This doesn't have to end in a fight [Tony/Steve]

Le quartier général des Avengers n’était plus ma maison. Il fallait que je me fasse à l’idée que je n’avais plus du tout de maison. La loi votée avait radicalement changé les choses, mettant hors-la-loi ceux qui refusaient de suivre des politiques désireux de prendre le contrôle sur les mutants ou les Avengers. La conversation avec Tony avait prit une tournure dérangeante, dramatique. La scission du groupe avait été plus ou moins officielle après cette conversation de groupe, qui avait vu les différents membres de l’équipe prendre position les uns après les autres, rejoignant la façon de penser de Tony ou la mienne. Il est triste de voir un groupe se séparer de la sorte, mais quelque part, nous ne faisions que récolter ce que nous avions semé. Les tensions apparues pendant l’avènement d’Ultron avaient semé les graines de la dissolution, et aujourd’hui, elles avaient germé en scindant le groupe en deux parties.  L’endroit que j’avais appelé ma maison, un an plus tôt, ressemblait plus aujourd’hui à une future prison qu’autre chose.

Pourtant, je me devais d’y retourner une dernière fois, récupérer de vieux dossiers, et surtout un armement conséquent afin de pouvoir répondre présent au moment où les choses s’envenimeraient. Il fallait déjà que j’y pénètre, l’endroit étant sous haute-sécurité, surveillé par des membres de l’armée ainsi qu’une milice qui semblait avoir été créée pour l’occasion. Je serrais des dents devant la montagne qui se dressait devant moi, mais j’allais quand même la franchir. J’avais un plan déjà prévu dans ma tête : m’infiltrer dans mes quartiers pour récupérer quelques objets, puis me rendre dans le garage pour prendre ma moto, et ensuite fuir. Je savais que la partie la plus compliquée allait être de pénétrer dans les locaux. Je ne me trompais pas. Heureusement que j’avais mon bouclier avec moi pour me défendre. Après m’être infiltré dans une partie déserte de l’ancien entrepôt de Stark, j’entreprenais ma nouvelle aventure en commençant par neutraliser deux gardes.

Il ne faudrait que peu de temps avant que l’alarme soit déclenchée et que l’ensemble des personnes présentes dans le bâtiment ne soit au courant de ma présence. Et comme je m’y attendais, quelques minutes après mon entrée, l’alarme retentit, une voix dans le haut-parleur déclarant que j’étais dans le bâtiment, tout en intimant aux forces en présence de me retrouver en usant de la force si cela s’avérait nécessaire. Je n’avais même pas pu atteindre mon premier objectif que déjà, la situation m’échappait. J’aurai dû demander à Sam ou Wanda de m’accompagner, un peu d’aide ne m’aurait pas fait de mal. N’ayant pas vent de passages secrets pour accéder à mes quartiers, il fallait que je prenne le couloir principal, sûrement gardé par les agents présents. Tant pis, il faudrait passer par là, je n’avais plus le choix. Je m’élançais alors, lançant mon bouclier sur les premiers agents, mais il y avait trop de monde pour que je puisse continuer. Je préférais m’arrêter devant le nombre d’armes pointées sur moi, et surtout sur la personne qui s’approchait. Je mettais mon bouclier dans mon dos.

« J’aurai dû me douter que vous vous réapproprieriez cet endroit. »

Les soldats entraînés me tenaient toujours en joug, attendant sans doute les ordres de leur supérieur. Je me demandais d’ailleurs  qui pouvait bien se trouver dans le QG, qui était responsable de l’endroit maintenant que la plupart des Avengers avaient quitté les lieux. J’espérais seulement que les agents du SHIELD qui bossaient ici auraient l’occasion de rester, qu’ils ne seraient pas chassés sous prétexte qu’ils travaillaient en collaboration avec l’ancien leader de l’équipe. Alors lorsque Tony débarqua dans son armure flamboyante, la surprise ne fut que de courte durée. Disons qu’elle était plus mauvaise qu’autre chose. Tant pis, j’allais devoir faire avec lui, ce qui allait nous permettre d’avoir une conversation entre quatre yeux, sans avoir les autres membres de l’ancienne équipe autour de nous. Personne ne serait influencé, personne n’aurait à supporter notre conversation sur les bienfaits ou non de cette loi. C’était peut-être la dernière, les futurs mots ou gestes en dépendraient grandement.

