Just like a thief - ft. Felicia

JUST LIKE A THIEF

Félicia Hardy ∞ Niall Southway

L’air était saturé de l’odeur froide de la cendre de cigarette de la veille. Les porte ouverte laissaient rentrer le vent fort de l’hiver, le froid perçait, se glissant jusqu’aux os des personnes présentes. Mais c’était nécessaire. En cette fin de soirée, il fallait un peu évacuer la fumée oppressante qui avait fini par envelopper tous le bar miteux tel un brouillard campagnard. Je toussotais légèrement. Je ne devrais peut-être pas ignorer ainsi ma santé au profit du boulot. Mais je ne veux pas être un poids pour Graham. Au plus tôt j’aurais de quoi récupéré un chez-moi, au mieux ce sera.

Mes mains jouaient presque nerveusement sur mon téléphone portable. Un smartphone de piètre qualité. Je bus une gorgée de ma bière. Le bar avait commencé de se vider de ses ivrognes habituels. ‘on ferme’ qu’ils avaient dit. Mais pour beaucoup, c’était le signal, leur manière de dire qu’ils ouvraient enfin. Enfin. On allait pouvoir parler affaire sans avoir à écouter les lamentations du dernier des pochtrons. Rien qu’aujourd’hui, j’avais du entendre les histoires –hum- poignante de deux gars s’étant fait largué par leur gonzesse. Ils avaient tout, pognon, habitation, travail et ils se plaignaient encore. Cela avait tendance à me laisser un gout amer en bouche.

Je n’aime pas les faibles, je n’aime pas les gens qui s’apitoient sur leur sort alors qu’ils ont tout. Je fais partis de ses à qui la vie à tout prit,  ma famille, mon pays, mon logement, mon travail. Je n’ai plus que l’essentiel. Mais jamais je ne me suis plain de vivre à la rue. Ce n’était certes pas drôle et je n’aime pas en parler à ceux qui l’ignorent mais je ne suis jamais descendu à l’état ridicule de loque impotente affalé sur un bar à pleurer son amour perdu. Enfin… amour… c’était souvent juste des histoires de culs.

Pour me réchauffer les mains et le cœur, je m’allumai une cigarette. Le bar était maintenant pratiquement vide, la porte se refermait. On allait pouvoir commencer à parler affaire. Et, plus que jamais, je suis à la recherche de contrats. Aussi miteux qu’ai l’air ce bar, les opportunités de boulot s’y bousculaient et c’était un lieu qui ne se remplissait qu’au bouche à oreille. Donc, aucun débutant zélé pour venir voler un boulot sous le nez d’un vétéran.

La pègre, est un peu comme une famille un peu brouillée. On se connait tous mais comme dans certaines familles, on sait qu’il ne faut pas mettre tante Emilienne à côté d’oncle Fernando, que cela ne marcherait jamais, que ce serait un putain de désastre. Alors, certains gars s’évitaient, les ragots tournaient mais, lentement, on se faisait un petit nom. Et, du petit gamin à qui il fallait tout apprendre, lentement on devenait le jeune adulte pro actif sur qui on pouvait compter. Mais pour le moment, je ne prenais que les contrats qui en valaient la peine, ceux qui avaient un bon rendement. Donc, c’était un peu la guerre avec les autres gars pour leur arracher les bons contrats.

Certains voyaient mal le fait que, soudainement, je devienne prolifique, que je prenne un maximum de bons contrats. D’autre, souvent des anciens, le voyaient plutôt d’un œil bienveillant. Un peu comme lorsqu’on regarde son gamin partir à son premier job ou ramener son premier jour de paye. Je m’étais retranché auprès de ces gens. Mais ce soir, ce soir j’étais seul. J’attendais l’arrivée de quelqu’un.

Cette personne m’avait déjà fourni un contrat. Un excellent contrat. Ca a manqué mal se finir pour moi mais, honnêtement, j’ai rarement été aussi bien payé. Il y a quelques jours, je l’avais rappelée pour voir si elle n’avait toujours rien pour moi. Et je lui avais donné rendez-vous ici pour pouvoir parler des détails en face à face. Et donc, je l’attendais. Ce soir, j’avais laissé mon chien chez Graham. Je n’aimais pas le laisser trainer ici. Alors, si je pouvais éviter, je préférais le laisser aux mains de mon ami en lui lançant un vague ‘je vais bosser, à demain’.

