Sujet: Re: The Red Planet [Karen & Robbie] Mar 27 Déc - 23:42
THE RED PLANET ft Robert Aylen
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n carnage, des meubles retournés, cassés un peu partout, une vision désolante. Les murs tiennent encore, il y a moyen de récupérer des choses, de s’en servir, de remettre tout en ordre, mais je n’en ai pas la force. Cette chaise me semble être le havre de paix idéal pour les prochaines minutes. Une pause dans toute cette agitation, le temps de me remettre les idées en place, de pouvoir de nouveau utiliser correctement mon esprit. Où va-t-on aller ? Dormir dans une maison abîmées, sans plus aucune fenêtres, avec le vent glacial nocturne de Mars et les diverses tempêtes de sables, ce n’est pas ce qu’il y a de mieux. Nous devons trouver un toit digne de ce nom, de nouvelles ressources. La motivation est là, mais mon corps refuse tout mouvement, encore fatigué par toutes les péripéties traversées. D’un autre côté, ce n’est pas à moi de penser à tout ça. Cette planète n’est plus la mienne, je dois trouver un moyen d’en échapper. Un nouveau refuge beaucoup moins hostile, avec des repères. Encore faut-il que je parvienne à trouver un moyen d’y retourner, ce qui n’est pas chose facile ici. Peu de navettes atterrissent, ou seulement pour satisfaire la curiosité malsaine des riches qui s’ennuient dans leur palais de verres surprotégés, et les soudoyer n’est pas une compétence que je possède. Une silhouette me tire de mes pensées, mes yeux se posent instinctivement sur cette dernière, sur Robbie. Je l’écoute attentivement, silencieusement. Des directives, encore et toujours. Je commence à me dire qu’il a dû faire partie d’un corps armé autrefois, ou dans ce genre-là. Sa dernière phrase me surprend. Mon corps y réagit aussitôt, se redressant parfaitement. C’est trop beau pour être vrai. Le destin est-il enfin de mon côté ? Sans perdre une seconde, je m’occupe de ramasser les rares objets encore utilisable, et qui pourraient nous servir pendant ce voyage, ou du moins cet aller simple pour ma part. Je me demande quel moyen nous allons utiliser pour nous y rendre. M’a-t-il caché la présence d’une navette aux alentours ? Ou bien un laboratoire encore en fonction ? Tant de mystère.
Sac à dos sur l’épaule, prête à reprendre la route, je patiente. Je mets la fatigue, la faim de côté, c’est mon unique chance de quitter Mars, de retrouver possiblement ma famille, une vie un tantinet normale. Je ne lâche pas Robbie des yeux, mon seul espoir. Mon regard s’abaisse sur sa main, et cette étrange pierre orange qu’elle contient. Qu’est-ce que ? Je n’ai jamais vu un tel objet, aussi brillant, lisse. Une énergie ? Ou bien peut être notre monnaie d’échange pour une navette ? Etonnée par la présence de sa main libre non loin, je lève un regard perdu dans sa direction. Son geste est étrange. Pourquoi dois-je lui prendre la main ? Autant de proximité d’un coup, c’est perturbant. Je passe outre, et entremêle doucement mes doigts aux siens. Sa requête l’est encore plus. Ne penser à rien, plus facile à dire qu’à faire. L’euphorie soudaine à l’idée de retourner sur Terre est beaucoup trop forte. Paupières closes, mon esprit s’envole dans de doux souvenirs, ceux de mon enfance, dans cette maison immense aux allures de manoir, cette ville, toutes ces personnes que je côtoyais. Cette façade immaculée, les escaliers en colimaçons, les nombreuses pièces qui me servaient de refuge, de cachette lors des parties de cache-cache avec mon frère. Mon corps devient lourd, des vertiges me prennent, me donnent la nausée. Le parquet de la maison est soudainement beaucoup plus dur, humide. Une odeur étrange émane des alentours, et de nouveaux sons se font entendre.
J’ouvre les yeux, et un nouveau paysage se présente. Des rues, des maisons, certes beaucoup moins jolies que dans mes souvenirs, portant les stigmates de la guerre, et des gens. Tout m’est familier. Mon cœur s’emballe, mon corps se met à trembler. Une vague d’émotions me submerge. Je lâche soudainement la main de Robbie, me mettant à courir dans une direction précise. La pluie n’entrave aucunement ma course. J’oublie mes blessures, mes courbatures, et continue jusqu’à arriver devant une imposante maison. Intacte. Le jardin n’est cependant plus aussi verdoyant. Mon doigt appuie lourdement sur la sonnette, pour indiquer ma présence. Ca y est, j’y suis, enfin.
— Maman ! C’est moi, Karen, je suis rentrée !
La porte s’ouvre, mon cœur rate un battement. Une silhouette se dessine, s’avance. Une femme. Pas celle que j’espérais. La déception, l’incompréhension se dessine sur mon visage. Malgré la surprise, l’émotion de retrouver une personne de ma connaissance me pousse dans ses bras. Une vieille femme, notre ancienne voisine, qui s’occupait de nous lorsque nos parents étaient bien trop accaparés par leur travail. Je demande presque instantanément la raison de sa présence, et sa réponse me surprend tout autant. Je reste figée, les yeux rivés sur cette façade, autrefois rassurante. Une maison, un foyer accueillant, intimiste, devenu désormais le refuge d’enfants arrachés à leurs parents par la guerre. Un orphelinat.
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Sujet: Re: The Red Planet [Karen & Robbie] Jeu 29 Déc - 2:42
The Red Planet
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Pourquoi je me tue à lui faire confiance! Notre seule chance vient d’être gâchée. J’ignore dans quel endroit du monde terrestre nous sommes, mais il est clair qu’elle n’a pas réfléchit. Ou plutôt, elle a trop réfléchit alors que je lui avais demandé de se contenir. Ma rage est soudaine, comme un choc électrique. Et pourtant, je n’ai pas la chance de la cracher nulle part. Karen se met à courir sans prévenir dans une direction. Non mais elle veut se faire tuer ou quoi? Je me jette à sa suite afin de ne pas perdre sa trace, grommelant dans ma barbe. Elle ralentie et me permet de la rejoindre. Elle fixe une maison en particulier. Je la regarde moi-même un instant. Se pourrait-il que… Comme je le craignais, elle sonne à la porte et appelle sa mère. Cela me révolte et je lui attrape même le poignet pour ne pas qu’elle sonne à nouveau dans son illusion de joie.
« Maman ? Mais qu’est-ce qui t’a pris ? Tu n’as aucune idée à quel point la Terre à changée depuis… » La porte s’ouvre, m’empêchant de terminer ma phrase.
Je libère la main de Karen alors qu’elle m’ignore de toute façon. Elle serre la personne qui lui répond alors que je me retourne. Cette femme ne doit pas me reconnaître. D’ailleurs, j’ai été beaucoup trop négligent depuis les quelques minutes que nous sommes ici. Bon nombre de caméras ont pu capter mon visage durant notre course. Je tente de camoufler mes traits en baissant la tête et en me couvrant de mon collet. Je dois sembler étrange pour les deux autres femmes, mais je m’en fiche. La plus vieille dit à Karen qu’il ne s’agit plus de sa maison d’enfance mais d’un orphelinat. Je soupire bruyamment. Je savais que c’est ce qui arriverait. Je m’approche de la femme.
« Pouvons-nous entrer, s’il-vous-plaît. Nous avons besoin de nous restaurer. Nous venons de loin et n’avons nulle part où aller. »
Elle ne semble pas vraiment se poser de questions, voir Karen lui suffit pour accepter. Une fois à l’intérieur, je demeure sur mes gardes mais je me permets d’adopter une position plus naturelle et décontractée. La femme nous offre un thé. Je parle pour Karen en lui disant que nous en serions ravis. Pendant que nous marchons vers la cuisine, je me permets de prendre le bras de Karen pour l’approcher un peu de moi, me penchant pour atteindre son oreille.
« On ne peut pas rester ici. Je te donne une heure pour bavarder et après on bouge. Tu nous as mis dans un beau pétrin, alors je t’en pris, cesse de t’opposer à moi pour une fois. »
Nous arrivons à la cuisine et j’agis comme si je ne venais pas de proclamer des menaces à ma compagne de voyage. Je prends place à la table usée, m’assurant toujours que nous sommes en sécurité. J’observe la pauvreté autour de nous. Même le thé en préparation semble de bien piètre qualité. Il y a un journal sur la table. Discrètement, je m’en empare et je le place sous mes avant-bras, posés sur la surface en bois. C’est le seul repère d’actualité que nous ayons pour le moment. De plus, je ne peux pas risquer que ma photo soit visible par hasard sur l’une des pages et alerte notre hôte.