L’homme dans l’armure fit donc son apparition dans le grand hall, faisant signe aux gardes présents tout autour de nous de partir, ce qu’ils firent. Nous n’étions plus que tous les deux. Il n’y avait pas besoin de décrire l’atmosphère pour la ressentir. Electrique, pleine de tension…si l’ancien QG des Avengers était autrefois un lieu de replis, une maison pour ceux qui n’avaient pas de domicile, aujourd’hui, il devenait un endroit méconnu. Je ne ressentais plus l’atmosphère familiale qui s’en dégageait une fois que je pénétrais dans les lieux en rentrant de mission. Je ne pouvais plus aller et venir comme je le souhaitais. Dès que j’avais aperçu les locaux à l’extérieur, j’avais ressenti un profond sentiment de mal-être, un malaise qui grandissait au fur et à mesure que j’avançais dans les couloirs en neutralisant les différents obstacles. Le mieux que j’avais à faire désormais était de me confronter à Tony, pour réfléchir à un nouveau plan.

Iron Man me dit logiquement que je ne devrais pas être ici, me demandant par la suite si je pensais qu’il n’allait pas intervenir. A vrai dire, je me doutais bien qu’il aurait installé des moyens de surveiller l’endroit si jamais on voulait le reprendre. Mais pour ceux qui choisissaient de me suivre, je leur avais dit soit de quitter les lieux s’ils y habitaient, soit de ne plus y remettre les pieds. L’envie de Tony de vouloir tout contrôler passait forcément par une reprise du quartier général des Avengers. Nous étions sans domicile, même si je pensais à un endroit afin de rassembler ceux qui le voulaient dans le futur conflit à venir. Quelque part, il était logique que Tony reprenne possession des locaux, lui qui avait mit à disposition de l’équipe et du SHIELD d’anciens entrepôts de Stark Industries. Je soutenais le regard de mon ancien allié, me préparant à lui répondre.

« Et où devrais-je être…en prison ? » lui demandais-je. En ces temps troublés, je me disais parfois qu’ils n’auraient jamais dû me dégeler, que j’aurai dû mourir dans le crash de l’avion il y a de ça plus de soixante-dix ans, me laisser dans le bloc de glace dans lequel je me trouvais. Que j’aurai dû rester un symbole un simple souvenir, un symbole de paix et de liberté. Je ne serai jamais devenu un criminel, un fugitif, ceux que je m’étais juré de combattre en devenant Captain America. Je ne pouvais plus faire confiance à personne, ou du moins à plus grand monde. La chute du SHIELD et maintenant cette loi. Le pays venait de basculer dans un grand n’importe quoi, et la seule manière de le combattre était de rester ce combattant de la liberté…en vain ?

« Je pensais que j’aurai eu plus de temps avant votre arrivée, votre venue ne faisant aucun doute. Maintenant la question que je vous pose est la suivante : qu’est-ce que vous allez faire ? Vous comptez toujours me mettre votre poing dans ma ‘’magnifique dentition’’ ? »

Je me rappelais cette phrase toute droit sortie de la bouche de Tony, un souvenir amère des paroles qui avaient scindé le groupe en deux.