Finalement, je la vis entrer. Je finis d’une traite ma bière maintenant presque tiède. Je ne sortais pas beaucoup dans les bars mais celui-ci était différent des autres. Et ses prix n’étaient pas si élevé que cela… Je lui lançai un sourire alors que d’un mouvement de tête, je l’invitais à s’installer à ma table. « Ravis de voir que vous avez pu vous libérer pour moi. »

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Félicia Hardy ∞ Niall Southway

« Il est rare que je ne puisse pas me libérer quand j'ai une petite affaire de ce genre sur le feu. Vous tenez le coup depuis la dernière fois ? La culpabilité n'a pas fini par vous rattraper ? » Je laissai un léger rire me parcourir alors que la jeune femme en face de moi me souriait. Cela fait plus de dix ans que je vole pour vivre. Bien que je me sois souvent contenté du minimum vital, aujourd’hui, mon minimum vital plaçait la barre plus haute. Je devais vite me faire du fric. Parce que tout ce que j’avais était parti en fumée, que je n’avais pas d’assurance et donc que j’avais bel et bien tout perdu. Et si l’ami qui m’héberge a insisté pour que je ne paye pas de loyer, je ne pouvais pas accepter qu’il m’ait aussi repayer une garde-robe complète. Il a beau vivre dans un penthouse, bien à l’abri du besoin, on ne vole pas un ami. C’est peut-être l’un de mes seules règles morales concernant le vol.

De plus, j’ai toujours été en marge de la société, à regarder ses guignols se défoncer toute leur vie pour des choses au final peu importantes. Du pognon, de la reconnaissance, ce que la société veut qu’ils aspirent, ce qu’elle leur dicte vouloir posséder. Au final, en les volants, j’équilibre les forces, je les sauve du destin aveugle et idiot de se perdre dans son argent, de se perdre soi-même de vue sous les billets verts. Comme ça ils peuvent se concentrer sur l’essentiel, comme moi. « Si vous saviez, vous ne poserez pas une question dont la réponse est aussi évidente. » Je tirai une dernière fois sur ma cigarette avant de l’écraser dans le cendrier.

J’observai les cendres se répandre sur le verre, la fumée s’échapper du mégot. Mon attention se reporta alors sur la jeune femme qui m’avait parlé d’un contrat qui pourrait m’intéresser. « Je n’ai pas le temps de m’encombrer de choses aussi futiles que de la culpabilité. Et la culpabilité n’est quelque chose que l’on peut ressentir si on éprouve un quelconque intérêt contre le parti attaqué. » Je sortis mon paquet de cigarettes et l’ouvrit. D’une main agile, j’en sortis une clope tandis que l’autre allait chercher mon briquet. Après quelques essais, la flamme s’en échappa et j’allumai ma nouvelle cigarette. Je la callai entre mes lèvres alors que je déposais briquet et paquet sur la table. « Et vous savez… »

Je tirais ma clope, la fumée s’échappa de mes lèvres. « Je n’éprouve pas la moindre empathie pour la société, encore moins pour les gros bonnets de cette dernière. » Ne sachant pas si elle fumait ou non, je lui tendis le paquet en carton à moitié déformé par ma poche. « Vous en voulez une ? Ce que je cherche à vous dire c’est que, la culpabilité n’existe pas et n’existera jamais. J’aspire à devenir autre chose que le petit voleur que je suis. Je veux prendre de l’ampleur. J’ai besoin de pas mal de liquide pour le moment et j’espère bien qu’à force de prendre des bons contrats, d’autres personnes de votre envergure se tourneront vers moi. »

