Sujet: Sheba : Dernier recours ft. Niall Sam 24 Oct - 13:15
Sheba : Dernier recours
Niall & Ethen
Il ne savait pas comment l’idée de faire le tour du quartier avant de rentrer chez lui lui avait traversé l’esprit, mais dans l’immédiat ça lui avait semblé être une bonne idée. Il avait passé sa journée assis au bureau, comme tous les putains de jours depuis 3 ans, à contempler avec envie l’agitation de ses collègues. Bordel, il aurait donné n’importe quoi pour les rejoindre, courir entre la machine à café et les réunions de débriefing. A la place, il ne faisait que boitiller entre les archives et son ordinateur à cathéter (restrictions budgétaires qu’on lui avait dit). Alors ouais, faire quelque chose d’utile, même hors service, ça lui avait semblé être une bonne idée. Ça lui rappelait l’époque où les rondes du soir leur tombaient toujours sur le cul avec son partenaire ; généralement le tout était accompagné d’un Burger-Frites mais il n’avait pas trouvé nécessaire de passer au Fast-Food avant de ratisser le quartier. Au moins, avoir son flingue à sa ceinture et un uniforme lui donnait l’impression d’être un vrai flic, pas une sorte de secrétaire unijambiste. Il lâcha un ricanement amer à cette pensée et par automatisme, sa main vint trouver son genou raccourci. Même maintenant, le moignon lui donnait la gerbe. Foutus Avengers. Au moins il était sûr de ne pas tomber sur un de ces malades dans un quartier aussi éloigné du centre. Ils devaient tous être en train de se gargariser au champagne et au caviar dans leur tour d’ivoire, ou en train de planifier la prochaine invasion extraterrestre pour prouver à tout le monde qu’ils étaient des putains de héros.
Ses pensées amères furent interrompues par un mouvement dans le coin de l’œil. Il était en voiture de fonction, mais les phrases éteints et l’éclairage aléatoire des vieux lampadaires clignotants ne le rendaient pas des plus visible. En revanche, il avait une très bonne vue, et autant dire que voir un type déménager son écran plat en plein milieu de la nuit, c’était plutôt suspect. Continuant sa route, il se gara un bloc plus loin, revenant sur ses pas à pieds. La discrétion de mise bien sûr, avec sa putain de prothèse qui couinait comme une gonzesse se faisant pilonner. Bordel, pas étonnant qu’on ne l’envoyait plus sur le terrain ; à peine arrivé que les criminels auraient eu le temps de se carapater.
La pensée qu’intervenir seul n’était pas forcément une bonne idée lui traversa l’esprit, mais il la balaya bien rapidement ; qu’est-ce qu’il avait à perdre de toute façon ? Si le type était armé, il lui rendrait bien des services en lui tirant une balle dans le crâne. Le pire qui pourrait lui arriver serait de perdre une autre jambe, mais là encore, peu probable. Main sur son flingue, davantage par réflexe que par désir de s’en servir, il s’approcha de la masse sombre qui venait de s’engouffrer par la porte d’entrée. Poussant entièrement le battant entrouvert, Ethen pointa l’arme en avant ; il devait plisser les yeux pour y voir clair, et la sécurité n’était pas retirée. Il ne pouvait pas prendre le risque de tirer sur un pauvre diable s’il surgissait devant lui par surprise.
« Police ! Il y a quelqu’un ? »
Duh, Captain obvious. Evidemment qu’il y avait quelqu’un, il l’avait vu entrer quelques secondes plus tôt. Et le manque de réponse était assez significatif en lui-même. En revanche, il ne doutait pas que l’homme avait des acolytes. Chose étrange, il ne les avait même pas aperçus. Dans ce genre de situations, un guet était posté à l’entrée, histoire de prévenir les autres si les choses tournaient au vinaigre. Mais Ethen n’avait vu rien ni personne. Malgré son manque d’intérêt pour les malheurs qui pourraient survenir s’il se montrait aussi imprudent et n’appelait pas les renforts, il ne pouvait pas empêcher son souffle de se couper et son cœur de s’accélérer. Putain, ça faisait des lustres qu’il ne s’était pas senti aussi bien ; l’action lui faisait oublier le grincement persistent de sa prothèse, et la douleur qui lui vrillait la cuisse quand il s’appuyait sur sa mauvaise jambe. Il était rempli d’adrénaline, prêt à bondir sur la première chose qui bougeait. Bien sûr, il avait pensé ça métaphoriquement : il ne s’était pas imaginé réellement sauter sur l’ombre noire qui avait surgit devant lui, en clair délit de fuite. Pourtant, il s’était aussitôt lancé à sa poursuite vers le garage, l’empêchant de s’éclipser sous la porte coulissante en l’agrippant par son vêtement. Et encore une fois, il comprit pourquoi on ne l’emmenait pas sur le terrain. Un geste brusque de l’autre, et il se sentait chuter en avant, son flingue glissant sous la porte du garage alors que cette dernière se fermait devant eux, et son propre corps collapsant sur celui du présumé voleur. Parce que bien sûr, ce genre de merdes n’arrivait qu’à lui.
Emi Burton
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Sujet: Re: Sheba : Dernier recours ft. Niall Sam 24 Oct - 13:47
Sheba : Dernier recours
Ethen Desmond ∞ Niall Southway
Difficile de le nier, depuis que mon appartement était partit en fumé et que je squattais chez Graham, j’avais ignoré mon cancer et ma santé tout simplement pour me plonger dans le boulot. J’avais à nouveau tout perdu mais cela ne m’empêchait pas de faire mon possible pour que cette situation ne soit que transitoire, que je ne traine pas trop longtemps dans le penthouse de mon ami. Je savais sa générosité purement amicale mais je ne pouvais m’empêcher de m’imaginer que, quelque part, il avait un peu pitié de moi et de ma situation de merde.
Alors je bossais. Le sommeil me fuyait alors j’attendais que Graham soit endormit pour ne pas qu’il pose de question quant à mon état de santé et je filais à l’anglaise. Parfois je partais avec Graeme, mon chien, parfois, lorsque je savais que j’irais bosser, je ne le prenais pas. J’évitais de le prendre avec moi quand j’allais dans des quartiers où je savais qu’il y avait des chiens. Si mon husky était bien élevé et savait se montrer parfaitement discret, ce n’était pas le cas de tous ces sales clébards de quartiers.
Mais ce soir, je l’avais pris avec moi. Lorsque je le laissais plus de deux nuits d’affilées, il pleurait et réveillait Graham. Donc, aujourd’hui, malgré le quartier où je devais bosser, j’avais mon fidèle compagnon à mes côtés. J’étais arrivé dans le quartier alors que les éclairages merdiques crachaient leur lumière glauque par intermittence. Ancien SDF, je préférerais presque être à la rue que de vivre dans ce quartier paumé et glauque pendant la nuit. Un coin parfait pour faire un petit vol. Le contrat de ce soir était simple.
Trop simple même. Il avait été commandité par un ex-mari mécontent d’avoir été éjecté de chez lui en ne pouvant récupéré que quelques caleçons. Et si on aurait pu croire qu’il aurait voulu un droit de visite pour sa gamine, ce n’était pas le cas. Ce qui l’obnubilait, c’était sa putain de tv. Quel monde de barges. Sa putain de tv… Il m’avait donné les clés du garage donc je n’avais eu aucun soucis à rentrer. La famille était partie en vacance la veille au soir. Ils s’étaient envolés pour passer des vacances sous le soleil grec. Le gars fonctionnait bizarrement mais il payait bien. 80% du prix de sa putain de tv neuve.
Un gars serait en voiture devant. Je devais lui déposer la tv et après j’avais le droit de me servir dans ce qui restait. Plutôt généreux mais pas de gais ou quoi que ce soit sur le coup. J’étais seul. Mais je suis doué dans ce que je fais et j’ai les clés. Donc il était toujours possible de sortir un bobard énorme du genre, ‘hey, je suis son cousin, machine m’a dit qu’elle avait un souci avec sa tv et je profite que je passe dans le coin pour lui faire la surprise de la réparation pour son retour de vacance mais j’ai pas les bons outils pour bosser chez elle.’ Et hop, le New Yorkais lambda ne poserait pas plus de question que ça. Surtout si on se met à causer et qu’on a l’air confiant. La confiance fait beaucoup dans ce métier ?
Tout se passait bien. J’étais entré par le garage, avait servi un bol de sheba à Graeme –me demandez pas pourquoi les chiens adorent la bouffe pour chat, je ne le sais pas moi-même- et je m’étais servis. J’avais sorti la tv comme prévu et j’étais retourné à l’intérieur à la recherche de quoi que ce soit pouvant se revendre à bon prix. Seulement, un petit quelque chose m’en empêcha. « Police ! Il y a quelqu’un ? » Je m’immobilisai, fouillant l’obscurité du regard à la recherche de la voix. Merde ! Bordel ! C’était bien ma putain de veine ça ! Il fallait que je tombe sur un poulet en patrouille !
Je le vis enfin. Et il était armé le con… Je pris une grande inspiration et lançais le mécanisme de fermeture du garage. Je m’élançai ensuite, courant vers la porte se refermant. J’entendis mon chien m’embrayer le pas, tout comme le flic. Je sentis sa main s’agripper à moi. Un juron coloré s’échappa de mes lèvres, ça allait pas le faire cette histoire. Je tirai pour me dégagé et cet enfoiré me tomba dessus !
Alors qu’on chuta je lâchai les clés de la maison, elles glissèrent de l’autre côté de la porte en même temps que le flingue du boulet qui se collait à moi dans un désordre de jambes et de bras. Je n’avais pas d’armes, il n’en avait plus. Mais il avait peut-être contacté quelqu’un. Je sifflai et aussitôt, mon brave husky se joignit à la partie, grognant sombrement sur l’inconnu alors que je me dégageais comme je pouvais.