Bien évidemment que j’avais connaissance de cause des conséquences de mon choix. Il fallait être bête pour ne pas s’en douter. Je trouvais juste dommage que ce retour de bâton se fasse dans la violence et non pas dans un pacifisme, autour d’une table. De toute manière, il était évident que Tony et moi nous trouverions l’un contre l’autre pour nous battre. Dès notre première rencontre, le courant avait eu du mal à passer, avant le rassemblement de l’équipe pour combattre Loki et les Chitauris. Pendant le conflit contre Ultron, nous en étions même venus aux mains. J’avais dégainé le premier pour l’empêcher de créer la Vision, ayant peur qu’une fois encore une de ses créations ne nous tournent le dos. Pourtant, j’avais toujours eu du respect pour le fils de mon ancien ami Howard. Ses créations m’étonnaient toutes autant les unes que les autres, bien que je ne l’ai jamais admis. Puis c’est une personne importante au combat, sans lui, New-York ressemblerait encore à un champ de combat contre les Chitauris, et sans son intervention en Sokovie, la chute du pays aurait rasé la population de la planète.

Nous ne pouvions plus faire machine arrière désormais, les divergences nous ayant définitivement fait basculer d’un côté et de l’autre de la loi. Mais lequel était le bon ? Bien sûr, chacun de nos paroles feraient en sorte de prouver que chacun avait raison, et que le camp dans lequel on se trouvait était le bon. Dans cette guerre à venir, il n’y avait pas de criminels ou de héros,  juste des défenseurs d’une cause.  Les réponses de Tony ne laissaient pas penser à une seule autre issue qu’un combat, ce dont je ne voulais pas en venant ici. Même si j’allais lui poser la question, je n’arrivais toujours pas à croire que lui, un tel électron libre, choisisse  de se faire encadrer, de répondre de ses actes auprès du gouvernement. Personne n’avait réussi à lui faire entendre raison, alors pourquoi maintenant ?

« Je suis désolé Tony, mais je ne peux approuver cette loi. Peu importe les conséquences qui en découleront, je continuerai à me dresser contre elle. » lui dis-je en gardant mon calme malgré les paroles de mon ancien allié.

Tony avait vraiment l’air déterminé, et peu importe ce que je pourrai dire ou faire pour lui faire changer d’avis, cela ne servirait à rien. Je l’avais désormais en chasseur dans mon dos, et connaissant sa pugnacité, il n’aurait de repos que lorsque je serai derrière les barreaux, ou recensé de force.  Je restais sur place alors que le milliardaire avait quelque peu avancé. Il n’avait pas tort, j’étais sur la défensive, prêt à me défendre si les choses s’envenimaient. Même si j’avais replacé mon bouclier dans mon dos, j’étais habitué à le sortir en toute vitesse. Je ne voulais pas d’un énième combat.

« J’ai eu une longue journée. », répondis-je à Iron Man après ses paroles sur mon côté défensif. Je poursuivais ensuite, exprimant mes arguments contre la loi qu’il défendait « Je sais que nous ne sommes pas parfaits, mais les mains les plus sûres sont encore les nôtres. Et ce n’est pas en remettant notre liberté d'intervention entre les mains du gouvernement que l’on évitera les catastrophes, au contraire. »

Je gardais toujours mon regard fixé dans le sien, celui-ci exprimant plus une volonté de faire entendre raison à Iron Man plutôt que de lui lancer un défi. Ce dernier avait l’air plutôt en colère, déterminé à me mettre en prison.

« Que vous est-il arrivé ? »

Tony avait clairement perdu ce côté insouciant et insoumis qui faisait de lui un super-héros à part. Quelque chose avait définitivement changé chez lui, et je ne reconnaissais donc plus l’homme avec qui j’avais combattu les Chitauris et Ultron. N’ayant pas pu me renseigner sur les dernières informations du monde, j’ignorais donc ce qui lui était arrivé dernièrement. Je ne voulais pas remuer le couteau dans la plaie, constatant que l’homme derrière l’armure aurait sans doute besoin d’un rien pour lancer des hostilités. Je ne cherchais en rien à me battre avec mon ancien équipier. Il n’était pas nécessaire d’en venir aux mains, car cela ne ferait qu’envenimer les choses. Tony était plus que convaincu de la nécessité que nos activités soient contrôlées, et rien ne pouvait lui faire dire le contraire. J’avais l’impression de revivre la discussion que l’on avait eu avec le reste de l’équipe quelques semaines plus tôt. Tout cela ne menait strictement à rien, c’était peine perdue. Le mieux que j’avais à faire était de gagner du temps pour trouver un moyen de rejoindre le garage et les véhicules.