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« Non, merci, je ne fume pas mais c'est gentil de proposer. On dirait donc que nous allons nous entendre sur ma prochaine affaire. Dites m'en un peu plus sur vos ambitions. J'aimerais savoir si dans un futur plus ou moins proche nous serons des concurrents potentiels ou des partenaires de chocs. Parce que je sens que nos collaborations pourraient devenir plus importantes. » Voilà qui était agréable à entendre. Cela me tira un petit sourire. Envisageait-elle réellement de faire plus de contrats à mes côtés ? L’idée était plaisante. La dame était connue pour son efficacité. Se tenir aux côtés de ce genre de personnes était souvent à double tranchant. Déjà, il y avait le risque indéniable de rester dans son ombre, de ne finalement être qu’une petite main sous ses ordres perdu au milieu des autres. Ensuite, il fallait s’assurer de ne pas merder le moindre contrat, de ne pas faire la moindre bourde de débutant. Parce que ce milieu est semblable aux autres, les gens parlent entre eux. Malgré mon sourire, je pesais le pour et le contre, tirant sur ma cigarette.

Il était difficile de définir mes ambitions. A la base, je ne fais ce job que pour pouvoir vivre. La situation actuelle fait que j’ai besoin dans l’immédiat de plus d’argents que d’habitudes. Mais je n’aspire pas à une vie luxueuse. La richesse a tendance à trop m’oppresser. Je n’ai pas besoin de ça pour être bien dans mes bottes. Je préfère faire passer la Confrérie avant mon travail. Cependant, il faut bien vivre. Mais ce n’est pas réellement une priorité pour moi. « Certaines choses sont encore un peu floue pour moi mais s’il y a bien une chose que je sais, c’est que je ne veux pas empiéter sur vos contrats. Déjà parce que nous ne jouons pas au même niveau. J’ai conscience de n’être qu’un petit voleur sans importance. Contrairement à vous, peu de gens connaissent mon nom. »

Je m’arrêtai le temps de tirer à nouveau sur mon bâtonnet de nicotine. Je soufflais la fumée loin de la brune, ne voulant pas l’importuner plus que nécessaire avec l’odeur du tabac. Ancien sdf mais avec une éducation tout de même. « J’ai bien conscience de ma chance que j’ai de vous voir vous intéresser à moi. Compte tenu de ma situation il me serait bien mal avisé de refuser d’ailleurs. Si je ne crains pas l’échec, je sais qu’il y a un risque à ce que je reste dans votre ombre. A vouloir voler trop vite trop prêt du Soleil, on finit par se brûler les ailes. Ce n’est pas que je ne veux pas me faire un nom mais je pense que vous comprendriez que je ne veuille pas que ma réputation s’appuie uniquement sur la vôtre. Question de survie.

Quant à mes ambitions, je compte m’ouvrir le plus possible aux collaborations. Cela permet un plus large panel d’opportunités. De préférence avec des mutants, ça me donnerait des avantages en plus. » Surtout que je ne veux pas me retrouver à travailler avec le moindre anti-mutant. « Ma spécialité c’est le pickpocket. J’ai entendu parler de quelques groupes organisés spécialisé dans le ciblage d’évènements particuliers. Des grosses équipes, ça donne toujours la possibilité de faire tourner un peu son nom. »

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« Vous avez raison, il est dangereux de jouer trop près du soleil, vous risqueriez de vous griller, et une fois que c'est fait, c'est irrémédiable. » Et c’était cruellement vrai. Si je savais qu’avec mes contacts à la Confrérie, je ne risquais pas de rester enfermé très longtemps en cas d’échec, je savais aussi que dans la communauté des voleurs, on finissait rapidement catalogué comme fiché. Et quelqu’un de fiché, c’est mauvais. Parce que ça prouve qu’il s’est déjà fait avoir et, pire, qu’il est dans le système de la police. En gros, un bon handicape. C’est pour cela qu’il ne fallait pas voir trop gros trop tôt. En dehors de ce travail, je suis un confrériste, et donc, aux yeux du gouvernement humain, un terroriste. C’était mon joker. J’ai des accès à certains endroits que d’autres ne soupçonneraient pas et ce sans la moindre difficulté. Il suffit de reprendre un plan ayant été utilisé par le passé pour nous et c’est partit. Pour le moment, nous sommes en trains de nous installer un petit réseau dans l’aéroport. Je l’ai déjà infiltré à plusieurs reprises.

