel et bien une vérité morbide. Je n’arrive plus à percevoir ce laboratoire comme le havre de paix que je voyais autrefois. Je m’y sentais en sécurité, heureuse. Aujourd’hui les murs me chuchotent leurs secrets, mes souvenirs reviennent, de petits détails que je pensais insignifiant ont désormais une toute autre signification. Un soupire m’échappe. Je remarque l’éloignement de Robbie. Je suis livrée à moi-même, à mes pensées, mes doutes. Qu’est-ce que je dois faire ? Prendre le risque d’approfondir un peu plus ma souffrance, ou bien me contenter de ce que j’ai et essayer de passer à autre chose ? Mon doigt se pose fébrilement sur le bouton, les portes se referment dans un grincement strident. Ma mâchoire se crispe automatiquement. Je pense avoir traversé beaucoup d’émotions en peu de temps pour en rajouter. J’ai besoin de me poser, de mettre à plat toutes ces choses, d’essayer d’y trouver un sens, ou du moins de les digérer. Je me tourne, laissant cet ascenseur, cette salle derrière moi. En silence, je marche jusqu’à la salle principale ou j’y retrouve Robbie. Je ne peux m’empêcher d’imaginer ce qu’il a pu subir lui aussi durant son enfance. Il a connu ces expérimentations, ce statut de simple cobaye, de bête de foire. Est-ce pour ça qu’il est aussi antipathique aujourd’hui ? Mon regard est attiré par l’écran et le pourcentage qu’il affiche. Ça n’avance pas. La nuit est sur le point de tomber, passer la nuit ici semble la meilleure option, même si dans l’immédiat, dormir dans un tel endroit ne me donne pas envie.
— On pourrait profiter du temps de téléchargement pour se ravitailler ?
Doucement, je prends place sur le second siège à ses côtés, fixant le tableau de bord d’un air las. Je me rends compte que ma question est idiote, après tout, il repartira très certainement sans moi maintenant qu’il a le programme dont il avait besoin. Je suis beaucoup trop gentille. M’imaginer continuer à l’accompagner, c’est ridicule. Idiote. Je quitte finalement mon siège pour m’aventurer une nouvelle fois dans les couloirs, me dirigeant vers les cuisines. Arrivée face aux imposantes portes, je compose brièvement le code qui permet leur ouverture, avant d’y entrer et de voir tout ce qu’il y a. Les étagères sont relativement bien remplies, de nombreux sachets, boites de conserves, et surtout de bouteilles d’eau. J’en attrape une, dévisse le bouchon et en boit une longue gorgée. Si seulement je pouvais m’y noyer. Un éclair me traverse. Aussitôt, j’ouvre un placard. Quelques bouteilles d’alcool y sont sagement entreposées. Je me souviens d’un des collègues de papa qui y piochait souvent, surtout le soir. Sûrement pour oublier son rôle de bourreau. Ma préférence se porte sur la bouteille de vodka. Le bouchon lâché négligemment sur le plan de travail, le goulot entre les lèvres, j’avale une longue gorgée de ce liquide acre. Ma gorge me brûle, mon estomac se tort, et étrangement c’est une sensation qui me satisfait fortement.
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Sujet: Re: The Red Planet [Karen & Robbie] Sam 3 Déc - 1:48
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Fixant l’écran distraitement, je sursaute presque en entendant la voix de Karen. J’avais momentanément oublié sa présence, oublié tout le reste à vrai dire. Je me tourne vers elle qui est à présent assise sur le siège juste à côté de moi. Elle a choisit de ne pas visiter la salle de torture du labo. Sage décision.
« Il reste beaucoup de provisions ? »
Je me doute qu’il doit en avoir un peu partout et des réserves entreposées, mais je ne pensais pas vraiment me ravitailler ici, me disant que le stock devait être à sec désormais. Karen semble m’affirmer le contraire et elle se lève même afin de s’éloigner dans une autre partie du laboratoire. Soupirant bruyamment, je me lève et la suis avec un délai, boudant l’écran et son pourcentage. J’entre dans la cuisine et voir les armoires aussi remplie me fait écarquiller des yeux. Seigneur, on ne pourra même pas tout ramener avec nous tellement il y en a! Je fixe les provisions un long moment avant de remarquer ce que Karen est en train de boire. Une bouteille de Vodka à même le goulot. Toujours très élégant, mais efficace. Je découvre la petite réserve d’alcool des scientifiques et je m’approche. Je prends une bouteille au hasard, la tournant pour lire ce que s’est sur l’étiquette.