« Je ne soutiens personne. Si j’ai à combattre un mutant dangereux qui utilise ses pouvoirs pour faire de mauvaises choses, je le ferai. Cependant, il est hors de question que ce soit un homme affalé derrière son bureau et qui ne connait pas les dangers du terrain qui m’indique où je dois aller et ce que je dois faire. Imaginez qu’un jour une nouvelle menace venue du ciel débarque, vous allez attendre le feu vert de votre supérieur, que des vies soient déjà prises ? »

J’essayais tant bien que mal d’éveiller chez Tony ce sentiment de révolte par rapport à cette loi, mais je doutais de plus en plus que mes paroles touchent un point sensible chez lui. Dès qu’il avait quelque chose en tête, il ne lâchait pas le morceau. Vint alors la question des proches, et de ce que je ferai si jamais l’un d’eux était attaqué par un mutant aux pouvoirs incontrôlables. Jusqu’à maintenant, je ne m’étais jamais véritablement posé la question. J’avais pour habitude d’intervenir dès que les événements devenaient hors de contrôle, mais jamais un proche n’avait été visé. Il faut dire que ma seule famille, les Avengers, savaient se défendre. Bucky le faisait aussi, bien que je ferai encore tout pour lui. Je n’avais plus de famille de sang, juste de cœur. Je laissais un instant de silence, le temps suspendu en attendant ma réponse. Je gardais toujours mon regard dans celui de Tony, ne voulant pas lâcher mes convictions, comme lui pouvait le faire pour les siennes.

« Il y a des dommages collatérales, cela fait partie de notre métier. Si vous ne l’avez pas compris, alors ça ne sert plus à rien de porter votre armure. On a toujours fais en sorte de faire le moins de dégâts possible. Notre mission,  c’est d’essayer de sauver le plus de vies possible. Parfois on ne peut pas sauver tout le monde, mais on ne renonce pas. »

Dans tous conflits, il y avait forcément des choses que l’on ne pouvait prévoir. Un mort, des destructions, des changements de camp…ainsi est faite la guerre. Même si on pouvait l’éviter le plus possible, elle arrivait toujours à nous revenir dessus avec force, entraînant avec elle son lot de catastrophes.  Je ne pensais pas être un symbole, contrairement à ce que disait Tony. Ces dernières paroles auraient pu me faire sortir de mes gonds, tant j’avais l’impression d’entendre un dictateur parler.

« On croirait entendre le discours d’un dictateur aveuglé par ses convictions destructrices. Vous n’avez aucun droit sur mes paroles, mon influence ou quoi que ce soit d’autre. Vous avez la fâcheuse habitude de vous faire des ennemis Tony, ne faites pas de moi le vôtre. »

J’avançais cette fois vers lui, deux pas vers l’avant, comme pour appuyer mes paroles. Je n’avais pas peur de lui et de sa manie de clairement me menacer. Jusqu’ici, je me voulais courtois et calme avec le milliardaire, mais une limite ne devait pas être franchie.

Ma mâchoire se serrait au fur et à mesure de la conversation, témoignage des paroles que l’on s’échangeait d’une dureté sans précédent. Nous avions déjà eu des désaccords dans le passé : sur la façon d’opérer pendant que Loki préparait son assaut sur la Terre, et bien évidemment pendant le conflit contre Ultron, au moment de la création de la Vision. Cette fois, nous en étions venus aux mains, la tension explosant. Mais contrairement à maintenant, il y avait eu un retour possible en unissant nos forces pour combattre l’intelligence artificielle. Les enjeux actuels sont trop important en ce moment pour que l’un de nous deux finisse par renoncer. Deux camps bien distincts qui s’étaient plus ou moins formés pendant la dernière discussion des Avengers, et qui allaient définitivement se former après la conversation que Tony et moi avions en ce moment même. Enfin…conversation était un mot bien trop fort. Cela ressemblait plus à un dialogue de sourds, des paroles qui ne menaient à rien à part une confrontation imminente.

