Un petit wibbly wobbly mutant wimey || {Graham}

S’étirant de tout son long, Mia n’en pouvait plus. C’était bien la première fois qu’elle commençait à en avoir marre de travailler non-stop sur ses différents écrans, n’arrivant pas à arriver à ce qu’elle souhaitait. Elle s’amusait souvent à tester ses limites en se mettant des défis stupides pour entrer dans le système informatique de certains organismes, mais il arrivait parfois à ce qu’elle se heurte à un mur et c’était le cas aujourd’hui. Elle avait beau le tenté en forcing ou en y allant doucement, ce mur persistait et ce n’était en aucun cas le firewall. Comme si quelqu’un cherchait à lui mettre des bâtons dans les roues en repoussant ses attaques. Décidant de prendre une pause pour souffler un peu, mais sans baisser les bras pour autant, la mutante lança une énième fois son programme et délaissa sa machine pour se préparer à sortir. Enfin, c’était l’impression qu’elle donnait, car, en réalité, elle continuait de surveiller l’activité de son programme, laissant les lignes de codes traverser son esprit. Depuis le temps qu’elle utilisait cette technique, elle avait apprit à laisser une part de son cerveau travaillait, pendant qu’elle s’occupait à autre chose, et là la jeune femme préparait rapidement ses affaires importantes pour sortir, se disant qu’une petite pause ne lui ferait pas de mal.

Malheureusement, Mia n’avait pas l’air d’être chanceuse ce jour-là. Alors qu’elle pointait le bout de son nez dehors, elle vit le temps maussade et les sombres nuages qui couvraient le ciel. La pluie risquait de ne pas tarder, et elle espérait juste que ça ne lui tomberait pas dessus pendant qu’elle serait dehors. Prenant la direction du centre du quartier pour se rendre à la bibliothèque, la jeune femme se perdait dans ses pensées, se laissant porter par ses pas. Elle avait l’habitude de se rendre à cette bibliothèque, alors elle pouvait se permettre de ne pas vraiment regarder où elle allait. La mutante ne craignait pas de rentrer dans quelqu’un, car elle avait appris à les éviter instinctivement à force de rester le nez sur son téléphone ou sa tablette. Mais, pour une fois, aujourd’hui son engin était resté dans sa poche et la miss se contentait d’observer les immeubles qui l’entouraient, se sentant vraiment bien dans cette ville. Cela en avait étonné plus d’un quand elle étudiait encore et que ses amis apprenait qu’elle venait d’une campagne en Europe. Cependant Mia avait l’esprit d’une citadine et non d’une campagnarde. Au moins, en ville, elle était sûre de toujours avoir du réseau pour se connecter, alors qu’à la campagne, elle était dépendante des quelques points wifi qu’elle pouvait trouver. Oui Mia le reconnaissait, elle était totalement accro à Internet et sa mutation n’en était pas la principale responsable. Elle aidait juste à l’être.

Lorsque les premières gouttes de pluie se mirent à tomber, la jeune femme eut un petit soupire en continuant de se dire qu’elle avait peu de chance, mais la bonne nouvelle dans cette histoire, était qu’elle voyait le perron du bâtiment qu’elle rejoignait apparaître. Au moins elle sera rapidement au sec. Elle enfila juste sa capuche pour se protéger un minimum et accéléra le pas. Plus que quelques mètres et tout sera bon. Elle pourra enfin aller se plonger dans les rayons de la librairie sans avoir à craindre la pluie qui, elle espérait ne durerait pas trop longtemps. Alors qu’elle farfouillait au rayon informatique pour y trouver son bonheur, tout en surfant sur un réseau pour s’assurer de trouver ce qu’elle voulait, l’esprit de Mia fut attiré par une activité qui lui semblait étrange. Ce n’était pas qu’elle souhaitait s’y intéresser, mais quelque chose avec titillé son attention et elle n’arrivait pas à s’y désintéresser. Intriguée, elle se mit à essayer d’en chercher la source, désespérant de ne pas avoir son ordinateur portable à porté de main. Cela aurait été tellement plus simple pour elle, et cependant, elle allait devoir se contenter d’une recherche mentale.

Décidant de sortir de l’établissement pour essayer de mieux s’orienter, elle fila sous la bruine qui n’était pas si présente que ça, bien à l’abri sous sa capuche. Mia ne cherchait plus à prendre son temps et traversa les passants en se concentrant sur sa connexion mentale. Elle pouvait peut-être donner l’impression d’être bizarre pour quelqu’un qui la voyait, mais elle s’en fichait. La mutante se focalisait sur ce qu’elle pensait et, bien entendu, ce qui devait finalement arriver arriva. Elle percuta un passant, et reçu un peu du contenu du récipient à café de la personne sur sa veste. Vraiment, la malchance avait l’air de la poursuive ce jour-là, sans compter que l’inconnu commençait à la tenir pour responsable, alors qu’elle s’excusait. « Je vous ai dit que j’étais désolée, mais contrôle z n’existe pas dans la vie, malheureusement. » Mia avait mit fin à cette situation sans vraiment réfléchir à ce qu’elle sortait. Oui elle comprenait que certaines personnes pouvaient démarrer au quart de tour, mais la mutante était centrée sur autre chose et le fait qu’elle parle d’un truc assez stupide avait suffi à le faire taire, lui permettant de reprendre sa marche. Peut-être qu’elle allait enfin pouvoir trouver ce qu’elle cherchait, mais non. Il revenait à l’assaut et la jeune femme regrettait de ne pas se sentir imposante parfois. Elle allait vraiment devoir se dépatouiller pour échapper à celui qui l’accusait d’avoir renversé son café et elle commençait à se sentir gênée de voir qu’ainsi ils attiraient l’attention.

