[DÉFI] Quand t'es dans le désert - Ft Marian

Jean-Akira était concentré. Comme il l'avait rarement était auparavant. On pouvait voir sur son visage se tracer la réflexion. Emplir chacun de ses traits, dans cette expression peu habituelle. Pour lui, nous ça nous arrive souvent. Ses sourcils froncés, pas par mécontentement, mais parce qu'il ne pouvait s'en empêcher lorsqu'il faisait travailler son esprit. Il avait l'air affreusement sérieux, installé ainsi dans son fauteuil au fond du train. La sélection de la place fut simple, notre protagoniste voulait une table pour pouvoir déposer sa tablette. Un outil franchement utile que lui avait offert les autres membres d'HYDRA il y a quelques jours. Afin de célébrer son anniversaire, l'année complète qu'il avait passée au sein du groupe. Ainsi les yeux de l'agent bougeaient rapidement, observant avec soin l'écran se trouvant à quelques centimètres de son visage. Essayant d'intégrer chaque détails, d'analyser l'image affichée pour réussir dans leurs missions. Une tâche difficile, nécessitant un effort remarquable, à la fois dans la vue et dans la réflexion. Deux domaines que l'alien n'utilisait pas forcément beaucoup. Préférant s'intéresser aux choses juste devant lui, plutôt que prendre en compte tout ce qui est éloigné. Et pour ce qui est de la réflexion, il est pas mal con.

Finalement, après encore quelques minutes de travail intense, Ivankov tapa sur la table en s'écriant Trouvé !. Attirant ainsi l'attention des quelques passagers somnolents avec lesquels il partageait le wagon. Après s'être excusé d'un geste de la main, l'extraterrestre toucha rapidement l'écran, pour passer à la prochaine page de son livre virtuel Où est Charlie ?. Une découverte qu'il avait faite dans la libraire intégrée au logiciel, lui permettant de télécharger un bouquin gratuitement. L'entité cosmique était ravi de son choix, qui l'occupait pendant un long voyage ennuyeux. Principalement parce qu'il passait, en moyenne, une heure sur chaque pages.

D'habitude le Héraut ne prend pas le train. Lorsque l'on est capable de voyager à la vitesse de la lumière, c'est légèrement inutile d'investir 100 dollars dans un trajet interminable et agrémenté du bruit constant des roues sur les railles. Aujourd'hui faisait cependant exception. Notre protagoniste étant beaucoup trop fatigué pour simplement voler jusqu'à New-York. HYDRA l'avait forcé à passer la veille et la matinée à transporter des montagnes de matériaux afin de construire un QG sur la côte Ouest. C'est pratique les aliens physiquement améliorés par des puissances cosmiques, pas besoin d'engager des ouvriers sous-payés lorsque l'on en a un. Suffit de lui dire que c'est une mission extrêmement importante et il s'occupera de porter à la place des camions. Qui plus est l'humanoïde fut aussi attaqué par un monstre marin gigantesque, avant d'être acclamé par la population après l'avoir battu. Sans que la population en question ne se rende compte qu'il volait des colonnes de métal sur un immeuble un peu plus loin, et le monstre essayait en réalité de protéger les bâtiments. Il y a sans doute ici une leçon à retenir sur les apparences, peuple de Los Angeles ! Ne vous y fiez pas ! Voilà donc pourquoi le super-vilain se retrouvait dans un transport en commun. La flemme de s'affaiblir encore plus en utilisant ses capacités surhumaines.

Confronté à une page un peu trop difficile -TOUS LES PERSONNAGES ÉTAIENT HABILLÉS AVEC LES MÊMES COULEURS QUE CHARLIE !- l'extraterrestre décida de faire une petite pause. Pour se rendre au wagon-buffet. Parfois c'est pratique de ne rien comprendre au fonctionnement de l'argent. Ça permet de payer quatre fois trop cher un mauvais plat réchauffé vendu dans un transport en commun, sans se sentir mal. Assit au comptoir, notre héros essayait de lancer la discussion avec l'employé blasé qui lui faisait face.
- C'est bien de vivre dans un train comme ça ? Moi c'est la première fois que j'en prends, et ça va, c'est sympa. Mais je sais pas si je me voirais y vivre. Vous faites comment pour aller au marché le samedi matin ? Faut sauter du train et remonter à temps avec les légumes ? Ou
Nous ne connaîtrons jamais la solution alternative, puisque subitement le train décida de sortir des railles et se lancer dans un accident.