« Ce même gouvernement corrompu qui a laissé des membres de HYDRA les manipuler comme des pantins. Rien ne dit que ce n’est plus le cas, mais il m’est impossible de travailler avec eux. »

Je pouvais lire la détermination dans le regard de l’homme face à moi. J’avais déjà vu ce regard à de multiples reprises quand nous étions réunis sous la bannière des Avengers. Il était rare qu’il le sorte, lui qui était d’habitude si détaché de toute situation sérieuse. Seulement quelques mètres nous séparaient l’un de l’autre, et je pouvais constater encore plus l’étincelle dans les yeux de Tony, mais également de l’humidité. De la tristesse ? Il me considérait comme son adversaire, je ne pouvais plus douter de cela. Mais pouvais-je à mon tour le considérer comme le mien ? J’ai encore du mal à y penser, et cela finirait bien par être une triste vérité un jour ou l’autre. Ses paroles concernant sa volonté de vouloir le meilleur pour le monde m’exaspéraient, et je le montrais sur mon visage avec un regard qui trahissait mes pensées. Il me dépitait, mais je n’étais pas encore à l’abri d’une nouvelle surprise de la part de Tony.

« Je n’en doute pas un instant Tony, vous ne faites que déformer mes paroles. C’est votre manière réductrice et oppressante qui n’est pas la bonne ! »

Ce furent mes dernières paroles avant le choc frontal qui allait suivre. Critiquant mes méthodes qu’il disait d’un autre temps, Tony finit par me frapper, m’envoyant voler sur quelques mètres. Je ne m’y attendais pas du tout, et le choc fut donc surprenant et douloureux. Pas assez cependant pour me laisser plusieurs minutes au sol. Je tournais la tête dans sa direction, le visage de l’homme étant remplacé désormais par le casque d’Iron Man. Je me redressais légèrement tout en me saisissant de mon bouclier pour le lancer aussitôt sur Tony. Il vint alors se fracasser en force sur l’armure de mon désormais nouvel ennemi, puis je le récupérais au vol.

« Si c’est la guerre que vous voulez…alors vous l’aurez. »

Tant pis pour lui. Il aurait en face de sa personne un individu spécialement taillé pour ce genre de rendez-vous. Depuis ma création en tant que Captain America, pas un instant de ma vie n’avait été consacré à un moment de paix. La Seconde Guerre Mondiale, les Chitauris, HYDRA, Ultron et maintenant Tony…Je pensais pouvoir vivre sans conflits, mais il n’en était rien. Je l’avais voulu, mais je le regrettais aujourd’hui, encore plus quand il est question de frapper des anciens alliés. J’en profitais pour courir vers Tony pour le frapper plus frontalement avec le bouclier, le poussant quelques mètres plus loin.

« Je ne voulais pas que cela finisse en combat, mais vous avez fixé les règles. J’espère sincèrement que vous ne le regretterez pas. »

Je fis demi-tour en courant, espérant gagner un peu de temps pour gagner le garage et réquisitionner un véhicule. Tony allait me suivre, ça ne faisait aucun doute.