Au plus j’y pensais, au plus il me semblait évident que mes ambitions ne se posaient pas sur ma carrière de voleur. Ce n’est qu’une manière de gagner plus ou moins ma vie sans être totalement dépendant de mes amis proches et prêts à m’aider. Non, mes ambitions se placent au niveau de la Confrérie. C’est à eux que je veux consacrer mon temps, pour eux que je veux donner ma vie. Avec ce foutu cancer qui me bouffe les poumons, je sais mon temps compté. Si une mission suicide se présente, je suis sûr de la prendre, de m’en occupé. Condamné pour condamné…. Quel avenir peut-on imaginer ? Alors que la brune souriait à sa remarque, je m’étais totalement perdu dans mes pensées, laissant ma cigarette se consumée entre mes doigts. Ce fut à nouveau le son de sa voix qui me tira de mes introspections. « Mais nous sommes d'accord, il est bien plus intéressant de travailler avec des mutants, c'est une valeur ajoutée non négligeable dans notre domaine. Qu'est-ce que vous avez en stock à ce niveau-là d'ailleurs en ce moment ? J'ai cru comprendre que vous étiez un copieur, peut être que vous avez copié un pouvoir qui pourrez m'intéresser ? »

La question me fit un peu sourire. Elle s’attend probablement à ce que je puisse stocker les pouvoirs. Ça parait être une évidence. C’est quelque chose sur lequel je travaille. Activement. Malheureusement, avec les années de vies où j’ai été à la rue, j’avais autre chose à faire que de m’entraîner à maîtriser ma mutation. J’ai donc un peu de retard comparé à tous les mutants de mon âge. « Je me dois d’être honnête avec vous sur ce point. Actuellement, c’est votre mutation que j’ai copié. Parce que je fonctionne plus comme un reflet que comme un photocopieur. Tant que l’original est dans le coin, mon organisme s’adapte, copie celui face auquel il est. Il me faut une dizaine de seconde pour copier une mutation et si c’est un domaine que je n’ai pas encore exploré, il me faudra du temps pour apprendre à la maîtriser.

J’apprends plutôt vite. Encore plus si je suis guidé. Je peux aisément mieux utiliser sa mutation qu’un classe un et, avec un peu d’entrainement, je peux surpasser un classe deux dans son propre domaine. Je peux facilement passer d’une mutation à une autre, ce qui fait de moi une sorte de joker quand je bosse avec des équipes de mutants. Un couteau suisse si vous voulez. Mais je reconnais que mon incapacité à maintenir l’image de la mutation active alors que l’original n’est plus dans le coin est un problème. »

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« Je travaille rarement avec plus d'une personne à la fois, en duo si vous préférez, mais ce n'est pas un problème majeur pour moi, même si j'osais espérer, à tort donc, que vous puissiez au moins stocker une capacité qui n'est pas dans la pièce. Seriez-vous capable de faire griller cette ampoule à la simple force de votre esprit ? » Encore quelqu’un qui surestime mes capacités. Il faut dire, je n’ai commencé à m’entrainer que tardivement. Là où beaucoup jouaient avec dès leur adolescence, il m’avait fallu du temps pour réellement comprendre ce dont j’étais capable. Et puis, j’étais un peu trop drogué au quotidien que pour réellement m’entrainer. Puis la désintox. Ensuite j’étais trop occupé à joindre les deux bouts pour finir le mois et après, SDF dans les rues de New York City.

La survie avant tout. Peut-être que si j’avais maîtrisé ma mutation plus tôt, cela m’aurait permis d’éviter certains dérapages ? Sans doute. On ne le saura jamais. Le fait est que je ne m’entraîne réellement que depuis que je suis à la Confrérie. D’après Mystique, je suis déjà monté d’une classe depuis mon arrivée. J’ai bon espoir de continuer sur cette pente. Je me demande si le cancer aura bientôt ma peau ou pas. Pour le moment, les choses ont l’air de bien se passer. Je me sens diminué mais d’après Maxence, je n’en suis encore qu’en première phase, ça a été pris à temps. J’ai de bons espoirs de m’en sortir. Donc je me comportais comme s’il y avait encore un futur à sauver. C’est la meilleure chose que j’ai trouvé pour ne pas que ce cancer me bouffe aussi bien physiquement que mentalement.