Sujet: Re: The Red Planet [Karen & Robbie] Ven 30 Déc - 22:10
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ne légère incompréhension règne, enrobe mon esprit l’espace d’un instant. A vivre isolée de tout, la notion du temps s’est peu à peu erronée. Cette maison renferme tellement de souvenirs, trésor de notre famille, et le fait qu’elle se retrouve en quelque sorte abandonnée est douloureux. Cependant ce n’est pas une âme étrangère qui y vit aujourd’hui, cette voisine fait en quelque sorte partie du clan Page depuis notre aménagement, de par ses nombreux services. De plus, la cause qu’elle défend est tout à fait honorable. Un visage, une présence familière qui est agréable, réconfortant. Dans le fond, je m’attendais à ne trouver personne, à apprendre mauvaise nouvelle sur mauvaise nouvelle, et donc lorsque le décès de mère me parvient aux oreilles, je reste stoïque. Du moins en apparence. En silence, mes pas suivent ceux de la maîtresse de maison, accompagnée de Robbie. Je suis par ailleurs surprise de sa demande, être aussi insistant, demander l’hospitalité n’est pas dans ses habitudes. Le palier franchit, mon regard balaie instantanément l’intérieur, à la recherche d’un quelconque repère. Les murs autrefois immaculés sont tâchés, recouvert de dessins d’enfants, les meubles affichent leur vieillesse, seules les portes sont encore dans un état convenable. De vulgaires bouts de tissus à peine occultant servent de rideaux, des lits de fortune sont installés un peu partout dans les grandes pièces. Je n’ose imaginer le nombre d’enfants qu’il y a. Une pression soudaine au niveau de mon bras stoppe mon avancée, me surprend. Mon regard se pose sur Robbie, laissant clairement ma surprise se lire sur mon visage. Un beau pétrin ? D’un geste impétueux je brise son emprise pour me tourner dans sa direction, droite comme un piquet, sûre de moi.
— Je n’ai pas arrêté d’être à tes ordres, de t’écouter, alors pour une fois tu te tais, et tu me laisse profiter. Il n’y aucun risque dans cette maison, et d’ailleurs je ne vois pas de quoi tu as peur.
Un regard noir, empreint de hargne à son égard, puis je reprends mon chemin pour finalement m’installer sur l’une des chaises. Cette cuisine, ce papier peint, ces meubles, rien n’a changé. Des souvenirs commencent à m’inonder, un léger sourire transparait sur mes lèvres. Ce meuble sous l’évier était un château fort, une cachette, une bulle isolante. C’est ici que je me réfugiais lorsque les disputent commençaient à résonner dans les couloirs. J’observe Martha préparer le thé. Cela fait une éternité que je n’en ai pas bue. Un retour aux sources. Le silence de la pièce se brise à l’arrivée d’une adorable petite fille, à la chevelure flamboyante qui dénote avec les guenilles qui lui servent d’habits. Sa petite voix résonne contre les murs. Mon sourire persiste. Enfant, mes cheveux resplendissaient comme les siens, mais ont peu à peu perdu de leur éclat au fil des années. Un énième souvenir. Je ne la quitte pas une seconde des yeux, trouvant du réconfort dans cette soudaine apparition. Ses petites jambes trottinent jusqu’à la chaise à côté de la mienne, celle où se trouve Robbie. Ses grands yeux verts le fixent avec une innocence déconcertante.
— T’veux être mon papa ?
Je lève les yeux dans sa direction, déconcertée par cette question. Une vague d’innocence, purement et simplement. Mon cœur se serre en imaginant ce que doivent ressentir, endurer ces petits êtres. Dans un sens, je me retrouve aujourd’hui dans la même situation qu’eux. Mes parents ne sont plus, et mon frère s’est envolé pour une guerre lointaine. Je suis seule, avec comme unique repère, cette maison, mais au moins je suis parvenue à mon objectif : quitter Mars.
WILDBIRD
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Sujet: Re: The Red Planet [Karen & Robbie] Sam 31 Déc - 0:11
The Red Planet
“Karen Page & Robert Aylen”
Elle vit vraiment dans une illusion. Elle me réplique après mon avertissement et voilà que je la laisse faire à sa tête. J’en ai marre de la raisonner. Pourquoi ne comprend-t-elle pas que ce monde est encore plus dangereux que Mars? Il n’y a plus rien de bon sur Terre depuis des années. Je veux bien croire qu’elle a vécut loin de cette planète la majeure partie de sa vie, mais ce n’est pas une raison pour être aussi naïve. Je compte bien quitter au bout d’une heure, comme prévue. Si elle refuse de me suivre, je vais l’abandonner derrière moi. Bon débarrât. J’en ai marre qu’on se moque de moi et qu’on me fasse chier tout le temps. Qu’elle reste avec cette femme et ces enfants, dans une pauvreté post-guerre. Je ne lui tendrais plus de main charitable. Je suis bien mieux seul, Karen me le prouve un peu plus à chaque jour. Alors que Martha termine la préparation du thé, étant à l’étape de faire couler l’eau chaude dans les tasses, j’entends du bruit au loin. Des cris d’enfants. Je lève les yeux au ciel, me retenant de soupirer à nouveau. J’espère que je vais vite être loin d’ici. Des petits pas attirent mon attention à moi et à Karen. Une fillette rousse, au visage d’ange. Aussitôt que je la vois, mon cœur se resserre. Mon masque se fissure avec une facilité déconcertante. J’ai d’un seul coup du mal à respirer et j’écarquille les yeux lorsqu’elle s’approche de moi. Je la fixe, la considérant comme mon ennemi. Paralyser par son approche, je demeure assis sur cette chaise à prier pour qu’elle s’éloigne. Comment c’est possible qu’elle lui ressemble autant? Une tasse de thé est posée à côté de moi alors que je fixe toujours la fillette. De sa petite voix, elle me parle. Ce qu’elle me demande termine de chambouler mes sentiments. Je me retourne violemment, renversant la tasse bouillante par accident. Le liquide se répand principalement sur le sol, ne blessant personne. Je me lève encore plus subitement, me retournant vers Karen.
« On part tout de suite ! »
Mon ordre est d’une telle violence, dirigée par la panique. Je sens ma tristesse remonter, restant coincé dans ma gorge. Je m’empresse de m’éloigner de la table, incapable de demeurer plus longtemps à proximité de cette enfant et de ce qu’elle représente pour ma mémoire. Je presse le pas, j’ai besoin d’air. Je me retrouve dehors, tournant à droite afin de m’éloigner des maisons et des curieux potentiels. Je repère l’accès au jardin de l’orphelinat. La végétation est peu entretenue, seul le gazon semble taillé de temps en temps. Je vois un banc au loin, mais je suis incapable de m’y rendre. Je m’écroule juste avant, tombant dans le sol de terre humide. Des sanglots sortes durement alors que de mes bras j’enlace le coin du banc afin de m’empêcher de tomber davantage. Je n’arrive plus à le contrôler. Toute cette façade que j’ai construite pour me protéger. Elle a été brisée comme si cela n’avait été que du papier. Je pleure ma peine, je pleure ma rage. Un deuil refoulé, une culpabilité qui n’en ai pas moins douloureuse. J’ai mal. Et je suis seul.