Avec ce début de combat, on pouvait désormais affirmer une chose : les Avengers n’existaient plus. Un groupe qui était né du regroupement de plusieurs personnes issues de différents horizons. Une ancienne assassine russe, un archer émérite, un Dieu du tonnerre, un scientifique qui cachait une grande rage en lui, et puis nous deux. Tony et moi n’avions jamais été les meilleurs amis au monde, mais on s’accordait au moins sur une chose, celle de sauver le monde. A chaque que nos opinions divergeaient, nous arrivions à mettre ceci de côté pour combattre la menace en cours. Loki, les Chitauris et Ultron n’avaient pas pu profiter très longtemps des divergences qu’il y avait eu entre nous. Mais cette fois, tout était différent. Les alliés d’hier étaient les ennemis d’aujourd’hui. Avec tout ça, il était quasiment impossible que l’on revienne en arrière. L’avenir des Avengers étant enterré avec les derniers espoirs d’une réconciliation impossible. Nos premiers coups étaient à l’image de la colère que l’on ressentait l’un envers l’autre.

Ma réponse avait été à la hauteur du premier coup porté par l’homme en armure. Il me fallait simplement gagner un peu de temps. J’étais venu avec l’objectif de récupérer un ou deux véhicules, de préférence la moto que j’utilisais en mission ainsi qu’un Quinjet. Si le docteur Banner avait pu quitter la zone de combat grâce au camouflage que Tony avait fourni dans chacun de ces appareils, alors peut être que je pouvais faire la même chose. Il fallait cependant que mon plan fonctionne. Je courais dans la direction opposée de mon adversaire, direction le grand garage abritant les divers véhicules proposés. C’était sans compter sur la détermination de Stark à vouloir me mettre derrière les barreaux. Mon nouvel adversaire traversa le mur à ma grande surprise, profitant de cet effet pour me frapper. Ma course freinée et le souffle coupé, je me trouvais au sol. Je n’avais pas eu le temps de répliquer. Je l’écoutais me parler une nouvelle fois.

« Tout comme je ne peux pas vous laisser m’arrêter. »

Je n’eus pas le temps de répliquer physiquement que déjà, Iron Man me saisissait, nous projetant tous les deux à travers la grande baie vitrée du bâtiment. Le choc fut rude, et je commençais à voir des étoiles un peu partout. Sur le dos, je peinais quelque peu à reprendre mon souffle, commençant à ressentir des douleurs aux endroits touchés. Je ne devais pas faillir. Il est de mon devoir de continuer mon combat, peu importe le prix que ça allait m’en coûter. Et ce n’est certainement pas Tony qui allait m’enfermer derrière les barreaux. Pierce et ses agents infiltrés de HYDRA n’avaient pas été en mesure de faire ça. Je me redressais en soufflant légèrement, mon regard posé sur Tony.

« Il vous faudra faire plus pour me stopper. », commençais-je à lui dire en m’adressant à lui. Puis je portais ma main à mon oreillette pour parler à la personne à l’autre bout de l’appareil de communication. « Quand tu veux, mais ne lui fais pas de mal. »

Moi aussi, je pouvais être plein de surprises, et Tony allait en faire les frais.

A l’origine venu pour y dénicher un véhicule et quelques affaires, je me battais désormais pour pouvoir fuir et retrouver ma liberté. De toute manière, je me doutais bien qu’en entrant par effraction ici, cela allait forcément attirer du monde et des combats en suivraient. Mais à aucun moment je n’avais voulu échanger des coups avec Tony. Il avait été le premier à dégainer en me frappant. Je ne faisais que répondre à la violence par la violence, même si je ne voulais pas qu'il soit blessé non plus. Je ne pensais pas être à un tel degré de haine élevé envers lui, ce qui n’était visiblement pas le cas de Tony envers moi. Tant pis, le point de non-retour étant atteint, il fallait maintenant que je trouve un moyen de me sortir de cette situation. L’excentrique milliardaire avait clairement un avantage technologique sur moi, et n’hésitait d’ailleurs pas à s’en servir contre moi. Je me demandais ce qu’il advenait de lui si jamais il avait à se battre sans son armure. Il serait sûrement un tout autre homme, bien moins menaçant qu’il en a l’air derrière son amas de fer rouge et jaune.