L’enfoiré… En plus je me suis rappé le visage sur le sol de ce putain de garage. Je retournai immédiatement sur lui, le saisissant par le col. Du regard, je fouillais à la recherche d’une radio. S’assurer qu’il n’avait pas appelé de renfort avant. Je ne vis rien du genre mais il faisait noir. Furieux de me retrouver coincé ici, je le repoussai sans ménagement sur le sol avant de me relever. « Félicitation Starsky, grâce à toi on est coincé. Tous les deux. » J’époussetais ma veste en cuir. Je savais que les forces de l’ordre, ça pissait pas très loin mais je pensais pas qu’ils engageaient de tels incompétents.
J’allais caresser doucement mon chien dont le grondement commença à se calmer doucement. Puis je me retournai à nouveau vers le flic et croisai les bras. Je suppose que je devais me faire une raison et attendre que les renforts n’arrivent avant d’espérer pouvoir foutre le camp d’ici. « Je suppose que Hutch est en route… »
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Sujet: Re: Sheba : Dernier recours ft. Niall Sam 24 Oct - 13:51
Sheba : Dernier recours
Niall & Ethen
Il fallait absolument que ça finisse comme ça, uh ? Lui qui entreprenait quelque chose, la chose en question qui tournait au vinaigre, et lui qui se sentait encore plus misérable qu’il ne l’était avant. Il fallait se rendre à l’évidence : sa carrière était vouée à l’échec. A vrai dire, elle était déjà au fond du gouffre. Mais là, ça l’avait frappé en plein visage ; il était destiné à trier les foutus rapports de ses collègues jusqu’à la retraite, ou du moins jusqu’à ce que mort s’en suive. Si ce n’était pas tordant que de voir ça. La carrière qu’il chérissait tant, arrachée à cause d’une jambe en moins. Il n’arrivait même plus à coffrer un voleur de bas étage et son putain de cabot. Tombant assez violemment sur le cul (aussi métaphoriquement que littéralement), il poussa un grognement de douleur, glissant une main sur son coccyx douloureux. L’enfoiré. Il était handicapé, mais il n’était plus tout jeune non plus.
Étonnement, il ne craignait pas spécialement pour sa vie. Un cabot aux basques et un type d’au moins 10 centimètres de plus en face de lui, mais hey, c’était pas comme s’il avait spécialement envie de vivre de toute manière. Toutefois fébrile face à la retombée d’adrénaline, il vérifia son étui à pistolet vide par pur réflexe, les mains tremblantes. Il resta assis à même le sol, levant des yeux brillants vers le chien, puis le voleur, avant d’en revenir au chien. Il craqua même un sourire face aux reproches de l’autre homme ; sourire qui s’effaça aussitôt en apprenant qu’ils étaient enfermés. Eh, qui possédait une maison qui se fermait de l’intérieur de toute manière ? Il avait envie de demander au crétin en face s’il se foutait de sa gueule, mais sa mine agacée, voire même carrément fulminante montrait bien qu’il était on ne peut plus sérieux. Bien sûr, Ethen n’était pas stupide au point de croire un cambrioleur sur parole. Il prit appui sur sa bonne jambe, et, comme il avait appris à le faire pendant les années suivant son amputation, prit son élan pour se lever, sentant sa prothèse appuyer confortablement le moignon. Il s’avança vers la porte du garage et tira vers le haut ; une fois, deux fois, peut-être même une troisième avant d’abandonner l’idée et se rendre compte avec horreur que « crétin au clébard » avait raison. D’autant plus que le voleur semblait compter sur lui pour voir un Hutch débarquer à la rescousse. Bordel, il avait plus de Hutch pour veiller sur son cul depuis près de 5 ans, personne ne viendrait le chercher, encore moins ici.
Il s’éclaircit la voix, zieutant toujours le chien du coin de l’œil alors que sa main fouillait dans la poche avant de son uniforme pour en sortir un paquet de cigarettes. S’il avait ressenti un semblant de calme précédemment, ce dernier s’était sans doute envolé pour laisser place à une discrète frénésie. Merde, il n’arrivait même pas à faire cesser ses tremblements ; il chevrotait tellement que sortir une clope du paquet en devenait une véritable épreuve. Au final, il parvint à en coincer une entre ses lèvres et fouilla l’arrière de son pantalon pour y trouver son briquet qu’il fit cliquer plusieurs fois avant de parvenir à allumer le bâton de tabac.
« … J’ai pas de Hutch. Hors service, sans coéquipier. Merde, j’suis même pas dans la patrouille du soir. »
Il cracha ces derniers mots silencieusement, secoué par un petit rire amer. Au moins, la nicotine parvenait à le calmer un minimum, même si sa nervosité était clairement visible de par ses légers balancements d’avant en arrière. Disons qu’après avoir été enfermé dans une voiture avec la jambe à moitié découpée, il avait du mal avec les endroits clos. Encore une fois, il jeta un coup d’œil méfiant au chien qui restait calmement auprès de son maître. Il n’était pas très à l’aise avec les animaux, même si ce dernier semblait dressé ; quoi que ce n’était pas vraiment une consolation puisque son très cher propriétaire avait clairement une dent contre lui. Quel con il avait été d’intervenir. Mais bien sûr, il fonçait toujours tête la première, sans réfléchir. Ca n’était pas la première fois.
« J’suppose que tes partenaires non plus risquent pas de revenir te chercher ? »
Demanda-t-il, marmonnant comme à son habitude et rendant la phrase à peine compréhensible. Bordel, il détestait parler ; il détestait les inconnus, et encore plus, il détestait les putains de voleurs. Rien que d’être enfermé avec une autre personne lui donnait envie de se pendre au tuyau d’arrosage accroché au mur. Il priait tous les foutus Dieux, Asgardiens ou pas, que quelqu’un vienne les libérer au plus vite.
Emi Burton
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Sujet: Re: Sheba : Dernier recours ft. Niall Sam 24 Oct - 13:54
Sheba : Dernier recours
Ethen Desmond ∞ Niall Southway
En silence, je détaillais l’enfoiré qui m’avait fait planter mon vol. Il sortit un paquet de cigarette de sa poche et je sentis l’envie de fumer me chatouiller la gorge. Mes doigts jouèrent un peu sur mon bras. Décidément, ce n’est pas demain que je vais réussir à me débarrasser de cette saloperie d’addiction. Ses mains tremblaient tellement qu’on pourrait croire qu’il a parkinson. C’est moi qui l’intimide autant ? Ce serait amusant que ce soit le cas. Le cliquetis du briquet retentit. Oh, que je connais ce bruit. Mon corps le connaît, y réagit. Il attends maintenant sa dose de nicotine, habitué qu’il était à la recevoir après avoir entendu ce petit bruit si caractéristique. « … J’ai pas de Hutch. Hors service, sans coéquipier. Merde, j’suis même pas dans la patrouille du soir. » Putain… Sans dec ? J’me suis fait choper par un putain d’administratif zélé ? Un connard qui s’est mis à faire un boulot qui était pas le sien ? Si c’est pas totalement honteux, c’est au moins un coup dans la fierté.
Essayant de cacher le choc de la nouvelle, je lançai un petit ricanement, décidant qu’il valait mieux en rire qu’en pleurer, me moquer ce lui plutôt que lui montrer que ça me fait chier de m’être fait coincer dans ce putain de garage par une saloperie d’administratif en manque d’action. « J’suppose que tes partenaires non plus risquent pas de revenir te chercher ? » Je levai un sourcil. Parce qu’en plus, après avoir essayé de me taclé, il jouait les timides ? Je m’approchai de lui. Merde, avec sa putain de clope allumée, j’arrivais pas à me concentrer. Une fois en face de lui, je profitai de sa mine boudeuse pour lui prendre son paquet de clopes. Je lui en pris une en m’éloignant. Comme j’suis un gars bien et respectueux de certaines addictions, je lui relançai son paquet alors que je sortais mon propre briquet pour allumer la cigarette volée.
Je fermai un bref instant les yeux, retenant le tabac dans mes poumons. Bon, situation de merde, bonjour. Le gars du contrat m’avait assuré que le garage était la seule entrée qui ne déclencherait pas d’alarmes et, bordel, hors de question de déclencher une alarme avec le poulet tremblotant que j’ai en face de moi. Je relâchai la fumée. Non, je vais garder cette petite info pour moi. Il a pas l’air bien intelligent de toute manière. Peut-être même qu’il ne pensera même pas à la possibilité de rejoindre l’intérieur de la maison et de péter une fenêtre pour sortir. « Articule Starsky. J’aime pas les flics mais j’vais pas t’bouffer. Même si j’aurais bien envie de te bousiller la tronche pour m’avoir fait planter un contrat aussi simple que celui-ci. »
Gaulé par un putain d’administratif, j’en reviens toujours pas… Je le détaillai de haut en bas, tirant sur ma clope, le jugeant de mon regard. « Voilà pourquoi je déteste les flics. Ca à un badge alors ça se prend pour un putain de héros. » Je me détournai de lui et allai jeter un coup d’œil aux étagères du garage, cherchant du matos de bricolage pouvant valoir quelque chose du regard. Je n’ai aucune envie de lui faire la conversation. Il représente tout ce que je déteste dans la société… Non, je déteste la société pour ce qu’elle est dans son entièreté, préférant marcher à côté, en marge de la norme. Mais la police représente la loi. Les lois toutes plus connes les unes que les autres, les lois les plus injustes qui existent.
Un putain de règlement qui ne s’applique pas au cas par cas. Un bloc de lois qu’on applique comme des singes, comme des moutons. Tu rentres dans le cadre de l’article truc machin ? Tant mieux pour toi, tu as massacré ta famille au couteau de boucher mais comme cette close rentre en jeux, tu es libre mec ! N’importe quoi. Un gros saut de merde que les lois. Et savoir que des hommes peuvent être assez cons que pour passer leur vie à défendre ces lois barbares et idiotes, ça me donne la gerbe. Presque encore plus que de voir tous ces connards anti-mutants du Parti Collectif.
