Course-Poursuite à travers le Bronx - Feat Willow

Felicia & Willow 

Sa main est posée sur sa nuque, légèrement douloureuse, qu'elle masse lentement. Devant elle, un tas impressionnant de papiers et dossiers s’amoncellent sur le bureau à laquelle elle est assise depuis… Six heures du matin. Donc presque cinq heures, déjà. Son ordinateur est allumé, ses yeux parcourent encore une dernière fois les notes répertoriées au fil de ses lectures. Il y a également de nombreuses feuilles noircies par son écriture ; la nuit aura été productive. Sans compter son piano qu’elle a accordé tout comme ses placards ont été organisés. Encore une fois. Puis les lettres, les mails, à rattraper après presque trois longs mois d’absence. Willow en vient presque à se demander ce qu’elle va bien pouvoir faire, la nuit prochaine, lorsqu’elle ne dormira pas. Ou plutôt, elle dormira deux petites heures avant de se réveiller en sursaut à cause de son cauchemar qui lui provoque une véritable terreur nocturne. Oh, elle trouvera bien, il y a toujours quelque chose à faire. Comme par exemple, démonter et remonter une étagère qui lui semble bancale. Ou juste pour le plaisir de la réorganiser. Elle pourrait également changer les meubles de place. Voyez, tout un tas de choses à arranger ! Sauf si elle ne dort pas chez elle. A cette pensée, les sourcils de la brune se froncent, rien que le fait que cela lui soit passé par l’esprit ne lui plait. Cette faiblesse, elle la déteste. Ce que la jeune femme devrait faire, c’est de mettre fin à tout ça. Elle n’a besoin de rien ni personne pour veiller sur elle. Pas même Scott. Surtout pas celui qui l’a vue dans un état inconnu de toutes les connaissances de Will. Inconnue d’elle-même. Pourtant elle sait bien qu’elle ne fait que se mentir à elle-même, que la présence de Scott lui est bénéfique mais plutôt mourir que de se l’avouer. Jusqu’à ce qu’elle soit de nouveau avec lui. L’agent du Shield passe une main sur son visage, dépitée avant de refermer son ordinateur et de se mettre à trier et ranger ses dossiers. Hors de question qu’elle quitte son appartement sans avoir mis de l’ordre sur son bureau. Ce n’est qu’une fois les piles parfaitement réalisées et espacées de six centimètres très exactement que la brunette consent à quitter son bureau avec sa tasse de thé vide à la main. D’un pas un peu trainant, elle passe par la cuisine pour remplir pour la énième fois la tasse Union Jack avant d’aller s’asseoir sur le rebord d’une des fenêtres du salon. Dans l’appartement, le Requiem de Mozart résonne, fait presque vibrer les murs tandis que Will écoute, paupières fermées. Ses doigts battent la mesure sur le bois de la fenêtre, l’apaisement que procure le sublime morceau est total ; l’esprit de la brune est complètement vide de toutes réflexions désagréables. Les dernières notes éclatent comme des bulles des savons puis le silence ; l’air tremble encore sous l’intensité de la musique qui s’est tu. Un petit soupir, une main dans ses cheveux et après avoir vidé sa tasse, la jeune femme quitte son rebord de fenêtre. Le mug est lavé, la cuisine rangée -bien qu’elle n’en ait pas vraiment besoin- et ses escarpins enfilés. Ses doigts replacent quelques mèches brunes, ajustent le chemisier blanc à l’intérieur du jeans noir, elle vérifie son rouge-à-lèvres carmin et finit par enfiler son trench-coat noir ainsi que son arme de service. Ne jamais sortir sans.

La brune descend les escaliers avec une rapidité moindre, épargnant ses côtes car oui, elle a promis qu’elle serait raisonnable. Et même si dans le fond, elle ne l’a jamais été et ne pensait pas tenir sa promesse, elle le fait presque inconsciemment. Les deux dernières marches, elle les saute, esquisse un bref mouvement de la tête en croisant un de ses voisins. D’ailleurs, ceux mitoyens ont dû être ravis de la voir revenir, elle est son « tapage nocturne ». A part peut-être la petite vieille d’à côté qui, sourde comme un pot, ne voit aucun problème à ce que Willow joue du piano en plein milieu de la vie ou démonte des meubles. Ses pas la mènent rapidement dans le métro dans lequel elle s’engouffre rapidement, se mêlant à la foule de passagers qui sont tous pressés. Will monte dans le wagon, se plaçant dans un coin pour relire son papier destiné à un petit magazine scientifique qui lui avait demandé, plusieurs semaines plus tôt, d’écrire un article sur l’acide nucléique. Ca lui aura juste pris une petite partie de sa nuit. Elle lève les yeux, vérifie les stations avant de ranger son dossier pour se glisser entre les personnes et s’extirper du métro. Le Bronx n’est pas le quartier que la jeune femme connait le mieux, elle n’y va que peu et préfère le Queens ou encore Brooklyn. L’adresse ainsi que les directions sont gravées dans sa tête, près du zoo, elle n’a aucun mal à trouver le siège du petit magazine et ainsi, déposer son article avant de repartir vers le métro. Mais c’est là qu’elle est arrêtée par une brune qui ne lui est pas inconnue.