« Whisky »
Je souris faiblement malgré moi. J’ouvre la bouteille et je bois moi-même une importante gorgée. L’effet de l’alcool ne tarde pas à envahir mon corps, me faisant presque frissonner sous son effet. J’en avais besoin. Je me sens comme de la merde en ce moment. Je garde la bouteille dans ma main et je commence à inspecter les armoires en silence. Je sors également de là les trucs intéressants, les regroupant sur la grande table tout près. Pendant cette opération qui demande énormément de ma concentration, je consomme le Whisky sans réfléchir. En me relevant, ma tête tourne étrangement. Je regarde ma bouteille et je constate qu’elle est à la moitié de son contenu. Oups, je dois me modérer parce que ce n’est pas vraiment le moment de se saouler. Je ne décroche pas mon regard de la bouteille. En fait, c’est peut-être justement le bon moment pour le faire. Mon malheur semble moins lourd à porter avec la brume alcoolisée. Je ne pense plus du tout à ce qui est arrivé ou du moins, cela ne me fait plus souffrir. Je prends donc une autre gorgée. Je cherche la jeune femme du regard. Elle doit être près de l’ordinateur de l’édifice. Je contourne Karen et je m’avance donc d’un pas lourd vers l’écran qui affiche un pourcentage. Je le fixe longtemps, sans jamais arriver à comprendre ce que ça veut dire. Je bois une autre gorgée. Depuis combien de temps j’engloutie du Whisky déjà? Plusieurs heures, il me semble. Quand j’ai commencé, il faisant encore clair dehors. Je décide de retourner dans la cuisine. De longues minutes me sont nécessaires pour atteindre le comptoir au loin. Je m’y appuie et y dépose ma bouteille. Elle est légère d’un coup. Je colle le goulot à ma bouche, mais aucun liquide ne s’écoule. Quoi, elle est vide? Merde, j’ai mal à la tête. Sauf que je n’ai pas mal à mon flanc! Un mal pour un bien. Je me sens glisser et effectivement je m’écroule au sol, l’épaule appuyé à un truc en bois. Je ne suis pas confortable. Mais, je ne bouge pas de là.
« Karen, il me faut un coussin. »
Ma voix est un grognement inintelligible. On dirait presque un chien qui aboie. Je ris tout seul à cette pensée.
Sujet: Re: The Red Planet [Karen & Robbie] Lun 5 Déc - 0:29
THE RED PLANET ft Robert Aylen
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’alcool, unique remède face aux maux de la vie. Celui qui permet d’oublier, de noyer ses blessures, sa peine pendant quelques heures. Cette bouteille de vodka ne peut que tomber à pic. La première gorgée me brûle encore l’estomac, mais soit, j’en bois une seconde, puis une troisième. Une vive douleur se manifeste au niveau de ma tête, comme si un étau l’emprisonnait et se resserrait. Un sursaut me prend lorsque la porte s’ouvre, je me retourne et aperçoit Robbie. Surprise de son arrivée, je le fixe, silencieusement. Apparemment lui aussi a besoin d’un bon coup de remède. Soit. Je m’éloigne, décide de m’isoler dans un coin de la cuisine afin de compter les rations que comportent l’un des meubles, et leurs contenus. Viande, légume, soupe, j’essaie de trier le tout. Je l’ignore totalement, je m’isole, m’enferme dans ma petite bulle, me désaltérant à la vodka. Mon estomac se tort, gronde. J’attrape l’un des nombreux sachets pour l’ouvrir et picorer son contenu. La bouteille se vide à vue d’œil, et atteint rapidement la moitié. Je suis encore beaucoup trop lucide. Je me surprends à tenir aussi bien l’alcool. Je poursuis mon inventaire, mets de côté ce qui me semble le plus intéressant. Une dernière gorgée d’alcool avant d’abandonner la bouteille sur un plan de la cuisine. Ma notion du temps est perturbée, je ne sais depuis combien de temps je m'attelle à cette tâche ridicule, mais qui me permet de me concentrer sur autre chose. La voix de Robbie brise mon élan. Instinctivement, je me retourne dans sa direction, mais ne retrouve que le vide. Mon regard se baisse en direction du sol. J’hausse un sourcil en le voyant ainsi à moitié saoule, appuyé négligemment contre un meuble. Un soupire s’échappe d’entre mes lèvres. Même sous l’emprise de l’alcool il continue de me prendre pour son esclave. Accroupie, à sa hauteur, j’attrape ses épaules en douceur. Hors de question qu’il dorme ici, ou qu’il y vide le contenu de son estomac.
— Aller, debout.
Lentement, je le relève, utilisant mon propre corps pour qu’il évite de perdre l’équilibre ou de se rassoir. De longues minutes sont nécessaires avant d’atteindre l’une des chambres du laboratoire. Deux lits superposés de chaque côté, aucune décoration. Je l’allonge sur l’un deux, le laissant se débrouiller par lui-même pour la suite, après tout c’est déjà énorme que je m’occupe de lui, je ne devrais pas. Un dernier regard dans sa direction, et je disparais dans la chambre d’en face. On ne sait jamais ce qu’il peut arriver, alors autant garder une certaine proximité. La vodka fait toujours effet, une migraine commence à me prendre. Une grimace déforme mon visage. Je me déshabille, et me permets d’enfiler un t-shirt trouvé dans l’armoire avant de me glisser sous la couverture d’un des lits. La sensation de confort, de propreté m’endort presque instantanément.