Je coinçai ma cigarette entre mes lèvres et attrapai deux petites tiges métalliques. Puis, j’allai vers le boitier mécanique de la porte et commençai à jeter un œil à la serrure. Peut-être que j’arriverais à la crocheter, même si ce n’est pas ma spécialité. Je retirais ma clope de mes lèvres et me tournai vers le flic. « Dis-moi qu’tu sers à quelque chose et que t’as une lampe torche sur toi Starsky. »
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Sujet: Re: Sheba : Dernier recours ft. Niall Sam 24 Oct - 14:10
Sheba : Dernier recours
Niall & Ethen
Qu’on se comprenne, Ethen n’avait pas peur de ce type. Du moins, pas au point d’en trembler comme il le faisait actuellement. A vrai dire, il avait davantage peur du chien que du maître en lui-même. Nan, ce qui lui faisait peur c’était le contact humain et l’enfermement. Alors la combinaison des deux qu’imposait la situation ne jouait pas vraiment en sa faveur. Tirant presque frénétiquement sur sa cigarette, Ethen leva son majeur en direction du voleur, lui faisant très clairement comprendre que sa nervosité ne venait pas de lui, mais bel et bien de la situation. Et aussi qu’ils pouvaient aller se faire foutre, lui et ses commentaires sarcastiques. Quitte à faire ça bien, Ethen préférait prendre ce type au corps à corps que de se laisser marcher sur les pieds. Du moins, une fois qu’ils seraient sortis d’ici et qu’il aurait autre chose que quatre murs clos autour de lui. Mais bien sûr, encore une fois la question du chien posait problème ; ce cabot pouvait lui sauter dessus au moindre geste de travers, et il se passerait bien d’une morsure au cul à afficher sur le récapitulatif de ses cicatrices. Rabaissant précautionneusement son bras, il retourna son regard sur le canidé, toujours méfiant.
« Comme si t’avais eu besoin de moi pour foirer ce coup. La porte grande ouverte et un type qui déménage une télé en pleine nuit ? Très discret Arsène. »
Cette fois-ci, il fit un effort pour articuler correctement, exagérant presque de par la lenteur de sa prononciation et s’adressant au voleur comme s’il était un enfant, ou un parfait idiot. Eh bien, peut-être qu’avec ça il comprendrait. Même s’il n’était pas du genre à casser la gueule à quelqu’un à la moindre moquerie, comme tout le monde Ethen n’aimait pas vraiment qu’on s’amuse à ses dépens. Répliquer pouvait s’avérer être un problème, surtout dans ce genre de situation où tout semblait lui échapper ; pourtant il faisait de son mieux pour ne pas ressembler à une donzelle en détresse devant celui qu’il comptait bien arrêter par la suite ; parce qu’il comptait bien le faire, ne serait-ce que pour la satisfaction de le voir couiner derrière les barreaux pendant 48h. Même si ce n’était là qu’une violation de domicile, puisqu’il était parvenu à l’arrêter avant qu’autre chose que la télé de s’échappe. Et au vu du manque de réponse face à l’inquisition de l’état de ses « partenaires de cambriolage », il doutait que le criminel soit réellement venu en équipe.
Le vol de sa cigarette en revanche ne passa pas inaperçu, l’autre homme se recevant un regard noir de la part de Ethen, qui cacha précieusement son paquet dans la poche arrière de son pantalon de service. La combinaison de cela et du commentaire désobligeant qu’il se reçut en pleine poire firent se sceller ses lèvres, baissant un regard nerveux sur sa jambe disparue, avant de le remonter vers le voleur qui se dirigeait vers la porte du garage. Il se savait assez inutile pour se passer de ce genre de piqûre de rappel. Bordel, si ça le tuait pas que de savoir qu’il ne pourrait jamais plus être utile sur le terrain … Il avait été le major de sa promotion, et finissait les mains dans les dossiers et les yeux brûlants de fatigue. Pathétique, encore une fois. Au moins, l’un d’entre eux semblait avoir des idées pour sortir d’ici ; si seulement cette personne avait été lui-même. A la place, il se contenta d’obéir à l’autre homme, détachant sa petite lampe de poche de sa ceinture pour la lui la tendre. Il pouvait fournir l’éclairage, piètre consolation.
Sentant le silence devenir oppressant, Ethen recula de quelques mètres, commençant des rondes boiteuses le long des murs, espérant trouver une issue. La porte intérieure semblait être la plus évidente, mais il doutait que le voleur soit assez con pour ne pas y avoir pensé. Il s’éclaircit la voix, se balançant d’un pied à l’autre avant de prendre la parole, la voix cassée par une nervosité tangible. Ses mains se cachèrent dans ses manches par réflexe et il porta le tissu à sa bouche pour le mordiller.
« Ethen. » Le silence qui suivit ne dura qu’une demie seconde, mais aussitôt il se sentit obligé de rajouter : « Pas Starsky. Et pourquoi ‘pas la porte’ ? »
Ce n’était pas une suggestion, mais bel et bien une question. Il était curieux de savoir pourquoi le voleur et son chien ne s’étaient pas déjà barrés en passant par la maison. Le petit boitier lumineux à côté de la poignée répondit à sa place. Système de sécurité. Eh, évidemment pour le voleur cela devenait gênant. Pour lui aussi ça pourrait le devenir. Il ne manquerait plus qu’il perde son job, sa seule raison de vivre. Déjà qu’il était merdique, il se passerait volontiers de longues journées d’ennui, à passer des entretiens ratés d’avance. Il avait déjà essayé, par dépit ; personne n’engageait un infirme.
Emi Burton
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Sujet: Re: Sheba : Dernier recours ft. Niall Sam 24 Oct - 14:26
Sheba : Dernier recours
Ethen Desmond ∞ Niall Southway
Je l’observais détacher la lampe torche de sa ceinture avec un certain agacement. En plus de m’être fait coincer par et avec un administratif ! Un putain d’administratif ! Même pas un vrai flic quoi ! En plus de ça, je me retrouvais avec une boule tremblante, nerveuse et, bordel, on dirait un putain de boulet. J’avais dû être coincé avec l’administratif le moins efficace du content. Mais qu’ai-je fais à Dieu pour mériter ça ? Qu’on me diagnostique un putain de cancer du poumon en première phase, je peux l’accepter vu que je fume comme un camion depuis tout jeune. Que mon appart part en feu parce que mon voisin du dessus à pas trouvé de manière plus intelligente de se suicidé qu’en se foutant le feu après avoir vidé je ne sais trop combien de bouteilles de whisky dans son appartement, allez, les gens sont cons. Même si ça me fait chier de me retrouver à la rue, cette fois ci je suis plus seul pour faire face à ça. Mais là, bordel. Coincé dans un putain de garage avec un putain de boulet quoi ! C’était comme si une sorte de force divine essayait de me faire passer un message.
J’aurais pu tomber sur supercops quoi ! J’aurais un peu ragé mais là, à voir l’autre nigaud me tendre sa foutue lampe de poche, je sentais mes poils se dresser. J’attrapai la lampe d’un geste vif, tirai une dernière fois sur la cigarette volée avant de la poser sur le petit bloc qui servait à recevoir cette foutue clé. J’allumai la lampe et la coinçai entre mes dents. Je récupérai les outils qui n’en étaient pas vraiment –bordel, je devrais toujours sortir avec mon kit de crochetage- et essayai de faire ce que je pouvais avec ce que j’avais. Mais il n’y a que dans les films qu’on voit des gens crocheter des serrures avec une épingle à cheveux ou ce genre de conneries.
Le silence s’installa. Je m’acharnais sur le pauvre boitier sans arriver au moindre putain de résultat. Et comme cette merde m’énervait, je devenais de moins en moins précis, de plus en plus sec dans mes gestes. Graeme, mon husky m’avait rejoint. Il observait en silence cet homme qu’il ne connaissait pas, méfiant. Je ne sais pas ce qui lui est arrivé quand il était chiot mais depuis qu’on s’est croisé, tous les deux à la rue et sans rien pour vivre, il a toujours été méfiant avec les inconnus. Et totalement paniqué dans les grandes foules. Et pourtant, le lien qu’on partageait tous les deux était fort. Il m’avait sauvé de la solitude, j’avais partagé le moindre de mes repas avec lui.
« Ethen. » Interloqué, la lampe torche toujours en bouche, je tournai la tête vers le flic. J’étais surement en train de l’aveugler mais j’m’en fou un peu. Après tout, c’est sa faute si on est coincé ici. « Pas Starsky. Et pourquoi ‘pas la porte’ ? » Je retirai la torche de ma bouche et récupérai ma cigarette qui avait continuée à se consumé. Je tirai quelques tafs en l’observant en silence. Vraiment ? Il posait la question ? Il était vraiment plus con qu’il en avait l’air ?
Ce silence plana au moins une demi-minute. « Niall. » Qu’il puisse me retrouver par mon nom ? Si je veux, dès demain, je peux être enregistré aux yeux de l’état sous un autre nom, ce n’est pas comme si je n’habitais pas avec un hacktiviste technopathe après tout. « Et pour la porte, t’es flic non ? Tu dois bien t’en douter. » Je pris le temps de profiter un peu de ma cigarette en le détaillant en silence. « Mais comme t’es pas censé être en service, voir que t’es pas sensé courir après les vilains voleurs, je suppose que tu vas pas fracturer une porte ou briser une fenêtre hein ? » Cette fois ci, c’était mon tour de lui parler comme à un gosse.
