Adventure of a lifetime - Niall&Aidan

Adventure of a lifetime

Aidan Pàdraig ∞ Niall Southway

Cela faisait maintenant un moment que je gardais un œil sur les groupes organisés qui traînaient en ville. J’avais essayé d’en approcher plusieurs sans jamais que ce ne soit un franc succès. Je n’étais pas assez connu, je n’avais pas un passif exceptionnel et mon CV était en grande partie vide. D’un autre côté, je n’allais pas aller venter mes escapades dans des laboratoires sécurisés ou des bureaux sous surveillance pour la Confrérie. Cela pourrait me permettre de me faire briller un petit peu… Cependant, je ne voulais pas mettre trop en avant mon affiliation avec la Confrérie. Nous étions vus comme des terroristes. Et personne n’engage des terroristes. Même si les actes que j’avais réalisé pour les mutants étaient louables et clairement dans le genre de compétences que l’on recherche dans ce genre de situations, le terme « terroriste » avait tendance à vite faire tache. Dont mon choix de ne pas revendiquer ouvertement ces actes comme les miens. Toutes mes tentatives d’approches avaient été des échecs. Sauf depuis quelques semaines.

J’avais été contacté. Par Unity. J’avais fait mon travail de recherches. Grandement facilité par Graham à son insu. C’est l’avantage à vivre avec un tchenopathe lorsqu’on est capable de copier les mutations qui nous entourent. Pas besoin de toujours devoir lui demander de faire mon boulot. Je pouvais garder mes petits secrets. J’avais trouvé assez peu d’informations. Ils se cachaient bien. C’était bon signe. Mais l’organisation semblait être un peu à mal pour le moment. Arriver pendant un temps flou, c’était un peu comme jouer à pile ou face. Soit cela se passait bien et il était temps de profiter du chaos pour placer ses pièces au bon endroit pour se faire sa place, soit on se retrouvait bouc émissaire en tant que nouveau. Mais cela valait le coup d’essayer. C’est pour cela que j’avais accepté l’invitation avec plaisir.

Et puis, j’avais attendu. Un peu comme un enfant qui sait que Noel, c’est dans une semaine. Et je devais bien avouer que le lieu de rendez-vous n’était clairement pas à mon avantage. Mais je n’avais pas fait de commentaires à ce sujet. Il serait bien déplacé de ma part de me permettre ce genre de choses en fait. C’était une occasion inespérée pour moi. Et je comptais bien faire ce qu’il fallait pour saisir ma chance. Dans une certaine mesure bien sûr. J’ai toujours ma fierté après tout. Cela ne m’empêcha pas de regretter un bref instant d’avoir enfilé ma veste en cuir habituelle pour venir. Je piétinais un bref instant devant le restaurant français.

Je n’avais jamais réellement apprécié la culture française, préférant largement le folklore écossais. La langue était charmante mais trop complexe pour moi. Même plus jeune, lors de mes cours de français, je n’avais jamais été un très bon élève. De l’extérieur, je peux voir que l’établissement a un certain standing. Cela fait partie des choses que je n’aime pas dans cette culture. Toujours obligé de faire le fin du fin. Je préférais ce qui était naturel, les endroits où l’on ne se prenait pas la tête sur l’étiquette. Finalement, je pris mon courage à deux mains. Ce n’est pas les heures de pointe ainsi, je n’ai pas trop de mal à trouver mon rendez-vous. Seul à une table. J’avais cinq minutes de retard et c’était la seule personne seule de la brasserie.

Je pris une grande inspiration et je me dirigeais vers lui, ignorant l’odeur de chocolat et de pâtisserie qui flottait dans l’établissement. Son regard était déjà posé sur moi et alors que je m’approchais, je fronçais les sourcils. Ce visage me disait quelque chose, me ramenait bien des années en arrière. Il arrivait parfois que je songe à l’Écosse, à tout ce que j’ai dû abandonner là-bas, tous ceux que j’ai abandonné par peur et lâcheté. Mais jamais je n’avais eu le souvenir aussi vivace de l’air salin, frai et humide d’Édimbourg, jamais je n’avais eu cet arrière-goût fumé au fond de la gorge, celui du whisky artisanal que mon père m’avait fait gouté lorsque j’étais adolescent. Ce fut un choc. Violent. Le présent et le passé se mélangeaient cruellement dans ma tête alors que mon cerveau refusait de comprendre ce que mes yeux voyaient.

Les parfums français se mélangeaient aux fragrances d’Écosse enfouies dans ma mémoire. Étais-je en train de rêver ? Mon cerveau semblait s’être déconnecté. Depuis que j’étais arrivé à Manhattan, j’avais mis un point d’honneur à enterrer mon passé, à essayer d’oublier tout cela. Je l’avais enfoui au plus profond de moi, j’avais fait le choix de l’ignorer, de me reconstruire à partir de zéro. Si tant est qu’on puisse construire quelque chose lorsque l’on est un SDF. Mais à l’époque il avait tellement été difficile d’accepter l’idée que j’avais tué. Même involontairement. Il avait fallu attendre que la Confrérie débarque dans ma vie pour que je me pardonne réellement. Depuis, tuer est quelque chose que je fais lorsque c’est nécessaire, lorsque l’on se met sur ma route. Mais je n’aime toujours pas être appelé ‘Monsieur Southway’. Je suppose que lorsque l’on a enterré quelque chose aussi profondément en soit, il est difficile de le faire remonter.

Et c’était ce qui était en train de se passer. J’avais l’impression que mon cerveau venait de se déconnecter, de partir en balade. Non, cela ne pouvait pas vraiment être Aidan, n’est-ce pas ? « Aidan… ? » Je me maudis intérieurement dès que mes cordes vocales vibrèrent. C’était plus fort que moi. Moi et ma foutue curiosité. Il avait fallu que je demande. Et de l’une des manières les moins élégantes possible qui plus est. Bravo Niall. T’es vraiment un champion.