JOUR 29
Une nuit paisible, sans cauchemars, juste une agréable chaleur, une proximité rassurante. Doucement, gênée par une légère lumière, j’ouvre les yeux. Mon regard se confronte au lit du dessus, une image stérile, peu accueillante. Un mouvement à mes côtés me surprend. Je m’immobilise, me crispe. Je tourne légèrement la tête. Mes yeux s’arrondissent lorsqu’ils se retrouvent face à une tignasse blonde. Qu’est-ce qu’il fou ici ?Je suis certaine de l’avoir laissé dans une autre chambre, alors comment s’est-il retrouvé dans mon lit ? L’alcool aurait-il eu beaucoup plus d’effet que je ne le pensais ? La crainte m’envahit. Je remarque l’absence de t-shirt de mon voisin. Oh oh. Soulever, ne pas soulever ? Je prends le risque. J’agrippe un morceau de la couverture, la relevant petit à petit avant de constaté bien malgré moi la nudité de Robbie. Je relâche le tissu et fixe le plafond. Hormis une légère migraine, les souvenirs de la nuit précédente sont floues, incertains. Impossible. Prise d’un élan de courage, je retire complètement la couverture, passe au-dessus du corps endormi de Robbie afin de quitter le lit puis la pièce. Je trouve en chemin une tenue propre que j’enfile, avant de me diriger une nouvelles fois vers les cuisines. Un café noir est de rigueur. Tasse en main, je m'installe dans la pièce principale, sur l'un des sièges. Le téléchargement est pratiquement terminé. Songeuse, je fixe l'écran sans vraiment y prêter attention. J'essaie de me souvenir de ce qui a bien pu se passer durant cette nuit, si un dérapage s'est produit ou non.
WILDBIRD
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Sujet: Re: The Red Planet [Karen & Robbie] Lun 5 Déc - 1:45
The Red Planet
“Karen Page & Robert Aylen”
Je m’écroule dans un lit. En battant des paupières, j’arrive à reconnaître l’image du visage de Karen. Sous ma tête, il y a un coussin. Ah, je comprends maintenant ce qu’elle vient de faire. Je souris et je ferme les yeux. Je suis aspiré dans un brouillard épais, me gardant prisonnier de longues heures. Je me réveille ensuite avec cette urgence de me lever. Je me retrouve par terre, mes genoux cognant durement le sol. Je me prends la tête à deux mains, celle-ci étant particulièrement étourdie d’un coup. Je la laisse se calmer avant de ramper quelques mètres sur le plancher froid. Mon estomac s’agite un peu. Je me redresse une fois de plus trop rapidement. Je me retrouve à parcourir les couloirs en titubant. J’entre au hasard dans une pièce. Une salle de bain. Je me laisse tomber près du bol de toilette. J’attends, mais rien ne se passe. Tant mieux. Je me tourne vers ce qui ressemble à un rideau de douche. Ah, d’accord, on est le matin! Je commence à me déshabiller afin de me laver. J’entre dans la douche et je tourne le robinet pour faire couler l’eau. Rien ne se passe. La plomberie ne marche plus ou la nappe phréatique est à sec? Je demeure de longues minutes ainsi, comme si attendre allait arranger les choses. Je fronce les sourcils, fait une moue déçue et quitte la douche. J’oubli ma nudité et je marche très lentement jusqu’à une chambre. Un léger mouvement dans le lit attire mon attention. Ah, Karen se cache donc là! J’entendre dans la pièce et je me glisse simplement sous les draps avec elle. Je m’endors presque aussitôt, l’alcool m’assommant pour de bon. Je me réveille légèrement lorsque la jeune femme commence à se mouvoir dans le lit. Mes paupières sont trop lourdes pour s’ouvrir, mais j’ai vaguement conscience de son extraction des draps. Plusieurs minutes supplémentaires sont nécessaires pour que je parvienne à sortir de mon sommeil. Je ne suis plus saoule, mais j’ai atrocement mal au crâne. Je déteste avoir la gueule-de-bois. Je fais de mon mieux pour rendre mes mouvements les plus accommodant possible pour ma condition, mais c’est peine perdue. La simple lumière me provoque un haut le cœur. Je ne réalise ma nudité qu’en retrouvant mes vêtements au sol de la salle de bain du couloir. Je lève un sourcil. Je sens que Karen va me détester pour ça… Je me contente de me rhabiller avec mes vêtements souillés, n’ayant pas envi de porter l’uniforme du laboratoire. Pourquoi faire tout un plat de cette situation. Voilà pourquoi je regagne l’ordinateur et ignore Karen qui y est assise. Je m’approche de l’écran et je plisse les yeux pour lire le pourcentage : 99%. Ça ne pourrait pas être plus près de la fin. Je me retourne afin de me diriger vers la cuisine et de me prendre moi aussi un café, sauf qu’un bip résonne de l’ordinateur. Le téléchargement est complet! Aussitôt, je plonge ma main dans les entrailles du tableau de bord et je vais agripper la puce qui contient le programme. Je réveille son autonomie en changeant ses connexions avec l’ordinateur. Sur l’écran, apparaît alors l’interface du programme informatique du réseau satellite. On me demande un identifiant et un mot de passe. Je commence à faire aller mes doigts sur le clavier pour créer mon propre compte sur le programme, en piratant celui de l’un des scientifiques de ce labo. Mes manipulations réussissent car j’accède par la suite au programme lui-même. Je désire faire un test pour m’assurer de la connectivité fonctionnelle avec les satellites autour de Mars. J’entre donc des coordonnées, celles de la maison de ma famille. Un satellite à proximité nous envoie alors ses images, qui apparaissent directement sur le grand écran. Mes yeux s’écarquillent en voyant sur les images quatre Rovers de pilleurs, ainsi que de la fumée s’échappant de certaines des fenêtres de la demeure. Aussitôt, ma gueule-de-bois s’envole, faisant place à un sentiment hybride de détresse et de colère. Je ne peux pas les laisser avoir la pierre orange! Si je la perds, je suis définitivement coincé sur cette planète!