Déjà qu’il semblait avoir un QI déficient, tout tremblant dans son coin sans raison alors qu’il avait ‘héroïquement’ tenté de me tacler un peu plus tôt, il manquerait plus qu’il finisse de nous foutre dans la merde tous les deux. « Et pour la discrétion, ça fait partit de mon contrat. » Parce que la blonde qui vivait ici ne devait pas se douter que c’était son ex-mari qui voulait récupérer sa putain de tv à la con. Ça devait passer pour un vrai vol. D’ailleurs, j’aurais dû laisser cette foutue porte de garage ouverte et à moitié brisée en partant.
Je coupai la lampe torche et la lançai à Starsk… Ethen. « Tiens, récupère ton truc. Essayer de crocheter cette serrure avec ces outils, c’est comme essayer de te donner un peu de crédibilité. Pratiquement impossible. » Je croisai les bras, essayant de réfléchir à un autre moyen de sortir d’ici. « Une idée miracle de ton côté pour nous sortir de cette merde ? »
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Sujet: Re: Sheba : Dernier recours ft. Niall Sam 24 Oct - 14:37
Sheba : Dernier recours
Niall & Ethen
A vrai dire, Ethen ne s’était pas présenté dans l’espoir que l’autre ne lui réponde, ni même pour qu’il lui dévoile son identité. L’idée ne lui avait pas traversé l’esprit. Il s’était présenté tout simplement parce que la gêne de la situation le mettait mal à l’aise, de même que le surnom ridicule dont il se retrouvait affublé. Le silence qui suivit sa déclaration le fit gigoter de nouveau, passant son poids d’un pied à l’autre et se sentant rougir d’embarras. Voilà ce qui arrivait quand il s’essayait au moindre échange humain ; un silence signification et la honte qui lui tordait l’estomac. Savourant amèrement le rejet de sa conversation, il tourna le dos au voleur et inspecta le boitier de l’alarme dans l’intention de se faire oublier. Pourtant, la voix de l’autre le rappela à l’ordre, et il pencha la tête sur le côté pour regarder le criminel du coin de l’œil. Niall. Il le répéta plusieurs fois dans sa tête, prenant bien soin de le mémoriser, avant de sourire légèrement ; sa grimace était crispée, mais bel et bien visible. A vrai dire, il ne savait même pas à quoi ce rictus idiot était dû, mais pouvoir mettre un nom sur son « compagnon de cellule » le rassura un peu. Au moins, il pouvait le qualifier d’autre chose que voleur ou criminel.
« Ce type d’alarme alerte la police sans passer par l’agence de sécurité. Et le commissariat est à trois blocks d’ici. On aurait à peine le temps de se barrer par la porte arrière avant de voir les collègues débarquer. »
Il se mordit la langue pour ne pas rajouter qu’il était moins en danger que le voleur si ce genre de situation se présentait. Vouloir empêcher un cambriolage sans renfort ou sans en alerter la centrale lui coûterait un mon sermon au pire, mais Niall était celui qui risquait le plus. Un voleur, sans doute avec antécédent, ayant réussi à désarmer un policier et l’avoir gardé captif de longues heures durant. Il voyait les gros titres d’ici, les tabloïds du quartier clamant au policier enlevé puis torturé dans une maison du Bronx. Alors qu’en vérité, il était juste un flic incompétent, incapable d’arrêter un voleur de bas étage. Il ne répondit pas à Niall ni à sa provocation gratuite ; mais au fond il n’avait pas tort en supposant que même pour lui, l’arrivée d’autres flics ne serait pas une bonne chose. Il n’avait pas envie de se faire chopper hors service, en train de courir après un voleur et s’être placé dans cette situation embarrassante. Déjà qu’on le traitait comme un infirme incapable, il se passerait bien d’en rajouter une couche.
Tentant tout de même quelque chose, il s’approcha du boîtier et tapa 1234 sur le clavier. Un petit bruit strident se fit entendre, et l’écran afficha un « CODE ERRONE : 3 ESSAIS RESTANTS ». Il supposait que le voleur n’était pas plus au courant du code que lui. Génial, ils n’étaient pas sortis de l’auberge. Pourtant, il ne voyait aucune autre solution que d’essayer de craquer le code, et que de s’échapper par la porte d’entrée. Mais bien entendu, Ethen n’était pas le professionnel ici. Lui n’était qu’un flic hors service, et il n’avait certainement pas appris à crocheter des serrures ou à désactiver des alarmes lors de sa formation. Si quelqu’un pouvait les sortir d’ici, il pariait davantage sur le voleur.
Obéissant à l’autre par habitude, il se pencha pour récupérer sa lampe de poche avant qu’elle ne touche le sol, se vengeant de l’attaque lumineuse qu’il avait précédemment subit en testant l’appareil vers les yeux de Niall avant de l’éteindre avec un air mi- satisfait, mi- inquiet (drôle d’expression quand on y pensait), et le tout avec un air d’innocence presque exagéré. Sa moue fut pourtant vite remplacée par son masque d’indifférence habituel quand le voleur reprit la parole ; l’enfoiré semblait savoir où ça faisait mal. S’il avait oublié son enfermement pendant quelques secondes, celui-ci se rappela bien vite à lui et il reprit ses manies nerveuses. Son pouce trouva sa bouche, et après en avoir arraché l’ongle, il en rongea la peau jusqu’à ce que le goût cuivré qui envahit soudainement la bouche ne lui intime d’arrêter. Il était vrai qu’il faisait un piètre flic, il n’allait certainement pas contredire Niall sur ce sujet. Depuis le départ, il agissait comme un chat de gouttière qu’on aurait enfermé. Il secoua légèrement la tête quand l’autre lui demanda s’il avait une quelconque solution miracle ; il arrivait à peine à aligner deux pensées cohérentes, alors pondre une idée comme ça relevait véritablement de l’impossible.
« A part cette porte, nah. Trois essais et j'suppose que tu connais pas la date de naissance de ta victime ou de ses gamins ? »
Emi Burton
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Sujet: Re: Sheba : Dernier recours ft. Niall Sam 24 Oct - 14:39
Sheba : Dernier recours
Ethen Desmond ∞ Niall Southway
« A part cette porte, nah. Trois essais et j'suppose que tu connais pas la date de naissance de ta victime ou de ses gamins ? » Je levai les yeux au ciel. Comme si c’était le genre d’info qu’on prenait dans ce genre de cas… Je connais leurs horaires de départ, leur destination parce que j’ai dû écouter mon client se lamenter, j’ai déjà oublié le nom de la blondasse qui habite ici. Mais pas de la gamine. La gamine s’appelle Lily. Je l’ai retenu parce que cela m’avait choqué qu’il me parle plus de sa télévision que de sa fille. Et après on se demande pourquoi il y a des gens comme moi, foutus dehors par des parents qui vous renie, qui préfèrent se concentrer sur d’autre choses que vous, qui vous fait vous sentir comme une erreur.
Je connaissais aussi la date de leur retour et ça n’allait clairement pas le faire si on restait enfermé ici d’ici là. « Bien sûr que oui voyons, ce sont des bons amis, j’suis invité tous les Noël autour de leur table. Mais à quoi tu penses ? C’est pas le genre d’info sur lesquels on se renseigne quand on va voler quelqu’un. J’ai même déjà oublié l’nom d’la blondasse qui vie ici. » Je traversai le garage d’un pas lent et mesuré pour aller monter les quatre marches qui menaient vers l’intérieur de la maison. J’attrapai la poignée de la porte et la tirai à moi… Un peu trop facilement.
Un ‘cling’ métallique raisonna dans la pièce et je baissai le regard vers la poignée qui m’était restée en main. Soirée de merde. J’eu un instant de blanc avant de soupirer. J’écrasai ma cigarette sur la porte en signe muet de protestation. Parce qu’il avait fallu que les portes aussi s’y mettent maintenant. Puis je donnai un coup de pied dans cette saloperie de porte. Elle ne bougea pas et je me fis mal au pied au passage. Je fis mine de rien et me retournai pour m’asseoir sur l’une des marches.
Je me passai une main dans les cheveux, essayant de ne pas m’énerver. Ça ne mènerait à rien. Ma main remonta sur mon crane, descendant ensuite jusque dans ma nuque, je jetai la poignée en bas des escaliers. Foutue soirée de merde. Foutue poisse de merde. Pourquoi le destin s’acharne-t-il à ce point contre moi ? Une douleur dans le torse et je me mets à tousser un long moment. Foutu cancer. Ma respiration fut douloureuse un moment pendant lequel je gardais le silence, me concentrant sur le fait de passer au-dessus de cette petite crise.
Je fermai les yeux, essayant de faire ma respiration silencieuse. Elle était un poil rauque. Il ne devrait pas l’entendre de là où il est. « Comment tu t’es retrouvé dans cette baraque si t’es pas censé être de patrouille ? » J’avais attendu que ma voix sorte claire, normale, avant de parler. J’avais relevé la tête vers lui. « Quoi ? On est coincé ici et apparemment pour un moment. Les silences gênants, c’est pas mon truc. Donc autant causer un peu. »
Je sentis une truffe humide dans mon cou et c’est là que je me rendis compte que mon husky s’était à nouveau rapprocher de moi. Je souris et le caressai dans une sorte d’étreinte alors qu’il se tortillait sur les escaliers pour s’asseoir dessus comme il pouvait. C’est vrai qu’il n’aimait pas les étrangers. Les huskys sont des chiens imposants et il peut donner le change, donnant la sensation d’être dangereux mais mettez plus de trois inconnus dans la même pièce que lui et Graeme devient un vrai couillon. « Et ce gros couillon, c’est Graeme. » Le gros couillon en question me lécha la mâchoire et je repoussai légèrement sa tête pour reporter mon attention sur le flic/boulet.