Je levai la tête vers l’ampoule. La faire griller ? Ce n’est pas comme si j’avais souvent copier sa mutation. Une fois vite fait lors de notre dernier contrat. Je l’avais à peine utilisé. Mais bon, je suppose que je n’ai pas trop le choix si je veux pouvoir impressionner la dame. Porte poisse hein ? La sensation d’une nouvelle mutation est toujours étrange. Encore aujourd’hui, je ne sais pas si je me contente de recopier ou si mon organisme s’adapte lui aussi. En tout cas, lorsqu’une mutation nouvelle est copiée, je sens cette tension en moi, qui m’indique qu’elle est là, comme si ce n’était pas normal et que mon corps essayait de me le faire comprendre. Avec les mutations que j’ai l’habitude d’utiliser, comme la technopathie, cette sensation a pratiquement disparue. Au plus je la maîtrise, au moins je la ressens lorsque je l’ai copiée. Donc… griller l’ampoule.

Je me concentrai un bref instant sur la chose et elle grésilla. Un début mais ce n’était clairement pas suffisant. Je m’adossai bien confortablement dans ma chaise et croisai les bras. Je crois que j’ai compris comment cela fonctionne… Plus ou moins. Ce ne fut pas une mais trois ampoules qui grillèrent à quelques secondes d’intervalles. Mon regard descendis ensuite sur elle et je lui souris. « Je manque encore un peu d’entraînement avec votre mutation. Mais j’apprends vite. Et je pense que j’ai pigé le truc. » Et alors que je prononçais ces mots, le tabouret de l’un des piliers de comptoir s’écroula sous son poids, un pied brisé. Oups, fragilisation du bois il faut croire… « C’est amusant comme mutation. Rassurez-moi… Vous jouez souvent avec n’est-ce pas ? Parce que personnellement, je trouve ça vraiment drôle. »

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« Parfois, je m'amuse à jouer avec, mais pas en permanence. Si je me suis entraînée pour m'améliorer, je préfère utiliser cette mutation à bon escient. Mais je vois que vous avez compris son fonctionnement, c'est une bonne chose pour nos prochaines affaires. » Et sur ces mots, l’élastique de mon sous-vêtement céda. Avec son sourire, difficile d’ignorer l’incident. Ce n’était pas un accident. Cela me fit sourire alors que je décidais de ne pas en prendre ombrage. Après tout, elle ne faisait que jouer. « S’il y a un quelconque message caché derrière cela, je me dois de vous prévenir que vous n’êtes pas mon genre. Je préfère mes conquêtes avec moins de poitrines si vous voyez ce que je veux dire. » Je lui lançais un sourire amusé, joueur. « Mais honnêtement, quel est l’intérêt de pouvoir faire ce genre de chose si ce n’est pas pour s’en amuser ? Je ne suis pas du genre farceur mais il faut reconnaître que la tentation est grande. Je perçois l’avantage énorme que cela confère dans notre milieu. La malchance des uns fait le bonheur des autres. Mais j’ai le sentiment que vous vous bridez. Votre mutation fait partie de vous, de ce que vous êtes. Pourquoi se limiter ? »

Bon, peut-être que lui poser ce genre de questions n’étaient pas la chose la plus maline à faire quand on désire travailler avec elle mais Black Cat venait de piquer ma curiosité. Et une fois que les questions me trottaient en tête, il me fallait les réponses. C’était plus fort que moi. Notre première collaboration s’était bien passée, j’osais espérer qu’il y en aurait d’autre. Mais je ne m’écraserais pas devant elle pour ce faire. Si cela devait briser ma réputation, tant pis mais je ne fais de courbettes devant personnes. « Mais assez parlé de cela. Pensez-vous que je convienne pour le job que vous avez en tête ? Car, après tout, même si vous êtes de bonne compagnie, nous sommes là pour cela à la base. Je suppose que vous avez fait des recherches sur moi au préalable. C’est plutôt à la mode pour le moment. Je devrais m’y mettre en dehors de mes phases technopathes. Qu’avez-vous trouvé à mon sujet ? »