« Les salauds ! Je savais que j’aurais dû tous les tuer ! »
Je ferme le programme et je retourne cherche la puce que j’extrais de l’ordinateur avec une certaine délicatesse malgré la situation. Je ne veux pas perdre ce programme en brisant la puce accidentellement. Je cache cette dernière dans la poche de mon pantalon et je me tourne vers Karen.
« Il faut partir immédiatement. Va chercher tes affaires. »
Je suis surpris par son opposition. Évidemment qu’elle refuse de m’obéir, même en ayant vu l’urgence de la situation des images satellites. Pourquoi est-ce que je l’implique encore dans mes péripéties? Je grogne fortement et je frappe mon poing sur le clavier de l’ordinateur. L’écran vide à la suite de la déconnection de sa puce se rallume et affiche un programme bien spécial. Je fronce les sourcils. Il s’agit d’une alerte de sécurité qui nous demande de l’activité afin de protéger l’intégrité des données. J’ignore l’écran un instant pour transpercer des yeux la blonde. Malgré ses arguments, elle ne peut tout simplement pas demeurer ici toute seule!
Qui active par accident le système de sécurité du laboratoire?:
Pile : Karen Face : Robbie
Sans que je comprenne comment ni pourquoi, la main de Karen est sur le clavier. J’écarquille les yeux et je me tourne vers l’écran. Le système de sécurité a été activé. Nom de Dieu, le laboratoire est entré en mode d’autodestruction afin de protéger ses archives! Sans réfléchir, je me saisis de Karen et je me mets à courir vers la sortie. Je ne sais pas de combien de temps nous disposons, mais ça n’a plus d’importance à présent. Nous ne pouvons prendre la nourriture, il est trop tard. Si on ne sort pas immédiatement, nous allons mourir avec ce laboratoire.
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Sujet: Re: The Red Planet [Karen & Robbie] Lun 5 Déc - 1:45
Le membre 'Robert Aylen' a effectué l'action suivante : Lancer de dés
'Pile ou Face' :
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Sujet: Re: The Red Planet [Karen & Robbie] Mar 6 Déc - 22:44
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es lèvres aux bords de la tasse de café, mes yeux sont happés par le vide. Plongée dans mes pensées, à essayer de tirer un quelconque souvenir de ce qui a bien pu se passer la veille, je ne remarque pas tout de suite la présence de Robbie. Un son soudain, aigue résonne dans la pièce. Je retrouve pleinement conscience des choses qui m’entourent, et manque de renverser mon café sur le clavier. Instinctivement mes mains se referment un peu plus autour de la tasse. Mon regard se dirige vers l’écran, constatant la fin du téléchargement. Enfin. Une silhouette se dessine dans mon champ de vision, je sursaute de nouveau avant de constater que ce n’est que lui. Je ne peux m’empêcher de le fixer. Il est habillé cette fois-ci. Je me demande s’il sait ce qui a pu se passer, ou bien si on est tous deux dans le même état d’incompréhension. Cela n’a pas l’air de le déranger de s’être retrouvé en tenu d’Adam dans mon lit. Tout en ne le quittant pas des yeux, je bois une longue gorgée de mon café avant qu’il ne refroidisse. Difficile de savoir ce qu’il pense, et ne comptez pas sur moi pour lui poser la question, mais à première vue rien ne semble le déranger. Toujours aussi imperturbable, le visage froid, sans âme. Mes ongles se crispent contre la porcelaine du mug. Je pose finalement l’objet sur un bureau non loin, avant de porter mon attention sur l’écran. D'étranges images y défilent, je reconnais les environs de la maison ; elles se focalisent finalement sur cette dernière. Je fronce les sourcils en remarquant du mouvement autour. Qu’est-ce qu’il se passe ? Instinctivement je me tourne vers Robbie, après tout c’est la sienne, il en est le propriétaire. Tous les tuer ? Encore légèrement endormie, je mets de longues secondes avant de comprendre enfin. Les hommes de Mark. Une vengeance. Il fallait s’y attendre. Cette maison, cet abris n’est plus le mien, je n’ai pas à m’en soucier. Mon visage retrouve une expression neutre. Je laisse le cowboy s’exciter tout seul, avant de me tourner dans sa direction lorsqu’il me demande de récupérer mes affaires. Un léger sourire sarcastique se dessine sur mes lèvres. Sérieusement ? Après tout ce dont on a traversé, la colère, le mépris qui règnent entre nous, il continue de me donner des ordres et à vouloir que je l’accompagne ?
— Non.