Sujet: Re: The Red Planet [Karen & Robbie] Lun 2 Jan - 0:47
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n fracas soudain, inattendu, brisant l’innocence des mots sortis de la bouche de cette petite fille. Une surprise générale, plongeant un instant la pièce dans un lourd silence, avant d’être interrompu par cet ordre, un énième, résonnant plus comme un appel à l’aide, une détresse violente. Les yeux rivés vers Robbie, sa réaction me plonge dans l’incompréhension totale. Figée par la stupeur, mon premier réflexe est de regarder la maîtresse des lieux en marmonnant des excuses. Une tasse brisée, un couvert en moins pour ce refuge modeste. Je m’empresse d’essuyer le liquide brûlant, de ramasser les quelques morceaux de porcelaine éparpillé contre le carrelage crasseux avant de sentir une légère pression au niveau de mon bras. Je lève instinctivement la tête, mais peut-être un peu trop haut, car l’élément perturbateur se trouve pratiquement à ma hauteur. Une jolie petite tête rousse me fixe, les yeux baignés par la déception, un sentiment que je ne connais que trop bien. Sa petite main se lève, m’indique une direction diamétralement opposée à la nôtre, pointant la fenêtre de la cuisine. L’extérieur ? Le jardin ? Robbie ! Je tourne la tête dans cette direction, hésitante, avant de finalement abandonner ma tâche, m’excusant derechef, et de courir à l’extérieur. Rongée soudainement par l’inquiétude mon regard balaie le jardin, se pose un peu partout sans vraiment s’y accrocher, avant de remarquer cette silhouette dans le fond. Mes pas se font plus rapides, me mettant pratiquement à courir lorsque je prends conscience que ce corps à moitié sur le sol est celui de Robbie. Un bruit, bien différent des bruissements des feuilles me parvient. Des pleurs ? Je m’arrête, secouée par le spectacle qui s’offre à moi. Moi qui pensais qu’il n’était que froideur, sévérité, n’éprouvant aucun sentiment ni émotion, me voilà face à un homme en pleure. Mon cœur est traversé par divers ressentis, un mélange étrange qui me fait perdre mes moyens. Désarçonnée, je reste immobile de longues secondes, puis m’accroupie enfin à ses côtés, poussée par cet instinct inconnu. Mes mains se posent délicatement sur ses épaules pour le redresser, avant de glisser jusqu’à son visage, noyé de larmes. Je le tourne en douceur dans ma direction, ancrant mon regard dans le sien à la recherche de réponses.
— Eh … Robbie … Qu’est-ce qu’il se passe ?
Une simple question, idiote, mais légitime. Je ne l’ai encore jamais vu dans un tel état, ce qui est troublant, étrange. Est-ce à cause de la petite fille ? Pourquoi avoir une telle réaction ? Mon cœur s’attendrit au fur et à mesure que la tristesse se dessine sur son visage. C’est un être humain comme un autre après tout, pourquoi suis-je stupide à ce point. Quelque chose s’est fissuré en lui, je peux clairement le voir, une douleur si puissante qu’elle en est presque insupportable. J'espère simplement qu'il aura le courage ou simplement l'envie de me répondre. Je ne peux le laisser ainsi sans rien faire. Mon étreinte se resserre un peu plus contre son visage, sans pour autant lui faire mal. Mon pouce balaie une larme prête à perler et souiller un peu plus son si joli minois.
WILDBIRD
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Sujet: Re: The Red Planet [Karen & Robbie] Mar 3 Jan - 0:17
The Red Planet
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Mes sanglots sont douloureux. Ils font mal un peu plus à mesure qu’ils sont expulsés de mon corps. Je tente de me calmer, de retrouver mes moyens, mais cela me semble impossible cette fois. Je n’arrive plus à camoufler mes émotions comme si souvent par le passé. La douleur est telle qu’elle a prit possession de moi et je me retrouve à la merci de sa domination. Un esclave de la peine. Un misérable homme en deuil. Toutes mes erreurs me reviennent en mémoire, augmentant ma tristesse. Sous la panique de mon corps, je n’entends pas la jeune femme de Mars s’approcher de moi. Je ne remarque sa présence que lorsqu’elle touche mes épaules. Je sursaute violemment, tente de la voir à travers mes larmes. Je me sens honteux, démuni, je ne peux lui montrer cette facette de moi. Je baisse la tête, à défaut de trouver la force de courir loin d’elle. Pourtant, à cet instant, je ne désire pas être seul. Même si mon corps tremble de peur à l’idée d’être vue au plus bas, ses mains qui enrobent mon visage sont une caresse dans cet enfer brûlant. Je la fixe malgré l’humidité de mes yeux, la voyant embrouillée à l’occasion. Sa voix est un faible bourdonnement, ma tête lourde de souffrances réveillées. Je tente de calmer ma respiration pour lui répondre quelque chose. Cela me prend de longues minutes pour y parvenir, les sanglots finissant toujours par revenir. Lorsqu’une certaine maîtrise est acquise, j’ouvre la bouche. Rien ne sort au début, mes pensées se bousculant entre elles. Que lui dire? Comment lui expliquer? Pourquoi se donner cette peine? Je sais que les choses vont changer une fois qu’elle va savoir. Sa vision de moi ne sera plus la même. Ce qui n’est pas une si mauvaise chose, à cause de mon attitude des derniers jours. Mais quand même, suis-je vraiment prêts à vivre avec ce regard? J’ai fuis la Terre pour sauver ma peau, mais aussi pour vivre loin des jugements. Karen est-elle seulement prête à entendre ça et à enfin mettre les pièces du puzzle en ordre. Il y a eu bien des occasions pour loi de lui dire la vérité. Il a fallut que je tombe au plus bas pour envisager de le faire. Ma bouche est toujours entre-ouverte. Il y a bien quelque chose que je peux lui dire pour commencer.
« La première fois qu’on s’est rencontré, tu m’as posé une question auquel je n’ai jamais répondue. La réponse est oui, je reviens de la Terre. J’ai fuis la Terre parce qu’on me recherchait pour un crime. Un crime méritant la peine de mort, tu saisis. J’ai laissé tout le monde tomber en pensant les protéger et je suis parti sur Mars. »
J’inspire un bon coup. Parler me distrait un peu, me permet de me calmer. Les sanglots se font rares, facilitant la fluidité de mes propos. Je ne peux pas la regarder dans les yeux encore, me contentant de sa joue ou de son front. Pas très loin de son regard, mais juste une petite déviation pour éviter de voir le moment où elle va commencer à me juger pour ce que je suis : Un criminel.
« Et ensuite on s’est séparé. J’ai passé les jours suivants à réparer le Rover, jusqu’à ce que je réalise qu’il me manquait certaines pièces. Naïvement, je me suis dis que je pourrais faire un saut de quelques heures sur Terre incognito, le temps de les trouver. Il me semblait évident que je devais avoir ce Rover fonctionnel pour survivre. J’ai donc pris la pierre orange et j’y suis retourné. C’est là que j’ai appris ce qu’ils venaient de leur faire… » Je m’arrête, ne reprenant qu’au bout de nombreuses respirations pour me maintenir calme. « À défaut de m’exécuter moi, la sentence prévoit une close particulière, je ne me souviens plus du nom exact. Peu importe, c’est une close qui ordonne qu’il doit absolument y avoir exécution pour le crime commis. Je l’ai appris en même temps que ma sœur et ma fille. Les policiers les ont arrêtés et se sont elles qui ont été exécutées pour mes crimes… Elles sont mortes par ma faute ! Si j’avais su, je les aurais emmenées avec moi sur Mars, je les… »
Mes sanglots recommencent encore plus durement. Le dire à haute voix ravive le souvenir et le rend à nouveau réel. Je suis le meurtrier de ma sœur et de ma pauvre et innocente fille.
« Cette fillette… Elle… Elle ressemble tellement à Cassie… » Dis-je en pleurant, pointant désespérément en direction de l’orphelinat.
Sujet: Re: The Red Planet [Karen & Robbie] Mar 3 Jan - 23:41
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n silence, une attente. Seul le sifflement du vent contre les feuilles brise cette attente insupportable. L’incompréhension de cette détresse, de cette souffrance affichée en plein jour. Le regard fixe à la recherche de réponses, les mains posées sur son visage, comme pour le maintenir, l’empêcher de sombrer un peu plus. Un réflexe, une réaction naturelle face à un être humain écrasé par le poids de ses émotions. En quelques secondes la rancœur s’est effacée, à céder sa place à une inquiétude exacerbée. Parles-moi. C’est la première fois que je fais face à une telle situation. Indépendante, solitaire, généralement je me trouve face à ma propre souffrance, et non celle d’une autre personne. Son corps tremble, s’emballe. Mes doigts effleurent, caressent son visage dans une tentative dérisoire d’essayer de lui faire retrouver son calme. Sa voix résonne enfin, un léger murmure, audible mais tremblant. Ses mots me renvoient dans le souvenir de ce jour, de notre première rencontre, des débuts de nos désastreuses aventures. Cette question m’était complètement sortie de l’esprit. Attentive à ses mots, je garde le silence. Mes premières intuitions étaient donc bonnes. Un terrien. Ce n’est pas une grande découverte, mais entendre cette vérité sortir de sa bouche me réconforte quelque peu. Un crime ? Je penche légèrement la tête sur le côté suite à cette déclaration. Cela ne me surprend pas, ne m’effraie pas. Des criminels, j’en ai côtoyé. Un de plus, un de moins. Dans le fond chaque personne dissimule un crime, que ça soit au sens propre ou figuré. Ce qui me surprend en revanche et que je ne comprends guère, ce sont les lois terriennes. Bien trop d’années se sont écoulées, des changements ont eu lieu, plus rien n’est comme avant. Au fur et à mesure que Robbie me conte son histoire, mon cœur se resserre, mon corps se crispe, jusqu’à la révélation finale.