Il est vrai qu'elle était tout de même un peu fautive dans ce qui venait de se produire. Si Mia n'avait pas focalisé toute son attention sur la connexion qu'elle sentait mentalement, elle aurait surement aperçu le passant et aurait pu l'éviter plutôt que de lui rentrer dedans de plein de fouet, se retrouvant comme lui, douché au café. Mais voilà, la chose était faite et puis la jeune femme s'était déjà excusé auprès de la personne qui n'en avait rien à faire. Si ça continuait, elle allait surement tourner les talons pour le planter là, considérant qu'elle ne pouvait pas faire plus, mais l'insistance du bureaucrate avait attiré l'attention et la mutante allait devoir trouver une solution pour se sortir de là et pour une fois, sa mutation ne lui serait pas d'une grande aide. Si elle avait pu se rendre invisible ou se téléporter, cela aurait été parfait, quoi que peu discret, cependant ce n'était pas son pouvoir et bien que les gens normaux disent le contraire, internet n'avait pas la solution à tout.

De toute façon, au bout de quelques minutes, ce ne fut pas internet qui lui vint en aide, mais une tout autre personne qu’elle n’avait pas vraiment vu approcher. En fait, elle l’avait d’abord prit pour un énième curieux qui venait voir ce qui se passait et elle ne cacha pas sa surprise sur le coup en l’entendant, avant de se ressaisir. Mia avait d’abord cru que l’inconnu se trompait de personne, mais en le voyant approcher elle devait bien admettre que c’était à elle qu’il s’adressait. La jeune femme ne comprenait pas pourquoi il lui donnait un coup de main, mais elle entra volontiers dans son jeu pour ne pas rendre la situation plus délicate. Elle afficha un faux sourire, comme si elle était contente de revoir celui qui se faisait passer pour un proche, et ne répliqua rien, le laissant prendre le contrôle du problème. En l’écoutant, elle eut donc une réponse au rôle qu’elle devait jouer pendant encore quelques secondes, et retint un rire amusé pour ne pas s’enfoncer.

Lorsque le bureaucrate se décida enfin à tourner les talons en rechignant, Mia se retint d'avoir une réaction puérile pour paraitre tout de même un minimum sérieux. Ce n'était pas vraiment le moment de passer pour une gamine immature, bien que cela aurait été amusant. Retournant à la réalité et non aux possibilités de ce qu'elle pouvait faire, la mutante offrit un sourire de remerciement à la personne qui était venue l'aider. « Merci bien, c'est vrai que cette personne avait l'air plutôt avare niveau tolérance. Et oui tout va bien, ce n'est pas un peu de café qui me fera du mal. » Bon, elle aurait juste à se démener pour enlever la tâche une fois rentrée, mais ce n'était pas ça qui allait la tuer, sans compter qu'elle avait déjà connu pire au niveau confrontation pour un café. Et puis, tant que ça ne touchait aucun des appareils numériques de la jeune femme, elle n'y voyait aucun réel problème insurmontable.

« En tout cas, c'était vraiment gentil de votre part de me venir en aide. Merci encore. » Il s'agissait quand même de la seule personne qui était intervenue, et en plus il l'avait fait en faveur de Mia. Cependant, l'attention de la jeune femme fut soudain ramené par ce qui avait causé sa malheureuse rencontre avec le bureaucrate. Le transfert de donnée qu'elle avait mentalement capté et légèrement oublié avec cette interlude lui revenait dans l'esprit, comme si l'une des sources était proche. Elle ne pouvait pas exactement savoir d'où cela venait, mais elle l'avait tout de même l'impression que c'était proche d'elle, surement fait par l'un des passants alentours, mais, contrairement à ceux-ci qui avaient l'air pressé de partir, le mouvement de données n'avait pas l'air d'avoir une source mobile. C'était peut-être stupide, mais subitement, elle se mit à se demander si ce n'était pas la personne qui l'avait aidé qui était à l'origine de ce qu'elle voyait. Si c'était lui qui avait lancé le flux, cela expliquerait pourquoi elle avait l'impression que ce soit proche, mais elle ne se voyait pas demander comme ça de but en blanc, si sa théorie était bonne. Surtout que cela engendrait surement la question habituelle de comment elle savait ça. Décidant de mettre ce doute de côté, elle tendit la main pour se présenter. Il l'avait quand même fait passer pour sa fille après tout. « Au fait, je m'appelle Mia Lipovski. » Pour le moment, elle se contentait de peu, se disant que, de toute façon, si elle avait le nom de la personne en retour, il serait plus simple pour elle de déterminer ou non s'il est bien à l'origine du déplacement de flux.