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Sujet: Re: Sheba : Dernier recours ft. Niall Sam 24 Oct - 14:47
Sheba : Dernier recours
Niall & Ethen
Ethen ne savait pas ce qui d’entre la poignée et la soudaine quinte de toux l’avait surpris le plus. Bon, il devait admettre que de voir le morceau de porte rester entre les mains du voleur avait été assez incroyable, voire tristement ironique. C’était comme si le ciel se moquait d’eux. Comme si quelqu’un là haut avait eu besoin d’une bonne poilade et avait décidé que ses victimes seraient les deux guignols enfermés dans un garage du Bronx. Il s’était attendu à voir Niall péter un câble, mais à la place ce dernier fut secoué par une crise de toux pour le moins impressionnante. Ethen s’en trouva incapable de se retenir de s’avancer de quelques pas, inquiet. Sa main se figea dans les airs, prête à se poser sur l’épaule de l’autre dans un geste de compatis. Mais il s’arrêta avant, gardant sa main pour lui-même en sachant que le mouvement en lui-même se montrait un peu trop sympathique pour des inconnus sensés se détester. Au final, son pouce retrouva sa bouche et il continua de ronger la chair, fixant Niall d’un air concerné. Il avait assez entendu ce genre de toux pour la reconnaître. Celle de son père, gros fumeur en plus d’être un Junkie, l’avait réveillé en pleine nuit plus d’une fois. Il jeta un œil au mégot derrière lui, puis retourna son regard sur le visage fatigué de l’autre homme. Finalement, Ethen lâcha son pouce et partir s’asseoir à l’autre bout du garage, sur une vieille table d’atelier. Ainsi, il pouvait observer son interlocuteur, plus à l’aise quand il était loin des autres. La question dont il fut le destinataire le fit hausser les sourcils, hésitant alors à répondre ; par pudeur ou timidité, comme s’il le savait. Mais l’explication qui suivit lui arracha un rictus amusé.
« J’fais des patrouilles hors service. C’est sur le chemin du retour ; le terrain me manque parfois alors je fais le tour du quartier en bagnole. »
Il appuya ses paroles en tirant légèrement sur la manche de son pantalon, dévoilant une prothèse en titane luisant sous la légère lumière du garage. Avant de la cacher à nouveau, rouge pivoine. Montrer sa jambe équivalait à faire gigoter sa bite devant le nez de l’autre ; carrément mal placé et pas mal embarrassant. Fort heureusement, les présentations avec le chien le sauva de devoir rajouter quoi que ce soit pour combler le silence. Il sourit avec méfiance, fixant le chien avec hésitation. Ouais, il n’était pas trop fana des chiens. A vrai dire, on lui avait proposé un chien d’assistance à sa sortie de l’hôpital, mais il avait décliné. Il se serait senti trop … handicapé, avec un canidé pour prendre soin de lui. Et puis honnêtement, la fidélité indéfectible et la dévotion étaient des traits de caractère qui le mettaient mal à l’aise, comme s’il était assez important pour mériter l’attention entière d’une créature. Une sensation étrange qu’il préférait éviter.
« Hey … »
Il fit un signe de salut au chien, se sentant aussitôt stupide ; il espérait quoi, que ce dernier ne lui réponde d’un mouvement de patte ? Il était davantage porté sur les chats de toute manière. Il se racla légèrement la gorge, cherchant quelque chose à dire en retour, pour briser l’étrange ambiance qui planait dans le garage. Et après il se demandait pourquoi il n’avait pas d’amis ? Il était apprécié des collègues, mais ces derniers avaient davantage pitié de lui qu’autre chose. La vérité était qu’il n’était pas social, sociable ni même en quelque de sociabilité. Il aimait être seul, et c’était aussi la raison pour laquelle les chats étaient les meilleurs compagnons ; ils lui gardaient chaud la nuit, le réveillaient le matin, et menaient leur petite vie le reste du temps.
« Tu fais souvent ça ? Je veux dire… les cambriolages et tout ? »
Emi Burton
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Sujet: Re: Sheba : Dernier recours ft. Niall Sam 24 Oct - 14:51
Sheba : Dernier recours
Ethen Desmond ∞ Niall Southway
« J’fais des patrouilles hors service. C’est sur le chemin du retour ; le terrain me manque parfois alors je fais le tour du quartier en bagnole. » Donc, un ancien flic de terrain. Il avait dû faire une belle bourde pour ne plus y être. Genre laisser filer le mauvais mec, se dresser contre la mauvaise personne ou simplement être le boulet qu’il semblait être. Ouais, définitivement, je vois pas ce gars en fier policier de terrain, faisant respecter la loi dans les rues de New York City. Je le détaillai de haut en bas, le jugeant à nouveau du regard. C’est là qu’il tira la manche de son pantalon. Mes lèvres s’arrondirent en un « o » silencieux.
Certaines choses semblaient se mettre en lumière et, même s’il restait un flic, je me sentais déjà un peu plus proche de lui. Nous sommes tous les deux des rebus de la société, à notre manière. A la coloration de ses joues, il ne fallait pas être idiot que pour voir qu’il ne vivait pas bien sa condition. J’avais aussi eu besoin de temps pour accepter de vivre en marge de la société. La société est cruelle et normative. Vous rentrez pas dans le moule, elle a pas besoin de vous. Alors les gens qui n’y rentrent pas doivent se sentir obligé de se tordre dans tous les sens pour rentrer dans ce moule. Et c’est douloureux. Douloureux et humiliant. Moi aussi j’avais rougis de honte les premières fois que j’avais eu à mendier pour pouvoir espérer m’acheter un truc à manger, les premières fois que j’ai dormi à la rue.
Et quelque part, j’appréciais le faire de savoir que lui aussi ne rentrait pas dans le moule –s’il y était rentré un jour-. « Hey … » Il fit signe à Graeme et cela me fit un peu sourire. Un peu. Mon chien le regarda un bref instant, se demandant ce que ce gars pouvait bien lui vouloir. Ma main couru dans son pelage comme à l’époque, lorsqu’on était encore tous les deux sans toit, sans argent. Plutôt me couper une main que de me séparer de lui. C’est idiot comment un animal peu prendre de l’importance dans votre vie. Graeme et moi, on s’est sauvé l’un l’autre. Sans lui, je ne serais sans doute pas ici, sans moi, il aurait sans doute finit à la fourrière ou par claquer d’inanité. Et ça, on le savait tous les deux. On était compagnon de voyage. Là où j’allais, il allait aussi. On marchait côte à côte, loin de la société. Mais ça nous allait très bien tous les deux.
« Tu fais souvent ça ? Je veux dire… les cambriolages et tout ? » Cela me fit rire. « Est-ce un interrogatoire monsieur le policier ? » Après tout, je ne perdais rien à lui répondre. Mon casier était maintenu vierge grâce au fait que je vive avec un hacktiviste technopathe. Il n’avait que mon prénom. Et si par miracle, il arrivait à retrouver Niall Southway dans le système, il n’y avait pratiquement rien. Pas d’assurances, pas de permis, pas de voiture, pas de propriété. Juste l’inévitable fiche d’identité, une adresse qui le dirigerait aux ruines d’un bâtiment ayant été incendié il y a une semaine ou deux, le fait que je suis écossais naturalisé américain. Pas grand-chose. Je m’étais appliqué à ce qu’un minimum soit trouvable sur moi. Alors, je pris le pari de lui répondre. « Il faut bien vivre. Et personne n’engage quelqu’un qui a vécu dix ans à la rue. » Montre-moi la tienne, je te montrerais la mienne, comme dit le proverbe. Et quelque part, c’était plus facile d’en parler à des quasi-inconnus qu’aux personnes qui m’étaient proches. Et si j’avais bien comprit, on avait tous les deux été bousillé d’une manière ou d’une autre. « Donc ouais, je vole pour vivre. Parce que parfois on n’a pas d’autre choix et qu’une fois la spirale lancée, c’est difficile de rebondir sur autre chose. » Je cherchais son regard. Je voulais qu’il se rende compte que je ne m’apitoyais pas sur mon passé, que j’étais bien au-dessus de ça. « Ça fait combien de temps ta jambe ? »
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Sujet: Re: Sheba : Dernier recours ft. Niall Sam 24 Oct - 15:00
Sheba : Dernier recours
Niall & Ethen
Non, ce n’était pas un interrogatoire. A vrai dire, Ethen était surpris de la tournure de la discussion. Niall était étonnement bavard et son regard n’avait pas été empli de jugement ou de pitié à la vue de sa jambe. Au lieu de ça, il avait cru y lire de la compréhension et de la sympathie. Quelque chose qu’Ethen ne voyait pas souvent. A ce moment, dans l’étrange intimité du garage, il se sentait proche du voleur. Leur vie respective semblait aussi bordélique l’une que l’autre et il ne put retenir un sourire amer en observant la main de son interlocuteur se perdre dans le poil épais du chien. Niall avait l’avantage d’avoir trouvé en son compagnon un soutient, voire un complément. Ethen était foutrement seul. Mais il avait un toit au-dessus de sa tête. Il supposait que c’était quelque chose. Lui qui d’habitude n’approuvait pas ce genre de comportement criminel, même excusé, dû se rendre à l’évidence que la vie n’était pas que noire et blanche, et que Niall se trouvait pile dans cette nuance de gris qu’il ne parvenait pas encore à bien saisir. Il ne pouvait honnêtement pas en vouloir à Niall pour se tourner vers ce genre de « petit boulot » dans sa situation. Parce qu’il avait raison ; la société pouvait être injuste, et ils en étaient deux parfaits exemples. Même si Ethen ne pouvait même pas comparer son amputation avec tous les problèmes que Niall avait dû traverser par le passé.