— Oh mon dieu …
Un murmure soufflé dans une détresse respiratoire soudaine. Ma cage thoracique se compresse, mes mains se mettent subitement à trembler contre ses joues. Je tente en vain de le masquer. Je brise finalement le lien, posant mes mains contre mon pantalon, que je commence à frotter nerveusement. Une petite fille. Il était donc papa. Toute cette froideur, cette sévérité n’était qu’un masque, une carapace érigée dans le but de se protéger de ses propres sentiments. Une partie de mes souvenirs en sa compagnie se modifient instantanément, je revis les choses d’une manière différente, comprends enfin certains de ses gestes, ses silences à mes questions. Mes yeux suivent sa main du regard lorsque cette dernière montre la maison. Désarçonnée, mon corps refuse de m’obéir. Cassie … le nom de cette petite fille, de cette partie de lui qui a disparu à cause d’une loi complètement insensée. La Terre n’est plus aussi belle que dans mes souvenirs. Je ne comprends plus rien. Pourquoi une telle condamnation aussi injuste ? Quel est l’objectif de cet acte ? Instaurer la peur ? Pourquoi ? Cela n’a aucun sens. S’en prendre à des innocents pour montrer l’exemple, c’est une méthode horrible. Cette culpabilité qui pèse sur ses épaules, je ne la perçois que trop bien. Je me rapproche de nouveau, me blottis contre lui, enlaçant son corps entre mes bras. Je le laisse nicher son visage contre le mien, sentant chacune de ses larmes perler sur ma peau. Une de mes mains se faufile dans ses cheveux défaits, les caressant tendrement, tandis que la seconde au niveau de son dos resserre un peu plus l’étreinte. Mes lèvres apposent une marque d’affection, discrète contre ses tempes.
— Je suis désolée …
Les seuls mots qui parviennent à s’extirper d’entre mes lèvres. Un piteux moyen de lui faire entendre mon soutient. Je reste ainsi, tout contre lui, le serrant un peu plus chaque secondes. Le soleil commence à disparaître à l’horizon, à laisser place à l’astre de la nuit. L’obscurité s’immisce dans les rues, tout comme ces nuages inquiétants qui libère une forte pluie. Soit. Je demeure immobile, ignorant ses gouttes, tout ce qu’il peut y avoir autour. C’est à peine si les appels de Martha me parviennent, bien trop préoccupée par l’état de Robbie, et l’esprit assommé de questions.
WILDBIRD
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Sujet: Re: The Red Planet [Karen & Robbie] Mer 4 Jan - 3:04
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La présence de Karen est tellement étrange. Le fait que j’en sois à la fois gêné et soulagé rend mes sentiments un peu plus confus. Son support est visible dans son regard, dans ses réactions, dans la douceur de ses mains contre ma peau fiévreuse. Je demeure spectateur face à ses gestes, ma peine étant à présent pleine maîtresse de mon esprit. Elle vient serrer mon corps et en silence, j’arrive à sentir la pression qu’elle exerce sur mes muscles. Je me laisse bercer, autorisant mes larmes à couler librement. Son baiser sur ma tempe n’amène que davantage d’incompréhension. Il réussit à taire un sanglot, le temps que je réalise qu’elle se souci véritablement de moi. Si je pensais avoir à nouveau ce genre de relation avec quelqu’un. À cet instant, elle est la personne dont j’ai le plus besoin sur cette planète, ainsi que sur l’autre. Je me laisse donc aller, purgeant mon corps de cette souffrance accumulée. Je ne sais pas combien de temps cela dur, mais la tristesse diminue progressivement. Pas aussi rapidement que je l’aurais voulu, toutefois. Lorsque le Soleil se couche et que je cesse enfin de sangloter, je me mets à respirer lentement contre Karen. Une fatigue s’est immiscée vicieusement à la place de mes pleures. Autant mon corps que mon esprit sont particulièrement épuisés par cette évacuation émotionnelle nécessaire. Je suis presque sur le point de m’endormir lorsque la propriétaire de l’orphelinat nous appelle. J’ouvre les yeux, réalisant que je suis sans aucune gêne collé contre Karen. J’initie un mouvement de recul afin de séparer nos deux corps. Je suis toujours gêné qu’elle m’ait vue ainsi. Qu’elle va se souvenir de ma vulnérabilité à chaque fois qu’elle va me voir à l’avenir. Je baisse les yeux, profitant de l’obscurité de la nuit pour camoufler mon geste. Martha arrive derrière moi et nous prie de retourner à l’intérieur. Elle ne précise pas l’heure qu’il est, mais affirme simplement qu’il est tard et que les enfants sont tous couchés. Elle doit dire ça surtout pour moi. J’évite de répondre. Elle souhaite apparemment que nous dormions à l’orphelinat cette nuit. Je suis trop fatigué pour envisager un autre endroit. Je n’ai plus vraiment le choix. Je me lève péniblement, trempé jusqu’au os apparemment. Je ne réalise que maintenant qu’il pleut beaucoup. Je tousse en réponse à cette constatation. Ma peut-être pneumonie, merde! Je ne veux pas l’aggraver avec cette exposition à la pluie glaciale. Nous nous dépêchons de retourner à l’intérieur. Mes pas sont tremblants, mais j’arrive à avancer sans trop de problème. Je tousse à nouveau une fois à l’intérieur. Martha disparaît un instant et revient avec une couverture qu’elle pose sur mes épaules et une autre qu’elle applique sur celles de Karen. La lourdeur du tissu est étrangement rassurante. Je l’enroule autour de mon cou et ma poitrine afin de me réchauffer un peu. Martha nous conduit ensuite vers nos chambres qui sont une à côté de l’autre, à l’étage supérieure. Les salles de bain sont juste en face, au besoin. Lorsque je tousse encore, elle me demande si je veux qu’elle prépare un peu de thé.
« Non, merci. » Je lui réponds en me retenant de tousser à nouveau.
Elle insiste bien sur le fait que si nous avons besoin de quoique se soit, il nous suffit de l’appeler. Je lui souris, cette fois vraiment reconnaissant. J’ai beau avoir été le pire des cons devant elle, elle agit avec tellement de gentillesse avec moi et Karen. Lorsqu’elle nous laisse enfin seul, je fixe la porte de ma chambre. J’ai vraiment envie de me coucher dans mon lit et de ne plus en sortir. Sauf que quelque chose me retiens. Ma main attrape le poignet de Karen lorsque je la vois bouger. Je la regarde avec des yeux toujours paniqués. Je ne veux pas l’admettre à haute voix, mais il est clair que je ne veux pas passer cette nuit seul avec ma souffrance.