« Oh Felicia. Dit-elle, surprise. Comment vas-tu ? C’est vrai qu’on ne s’est pas croisé depuis un certain temps. J’ai passé pas mal de temps à voyager du coup je n’étais que très peu sur New-York. »

La brunette sourit, bien sûr c’est un mensonge. Elle se voit mal raconter la véritable raison de sa disparition soudaine. De toute façon, ça ne regard personne d’autre qu’elle.

Felicia & Willow 

Ses paupières clignent plusieurs fois tout en fixant Felicia en face d’elle. Oui, Willow est assez surprise de croiser la brune ici, en plein milieu du Bronx. Pourquoi ? Oh, pas de raisons particulières. Il faut dire que Felicia est du genre à parcourir la ville en long, en large et en travers avec le job qu’elle exerce. La mutante n’arrête jamais, c’est un peu pour cela qu’à une époque, Will a essayé de la recruter pour le Shield. Ou plutôt, on a demandé à Will de persuader Felicia à rejoindre les rangs de l’organisation. Ca n’a pas marché, ce fut même un cuisant échec. D’un côté, le recrutement n’est absolument pas dans les cordes de Will, elle n’avait pas réellement de bons arguments pour faire flancher la mutante et, n’a pas vraiment insisté. Ou juste manière de, afin qu’on ne dise pas qu’elle a fait preuve de mauvaise foi dans cette « mission ». Ce qui est exactement le cas. Aller sur le terrain plait à Willow mais qu’on l’envoie chercher de la chair fraîche pour grossir les rangs du Shield, non, vraiment, ça n’est pas une tâche qui la passionne. Au moins, ça lui aura permis de rencontrer Feli et de devenir… Amie avec ? Mmmh. Vite dit. Disons que c’est une connaissance amicale et agréable. Voilà, cela définit bien Felicia. Elle observe la détective avec intérêt, remarquant la dragonne d’un appareil photo à son poignet et aussitôt, la brune comprend que Felicia est en plein dans une filature. Et elle prend le temps de s’arrêter pour discuter ? Voilà quelque chose qui laisse Willow perplexe. Ou alors est-ce de la politesse ? Si Feli ne l’avait pas interpelée, il est fort probable que l’agent du Shield n’ait même pas fait attention à elle.

« Moi ça va tu sais, le jour où je te dirais que ça ne va, c'est qu'il y aura un vrai problème. Tu as visité des choses alors ? Tu as peut être quitté le pays ?
-C’est top-secret, voyons. Répond Willow avec un clin d’oeil amusé. Non, j’ai été pas mal en Europe ; des conférences scientifiques et autres m’ont tenue occupée et éloignée de New-York. »

Que de mensonges, en ce jour ! Mais cela passe tellement bien, Willow est une experte lorsqu’il s’agit de mentir, ne montrant jamais le moindre signe de nervosité face au mensonge. Elle esquisse un sourit tandis que Felicia emboite le pas et… Will la suit. Se rendant rapidement compte qu’elle part à l’opposé de sa direction initiale, ne brune ne fait pas de commentaires. En vrai, elle est assez curieuse de voir qui Felicia peut bien prendre en filature.

« Alors, murmure-t-elle, qui suit-on ? Ne me dis pas « personne », j’ai remarqué ton appareil photo puis c’est une évidence, venant de toi. »

Le regard de la jeune femme parcourt les environs à la recherche de celui ou celle que Felicia suit en toute discrétion. Elles approchent de plus en plus du zoo et Will finit par repérer un homme qu’elle a vu un peu plus tôt. Mmmmh. Ce doit être lui. La petite brune aimerait pouvoir poser des questions, connaître les raisons de cette filature mais elle se doute que la mutante ne lui répondra pas. Quoi que… Après tout, c’est elle qui a emboité le pas, la poussant indirectement à la suivre à travers les rues du Bronx.