Un simple mot, prononcé avec fermeté. Je reste vissé sur mon siège, ignorant totalement les regards noirs qu’il peut me lancer. Je suis fatiguée de courir, de lui obéir, d’être à ses ordres. Il est temps de faire preuve d’un peu d’égoïsme, de ne penser qu’à moi. Je détourne les yeux une énième fois vers l’écran d’ordinateur. Chouette. Le système de sécurité. Contrairement à Robbie, je ne me sens pas du tout stressée, bien au contraire, je fais preuve d’un calme déconcertant. Le code pour défaire le système me revient peu à peu, mes doigts glissent alors sans aucune hésitation sur le clavier. Une alarme se déclenche, un gyrophare balaie la pièce. Qu’est-ce que j’ai encore fait ? Je suis pourtant certaine du code. Sans comprendre comment, une main m’attrape pour me tirer en direction des couloirs de la sortie. Je n’ai pas encore pleinement conscience de la situation, mais en voyant l’état de Robbie, je devine que l’on risque gros. En silence, je ne lui montre aucune opposition, le suivant jusqu’au sas d’entrée, activant les issues de secours. Mon corps commence à trembler, le stress, l’adrénaline monte. Une fois à l’extérieur, ébloui par le soleil, je lâche la main qui me serre, continuant cependant à m’éloigner du laboratoire. Plusieurs secondes s’écoulent, je me tourne vers Robbie. Je parviens à l’apercevoir quelques secondes avant d’être assourdie par un bruit sourd, et balayée par un souffle puissant qui me projette beaucoup plus loin. Mon corps s’écrase lourdement contre le sable, et un cri de douleur m’échappe. Ma tête me fait mal, ma vision se trouble, tout est blanc. Je n’entends plus rien également.
— Robbie … ?
Instinctivement je me mets à l’appeler, à le chercher. Mes mains glissent tout autour, cherchant désespérant un repère. Des débris tombent du ciel. Je me protège aussitôt le visage, la tête à l’aide de mes bras, m’immobilisant afin d’éviter d’en recevoir. Manque de chance, un morceau de je ne sais quoi me tombe dessus. Un second cri de douleur s’échappe d’entre mes lèvres. Je n’arrive plus à bouger, quelque chose m’en empêche, une lourde plaque qui me force à rester couchée. Mon dos me fait souffrir, mais je continue d’appeler Robbie, en espérant que rien de grave ne lui soit arrivé. Ma vision devient beaucoup plus nette, et j'aperçois le rover au loin, intact.
WILDBIRD
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Sujet: Re: The Red Planet [Karen & Robbie] Sam 10 Déc - 1:58
The Red Planet
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L’urgence presse mes pas, me fait tirer beaucoup trop fortement sur la pauvre main de Karen. Si seulement je savais de combien de temps nous disposions. Je souhaite silencieusement que nous avons au moins le temps de rejoindre le Rover et de nous éloigner un peu avant que la structure ne s’autodétruise. Je n’ai jamais assisté à ce genre de manifestation de sécurité, mais je sais que c’est l’une des choses qui effraie le plus les pilleurs, les dissuadant de s’approcher des laboratoires abandonnés. Ça doit donc être violent et sournois. Le sas est tout ce qui retient mon corps de courir à nouveau. Lorsque finalement la porte s’ouvre, je pousse ma personne encore plus violemment à l’extérieur. Je vois le Rover, il ne reste qu’une centaine de mètres. Mais alors, une poussée subite me projette au loin, comme une vulgaire poupée de chiffon. Je m’écrase contre le sable chaud, mes oreilles se bouchant à la suite de la détonation. J’ai pour réflexe de protéger ma tête avec mes bras, avant de laisser la curiosité l’emporter et d’observer le bâtiment derrière. Il a littéralement explosé en mille morceaux et ces derniers retombent à présent dans notre secteur. Je tente de me remettre sur pied en vitesse, mais je suis encore très étourdie par mon récent vol plané. Je me secoue la tête, un bourdonnement familier me faisant regarder autour de moi. Alors, je vois Karen, prisonnière sous une sorte de plaque de métal. Instinctivement, je rampe dans sa direction. La pluie de débris se calme au moment où j’évite de justesse un gros morceau métallique. Je profite de l’accalmie pour me relever entièrement. Je tombe à genoux près de la jeune femme et je me penche pour observer si elle est blessée. Je suis trop sonné pour lui parler, alors je me contente d’agir avec l’aide de l’adrénaline. Je remarque que la plaque ne fait que maintenir Karen contre le sol. Usant d’un autre débris à proximité, je tente de faire un levier avec pour soulever la plaque. La petite surélévation obtenue me permet d’avoir une bonne prise sur l’une des extrémités du morceau métallique et je soulève un peu plus ce dernier pour libérer Karen. Je maintiens le tout dans cette position jusqu’à ce qu’elle arrive à s’extirper. Je relâche ensuite complètement, à bout de souffle. Je plaque une main contre mon flanc, sentant un étirement à ce niveau. Je n’ai pas le temps pour ça. Je me lève en chancelant et je tire Karen avec moi. Je veux être dans le Rover, conduire en direction de la maison. Il n’y a que cela qui me préoccupe à présent. Voyant que la blonde progresse lentement, je la soulève dans mes bras sans même lui demander et je marche avec détermination vers le véhicule. Arrivé à ce dernier, je libère la jeune femme et j’entre derrière le siège conducteur. Je démarre et je suis tellement content que le Rover m’obéisse sans opposition. Je dépose mon front contre le volant et je ferme les yeux quelques secondes, soufflant un peu. Toujours dans cette position, j’oriente ma tête vers la femme à côté de moi. Il semblerait qu’elle n’ait plus la possibilité de me dire non à présent.