Alors que le train commencer à tournoyer sur lui-même, Jean-Akira se disait qu'il aimerait bien passer une journée normale de temps en temps. C'est vrai ça, depuis qu'il était sur Terre, pas moyen de vivre comme les terriens, c'est incroyable. Quand il descend au bar un super-vilain décide d'attaquer la banque du coin et bloque toute la rue. Quand il va faire ses courses, des agents du SHIELD le voit payer avec sa carte de crédit HYDRA et il doit les faire taire. Et aujourd'hui, alors qu'il prenait le train, le truc le plus ennuyeusement banal qu'on puisse imaginer, dans lequel il ne se passe jamais rien, voilà qu'il se retrouve à faire un léger détour vers des cailloux. En oubliant certainement que les trains ne sont pas fait pour et ont tendance à faire du gros n'importe quoi une fois séparés de leurs railles. Dans notre cas, le véhicule commença normalement. A simplement rouler sur le sable dur, avant de décider que c'était vraiment trop peu comme réaction. J'imagine, je ne suis pas dans la tête du train. Être dans celle de Jean-Akira, c'est déjà bien assez. Alors le véhicule se lança dans des tonneaux des plus spectaculaires, permettant à tous ses voyageurs de finalement découvrir la sensation d'être dans une machine à laver. Avec en plus éclats de verre, lourds sièges qui volent et morceaux de murs qui se détachent. Sans le lavage, aussi, n'espérez pas ressortir propres d'un accident de train.

Ivankov ne l'était pas, lui. Il avait eu la malchance d'être balancé contre une vitre, se brisant sous son poids. Le reste du court voyage fut donc séparé entre des rencontres avec une extrémité du train, puis le sable de l'autre côté. Si habituellement le Héraut imbus son corps continuellement de puissance cosmique, inconsciemment, il était aujourd'hui trop fatigué pour. L'avait totalement usée la veille en portant des tonnes de matériaux. C'est dommage, l'utiliser pour une tâche aussi naze, s'il savait qu'un excitant accident de train l'attendait le lendemain, il aurait économisé. Ainsi, nous allons faire un petit récapitulatif pour ceux prenant l'histoire en cours de route. Les pouvoirs de l'extraterrestre lui permettent notamment de se protéger. Sans précision, ils le protègent de plus ou moins tout. Un coup de poing supersonique, un immeuble lui tombant dessus, le vide intersidéral. A vous de choisir. Donc, quand notre héros met ses pouvoirs au repos, il se retrouve dans la situation de n'importe quel humain craignos. Ah bah voilà, lui qui voulait tant passer une journée normale de terrien. Il allait vivre la douleur comme ils le font.

Premier bilan : ce n'est pas très agréable. Pensa notre protagoniste alors qu'il sentait un os se déplacer en tapant contre le mur. Peut-être même se casser ? Rien de bien sympathique en tout cas. La suite fut pire encore. La même chose, mais de tous les côtés et de plus en plus vite. Alors que sa tête frappait légèrement un fauteuil, l'entité cosmique commença à se dire qu'il devrait peut-être éventuellement envisager la possibilité de réagir. Seulement, être répétitivement frappé sur la tête par les différents objets virevoltants dans le wagon l'empêchait de penser. Comprenez encore plus que d'habitude. Ainsi notre héros fut incapable de trouver un plan avant que le train ne s'arrête définitivement. Le laissant allongé dans le sable, sous le bar et à côté du distributeur de sandwich.

- Aaaah fut sa première réaction, un léger râle, lui demandant tout de même de rassembler ses forces. Oh non, Charlie suivit, lorsque l'alien remarqua l'état de sa tablette, écrasée sous son torse. Puis vint une lueur d'espoir, alors que la vision de l'humanoïde s'habituait aux alentours et tombait sur le distributeur à la vitre brisée, déversant des sandwichs poulets-crudités devant ses yeux. Ce fut tendant difficilement ses bras enfouis vers la panacée sous forme alimentaire, que Jean-Akira entendit une nouvelle intervenante.
« Il y a quelqu'un ? » Incapable de réfléchir normalement après les quelques chocs crâniens, notre protagoniste se contenta de répondre par un
- Il y a des sandwichs, tu veux quel goût ? Mettant finalement la main sur la nourriture, il fut en position de continuer Plus que des poulets-crudités, revenez plus tard s'il vous plait, merci. Le Héraut accompagnait ses répliques d'une voix faible et hésitante, semblant remarquer que quelque chose clochait. Qu'elle n'appartenait habituellement pas à un vendeur de sandwichs. Ça n'empêcha pas l'alien d'ajouter, toujours abruti par le choc Oooh, les jolies flammes...