Ne sachant pas trop quoi répondre face à cette révélation, Ethen porta son pouce à sa bouche, et continua d’en ronger la peau, la chair fragile se brisant sous une pression de trop et le goût du sang envahissant sa bouche. Il n’en fit rien paraître, continuant de grignoter son ongle trop court nerveusement. Fort heureusement, Niall semblait plus doué que lui pour parler. Il écouta ses explications, qui sonnaient un peu trop comme une justification tordue à ses oreilles mais il n’en fit pas la remarque, et hocha lentement la tête. Il comprenait. Le flic, autrefois épris de justice et d’intégrité comprenait comme quelqu’un comme Niall pouvait se résoudre à devoir voler. Il planta son regard clair dans celui de l’autre homme et essaya de lui transmette un brin de sympathie au travers d’un sourire un peu crispé. Il rajouta même un « Je vois. » murmuré contre sa paume, presque honteux. Il se sentait désolé d’être intervenu maintenant. L’autre lui racontait peut-être n’importe quoi, mais il ne pouvait s’empêcher de le croire, et au fond de lui, il savait que l’homme avait vécu plus que ce qu’il ne le décrivait. Pourtant, Ethen ne ressentait pas de pitié. C’était quelque chose d’autre, quelque chose au-dessus de la simple compassion. Il ressentait quelque chose comme de l’entendement, et un poil de sympathie. Sa voix rauque brisa le silence et il laissa un « La vie n’est pas toujours juste, huh. » résonner dans le garage.
Toujours assis sur le plan de travail en face du plus jeune, son attention fut de nouveau attirée par la question du voleur. Un peu surpris par l’intérêt porté à sa personne, il rosit légèrement et dirigea son regard vers sa jambe avec automatisme. Peu de personne osait vraiment poser des questions sur son accident. Sans doute ne voulaient-ils pas le vexer en lui rappelant son infirmité, ou peut-être était-ce un peu tabou. De plus, il n’avait raconté cette histoire qu’à très peu de personne, ces-mêmes personnes pouvant facilement se compter sur les doigts d’une seule main.
« Environ quatre ans. J’étais sur le terrain pendant l’attaque chitaurie, me suis retrouvé coincé dans une voiture ; c’est la portière qui m’a fait ça. »
Il sourit avec mélancolie, le fantôme de sa jambe le hantant encore plus quand il en parlait. Le sujet l’embarrassait habituellement, mais cette fois-ci l’explication vint naturellement. Il était facile de parler à Niall. Peut-être était-ce juste facile de parler à un étranger ? Il ne savait pas. Dans tous les cas, sa confidence allégea sa nervosité et il osa un nouveau sourire à son compagnon d’infortune, sincère bien que timide.
« J’m’en suis tiré en vie, j’suppose que j’ai pas à me plaindre. »
Il n’en pensait pas la moitié, mais il ne voulait pas paraître insolent et mécontent devant le voleur ; et il le savait au fond, il savait qu’il devrait être reconnaissant d’être encore en vie alors que tant de personnes avaient perdu la leur pendant l’invasion. Pourtant, il sentait toujours comme un soupçon d’injustice et d’ironie dans sa situation. Préférant changer de sujet, il fit un petit geste vers le chien de l’autre homme.
« Et lui, il a une histoire ? »
Emi Burton
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Sujet: Re: Sheba : Dernier recours ft. Niall Lun 26 Oct - 2:46
Sheba : Dernier recours
Ethen Desmond ∞ Niall Southway
Son regard trouva le mien et un sourire étira ses lèvres. C’était un peu étrange de voir comment la situation avait évoluée entre nous. Comme quoi, il y a des choses qui changent le regard que vous pouvez porter sur certaines personnes. « Je vois. » De loin, j’observais sa réaction. Mon passé de SDF est quelque chose qui me pèse encore parfois mais, globalement, je l’ai accepté. J’ai accepté d’avoir eu à passer autant de temps dans les rues, de ne pas avoir à en rougir. Quelque part, j’étais un survivant des rues de New York City. Le seul fantôme angoissant qui danse devant mes yeux, c’est la peur que cela pourrait à nouveau m’arriver. Et alors que les nuits passées à squatter chez Graham s’écoulaient, je sentais l’insécurité de ma situation actuelle se resserrer de plus en plus autour de moi. Jour après jour, tel un lent déclin. Je sentais les murs m’étouffer. La seule solution était de voler encore et toujours plus. Me refaire un petit solde, me trouver un endroit pas trop miteux et reprendre une indépendance complète.
Je n’aime pas dépendre des gens. On ne sait jamais comment cela va se finir. Et si Graham et moi nous entendons à merveilles, que je lui confierais ma vie, je ne peux me détacher de cette angoisse que, un jour, il décide qu’il en a tout simplement marre de me voir chez lui. Alors la solution la plus simple était de ne pas rester dans ses pattes trop longtemps. « La vie n’est pas toujours juste, huh. » La voix raisonna dans le silence, mes lèvres s’étirèrent en un sourire fataliste. En effet, elle l’est rarement. En tout cas, c’est l’expérience que j’en ai. La vie est une chienne qui attend toujours le pire moment pour frapper.
Puis, la question sur sa jambe. La même gêne totalement visible chez lui. Perdre un membre ne doit pas être quelque chose de facile à vivre. Cependant ses réactions le rendaient un peu plus pathétique qu’il n’apparaissait déjà à mes yeux. Tout le monde n’a pas forcément la force de caractère nécessaire que pour passer à travers ce genre de chose. « Environ quatre ans. J’étais sur le terrain pendant l’attaque chitaurie, me suis retrouvé coincé dans une voiture ; c’est la portière qui m’a fait ça. » Ah, l’invasion. J’avais eu la chance d’être loin du centre d’agitation lorsque c’était arrivé. Alors j’avais juste prit mon chien paniqué dans mes bras et j’avais couru dans l’autre sens. Jusqu’à ce que je me considère assez loin. Mais, en effet, cet évènement avait créé des morts… et fait d’autre type de victime.
J’étais en train de repenser à ce jour lorsque je remarquais le sourire timide qui étirait maintenant les lèvres du policier. Enfin, demi-policier. « J’m’en suis tiré en vie, j’suppose que j’ai pas à me plaindre. » Cette phrase… Un sourire mi-amusé, mi-sarcastique me monta aux lèvres. Combien de fois ne me l’étais-je pas répété lorsque j’étais à la rue ? Un jour de plus à être en vie. Pas besoin de se plaindre tant qu’on survit, c’est le plus important dans l’histoire après tout. Et puis, on a beau se le répéter, en général, on n’y pense pas. Je me souviens me réveiller dans ce vieux sac de couchage que j’avais acheté à vil prix dans une friperie. Je me souviens de la difficulté de sortir de là, de l’estomac qui me poussait à me lever, à chercher de quoi manger. Je me souviens des jours s’écoulant, du moral baissant. Chaque matin avait été plus difficile que le précédent. Pourquoi continuer dans ces conditions ? Dans ces cas-là, se répéter que, au moins, on est en vie, ça aide.
Et puis, il y avait Graeme. Quelqu’un qui dépendait de moi. Quelqu’un que je ne pouvais pas laisser tomber. Un soutien sur lequel s’appuyer. Encore aujourd’hui, il dort dans mon lit. Une salle habitude que nous avons pris tous les deux. « Et lui, il a une histoire ? » Je jetai un bref coup d’œil à mon chien, le grattant derrière l’oreille. Puis je reportais mon attention à Ethen. « Un égaré, comme moi. On s’est croisé quand on était tous les deux à la rue. La première fois, on s’est vu de loin. C’était encore presque un chiot. Il m’a un peu tourné autour et après deux trois jours, j’ai réussis à lui donner mon repas. Depuis on partage. On s’est mutuellement sauvé de la solitude, on se tenait chaud en hiver, c’était une raison plus importante que mon bien être pour se lever le matin. »
Les premières semaines avaient été difficiles entre nous et puis, on avait comme fusionné. Jamais l’un sans l’autre. Certains me diraient que ce n’est qu’un chien, il est pourtant tellement plus pour moi. Un point de repère dans ce monde de fou. Quelque chose de stable. La preuve en est ce lien qui nous lie. Je ne l’ai jamais dressé à proprement parlé. Je sais ce que je lui dois, il sait ce qu’il me doit, on fonctionne comme une équipe. Il m’écoute tout naturellement. Je ne l’ai jamais promené en laisse non plus d’ailleurs. Il n’en a pas besoin.
Au fond du garage, je détaillais le policier. Quelque part, j’avais envie de poser des questions sur sa jambe mais sa gêne était évidente. J’hésitai un bref instant avant de décider qu’au point où nous en étions, prendre des gants dans le dialogue était presque totalement inutile. « Pourquoi avoir honte de ta jambe à ce point ? Cela fait tout de même quatre ans. » Plus de sourire, juste du sérieux. La perte d’un membre doit sans doute être difficile à accepter mais quatre ans… C’est long… Et je sais parfaitement pourquoi il se sent encore comme cela à ce sujet. A cause de la société et de son moule. Moule dans lequel il ne rentre plus. « Tu ne penses pas qu’il serait temps d’accepter ce qu’il t’es arrivé ? »
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Sujet: Re: Sheba : Dernier recours ft. Niall Mar 27 Oct - 19:34
Sheba : Dernier recours
Niall & Ethen
Ethen s’était naïvement pensé bien engagé dans la conversation. Pour l’instant, les deux hommes ne faisaient que parler, se confiant l’un à l’autre comme s’ils avaient gardé ces confessions trop longtemps pour eux, et que venait l’heure que ça explose. Les mots glissaient sur la langue d’Ethen, se félicitant de parvenir à entretenir la conversation sans que cela devienne trop embarrassant ou bizarre. Ils en étaient même venus à parler du chien, et Ethen était pour une fois attentif, ses pensées liées à la conversation et pas à un quelconque souvenir. Jusqu’à ce que Niall ne s’amuse à tâtonner les eaux troubles. Ethen se figea légèrement à la question, les yeux écarquillés et quelques mèches tombant sur son visage.