Sujet: Re: The Red Planet [Karen & Robbie] Jeu 15 Déc - 1:43
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e visage légèrement enfoui dans le sable chaud, graveleux, le corps prisonnier de ce débris, je prie, implore silencieuse ma libération. Où est Robbie ? Est-il blessé lui aussi ? Ou pire. Tout en douceur, j’entreprends une énième tentative de dégagement, mais rien n’y fait. Mon corps frêle, affaiblit ne fait pas le poids face à cette plaque de métal. Un bruit attire soudainement mon attention, je balaie les alentours, avant d’apercevoir une silhouette se former petit à petit, se rapprocher. Inconsciemment, un sourire se dessine sur mes lèvres, soulagée de constater qu’il est toujours en vie. Malgré la rancune éprouvée suite aux diverses situations traversées, dans le fond, et bien malgré moi, je commence à ressentir un certain attachement pour cet idiot. Je le fixe, silencieuse, encore sonnée par la déflagration et le choc. Ma tête bourdonne, me fait souffrir. Je somnole à moitié, et soupçonne un traumatisme crânien, mais l’erreur est possible. Le visage de Robbie est de plus en plus flou, rouge. Rouge ? Lentement, je pose ma main au niveau de mon front, sur les rebords du cuir chevelu, et constate par la suite mes doigts tâchés de sang. Merde ! Une intense douleur, une plainte contenue, et la libération tant attendue. Instinctivement, je commence à ramper jusqu’à être complètement sortie. Le temps presse. Pourquoi ? Je ne sais pas, ou bien je ne sais plus, mais je suis prise dans ce flux de stress qui dégage Robbie. Je me redresse, essaie de marcher jusqu’au rover, mais ma cheville n’en fait qu’à sa tête. Concentrée sur mon parcours, je fais abstraction des différentes douleurs qui se manifestent. Sans comprendre comment, mes pieds quittent soudainement le sol, je flotte. Quelques secondes sont nécessaires avant que je réalise ma position, que je réalise être dans ses bras. Pas assez rapide pour toi ? Pff.
L’espace d’un instant un sentiment de sécurité me traverse, me réchauffe, fixant ses yeux hazels avec une certaine intensité. De longues secondes de flottement. Une fois installée dans le rover, je constate, un pincement au cœur, le fruit de mon étourdie, de mon impulsivité. Un sentiment de peine mélangé à une pointe d’indifférence. Malgré le fait que j’y ai passé une partie de mon enfance, de mon adolescence, la découverte récente de la véritable fonction de ce laboratoire balaie complètement les bons souvenirs que j’ai pu avoir entre ces murs. J’inspire profondément, avant de daigner enfin tourner la tête en direction de Robbie, posant mon visage contre l’appuie-tête, et cherchant au passage la trace quelconque d’une possible blessure.
— Tu vas bien … ? Tu n’as rien … ?
Des questions qui témoignent de mon inquiétude. Une grimace déforme mon visage lorsque je tente de trouver une position convenable dans le siège passager. Les yeux toujours rivés sur lui, je ne cache pas mon intérêt à son égard. Je viens de détruire ma chance de survie sur cette planète, je n’ai désormais nulle part où aller. L’unique choix qui s’offre à moi est de le suivre. Ce n’était pas dans mes objectifs, mais l’imprévu à frapper, ma connerie nous a conduit dans cette situation, je dois me conduire comme une femme, assumer. L’habitacle se met subitement à tourner, vriller dans tous les sens, me faisant perdre les miens.
— Tu vas devoir me supporter encore quelques temps … Un murmure, agrémenté d’un léger rictus gravé sur le coin de mes lèvres. Mes paupières deviennent beaucoup trop lourdes, maintenant que je suis en sécurité je peux fermer les yeux sans crainte. Aussitôt dit, aussitôt fait, et je sombre sans m’en rendre compte dans le royaume des songes.
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Sujet: Re: The Red Planet [Karen & Robbie] Ven 16 Déc - 3:40
The Red Planet
“Karen Page & Robert Aylen”
Ma tête est lourde. Mon corps, lentement libéré de l’adrénaline, se met à crier diverses souffrances. Mon flanc est ce qui me démange le plus. Lorsque Karen me demande si je vais bien, je commence par inspecter cette partie de mon corps pour moi-même m’en assurer. Je soulève mon chandail et observe mes points. Ils sont toujours là, semblent en bon état, mais rien ne garantie qu’ils ne soient pas abimés et risques de lâcher au prochain mouvement. J’étire mon bras afin de mettre la main sur une compresse et de l’apposer dessus, me faisant grimacer au passage. Être un simple conducteur d’ici les prochains jours va aider à stabiliser mes points, du moins, je l’espère. Je regarde ensuite l’état de ma tête, à l’aide du rétroviseur. À part quelques entailles ici et là sur ma peau, je vais bien. Je me retourne vers Karen lorsqu’elle m’indique que je vais devoir la supporter encore quelques temps. Je n’exprime pas grand-chose, me contentant de l’observer s’installer pour dormir. Son front est orné d’une coupure. Dans un soupire, j’étire à nouveau le bras pour prendre une seconde compresse. Je viens la placer sur sa blessure, surpris qu’elle dorme déjà. Je fixe donc la compresse avec du ruban adhésif médical, après avoir nettoyé brièvement le tout. Au premier coup d’œil, elle n’a pas besoin de points. Ce qui m’arrange. Une fois mon rôle d’infirmier complété, je me mets à faire avancer le Rover. Nous avons encore de nombreuses heures d’ensoleillement. Nous devons absolument nous rendre à la maison dès que possible. Je sais que c’est déjà trop tard. Que nous allons arriver et que les pilleurs auront simplement laissé des ruines derrière eux. Je doute qu’il détruise la maison ou la brûle. Ce n’est pas vraiment dans leur style, même pour exercer une vengeance. Ce qu’ils aiment, c’est voir les gens mourir suite à leur vol. J’espère seulement qu’ils n’ont pas trouvé et ouvert mon coffre-fort. À l’intérieur se cache l’objet ayant le plus de valeur à mes yeux sur cette planète. Si comme je le pense ces salauds nous on tout prit, la pierre orange à l’intérieur du coffre-fort est notre seule chance de survie désormais.