N'ayant plus le souci du bureaucrate en colère suite à son café renversé, Mia pouvait désormais souffler et profiter de ce reste de journée. Sans compter qu'on l'avait sympathiquement aidé, et la jeune femme retenait toujours ce genre d'attention. Ce n'était pas tout le monde qui était venu lui prêter un coup de main, les autres passants préférant les éviter pour ne pas s'en mêler. Alors, il avait été normale qu'elle le remercie, car sans lui, elle serait surement encore à se prendre la tête, ou alors elle aurait usé de sa mutation pour occuper l'attention du bourru et serait partie comme si de rien n'était. Puis, elle vit le regard descendre sur la tâche de café. Il est vrai que son manteau avait une belle marque maintenant, mais ce n'était pas bien grave. Elle pourrait toujours essayer de l'enlever à la machine, et sinon tant pis. Elle n'avait pas qu'un seul manteau dans sa penderie et un de moins n'allait certainement pas la tuer. « Vous avez tout à fait raison. Autant le faire quand on peut. » Et la mutant est bien la première à le faire. Elle n'aime pas laisser les autres sans leur venir en aide, alors tant qu'elle le peut, elle se bouge et se remue les méninges pour trouver une solution.

Serrant la main de la personne tout en se présentant, Mia apprit qu’il se nommait Graham et fut enchantée de le rencontrer. Il y avait donc une personne de plus qui n’était un grognon dans cette ville, qui en comportait tout de même un certain nombre. C’était une chose qu’elle avait vite remarqué lors de son arrivée à New York il y a quelques années, mais ce n’était pas si dépaysant quand on connaissait le caractère de certains français.

Avec cette rencontre, Mia en avait totalement oublié sa recherche mentale du fil de données qu'elle avait récupéré et elle décida de mettre ça de côté. Si ça se trouve, sa curiosité ne l'avait piqué pour rien, et elle préférait ne pas s'y re-concentrer pour ne pas perdre l'autre fil qu'elle suivait : celui de la conversation. Elle s'était déjà fait plusieurs fois avoir en mélangeant son activité principale à autre chose, pour ne plus s'y laisser prendre et préférer faire qu'une seule chose à la fois. Ce n'était peut-être pas le meilleure moment de laisser sa mutation lui échapper et devenir visible par le biais de ses iris, alors qu'elle faisait tout pour garder tout ça secret. « Non, c'est bien la première fois que ça m'arrive de rencontrer un bureaucrate de ce type. Mais je suis assez tête en l'air, alors je devrais tout de même faire plus attention. » La remarque de Graham avait amusé la jeune femme qui usait souvent de l'excuse du « tête en l'air » pour masquer la vérité.

La conversation aurait très bien pu continuer dans ce sens, mais quelque chose vint troubler quelque peu le moment. Mia venait de voir des officiers s’approcher et quand l’un d’eux vint l’interroger, elle se demanda ce qui se passait. « Oui, oui, tout va bien. Pourquoi cela ? » La mutante avait bien envie de se connecter à leur tablette pour tenter de trouver une réponse toute seule, mais au vue de la situation, elle préférait éviter pour jouer la carte de la discrétion. Tant qu’elle n’avait aucune information supplémentaire, mieux valait ne pas tenter le diable et attendre bien sagement, comme le ferait tout humain lambda. Cependant, elle ne put cacher un mouvement de recul en voyant les armes sortie et en entendant l’interpellation. S’ils disaient vrais, alors Graham serait lui aussi un mutant ou tout autre chose avec des pouvoirs et il n’en fallut pas plus à la miss pour avoir une idée pour l’aider. Ce n’était pas qu’elle était sensible au fait qu’elle lui en devait désormais une, mais, comme elle l’avait dit plus tôt, quand on le pouvait, autant aider les autres.

Sortant rapidement d’une des poches de son sac son badge du Shield, elle s’avança quelque peu pour affirmer sa présence. « On se calme, la situation est sous contrôle, le Shield est dessus. » Et, comme pour confirmer ses dire, Mia leur montra son insigne, se félicitant mentalement de toujours l’avoir sur elle, enfin, tant qu’elle n’était pas en présence d’un membre de Hydra bien entendu. Elle aurait bien aimé faire un petit clin d’oeil à Graham pour lui montrer qu’elle tentait de l’aider, mais il n’y avait rien de mieux pour mettre son idée en l’air, alors elle préférait garder un air sérieux en fixant les officiers, leur montrant qu’elle avait le contrôle de la situation.