« Pardon ? » Fut tout ce qu’il parvint à dire, partagé entre la surprise et une colère grandissante face à cette soudaine leçon de morale. ‘ Passer à autre chose ?’ Passer à autre chose, comme accepter que sa carrière, sa vie et son corps soient foutus ? Comme accepter d’avoir passé près d’un an à l’hôpital pour réapprendre à marcher, parfois oublier son handicap avant que la vue de sa jambe atrophiée ne lui rappelle la dure réalité ? Comme accepter de ne plus pouvoir se lever pour aller pisser la nuit, ou se gaver d’anti-douleur après être resté plus d’une heure debout ? Soudainement fébrile, il soupira et écrasa discrètement sa cigarette contre son poignet. Puis avec autant de grâce dont il pouvait faire preuve, il descendit du plan de travail et se dirigea vers le digicode, y tapant quelques chiffres au hasard jusqu’à ce que l’écran n’affiche « 1 essai restant ».
« Et toi ? Ton baratin, c’est toujours l’excuse que tu donnes aux gens pour cacher le fait que t’as pas assez de couilles pour t’offrir un boulot honnête ? ‘Je suis ancien SDF alors personne veut m’engager’. Il serait peut-être temps de passer à autre chose, nan ? » Ethen se serait bien arrêté là, mais il sentait de nouveau ses mains trembler, de rage cette fois. Ca changeait de la peur. « Tu me demandes pourquoi je passe pas à autre chose ? Parce que j’en ai ras le cul de rester collé à une chaise à trier les dossiers de têtes de cons dans ton genre au lieu d’agir comme un vrai flic, tout ça parce que j’ai ma putain de jambe qui s’est barré lors d’une attaque extraterrestre ! Parce que j’en ai marre de paniquer dès que je suis enfermé dans un putain d’endroit clos ! Alors nan, j’arrive pas à passer à autre chose ; mais si tu veux prendre ma place y’a pas de soucis, toi qui semble pouvoir gérer ma vie d’une meilleure façon ! »
Quand le silence retomba, il se rendit compte que son tremblement avait disparu, et qu’il faisait maintenant face à l’autre homme, le regard planté dans le sien et l’allure agressive. Aussitôt reprit-il ses esprits que ses yeux se détournèrent et qu’il reprit sa position face au mur, tapotant un dernier code hasardeux avant que l’alarme ne se mette à sonner. Il avait déjà atteint ses limites et rester enfermé une seconde de plus le rendrait fou. La distraction de la discussion disparue, il avait l’impression que les murs se rapprochaient de lui et menaçaient de l’écraser à tout moment. Pourtant, à l’extérieur il n’avait jamais paru aussi calme. Son visage neutre et sa panique invisible, il sortit son badge de sa poche intérieure et l’accrocha sur le devant de sa veste. Il était à peu près sûr de mieux s’en sortir que le voleur dans cette situation. Et selon l’humeur de son chef, avec des félicitations ou de légères remontrances.
L’idée que l’autre homme ne lâche son chien sur lui lui traversa rapidement l’esprit, mais il décida qu’au point où il en était, il n’en avait plus rien à foutre. Au mieux, le cabot lui arracherait la gueule et il n’aurait plus besoin de se forcer à vivre. Et alors que le bruit strident de l’alarme résonnait dans le garage, il se laissa glisser contre le mur, sortit une nouvelle cigarette de sa poche arrière, l’alluma, et tira plusieurs bouffées en ignorant parfaitement les deux individus en face de lui, jetant parfois quelques regards angoissés aux murs. Et de façon incongrue, il se dit qu'il n'avait pas autant parlé depuis un bail.
Emi Burton
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Sujet: Re: Sheba : Dernier recours ft. Niall Mar 27 Oct - 23:26
Sheba : Dernier recours
Ethen Desmond ∞ Niall Southway
Comme j’avais pu l’imaginé, il avait mal prit ma question. Je l’observai se lever et aller tapoter un truc sur le digicode de l’alarme. Oups ? Je l’aurais mis en colère ? J’avoue être curieux de voir à quoi il ressemble dans cet état. Ma curiosité me jouera de sales tours si je n’y fais pas gaffe. Je le sais parfaitement mais quand je me pose une question, c’est plus fort que moi. Il me faut ma réponse. Et là, je me demandais s’il était possible de faire quelque chose de ce petit flic sans envergure, s’il était capable de s’ouvrir au-delà de son handicap. On a tous notre handicap, que ce soit social ou physique. Certains sont juste mieux lotis de d’autre. Et je ne pense pas me tromper en disant que lui, il avait touché le gros lot.
Le bip de l’alarme retentit un bref instant dans le garage. Encore un échec. Plus qu’un essai et c’était l’alarme. Le pousserais-je jusque-là ? « Et toi ? Ton baratin, c’est toujours l’excuse que tu donnes aux gens pour cacher le fait que t’as pas assez de couilles pour t’offrir un boulot honnête ? ‘Je suis ancien SDF alors personne veut m’engager’. Il serait peut-être temps de passer à autre chose, nan ? Tu me demandes pourquoi je passe pas à autre chose ? Parce que j’en ai ras le cul de rester collé à une chaise à trier les dossiers de têtes de cons dans ton genre au lieu d’agir comme un vrai flic, tout ça parce que j’ai ma putain de jambe qui s’est barré lors d’une attaque extraterrestre ! Parce que j’en ai marre de paniquer dès que je suis enfermé dans un putain d’endroit clos ! Alors nan, j’arrive pas à passer à autre chose ; mais si tu veux prendre ma place y’a pas de soucis, toi qui semble pouvoir gérer ma vie d’une meilleure façon ! » Bon, le moins qu’on puisse dire, c’est que ça, c’était du monologue. Mais ce que je voyais me plaisait.
Sous mes yeux, je vis la transformation avoir lieu. Il redevenait un peu plus policier. L’alarme raisonna dans le garage, m’arrachant le sourire qui menaçait de me monter aux lèvres, l’échangeant contre une légère grimace. J’allais encore devoir faire intervenir Graham dans cette histoire. Graeme aboya, je le caressai pour le calmer. C’était prévisible. J’étais même étonné que ça ne soit pas arrivé plus tôt. Foutue soirée de la poisse. Pour le spectacle, je demanderais le double du prix à mon client. Quitte à le menacer de venir voler sa précieuse tv chez lui.
L’alarme cria un instant, remplissant le vide et j’observais le policier assit contre un mur. Eh bien… Me voilà intéressé pour le coup. Clairement. J’avais aimé ce que j’avais vu. L’espace d’un instant, j’avais cru que cette jambe en moins l’avait tué mais il restait quelque chose, je venais de le voir. Un léger rire me gagna. « Tu vois… Toi aussi tu peux t’acheter une paire de couilles quand tu veux. » Je me forçai à me calmer. L’alarme me rappelant continuellement mon futur passage au poste m’y aida un peu. Avec mon cancer, je n’irais de toute manière pas très loin si je tentais de prendre la fuite. « Désolé, j’voulais pas minimisé c’qu’il t’es arrivé. C’est moche, ça devrait pas arriver ce genre de choses. Mais la vie est une chienne et ça, faut faire avec. Je préfère être à mon aise dans mon job, dans ce que je suis plutôt que de ressasser le passé en pleurant. Ça fera pas revenir ta jambe, ça me rendra pas ces 10 ans que j’ai passé à la rue. Et ce n’est pas que je n’ai pas les couilles de me trouver un boulot honnête, c’est que je n’en veux tout simplement pas. Aussi à chier que soit ma vie, je préfère ça plutôt que de me rabaisser à essayer de m’intégrer à la société. Je n’ai rien à lui apporté et inversement. »
Je me levai et sorti mon paquet de clope. Je levai le regard vers l’alarme. Pas aimé les endroits clos, je connaissais aussi. J’ai trop été habitué à vivre sans toit au-dessus de ma tête, ça fait pas 6 mois que je dors à nouveau dans un lit. Bon, j’en suis pas au stade de l’angoisse mais j’ai une petite idée de ce que ça peut être pour lui. J’allumai ma cigarette et marchai jusqu’au boitier d’alarme. J’ai pas envie de jouer à qui a la vie la plus misérable avec lui. Je soufflai la fumée de ma clope sur le boitier. Saloperie d’alarme. « Bon, je suppose que je vais me laisser faire vu la situation. Félicitation Starsky, tu viens d’arrêter un méchant voleur. »
Je reportais mon regard sur lui. « Je te fais une fleur ce soir. C’est pas parce que je suis un voleur que j’suis forcément un enfoiré. Ça prouve juste que j’ai aucun respect du bien d’autrui. » Et je lui souris. Je le laissais faire sa petite arrestation, briller quelques heures avant que Graham n’arrive pour me sortir de là. Ça me faisait pas plaisir, ça allait sans doute me coûter l’une de ces soirée milk-shake et cinéma que je détestais tant mais je pense que l’gars en a besoin. Une victoire, même infime. C’est une main tendue qui m’a sortie de mon auto-apitoiement, je me vois mal ne pas lui tendre la main non plus. Surtout vu le prix minime de la chose pour moi. « Par contre, t’as intérêt à me laisser appeler mon avocat. »
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Sujet: Re: Sheba : Dernier recours ft. Niall Sam 14 Nov - 19:32
Sheba : Dernier recours
Niall & Ethen
Aussi bien intentionnée la petite intervention de Niall avait-elle été, la colère d’Ethen ne voulait pas décanter. La tirade d’excuse –ou de morale, pour ce qu’il en avait à foutre – resta ignorée si ce n’était pour un doigt levé en sa direction. Ce connard et son chien pouvaient bien aller se faire enculer, il n’en avait vraiment plus rien à péter. Et il ne regrettait aucunement sa décision de déclencher l’alarme, quitte à se faire réprimander par ses supérieurs pour son incompétence par la suite. Il savait qu’il n’était plus un flic de terrain, alors se le faire rappeler au travers d’une engueulade directe ne lui faisait ni chaud ni froid. Plus il y pensait, plus Niall semblait désespéré de justifier ses actes ; par le biais d’une pseudo rébellion pré pubère qu’Ethen considérait parfaitement ridicule en premier lieu, puis par une haine inconditionnelle de la société. Cette deuxième perspective, il la comprenait. La société pouvait être une chienne. Mais il avait du mal à accepter l’idée de la rejeter. Sans les autres, il aurait trop peur de se retrouver seul. Se faire repousser était trop douloureux pour que lui-même commence à écarter les autres. Il avait passé trop d’années à se creuser une entrée, à se nicher dans cette bulle qu’était la structure sociale, pour ne serait-ce que penser s’en éjecter. Peut-être était-ce de la lâcheté. Nan, en y réfléchissant c’en était sûrement. Mais dans ce cas, Niall devait être une des seules personnes encore dotée de courage dans ce monde. Parce qu’au fond, beaucoup recherchaient l’appartenance ; à un groupe, à une organisation ou même à une norme. C’était dans la nature de l’homme, ce désir de grégarité. Ethen recherchait juste sa place.