Sujet: Re: The Red Planet [Karen & Robbie] Dim 8 Jan - 22:58
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es corps alourdis par cette pluie battante, une inquiétude grandissante, inspirée par l’étalement de cette détresse profonde. Une proximité rassurante, bienveillante qui prend fin à l’apparition d’une silhouette reconnaissable, Martha. Une aide non refusée. Engluée dans le silence, l’esprit bien trop occupé à se faire malmené par de nombreuses questions, interrogations, je soulève péniblement ma carcasse, encore faible, avant d’entrer une nouvelle fois dans la bâtisse. Le calme s’est immiscé dans chaque recoin, une ambiance déroutante mais apaisante. De légères respirations résonnent par endroit, signe de l’œuvre de Morphée sur les enfants. Je m’enroule dans la couverture si gentiment donnée, retire l’excédent d’eau, me réchauffe. Un tissu rugueux, misérable, mais étrangement confortable après l’épreuve endurée à l’extérieur. L’obligation de demeurer à l’orphelinat ne me dérange pas, bien au contraire. Ces murs, ces pièces sont mon seul et unique repère ici-bas. Ces escaliers que mes pieds foulent éveillent de vieux souvenirs, cette porte devant laquelle mon chemin s’arrête. Un bruit attire mon attention. Mon regard se détourne de l’objet pour se tourner vers Robbie. Cette toux est bien plus persistance qu’il n’y paraît. Secouée par ses révélations, effrayée par l’optique de le briser un peu plus avec mes questions idiotes, de le déranger, je maintiens mes lèvres scellées. La fatigue commence à se faire ressentir, mes muscles sont douloureux, mes paupières lourdes. Un léger sourire, discret, dans sa direction. Je me tourne, m’apprête à rejoindre ce lit qui me fait subitement envie, mais une pression soudaine au niveau de mon poignet m’empêche d’avancer. Je devine facilement sa provenance, mais pivote pour de nouveau lui faire face. Son regard me surprend, retourne mon estomac, crispe mon cœur. Non. Impossible de le laisser seul. Pas maintenant. Je capitule, me laisse traîner jusqu’à sa chambre, autrefois la mienne. L’aménagement y est bien différent. Une armoire entreposée négligemment dans un coin, et deux lits d’une personne. Des dorures au fer oxydé, abîmées. Je les rapproche, pour qu’ils ne fassent plus qu’un, pour ne pas abandonner Robbie dans sa peine, pouvoir le surveiller, manifester ma présence d’une quelconque façon. Martha nous fait de nouveau partager sa bienveillance en ayant laissé de quoi nous changer sur une chaise. Petit hic, il n’y a qu’un seul vêtement, la pauvre n’ayant pas prévu que l’on puisse partager une couche. Je disparais brièvement, me rendant dans la chambre qui m’était initialement prévue, retire ces vêtements gorgés d’eau pour enfiler cette chemise de nuit au design d’autrefois. Immaculée, légère, aux manches courtes et au décolleté finement brodé. Elle laisse furtivement apparaître les courbes de mon corps sous son tissu agréable. Je retourne auprès de Robbie, me faufile sous l’épaisse couverture d’un des lits, gardant les yeux rivés sur lui. Il a besoin de moi.
— Qu’as-tu fait pour … mériter la peine de mort ?
L’expression d’une curiosité maladive intenable. Je dois savoir, je ne peux rester dans l’ignorance. Mais cela n’empêche pas cette peur viscérale de le blesser un peu plus d’être présente. Elle se manifeste par de brefs frissons, des sueurs froides, appréhendant sa réponse, sa réaction. De nouveau une proximité entre nous. Seuls quelques centimètres séparent nos visages, posés de façon nonchalante sur ces coussins de plumes. Ma main quitte la chaleur de la couverture, s’immisce à l’extérieur pour glisser jusqu’à celle d’à côté. Là j’attrape délicatement sa main, la serre tout en douceur, comme pour le rassurer. Le conforter dans son choix de me révéler ses plus profondes tristesse, son passé.
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Sujet: Re: The Red Planet [Karen & Robbie] Lun 9 Jan - 2:17
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J’ai désespérément besoin de quelqu’un. Alors que je redécouvre la douleur de la solitude, Karen est ma seule solution possible. Je tiens son poignet avec désespoir, mon regard remplis d’une peur tellement honteuse. Elle m’observe et je vois en elle un désire de m’aider. Je suis tellement rassuré par ses pas vers la porte de ma chambre, par sa main qui l’ouvre doucement. Je la suis, toussant plus discrètement. Mon corps s’est réchauffé sous cette couverture, ma gorge et mes poumons semblent plus apaisés par cela. Je demeure au centre de la pièce à fixer le vide. Plus aucune larme ne peut être produite par mon corps. Je les aie toutes pleurées. Je me sens vidé, exténué. Mes paupières sont douloureuses à chaque clignement. Ma tête est lourde d’une fièvre émotionnelle. Karen quitte pour se changer. Je me tourne au bout d’une minute vers les vêtements m’étant destiné. Je m’y approche d’un pas lent. Ma main caresse le tissu un moment avant de me souvenir que je dois les porter, non les contempler comme je le fais en cet instant. Dans des gestes lasses, je me débarrasse de ma tenue martienne mouillée. Un frisson me traverse lorsque ma peau froide rencontre la chaleur de la pièce. Je termine de me changer et je dépose mes autres vêtements sur le dossier de la chaise pour qu’ils sèchent pendant la nuit. Lorsque Karen revient, je la suis dans le lit. Je laisse mon corps doucement s’étendre sur le matelas, fixant le plafond dans l’attente que ma tête cesse de tourner. La question de la jeune femme détourne mon regard dans sa direction. Elle veut savoir la vérité sur moi. Les mots commencent à sortir sans vraiment que j’y pense. Raconter mon passé, mes erreurs, ne me semblent plus compromettant alors que sa main réchauffe la mienne. Pourquoi lui cacher plus longtemps? Dans un débit plus lent que la normal, comme si mes paroles faisaient écho à mes pensées ralenties. Drainé de toutes émotions, ma neutralité résonne contre les murs de la chambre.
« Il y a deux ans, j’ai perdu mon emploi de mécanicien. Mon employeur à découvert ce que j’étais et comme la majorité de la population, il a refusé d’être affilié à un mutant. Il aurait pu me dénoncer pour qu’on m’arrête et m’enferme à nouveau dans un laboratoire, mais il a été bon avec moi. Il m’appréciait. Il a donc prétendu me renvoyer à cause d’un manque de travail. À la suite de ça, je n’ai pas réussi à trouver assez d’argent pour m’occuper convenablement de ma famille. J’ai tout essayé, mais personne n’avait besoin d’un mécano par ces temps de disette. Et personne ne voulait me confier autre chose. Lorsque ma sœur à également perdu son emploi le mois suivant, je n’ai pas eu d’autres choix que de me servir de mes pouvoirs pour au moins obtenir un peu de nourriture. C’est tout ce que je demandais. Je détestais le faire, je me sentais comme un voleur. Mais je n’avais plus d’autres options. Les deux premières fois ça a bien marché, jusqu’à ce que j’attire l’attention d’un groupe d’individus peu fréquentable. L’un d’eux aurait apparemment assisté à mon entretient avec un commerçant et il aurait informé son patron de ce que je savais faire. Entrer dans la tête des gens, les reprogrammer pour leur faire faire ce que je voulais. Qui ne voudrait pas d’un tel avantage. Ils m’ont forcé la main, m’ont menacé pour que j’accepte de me joindre à eux. Ils m’ont promis en retour de ne plus jamais manqué de rien pour moi, ma sœur et ma fille. Je n’étais pas aveugle, je savais bien que je ne pouvais pas leur faire confiance. Mais ils savaient, ils pouvaient me dénoncer pour ma mutation et ma famille aurait été condamnée. » Je m’arrête, analysant le choix de mot que je viens sans le vouloir d’employer. Il faut croire que je les condamnais peu importe la décision. Je reprends ensuite un peu plus lentement. « La mission était simple : M’infiltrer dans la garde personnelle du président le plus influent du moment, le véritable chef du gouvernement selon les mafias du monde, Cesare Benicio. Je devais me rapprocher de lui, établir un lien de confiance. Ce sont les ordres que j’avais reçu, sans qu’on me dise pourquoi. Je pensais que c’étais pour arriver à éventuellement le contrôler à l’avantage du peuple. À un certain moment, j’ai même cru que ce que je faisais était pour la bonne cause. Mais quand j’ai été envoyé au Congrès des Nations avec lui, j’ai reçu enfin l’ordre justifiant tout. On me demandait de le tuer. Je… Je ne pouvais pas enlever la vie d’un homme, aussi corrompu soit-il. Je refusais de le faire. Mais dans la balance il y avait les êtres que j’aimais. Alors, j’ai implanté dans la tête de Benicio l’idée de se suicider. Ce genre d’action demande énormément de concentration et de déploiement de mon pouvoir puisque c’est agir contre l’instinct de survie. Le cerveau cherche à lutter naturellement. Je devais donc demeurer à côté, le regarder pointer le canon du fusil sur sa tempe, la main sur son épaule pour garder le contact. Et quand finalement il a appuyé sur la détente, j’ai été incapable de fuir. Je suis demeuré là, à observer son sang se répandre sur le plancher. Les gardes sont entrés et ont m’a arrêté. J’ai été accusé du meurtre de Benicio, avec raison. Au moment de prononcé ma sentence, j’ai pris peur. Une peur égoïste. J’ai usé une fois de plus de ma mutation contre les policiers et j’ai sauvé ma peau. Mais à quel prix? J’ai tout perdu de toute façon. »
Je me tais. Mes yeux sont à nouveau fixés au plafond, à observer le mélange d’ombre et de lumière. Le silence me fait du bien. Ne plus entendre ma voix. Si lentement que quelques minutes s’écoulent pendant l’action, ma tête s’oriente dans sa direction. Mon regard fatigué est sur ses traits. Suis-je pardonnable? Si l’opinion de ce monde est immuable, le sien peut-il changer? Ce qu’elle pense est la seule chose qui m’importe désormais.