Parce qu’à sa place, je choisirais mes partenaires avec soin. Ce n’est pas une femme idiote, pas avec une telle réputation derrière elle. Elle ne peut pas se permettre de travailler avec le premier venu. Donc, elle a forcément mené son enquête sur moi. Et si pas elle-même, elle a dû engager quelqu’un pour le faire. La question à un million de dollars étaient… Qu’a-t-elle trouvé à mon sujet ? Mes doigts se crispèrent autour de mon mégot de cigarette. Mon cancer ? Ce n’était pas une information difficile à trouver mais il fallait penser à chercher mon dossier médical. Cela m’emmerderait plutôt qu’elle tombe là-dessus. Parce que je suis un poids mort dans les courses poursuites. Mes poumons s’épuisent trop vite, je suffoque dès que je fais un exercice physique un peu trop poussé. Parfois je tousse du sang. Cela me mettrait immédiatement hors course je pense. Personne ne veut travailler avec un mort en sursit. J’écrasais mon mégot dans le cendrier. Elle a posé des questions pertinentes. L’aurait-elle fait si elle savait ?

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«  Ce n'est jamais évident de ne pas avoir véritablement de toit je suppose. Je n'ai jamais connu cette situation mais ça doit être terrible, je n'aimerais pas la vivre. Enfin, je crois que depuis, ça va mieux pour vous, si ce n'est ce fichu cancer qui vous gangrène. Enfin, ce dernier point est un détail, il doit bien y avoir un mutant capable de se régénérer dans cette ville pour vous aider, n'est-ce pas ? Hop, vous passez à côté de lui et fini le cancer parce que je suppose que votre but n'est pas de mourir tout de suite. » Donc, elle savait. Je lui lançai un sourire de face. Il fallait que je me repenche sur les traces de mon passé avec Graham. Il va falloir effacer tout cela pour de bon. Je n’aime pas que l’on puisse remonter jusqu’à moi. « Non, en effet. Je n’ai pas survécu 10 ans à la rue pour me laisser emporter par un cancer. J’apprécie que cela ne semble pas être un obstacle à mon embauche pour ce job, si j’ose dire. J’apprécierais que vous ne l’ébruitiez pas. Quant au mutant qui se régénère, j’y ai pensé. Je le cherche toujours. Mais vous êtes une experte en probabilité négative, vous savez ce que c’est que d’avoir la poisse. »

Je ne savais pas trop si elle avait pu trouver d’autres choses à mon sujet. J’ai fait très attention à ce qu’il ne reste rien du Niall Southway né en Écosse, que les dossiers soient effacés pour de bon, disparu. Plus de certificat de naissance, plus de diplôme d’école écossaise, plus de dossier à mon nom dans un centre de désintox, plus rien. J’avais tout supprimé et, avec Graham, on avait reconstruit par-dessus les cendres. Je suis sensé être natif d’Austin et avoir quitté le Texas dans les dates où j’ai réellement quitté l’Écosse. Je me fichais pas mal qu’elle sache pour mon passé de SDF. Mais pour ce qui touchait à l’Écosse, je voulais laisser tout cela derrière moi. Laissez les cadavres dans le placard.

« Sinon, oui, vous êtes engagé. Je n'avais qu'une réelle question à votre sujet, et vous m'avez parfaitement répondu. Ce sera le même genre que la première fois si vous vous en souvenez. » Et en voilà une nouvelle qui tombe à point nommé. Si j’avais eu un verre plein à porter, je l’aurai levé à cette annonce. Travailler avec Black Cat signifiait toujours grosse rentrée d’argent. « Voilà enfin une bonne nouvelle. Je suppose que, comme la dernière fois, pas de questions sur le pourquoi du comment ? Je me contenterais de faire ce que vous attendez de moi. Je sais être discret quand il le faut. »

Je me levai de table. Il semblerait que nous en ayons finis avec les détails d’embauches. Après un bref passage au bar, je revins avec un verre de whisky. Je le posai devant elle. « C’est moi qui offre. Je vous le dois bien. Je suppose que vous me communiquerez les informations comme la dernière fois. Je vous fais confiance pour mes tarifs. Je vous laisse ici pour ce soir, j’ai un sous-vêtement à changer. Passez une bonne soirée. » Je lui souris une dernière fois avant de m’éloigner. Bordel, c’était pas facile de marcher quand l’élastique de votre sous-vêtement vous a lâché…