Pourtant, quelque chose le fit tiquer dans la réplique de Niall. « S’abaisser » ? Il ne voyait pas en quoi il était dégradant de vouloir appartenir à quelque chose ; à quelqu’un. Ethen n’était pas particulièrement sûr de lui, ni même confident. Mais il ne suivait pas cette notion de bassesse. Et c’est à ce moment qu’il se rendit compte de oh combien différent lui et Niall étaient. Le voleur savait porter sa différence, vivre avec. Il ne ressentait pas ce désir d’appartenance qui hantait Ethen depuis toujours. Cette peur du rejet. Et il ne savait honnêtement pas s’il admirait son interlocuteur pour cela, ou s’il le méprisait. C’était une dualité qu’il avait du mal à assimiler ; lui qui avait l’habitude de tout voir en noir et blanc découvrait de nouvelles nuances de gris.
Les félicitations de Niall ne le réjouirent pas autant qu’elles l’auraient dues. L’ironie mordante qui en ressortait le fit grincer des dents. Voilà ce dont il était capable désormais : S’enfermer avec un voleur de bas étage et le faire se rendre avec une facilité suspicieuse et clairement cynique. Si ce n’était pas pathétique. Et le pire c’était que son nouveau prisonnier ne se débattait pas ; n’était même pas le commanditaire du cambriolage. Si on pouvait appeler cette ridicule intervention un cambriolage. Les sirènes qui résonnaient déjà au loin ne sonnaient pas comme une victoire : Elles étaient juste des rappels de son échec et de son ridicule.
« J’espère que tu vas au moins me faire gagner une prime. » Siffla-t-il entre ses dents, s’approchant de l’autre avec une détermination qu’il pensait avoir perdu depuis longtemps. Même s’il n’était pas fier de la tournure des évènements, au moins il avait essayé. Et c’était une piètre consolation que de sortir ses menottes de sa poche arrière et d’en glisser les bracelets autour des poignets de Niall. Devant, et ridiculement lâches. A quoi bon, il savait bien que l’autre n’allait pas s’enfuir. Il semblait plutôt sûr de lui quant à son temps en prison, et Ethen n’était pas dûpe. Ce genre de types parvenait toujours à leur glisser entre les doigts, quoi qu’il arrive. La mention de son avocat l’en assura. Parce que Niall n’avait pas l’air d’un type pouvant se permettre un avocat et qu’il n’avait pas l’air de parler de celui commis d’office. Il se contenta de répondre comme tout bon flic américain :
« Vous avez le droit de garder le silence. Si vous renoncez à ce droit, tout ce que vous direz pourra être et sera utilisé contre vous devant une cour de justice. Vous avez le droit à un avocat et d’avoir un avocat présent lors de l’interrogatoire. Si vous n’en avez pas les moyens, un avocat vous sera fourni gratuitement. Durant chaque interrogatoire, vous pourrez décider à n’importe quel moment d’exercer ces droits, de ne répondre à aucune question ou de ne faire aucune déposition. »
Il sourit légèrement à sa citation. Parce que ça faisait un bail qu’il n’avait pas récité le droit Miranda et que ça lui donnait toujours un sentiment d’accomplissement, ridicule compte tenu des circonstances.
« J’espère que tu m’en veux pas pour les menottes, j’m’assure juste de ta bonne parole. »
Emi Burton
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Sujet: Re: Sheba : Dernier recours ft. Niall Jeu 26 Nov - 12:58
Sheba : Dernier recours
Ethen Desmond ∞ Niall Southway
Donner la sensation d’avoir le contrôle. C’était quelque chose que j’aimais faire. Mais quelle assurance avais-je que Graham viennent bien sauver mon cul ? Normalement, il devrait le faire. Parce qu’on est partenaires, parce qu’on est colocataire mais aussi parce qu’on est amis. Enfin, j’ose espérer qu’après tout ce qu’on a traversé on le soit. Mais identifier les relations sociales a toujours été difficile pour moi. Accorder ma confiance aussi. Je pense que mon colocataire fait partie des rares personnes à avoir ma confiance. Celui à qui je peux tout dire, celui qui connait tout de moi. Mes affiliations, mes parts d’ombres, mes sales moments, mes moments de gloires, … J’espérais sincèrement qu’il soit là. Mais je camouflais mes craintes derrière ma cigarette, derrière cette main que j’avais laissé se perdre dans le pelage de Graeme.
« J’espère que tu vas au moins me faire gagner une prime. » Je ne pus retenir un sourire. Si seulement il savait qu’il était en train d’arrêter un membre actif de la Confrérie… C’est sûr que sa prime, il l’aurait. Je me redressais pour lui faire face, incapable de me départir de mon sourire amusé. Oh, s’il savait. Il ne serait sans doute pas aussi à son aise à mes côtés. On a tendance à être radicalisé dans les médias humains. Pourtant nous ne sommes que des révolutionnaires voulant faire entendre leur voix, voulant vivre dans un monde où nous ne serons pas fichés, où nous ne serons pas que des numéros classés par niveau de dangerosité. Le froid des menottes me cercla les poignets. La prise était lâche. Cela m’étonna un peu. Je jetai un œil interloqué à mes poignets pendant qu’il me débitait la phrase du flic type lors des arrestations. J’avais l’impression d’être dans l’un de ces films policiers que Graham m’a montré. C’était quand même moins drôle à entendre en vrai.
Je levai les yeux au ciel pendant la fin de sa tirade. Ce que ça pouvait être long et peu intéressant. Je suis sûr que dans ma situation, Graham aurait fait une note d’humour. Du genre ‘on en est vraiment là ? Moi qui croyais que c’était sérieux entre nous chéri’. Mais je ne suis pas une diva comme lui. Alors je le laissai faire son travail. Aaah, la justice… Rien de plus arbitraire et de plus gerbant pour représenter un système pourri de l’intérieur. Un système où les pauvres triment pour enrichir encore plus les riches. Elle est belle la société moderne. Et dire que des hommes comme Starsky la défende… « J’espère que tu m’en veux pas pour les menottes, j’m’assure juste de ta bonne parole. »
Les sirènes se faisaient plus proches. La remarque me fit un peu sourire. La situation était totalement délirante. J’avais l’impression qu’il s’excusait comme un ami s’excuserait pour avoir pris la dernière bière dans le frigo ’hey, mec, j’espère qu’tu m’en veux pas pour la bière. C’était la dernière’. « Tu veux vraiment une prime ? On va s’arranger pour que t’en ai une alors… Tant qu’à faire… » Pas sûr qu’il l’ait toujours lorsque je me serais volatilisé dans la voiture, que les bandes de surveillance seront effacé et qu’il n’y aura plus aucune trace de moi au commissariat. Mais ça valait le coup d’essayer. Alors je m’approchai de lui. Et une fois plutôt proche, je lui donnais un coup de poing rendu maladroit à cause des menottes dans la mâchoire. Normalement, cela devrait rapidement faire un bleu. Comme je le pensais, je ne tardais pas à m’en prendre une aussi.
Avec les mains attaché, je perdis mon équilibre et finit le cul par terre, la pommette douloureuse. Je levai une main pour tâter la zone douloureuse. « Eh voilà. Maintenant t’es le héros qui s’est fièrement battu malgré son état pour arrêter un voleur. De rien. » Les sirènes étaient encore plus fortes. Instinctivement, Graeme vint s’installer à côté de moi, grognant mais peu rassuré. Je passai mes bras autour de lui. Je ne voulais pas qu’il soit jugé comme étant un chien à risque qu’il fallait piquer. Alors je le gardais près de moi. Ce ne fut plus qu’une question de temps avant que la porte du garage ne soit ouverte. Et là, ce fut le défilé. Merde… Si ça s’apprenait dans la communauté des voleurs, ma toute nouvelle carrière pourrait bien être foutue en l’air. J’ai intérêt à ne laisser aucune trace.
Quelques minutes plus tard, j’étais docilement à l’arrière d’une voiture de flic. Au loin, je regardais Starsky en train de discuter avec des collègues, la joue déjà gonflée et un peu bleue. Je fermai les yeux et laissai ma tête retombée sur l’appui-tête. Depuis quand n’avais-je plus fait ce genre d’actions totalement folles et désintéressées ? Ca fait sans doute un bail. Je ne sais pas pourquoi je l’ai fait. Ça ne me ressemble pas. Du moins, je ne pense pas. J’ai plutôt l’habitude de me la jouer individualiste… Enfin, j’aimerais avoir cette habitude. Chier… Graham, t’as intérêt à assurer sur le coup.