Jour 35
Le trajet du retour ressemble à s’y m’éprendre au trajet d’aller. À la seule différence que personne ne nous attaque et personne ne me tire dessus. Je demeure dans ma bulle, obnubilé par l’idée d’avoir peut-être perdue la pierre orange. Les maigres provisions qui restaient dans le Rover étaient insuffisantes, il a fallut rationner. Cela n’aide pas à me faire adopter une humeur joviale. Je suis préoccupé et affamé, fatigué par les heures de conduite et de réflexion. Mes points n’ont finalement pas lâchés, mais j’ai toujours mal de temps à autre lorsque je remue de mon siège. Sans parler de ma nouvelle habitude qui est de tousser. J’ai l’impression que les antibiotiques ne sont pas assez puissants pour me prévenir une infection. Je soupçonne une pneumonie, mais les symptômes ne sont pas encore assez importants pour que j’en parle ouvertement. Ce problème est le mien et j’ai bien peur qu’il le demeure tant qu’on n’aura pas trouvé une solution à la famine qui nous guette. L’important c’est que j’aie encore de la force et que la pensée de la pierre orange est ce qui me garde motivé et alerte, malgré notre lamentable état physique à tous les deux. Finalement, au loin, je vois les contours de la maison. Le stress revient et mon cœur pompe un peu plus rapidement. À mesure que nous approchons, je constate les dégâts. La maison tient toujours debout, mais les pilleurs ne se sont pas gênés pour abîmer la structure et défoncer même les fenêtres. Je contiens mes émotions, ma colère étant à son apogée alors que j’accélère.
Sujet: Re: The Red Planet [Karen & Robbie] Lun 19 Déc - 3:15
THE RED PLANET ft Robert Aylen
S
ix jours de trajet, silencieux, somnolant. Mon corps a bien du mal à se remettre de l’incident, et réclame énormément de repos. Ce que je ne peux lui accorder pour le moment. Cette position, ce siège peu confortable ne sont malheureusement pas propices à un sommeil réparateur. Des courbatures se manifestent un peu partout, alors que la migraine persiste. Mes yeux sont encore hantés par les images des vidéos de tortures, de l’explosion. Un cocktail nocif qui me plonge dans un état léthargique peu habituel. Six jours, c’est suffisant pour ruminer encore et encore, tourner des questions, des possibilités dans tous les sens. Comment aurait été ma vie si j’avais refusé de suivre mon père dans cette expédition ? Et si j’avais contourné cette maison au lieu de m’y arrêter ? Ou bien si nos chemins, à Robbie et à moi ne s’étaient pas recroisés suite à mon départ ? Autant de questions sans réponses. Aujourd’hui je suis définitivement seule, sans aucun point de repère ni d’abris. De la survie pure et dure. Mon objectif principal est partit en morceaux, et par ma faute. Aussi stupide que cela puisse être, vivre dans ce laboratoire me semblait être une option parfaite. Des vivres à foison, une sécurité, et le confort. Mais c’est terminé. Je commence à en avoir marre de ce paysage désertique, de cette planète. Un tableau qui se répète jour après jour. Se réveiller, survivre, dormir. J’ai besoin d’autre chose, d’un but. Malgré la situation délicate qu’il y a sur Terre, je pense pouvoir m’en sortir beaucoup mieux là-bas qu’ici. Je dois y retourner. Les premières denrées ne sont pas aussi rares, les abris beaucoup plus accessible, mais surtout, je ne serais plus totalement seule. C’est bien beau de vivre sur Mars, « exotique », mais à force, la folie s’immisce dans notre tête, la solitude nous ronge inlassablement. Un soupire m’échappe. Mon regard se tourne vers le côté conducteur, vers Robbie. Je ne sais pas si je peux lui en parler, ou lui faire totalement confiance. Il m’a sauvé, certes, mais bizarrement je ne suis pas encore entièrement convaincue. Il cache quelque chose, et cette aura sombre qui plane autour de lui n’a rien de rassurant. Cet homme est une énigme, un mystère difficile à résoudre.
Une ombre au loin attire mon regard. La maison ? Du moins ce qu’il en reste. Ces murs autrefois intacts, rassurants, sont aujourd’hui abîmés, troués. Il n’y a plus grand-chose d’exploitable. Ces idiots n’ont pas fait les choses à moitié, il fallait s’y attendre. Le rover s’arrête, je quitte l’habitacle, claquant la porte, avant de me diriger vers ces ruines. J’y pénètre doucement, faisant attention que rien ne s’effondre sous mes pas. Une fois mais pas deux. Etrangement je ne parviens plus à me souvenir des lieux lorsque tout était encore intact, parfait. Mon esprit est encore beaucoup trop embrumé. Une chaise trône simplement au milieu d’une pièce. Elle dénote complètement avec le décor apocalyptique. Fatiguée, le corps portant encore les stigmates de l’épreuve précédente, et du manque de nourriture, je m’y assois délicatement. Mains à plats sur les cuisses, mes yeux suivent Robbie dans le moindre de ses mouvements.
— Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? Il n’y a plus rien…
Je détourne le regard en remarquant un petit tas de cendre non loin, sur un semblant de table basse. Un livre. Celui que j’ai commencé à lire, et dont je trouvais l’histoire prenante. Un rêve, une aventure partis en fumée.
WILDBIRD
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Sujet: Re: The Red Planet [Karen & Robbie] Mar 20 Déc - 1:53
The Red Planet
“Karen Page & Robert Aylen”
Lorsque j’immobilise le Rover près de la maison, je sens mon cœur se resserrer. Je refuse de mettre des images sur ce massacre, de confirmer que j’ai bel et bien tout perdu, une deuxième fois. Sauf que je n’ai pas le choix. Je dois me relever et avancer. C’est la seule et unique chose que je suis encore capable de faire décemment : survivre. Je soupire et je m’extrais du véhicule. Je m’avance lentement vers les ruines, scrutant avec attention la façade et le toit. Avant d’entrer, j’ose grimper un peu contre le mur pour avoir un visuel des panneaux solaires. Je suis surpris de constater l’intégrité du toit. Il n’y a pas un seul panneau solaire d’abîmé. C’est l’intérieur qui est donc préoccupant. Les murs externes ne sont pas à proprement dit détruits. Seules les portes et les fenêtres ont été défoncées. Le garage également, à en juger par le grand nombre de mes outils dans le sable. J’entre dans la maison et je constante enfin la destruction. La cuisine et le salon ne sont plus que des vagues souvenirs. Les armoires ont mêmes été arrachés. J’ai toujours le sous-sol à inspecter, mais j’ai bien peur que la nourriture et les objets entreposés n’y sont plus. Je m’approche de l’ordinateur de la maison. L’écran de contrôle est marqué d’une profonde fissure. J’appose tout de même ma main pour tenter de réveiller la maison. Rien ne se passe au début. Le protocole de violation de sécurité apparait ensuite en clignotant. Il s’agit d’un simple carré blanc au centre d’un fond noir. Je n’ai pas le temps de reformater l’ordinateur pour le remettre fonctionnel. Au moins, le cerveau de la maison est toujours vivant, bien que surement salement amoché. Karen me demande ce qu’on fait à présent. Je ne peux lui donner de réponse pour le moment, puisque je n’en ai pas. J’éteins l’ordinateur et m’aventure avec crainte vers ma chambre. La pièce est saccagée, comme le reste. Toutefois, l’immense armoire principale n’a pas été renversée. Je m’approche du meuble et je le pousse, dévoilant le coffre-fort. Intact. Je lâche un soupire de soulagement. J’entre le code, heureux qu’il soit indépendant du système de la maison qui est présentement knock-out. Je glisse ma main à l’intérieur, y prenant tout le contenu : argents terriens, revolver avec munitions et la fameuse pierre orange. Je la serre dans ma paume, tellement soulagé de ne pas l’avoir perdue.
Je termine l’inspection de la maison par la salle de bain et le sous-sol. Peu de choses sont récupérables, mais cette vieille baraque n’est pas complètement morte. Avec du temps et des ressources, je sais que je peux la remettre en état de marche. Je m’approche de Karen, toujours assise sur l’unique chaise intacte. J’attends qu’elle me regarde dans les yeux avant de parler. Je n’ai pas de plan spécifique, mais il est clair pour moi que nous n’avons pas d’autres options désormais.
« Je vais aller cacher le Rover derrière la maison, près de la paroi rocheuse. Ensuite, il va nous falloir trouver des vivres. Nous n’en avons pas suffisamment à l’heure actuelle pour organiser une expédition vers les maisons voisines. Il nous faut retourner sur Terre. Dès aujourd’hui. »
Ma voix est lasse, fatiguée. Je tousse encore une fois tout en me dirigeant dehors pour aller cacher le Rover. Je ne veux pas donner l’impression aux pilleurs qui passeraient par là en notre absence que nous sommes revenu ici. La météo normale de Mars va s’occuper d’effacer les traces de pneus d’ici les prochains jours. Je n’ai pas expliqué à Karen comment nous allons rentrer sur Terre. Elle va le découvrir bien assez tôt. Je vais la rejoindre après un dernier tour des lieux. De là, je sors de ma poche la pierre orangée, qui miroite sous les quelques rayons de Soleil perçant les trous des fenêtres. Je lui tends ensuite mon autre main pour qu’elle établisse le contact physique nécessaire pour voyager tous les deux vers la Terre. Je lève des yeux sévères sur Karen.
« Ne penses à rien. »
Comme on est deux, la pierre va écouter l’idée dominante de la destination. J’ai un endroit précis que je désire aller et je ne veux pas que Karen rende la téléportation aléatoire avec des pensées confuses et contradictoires. Je ferme donc les yeux et visualise le lieu que je désire. La pierre s’illumine ensuite et en l’espace d’une seconde, nos pieds retombent contre un sol d’asphalte mouillé. Je regarde autour de moi une fois la nausée de la téléportation combattue et je fronce les sourcils de frustration en constatant que nous ne sommes pas là où je le voulais.