Moi aussi j’avais cependant mes ressources. Même si j’avais essayé de l’en dissuader, il avait tenu à m’accompagner. J’avais cependant réussi à lui dire d’attendre, et que je l’appellerai dès que son aide serait requise. Et j’en avais besoin sur le moment. Je m’en voulais de faire ça, mais je n’avais pas le choix, il était important que je sorte d’ici avec au moins un Quinjet. Je ne comptais pas me reposer sur mes lauriers malgré la dissolution de l’équipe, le monde ayant toujours besoin des Avengers, peu importe les membres qui viendraient faire les sauvetages ou combattre les menaces pesantes. C’est donc peu après avoir lancé l’appel à mon coéquipier que celui-ci débarqua dans la fosse aux lions. Arrivant derrière Iron Man, le Winter Soldier le saisit par le casque, utilisant son bras pour immobiliser mon adversaire. Reprenant peu à peu mon souffle, je croisais le regard de mon meilleur ami, voyant la haine dans ses yeux, une haine que je reconnaissais pour l’avoir vu à Washington. Mais cette fois-ci, elle n’était pas dirigée vers moi…du moins je l’espérais.

« C’est allé trop loin pour revenir en arrière. »

Je tournais ensuite la tête vers Tony qui avait réussi à se remettre en marche. Il ne pouvait pas comprendre le lien qui nous unissait Bucky et moi. Il ne pouvait pas savoir ce que cela faisait d’avoir pour seule famille un individu avec qui il avait tout connu. Même si son lien avec Rhodes paraissait important, il ne savait ce que nous avions vécu lui et moi. L’enfance dans la semi-pauvreté, la perte des parents, la guerre. Jamais il ne verrait son ami faire une chute dans le vide en se sentant coupable de ne pas avoir pu le sauver. Plus encore, il n’avait pas eu à combattre contre lui, contre cet homme formaté par un groupe de fanatiques prêt à tout pour conquérir le monde. Il n’avait pas eu à faire tous ces sacrifices afin de le faire revenir. Je considérais le terme meurtrier comme une insulte à l’encontre de Bucky. Garder mon calme était nécessaire, mais je bouillonnais de l’intérieur. Je n’eus pas le temps de répliquer qu’un nouveau rayon de l’homme en fer parvint à me toucher, me déstabilisant fortement.

Il enchaîna par la suite en frappant avec ces mêmes rayons mon meilleur ami. Je serrais des dents en le voyant charger à nouveau Bucky. Qu’avait-il contre lui ? C’était après moi qu’il en avait, mais la présence du Soldat de l’Hiver semblait rendre Iron Man un peu plus violent. Un passif entre les deux hommes ? Jusque-là, Tony n’avait jamais fait mention du Soldat de l’Hiver dans nos discussions, même pendant la période où nous combattions HYDRA et ensuite Ultron. Non, quelque chose n’allait pas. Si jamais on sortait de là, une explication allait être demandée à Bucky. En attendant, je parvenais à reprendre mes esprits.

« Bucky, il faut que tu fasses demi-tour. Rempli la mission, ramène ce dont on est venu chercher, je te rejoindrai en temps voulu. »

Je reportais mon attention sur Tony, chargeant l’homme de fer avec mon bouclier.

« Je ne vous laisserai pas enfermer un seul d’entre nous. »

Je ne voulais pas en arriver jusque-là, mais il ne me laissait pas trop le choix. Certes, j’étais venu voler un appareil coûteux, certes, j’étais devenu un fugitif aux yeux du pays et donc aux siens. Mais en aucun je n’étais venu pour porter le premier. Ma tenue, mon bouclier, tout ça était pour passer à travers les défenses qui ont été installées aux alentours ainsi qu’à l’intérieur du bâtiment des Avengers. Je ne voulais que discuter avec Tony, essayer de lui faire entendre raison quand à sa filiation avec le gouvernement pour contrôler nos activités. Il avait changé, c’est indéniable. Il n’y avait qu’à l’entendre me parler, me jeter toutes ces choses à la figure. Fut un temps où tout ça ce serait terminé à combattre une menace commune ensemble, mais ce temps-là est révolu. Désormais, il est avéré que le combat sera bien l’un contre l’autre. Reste à savoir quand est-ce que cette prochaine confrontation se ferait. Car oui, je ne comptais pas m’aventurer plus longtemps dans ces locaux qui n’étaient plus ceux dans lesquels je me sentais en sécurité, où je l’appelais mon ‘’chez moi’’.