Sujet: Re: The Red Planet [Karen & Robbie] Mar 17 Jan - 1:52
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ne question osée, franchissant la barrière de mes lèvres sans aucune hésitation, poussée par ce désir de vérité. Ce passé, cette souffrance ne sont pas mienne, et pourtant ils me rongent également, tordent mon estomac. L’ignorance ne me permet pas de lui venir en aide, lui qui la réclame si ardemment ; pour cela je dois prendre des risques, demander des détails, l’intégralité de cette tragique histoire, et espérer que cela ne le plonge pas plus profondément dans la mélancolie, ne l’affaisse d’avantage. Ce contact, cette main entrelacée dans la sienne est la preuve de mon envie, mon objectif de le soutenir, quoi qu’il advienne. Hier encore la crainte secouait mes membres lorsque son regard croisait le mien ou bien lorsque sa voix, ses gestes se montraient abruptes ; mais aujourd’hui me voilà témoin bien malgré moi de l’effondrement de cette carapace, ce masque si habilement porté jusqu’ici. Empathie exacerbée, simple humaine, rester de marbre, ignorer ces tourments est tout simplement impossible. Les yeux rivés sur Robbie, je suis attentive à son récit, le moindre de ses mots. Des images maladroites se forment, l’imagination commence à faire son œuvre, et le sentiment de tristesse ne fait que accroître. Diverses questions se bousculent, d’alternatives. Beaucoup de « Et si … » ainsi que de « pourquoi ». On a tous deux traverser de lourdes épreuves, subit des pertes, des échecs. Nous ne sommes que de simple marionnette, dirigées par Destin qui tire nos fils, nous oriente à sa guise. C’est ce que je crois du moins. Est-ce peut-être la raison pour laquelle je suis entrée dans cette maison ce jour-là ? Ma destinée était de le rencontrer, de lui demander de l’aide, vivre ces péripéties, et aujourd’hui l’aider en retour. J’ignore si c’est la fatigue ou bien la fièvre qui me pousse à penser de cette façon. Je me trouve bien stupide l’espace d’un instant. Croire en ce genre de choses, moi, fille d’un scientifique, bercée dans l’agnosticisme. Et merde. Pourquoi devrais-je suivre les traces de mon père, lui qui n’était qu’un menteur, voleur, et s’amusait à torturer les personnes qui étaient différentes de lui pour simplement assouvir sa soif horrible de connaissances, de notoriété ? Ma main se resserre un peu plus autour de celle de Robbie, tandis que je m’approche, fais disparaître les derniers centimètres qui nous séparent, venant simplement me blottir contre lui. Cette peur qui lit aisément dans son regard est déchirant. Le visage enfouit dans le creux de son cou, je profite de ces quelques secondes de silence pour réfléchir, tenter de le calmer, l’apaiser.
— Tu n’avais pas le choix … nous sommes parfois obligé de suivre des directions contraires à nos principes pour survivre, protéger des êtres chers. J’ai moi aussi été obligée de faire, subir des actes horribles dans le simple but de continuer à vivre. Je n’ai pas autant perdu que toi, mais cette culpabilité je la ressens également …
Furtive, discrète, une de mes mains se pose sur son buste, un simple réflexe, afin d’éviter que mon bras ne devienne douloureux, et pour lui indiquer ma présence, mon soutien. Ces mercenaires sur notre trajet, malgré la menace qu’ils représentaient, et représentent toujours, je m’en veux de les avoir tué aussi froidement. Cette méthode ne me ressemble guère, prendre la vie est une chose qui m’effraie, me rebute. Lentement, je me détache de Robbie, mettant fin à cette agréable étreinte, afin de me redresser légèrement pour pouvoir regarder son visage, l’admirer, déceler son ressenti. Ce passé le hante, le détruit petit à petit, comment le délester de ce poids bien trop lourd pour ses épaules ? Non ! Les yeux ancrés dans les siens, poussée par un magnétisme soudain, incompréhensible, mes lèvres s’approchent des siennes, les frôle habilement.
— Je suis là … un murmure, un fait, avant de sceller timidement nos lèvres dans un simple baiser. Un geste surprenant, dont j’ignore l’origine, mais une envie irrépressible.
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Sujet: Re: The Red Planet [Karen & Robbie] Mer 18 Jan - 0:42
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Sa tête trouve refuge dans le creux de mon cou. Sa chaleur apaise mes muscles endoloris par le froid du dehors, par le stress qui les maintient tendus. Je me sens si fatigué, vidé de mes émotions et de mes réactions. Je ne suis qu’une épave sur ce matelas, dont seul de contact de Karen réveillent de temps à autre des sensations. Mon regard demeure au plafond, écoutant en silence ses mots réconfortants. J’apprécie son geste, mais je ne me sens pas encore digne de recevoir ce genre de commentaire. Je suis coupable sur toute la ligne et mon esprit en est convaincu dur comme fer. Je devrais me lever et me livrer aux autorités. Enfin mourir comme j’étais destiné. Voilà trop longtemps que je fuis et que cela ne cause que plus de malheurs autour de moi. Mon attitude des derniers jours envers la blonde en est la preuve. Je me demande bien ce qu’elle fait toujours à mes côtés après les coups que je lui aie portés et les choses que je lui aie imposées. Elle mérite sa liberté, mieux que quiconque. Mes paupières se ferment sans que je m’en rende compte. Une pression sur ma poitrine. Du mouvement à côté de moi. J’ouvre les yeux sur le visage radieux de la martienne, si près du mien. Je la fixe de manière hypnotique, incertain de ses prochaines actions. Sa bouche frôle la mienne, me faisant fermer une fois de plus les yeux. Puis nos lèvres créent un baiser chaud, attirant. Je suis d’abord surpris par le geste et je n’y réponds pas immédiatement. Sauf que lorsque les secondes passent un peu, je sens mon cœur se resserrer subitement et mon corps enfin répondre au sien. Je fais ainsi prolonger le baiser, le rendant plus vivant. Mes mains se retrouvent à enrober sa tête, mes doigts se mêlant dans ses cheveux. Un désir s’accroît à mesure que je sens sa chaleur me traverser. Toutefois, je ne vais pas plus loin. Je romps le baiser et je laisse retomber doucement ma tête sur l’oreiller. Mes mains demeurent à enrober son visage encore quelques secondes avant d’également retomber, mais sur ma poitrine. Je ne la regarde pas, mes paupières étant closent. Je me laisse bercer par la douce sensation qu’elle m’a procurée et je me retrouve bien malgré moi endormis. Je ne réalise même pas le moment précis où Morphée s’empare de moi. Je suis beaucoup trop apaisé pour m’en soucier.
Jour 36
Je me réveille aussi fatigué que la veille. Je peine à remuer mes membres, même si je sais que je le dois. Mon corps n’a pas récupéré, mais mon esprit est clair. Je me force donc à sortir du lit, ne me surprenant pas de l’absence de Karen à mes côtés. Je présume qu’elle est debout, comme chaque personne dans cet orphelinat. Je m’approche de mes vêtements secs. Je les enfile, détestant la sensation du tissu raidi par un tel mode de séchage. Je n’ai pas faim, ce qui m’accommode. Je me dirige au rez-de-chaussée sans trop penser à rien. Je devine qu’elle sera dans la cuisine. Mon instinct ne se trompe pas. Karen semble aider Martha à faire quelque chose. J’ignore ce fait, demeurant volontairement à l’autre bout de la pièce pour leur parler. Je me racle la gorge au préalable, non seulement pour attirer l’attention des deux femmes, mais aussi pour m’assurer une voix fluide.