Quel est l'avenir des flammes ?:

Sentant les alentours commencer à sérieusement chauffer, l'agent se dit qu'il devrait peut-être réagir. Moins d'adjectifs cette fois, la réaction vient plus rapidement. Il concentra, difficilement, sa puissance cosmique, se protégeant de ce qui viendrait. Une bonne idée, puisque l'explosion, sans être extrêmement violente, l'aurait bien carbonisé, sans la protection. Expédié en dehors des gravats, délivrés de sa prison de métal, il valdingua dans les airs, avec une grâce digne des plus grands mannequins utilisés dans les films lors des scènes de chutes. Pour finalement se loger sur un large rocher. Allongé sur la dure surface, le bras tordu dans le dos, ses vêtements brûlants à moitié, le Héraut laissa s'échapper un second râle. Bien plus long que le premier.

Jean-Akira ne détestait pas le train, mais il commence à sérieusement le mépriser.

Jean-Akira ne remarquait plus ce qui se déroulait autour de lui. Son cerveau, quasiment éteint, se concentrait plutôt sur le ciel, admirait cette jolie journée. Pas un seul nuage, le soleil était libre de frapper aussi fort qu'il le souhaitait. Faisant cuir notre héros, tout en l'arborant d'une odeur de sang séché. Pas très agréable comme odeur, mais ce n'était qu'une chose de plus à ajouter à la liste des éléments à ignorer. Avec le bruit, les cris, les plaintes, entourant notre protagoniste. La plupart poussés par les rescapés -certains pour peu de temps- de l'accident. Alors que la mutante essayait de casser une vitre, Ivankov caressait le vautour venant de se poser sur son torse. En accompagnant son geste de murmures inaudibles, qui n'avaient de toute façon pas beaucoup de sens. J'ai entendu "mignon", "tout plumé" et "gouzigouzi". Lorsque trois autres oiseaux se posèrent aux côtés du premier, l'alien essaya faiblement de tous les câliner en même temps, en riant doucement. Avec l'expression abrutie du type venant de se prendre une enclume sur le crâne dans un dessin animé. La scène continua quelques secondes, jusqu'à ce que l'extraterrestre comprenne que les charognards ne voulaient pas lui tenir compagnie, mais essayaient tous de le grignoter. Le mordant un peu partout dans des gestes pas du tout affectueux.

Notre héros rassembla ses forces, bougea vaguement les bras en signe de protestation et les animaux s'éloignèrent rapidement, déçus, vers une autre source d'alimentation. Permettant au Héraut de reprendre son activité initiale, ne rien faire. Malheureusement son esprit commençait à refonctionner, et ignorer le reste du monde devenait de plus en plus difficile. Jusqu'à ce que, finalement, une jeune femme intervienne.
« Vous êtes blessé ? » Jean-Akira se releva difficilement, pour lui faire face. Quittant sa position de crabe mort afin de s'asseoir sur son rocher.
- Je crois pas... J'ai mal partout, mon bras est tordu et je sens plus un pied, c'est normal ? Faut le comprendre, il a pas l'habitude de se blesser pour si peu. Profitant de la pause question, il regardait maintenant autour de lui. Observait la situation, en essayant de déterminer exactement ce qu'il devait faire. Se demanda d'abord si le train allait redémarrer, s'il fallait entrer dedans et s'installer avant qu'il ne parte. Puis tenta de déterminer où il était. Habituellement, lorsque notre protagoniste est perdu, il se contente d'arrêter d'avancer horizontalement, pour se lancer dans le vertical. Prendre un peu de hauteur et repérer les alentours, c'est une solution particulièrement efficace. Mais inutile quand il est si faible. Alors l'alien observa un instant la mutante, qui semblait s'en sortir jusque là. Tel un enfant perdu, Jean-Akira se rattachait à quelqu'un. La jeune femme était parfaite, confiante, prenait des initiatives et venait lui parler d'elle-même. L'entité cosmique était donc déterminé à la suivre pour survivre. Connaissant parfaitement ses limitations et sa légère tendance à faire les mauvais choix lorsqu'on le laisse prendre les décisions.

- Et toi, t'es blessée ? T'as l'air d'aller bien, tu dois être drôlement forte pour t'en sortir après ça... S'interrogea le Héraut, afin de déterminer si elle était dans des bonnes conditions pour l'aider. C'est comme ça les idiots, ils ont besoin d'un leader pour les mener. Au moins Ivankov s'en rend compte, qu'il est incapable de se tirer d'une situation problématique, c'est déjà ça. On fait quoi maintenant ? J'ai jamais été dans une accident moi, y'a des trucs spéciaux ? Va falloir marcher jusqu'à New-York j'ai l'impression, c'est gavé chiant.