La mission maintenant était claire : récupérer le Quinjet et retrouver le Refuge au plus vite. Je m’occupais de la suite. Il fallait un nouvel endroit où se bâtir, maintenant que le QG était plus ou moins officiellement entre les mains de Tony, et donc du gouvernement. De voir Bucky atteint par Tony me fait monter la colère. Je ne peux que comprendre le passif entre les deux hommes. Zola nous a montré l’article de journal en rapport avec la mort des parents de Tony. Un meurtre brutal camouflé en accident de voiture. Je ne pouvais que comprendre la peine de l’homme dans l’armure, mais à l’époque, il ne savait pas ce qu’il faisait. Il était sous le contrôle d’une organisation œuvrant dans l’ombre afin de nourrir les conflits dans les différents pays. C’est pourquoi je l’attaque cette fois, afin de laisser de la marge à mon ami pour récupérer l’appareil et nous sortir de là. Dans une position comme la sienne, il ne peut répliquer. Cela ne ferait qu’empirer les choses. Je croise son regard après avoir endommagé l’armure de Tony.  Je le rassure d’un signe de la tête, me tournant ensuite vers Iron Man.

Ce dernier avait la visière de son casque retiré. Il n’y avait plus de place au cynisme et à l’humour, cela se voyait dans son regard. L’homme que j’avais jadis côtoyé avait disparu, remplacé par un homme convaincu du bienfait de sa croisade contre les personnes avec qui il avait combattu dans le passé en tant qu’Avenger.

« Vous vous efforcez toujours d’arranger les choses à votre manière Tony, sans vous rendre compte qu’il y a des gens qui vous entourent qui peuvent être impactés par vos décisions. Vous ne suivez que votre avis sans consulter celui des autres.  » dis-je à l’homme en face de moi. Concernant Bucky, je savais bien évidemment ce qu’il avait fait. Mais pouvais-je lui dire ? Ces années où je combattais avec lui en sachant cela. « Je sais qui il est…c’est mon ami. »

Une phrase toute simple mais qui montrait que peu importe ce qu’il avait fait dans le passé, je restais attaché à lui. Je regarde Tony perplexe lorsqu’il déclare que je venais de détruire ce qu’on avait bâti ensemble. Le Quinjet se manifesta peu de temps après, signe qu’il était temps pour moi de partir et de laisser mon ancien coéquipier derrière moi. Sa visière retombée, je lui adressais ces derniers mots.

« Vous avez détruit les Avengers au moment où vous avez signé les Accords. Vous êtes le seul responsable de sa destruction, depuis le départ. »

Alors que je comptais sauter vers la rampe d’accès du Quinjet, Tony m’attaqua une nouvelle fois. Je bloquais le premier coup avec mon bouclier, puis faisais de même avec le second. Ce qui allait suivre m’embêtait, mais je devais le faire, pour me sauver d’ici, et surtout ne pas faire perdre espoir à ceux qui avaient besoin de moi. Je répondais une dernière fois avec un violent coup de bouclier sous le casque, puis je reculais afin de lui donner un coup de pied en direction du torse.

« J’espère que la prochaine fois, vous aurez enfin comprit… »

Je fis demi-tour en courant, puis sautais dans l’appareil dont la rampe était ouverte. Je jetais un dernier regard en direction de Tony, puis rejoignais Bucky dans le cockpit. Il savait où aller, je n’avais pas besoin de lui dire. Je posais ma main sur son épaule, sans un mot. Je voulais juste oublier cette journée désormais...