« Nous allons au marché chercher les provisions dont nous avons besoin et ensuite on pourra partir. Il ne faut pas traîner davantage. »
Ma voix ne cache pas une certaine anxiété. Maintenant que mon masque est tombé, les émotions me viennent plus librement. Je dois m’y réhabituer.
Sujet: Re: The Red Planet [Karen & Robbie] Mar 31 Jan - 0:50
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n contact agréable, enivrant, imprévu. Pourquoi cette soudaine envie de l’embrasser ? Je l’ignore, un cocktail de sentiments me retourne l’estomac, fait vibrer mes muscles. Ses lèvres sont sèches, mais douces à la fois, cette chaleur qui émane de nos corps alors si proche m’arrache un frisson. Je suis tout à fait consciente de mon geste, mon esprit m’ordonne d’arrêter, mais les membres refusent d’obéir jusqu’à la délivrance lorsque Robbie met fin à cette drôle de parenthèse. Un bref sentiment de nostalgie m’envahit l’espace d’un instant. Une pointe de déception également, mais je dois me reprendre, ne pas laisser mes plus bas instincts prendre le dessus, et me plonger dans une situation encore plus chaotique. Je retrouve sagement, et en silence ma place, instaurant de nouveau un minimum d’espace entre nous. Sa respiration bien calme me laisse à penser que le sommeil l’a enveloppé. Un léger sourire se dessine sur mes lèvres tandis que je me laisse à mon tour emportée par Morphée. Une nuit emplit de souvenirs, ainsi que de doux rêves, chose qui n’était pas arrivée depuis bien longtemps. J’ignore combien d’heures s’écoulent jusqu’à la douce caresser du soleil contre mon visage. Une faible lumière mais qui parvient à me tirer de mes songes. Des petits bruits de pas résonnent un peu partout, faisant vivre la maison. Les enfants s’éveillent. Un regard dans la direction de mon compagnon de chambre avant de quitter discrètement la pièce, prenant entre temps le soin de me rhabiller. Des petits corps déambulent un peu partout, répandant joie sur leurs passages. Une ambiance légère, qui fait énormément de bien. Arrivée au rez-de-chaussée, je me rends instinctivement en cuisine pour prêter main forte à la maîtresse de maison dans la préparation du petit-déjeuner. Autant de bouches à nourrir c’est du travail. Les minutes passent, les assiettes se remplissent, les enfants défilent. Un raclement de gorge, un sursaut. Bien trop concentrée à l’exécution de ma tâche, je n’ai pas senti la présence de Robbie. Je garde le silence. Il est vrai que notre objectif est l’approvisionnement de la maison, mais étrangement je me sens bien ici, entourée, et à me sentir enfin utile. J’acquiesce d’un mouvement de tête, avant de m’excuser auprès de Martha et de quitter les lieux pour me préparer brièvement.
Des étales boisées, des devantures grotesques, ces quidam qui zigzaguent un peu partout, pressés ; mon regard vagabonde un peu partout, curieuse de retrouver un environnement aussi terrien. Je redécouvre des objets, en découvre d’autre. Toutes ces couleurs, ces senteurs m’enivrent, mais je reste cependant aux côtés de Robbie, craignant de me perdre dans ce marché si grand. Je remarque, ressens son stress, que je comprends dorénavant. Il risque beaucoup en se promenant ainsi. Le souvenir de la nuit dernière me revient subitement en tête lorsque mes yeux se posent sur un couple se bécotant discrètement dans une ruelle. Mon corps se fige, l’appréhension monte. Je dois absolument mettre les choses au clair avant que des idées ne germent dans son esprit. Lentement, je me tourne dans sa direction, posant délicatement ma main sur son avant-bras afin de le stopper dans sa marche.
— Ce qu’il s’est passé hier soir … oublies. Ce n’était qu’un moment d’égarement, rien de plus. Une explication brève, concise. Sans un mot de plus je m’éloigne de Robbie, reprenant ma route à la recherche de provisions.
WILDBIRD
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Sujet: Re: The Red Planet [Karen & Robbie] Mer 1 Fév - 0:50
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J’ai toujours détesté Mars. Me rendre là-bas avec ma famille, même si ce n’était que pour quelques jours. Cette planète avait quelque chose d’énervant, d’insatisfaisant pour un esprit aussi farouche que le mien, dans ma période d’adolescence. Pourtant, en cet instant, alors que j’observais Karen se retourner dans ma direction, je n’ai qu’une envie : celle de rentrer chez moi, dans cette maison martienne. Comme le vent peut tourner abruptement parfois et ce qui nous semblait désagréable avant, deviens un refuge ensuite. Sur Terre, je ne me sens plus bien. Je suis recherché, on veut ma mort. Dans les rues, chaque regard et chaque caméra pourraient être potentiellement ce qui me condamne à une mort atroce. Je n’ai plus rien à perdre, c’est vrai. Mais tout de même, je suis terrifié. Je suis donc soulagé lorsqu’elle accepte de venir avec moi au marché. Provisions, matériaux primaires ainsi que quelques outils pour réparer la maison, de préférence. L’intégrité de la demeure était quand même assez préservée, seuls l’esthétique et quelques éléments pratiques doivent être arrangés. Le pire c’est vraiment la nourriture. Il nous en faut qui ne périme pas pour au moins un mois, le temps de remettre les choses en ordre et de nous servir de la carte satellite que j’ai subtilisée dans le laboratoire du père de Karen pour localiser les endroits intéressants à explorer. Dans un sens, nous allons devenir nous aussi des pilleurs, mais avec une philosophie bien différente. Je ne compte pas vandaliser et détruire, mais plutôt « recycler » si je puis dire. Peu importe, je sors de l’orphelinat en compagnie de la blonde et aussitôt mes craintes reviennent au gallot. Je couvre mon visage de mon capuchon. Le vent frais aide à justifier mon comportement, ce qui est une chance, je dois dire. Je ne connais pas cette ville, mais j’ai des connaissances assez complètes des habitudes terriennes pour savoir que les marchés sont localisés en général dans le centre-ville. C’est là que nous allons, d’un pas assez rythmé imposé par ma nervosité. Je n’y peux rien et heureusement, je ne reçois pas de reproches à ce sujet. Je suis tellement concentré que je suis assez surpris lorsque Karen frôle mon avant-bras et m’incite à m’arrêter. Je la regarde sans comprendre lorsqu’elle me demande d’oublier ce qui s’est passé hier soir. Je fronce les sourcils, ne voyant pas pourquoi notre baiser mérite ainsi une justification.
« Ok » Je dis simplement, incertain de la réaction qu’elle espérait de moi.
Je l’observe s’éloigner et je secoue négativement la tête avant de soupirer. On n’a pas vraiment le temps de se formaliser de ce genre de choses. Si elle tient tant à tout clarifier, il va falloir attendre que mes pieds plongent dans le sable martien à nouveau sinon elle n’obtiendra rien de potable de moi. Je la rejoins et nous arrivons à ce moment à l’entrée du marché. Je la mets en charge des provisions en lui donnant quelques instructions, sans vraiment lui offrir la possibilité de dire non. Je lui indique notre position actuelle comme point de rencontre à la fin de nos courses respectives. Enfin, je lui mets une poignée d’argent dans la main avant de nous séparer, sans vraiment lui parler davantage. Je stresse à mort. J’ai du mal à me retenir de ne pas glisser mes doigts dans ma poche et à user de la pierre orange qui s’y trouve pour partir. Je lutte contre mes instincts et vais plutôt de l’avant pour acheter un minimum d’outils, de pièces électroniques, de composants informatiques, ainsi que des retailles de métal que je réunis dans une poche de jute qui se retrouve sur mon épaule. Je rejoins notre point de rencontre après environ une heure, baissant toujours la tête. Karen ne s’y trouve pas encore. Je commence donc à attendre, détestant être ainsi immobile au milieu d’une foule, compte tenu de ma situation de fugitif.
Sujet: Re: The Red Planet [Karen & Robbie] Sam 11 Fév - 2:19
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céan d’effluves divers et variés, de couleur criardes, mais surtout une grande variété d’objets, qui pour certain sont inconnus. Affublée d’une tâche importante, primordiale à notre survie, je déambule parmi tous ces inconnus à la recherche de quoi remplir cette toile de jute emprisonnée entre mes doigts. Première prise de contact en dehors de la planète rouge, sensation étrange, mais agréable. Autant de visages, de personnes qui se croisent et s’entrecroisent dans une valse hypnotique, presque millimétrée. Un léger sourire étire mes lèvres. Solitude enfin brisée. Cette cohue joviale éveille en moi ce désir insoupçonné d’une vie normale, dans ces rues, à travers ces différentes étales, à l’orphelinat à veiller sur ces petites âmes en peine. Là est ma place et non sur cette planète poussiéreuse, dangereuse. Celle-ci n’est guère mieux, mais je suis certaine d’y trouver un semblant de stabilité ; fatiguée, las de courir sans cesse pour ma survie. Je me rends compte que Robbie n’est peut-être pas le meilleur compagnon de route, son passé, ses problèmes pouvant nous mettre dans de mauvaises passes. Je ne suis guère plus qu’un boulet à sa cheville, l’empêchant d’avancer comme il se doit, de se protéger. Malgré les misères traversées, les coups supportés, je parviens encore à m’inquiéter pour lui. Mon cœur se resserre à l’idée de devoir le laisser seul, de ne plus revoir son joli minois, de ne plus entendre sa voix rocailleuse m’asséner divers ordres. Mon esprit s’imagine d’ores et déjà les pires scénarios. Un marchand me tire subitement de ma rêverie, me propose de déguster ce délicieux plat, ce que je ne peux m’empêcher de faire. Une explosion de saveurs caresse mes papilles. Jamais encore je n’ai eu l’occasion de me délecter d’une telle gourmandise. Ma main glisse dans la bourse confiée plus tôt par Robbie ; fortement remplie, mais je ne peux me permettre des folies. Quelques bouchées, rien de plus. Je reprends mes recherches, déambule hasardeusement à travers cette foule. Les heures s’écoulent, le sac se remplit de provisions en tout genre. Absorbée par le marché, ses occupants, je ne remarque pas de suite le déclin du soleil, le ciel orangé. Ce n’est qu’arrivée à la fin des étales que mon esprit se bloque soudainement.
— Mince. Le sac jeté négligemment sur l’épaule, et ce malgré son poids, je me mets à courir, zigzaguant sans cesse entre les quidams, prenant soin de ne bousculer personne, d’éviter de perdre le contenu de la toile. En retard, je suis en retard. Va-t-il m’en vouloir ? Je suis bien trop étourdie depuis notre arrivée, les retrouvailles avec ces planètes sont troublantes, émouvantes. Ces rues que j’ai parcourus autrefois et qui me sont aujourd’hui étrangères, ces visages que j’ai certainement dû croiser durant mes diverses parties de cache-cache, mes promenades en famille. Les portes du marchés apparaissent enfin, un soulagement m’envahit, je ralentis le rythme. Un bref sourire se dessine sur mes lèvres lorsque j’aperçois la silhouette du blondinet patienter sagement. Je me permets de l’observer quelques secondes, dissimulée parmi les derniers riverains, avant de finalement m’approcher, lentement. Le doute me ronge ; lui dire ou bien s’abstenir et partir comme une voleuse ? Non. Malgré les nombreux conflits entre nous, sans lui je ne serais sans doute déjà plus de ce monde. Son aide m’a été précieuse, ainsi que sa compagnie. Ses révélations de la veille n’ont fait qu’amplifier ce début de sympathie qui s’immisçait entre nous. Arrivée à ses côtés, je lâche doucement le sac à ses pieds, rendant sa bourse contenant encore quelques pièces.
— J’ai quelque chose à te dire. Le temps presse, je ne peux garder ça pour moi plus longtemps, cette envie irrépressible me ronge depuis notre arrivée, cette nuit passée à l’orphelinat. L’esprit cogite, pèse le pour et le contre avant de s’arrêter sur une solution. La meilleure. Je ne rentrerais pas avec toi sur Mars. La bombe est lâchée. Je crains sa réaction, mais je ne peux imaginer autre chose désormais. Ma place est ici, pas là-bas.
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Sujet: Re: The Red Planet [Karen & Robbie] Sam 11 Fév - 21:07
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Comment réagit Robbie à l'aveu de Karen de ne pas vouloir rentrer sur Mars avec lui ? :
Pile: Il refuse qu'elle le quitte et insiste pour qu'elle le suive. Face: Même si cela est difficile pour lui, il accepte sa décision et la laissera demeurer sur Terre.
Debout à observer les gens aller et venir autour de moi, j’attends Karen afin d’organiser notre retour sur la planète rouge. Plus que jamais, j’ai besoin de quelqu’un pour m’épauler. Et avec ce que nous avons traversés ensemble, elle est la seule personne en qui j’ai encore confiance désormais. Malgré les airs que je me donne, je suis loin d’être aussi fort que je le prétends. En me confiant à elle, je l’ai compris d’une certaine manière. Voilà pourquoi je l’attends ainsi, en baissant la tête pour que mon visage soit le plus couvert possible par mon capuchon. À soupirer d’impatience et de stress, face à l’ennemie qu’est devenue la Terre pour moi. Rester trop longtemps immobile, voilà qui a pour effet de me faire paniquer. Au lieu de m’enfuir loin, je ne bouge pas de notre point de rendez-vous. Elle est en retard. Toutes ces minutes supplémentaires qui m’exposent. L’attente en vaut la chandelle. J’aperçois enfin du coin de l’œil la silhouette pressée de la blonde. Un sourire stupide s’étire sur mon visage plutôt qu’une colère justifiée. Je relève la tête et pose sur elle un regard doux, la voyant s’approcher avec un sac bien rempli de provisions. Que cela soit suffisant pour tenir un mois ou non, nous allons trouver une solution. L’avenir est nôtre. Elle dépose le sac de jute à mes pieds et glisse dans mes mains la bourse que je lui aie donnée, contenant toujours de l’argent. Je cache celle-ci dans ma poche et je replace le propre sac de jute sur mon épaule, prêt pour nous éloigner de la foule avant d’user de la pierre orange. Sauf que Karen m’arrête dans mon intention, désirant me dire quelque chose. Je hausse un sourcil et je me penche vers elle pour bien entendre sa petite voix dans le brouhaha ambiant. Pas encore un aveu en lien avec le baiser, j’espère. J’observe son visage et ses traits me préoccupent. Quelque chose ne va pas. Je n’ai pas le temps de m’inquiéter énormément que l’aveu sort enfin. Je la fixe sans comprendre d’abord, puis je réalise subitement ce qu’elle vient de me dire. Elle ne veut pas rentrer avec moi. Je baisse les yeux, les décrochant des siens. J’ai le souffle coupé, tous mes plans d’avenir venant d’exploser en mille morceaux. Je cherche dans le vide un moyen de faire face à cette situation. Karen ne peut pas m’abandonner de la sorte, pas après être au courant de tout. Je ferme les yeux et le sac de jute sur mon épaule glisse progressivement pour se poser au sol, à côté de l’autre. Je porte mes mains à mes yeux que je frotte, le front frôlant presque l’épaule de la jeune femme. Puis, je laisse le contact s’établir véritablement. Ma tête vient se poser contre la sienne et sans lui demander la permission, mes bras l’attirent à moi. Je la serre en silence, un long moment. Je ne comprends toujours pas ce qui se passe, mais je sais que cette fois je ne peux plus la contrôler. Elle a fait son choix et je dois vivre avec, aussi difficile cela est pour moi. Sa place n’a jamais été sur Mars, ça je le sais depuis le premier jour. De mon côté, je ne peux pas prendre la risque de rester ici. Je ne suis pas prêt à mourir, même si je le mérite fort probablement. Un jour peut-être, j’aurai le courage de revenir et de tenter le coup. Mais pas maintenant. Pas alors que le monde me voit comme un criminel. Toujours contre Karen, je laisse des mots finalement franchir mes lèvres et résonner à son oreille.
« Alors, j’imagine que c’est un adieu. » Ma voix est rauque plus que jamais, agitée par une émotion que je contiens relativement bien. « Merci pour tout. » Je dis en brisant finalement l’étreinte.
Je croise à nouveau son regard et délicatement, je porte ma main à l’une de ses joues pour la caresser. Je cherche un dernier souvenir tangible d’elle. J’ai été horrible avec Karen, mais je sais qu’elle m’a pardonné. Nos vies se séparent une fois de plus et je compte bien être à nouveau celui qui la retrouve.