Une parenthèse dans mon hasard, un aparté dans mon destin. [flashback] - ft. Maxence

Une parenthèse dans mon hasard,
un aparté dans mon destin.

Maxence Lorenzi ∞ Niall Southway

’Vous avez un cancer du poumon Monsieur.’ Les mots résonnaient. C’était comme l’entendre sans réellement le comprendre. Ma consommation de nicotine avait encore augmenté à l’annonce. J’allais mourir d’un cancer. Je suppose que c’était la chose qui devait finir par arriver. La suite logique. La suite ou plutôt la fin. Je ne suis pas du genre à me rouler en boule dans un coin et à pleurer sur mon sort. La vie était ce qu’elle était. Point. Après tout, ce n’est pas vraiment comme si elle m’avait fait de cadeaux depuis le début… J’avais longtemps hésité à me pointer à ce rendez-vous. Payer une fortune pour se faire entendre dire par quelqu’un ce que je dois faire, c’est pas trop mon truc. Voir pas du tout. Mon argent, je l’économisais méticuleusement. Un résidu de quand j’étais à la rue. Chaque centime pouvait avoir son importance et j’ai du mal à me détacher de cette vieille habitude. Après tout, je n’ai pas besoin de vivre dans le luxe. Et… un psychologue… Ca fait tellement bourgeois comme terme, comme situation. Pourtant, j’étais là, dans cette salle d’attente à patienter sagement. Pour une fois j’étais sorti sans mon chien. C’était chose rare. Normalement, il était toujours à mes côtés. Je poussai un profond soupire. Mes poumons intoxiqués me le rendirent par un toussotement. Je ne m’étais jamais rendu compte que je toussais avant. Enfin si, mais je ne pensais pas qu’un cancer pouvait en être la cause.

J’avais envie de fumer. Je m’en étais griller une avant de monter dans la salle d’attente mais l’envie était toujours présente. Présente et oppressante. Parce que, quelque part, c’était ce qui était en train de me tuer à petit feu, sans même que je ne m’en rende compte. J’étais en train de me relever pour partir –de toute façon cette situation est ridicule- lorsque la porte du cabinet s’ouvrit, laissant place à un jeune homme. Je lui lançai un bref regard. Bon, il semblerait que c’était trop tard pour prendre la fuite. Étant seul dans la salle d’attente, je supposai qu’il n’attendait que moi. Je m’avançai donc et allai prendre place dans son cabinet en silence. « Docteur Lorenzi je suppose ? Je ne vais pas vous mentir, j’étais sur le point de partir. » Autant être honnête non ? Ne fallait-il pas être honnête avec un psy ? « Disons que je vous donne le bénéfice du doute le temps d’une séance. »

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Maxence Lorenzi ∞ Niall Southway

Maxence exerçait ce métier depuis de nombreuses années déjà. Des cas de personnes atteintes de cancer, il en a vu. Certains ont tenu le coup, d’autre n’ont pas eu cette chance.. Il est toujours délicat d’avoir une personne en face de soi qui peut mourir du jour au lendemain, et qui plus est, est consciente de ce détail. Mais Maxence était un bon psychologue, nombreux sont ses anciens patients qui ont pu trouver un second souffle de vie. Ce dire qu’il avait réussi à aider des personnes était une satisfaction très forte pour lui. C’était un mélange d’euphorie, et de bonheur de voir ces patients souriants.  Humble, Maxence n’a jamais eu le syndrome de la grosse tête, et c’est ce fait-là qui le rendait très humain avec ses patients, qu’il était capable d’être proche avec eux et de les aider.

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Alors oui, tout le monde de peut pas être aidé, mais Maxence garde une certaine naïveté enfantine en pensant le contraire. D’ailleurs, aujourd’hui, il avait reçu cet accidenté de la route, ancien danseur, qui n’arrivait pas à faire le deuil de sa jambe. Le dossier n’était pas facile car la perte d’un membre qui coupe toutes passions peut mener à une envie de finir sa vie. Mais, après un nombre inimaginables de séances, ce jeune homme, arrivant sur une prothèse était sorti souriant du cabinet Lorenzi. Les cours d’handi’danse que Maxence lui avait proposé le combla. Il ressentait encore le fantôme de son membre, mais en quelques séances, il n’y aura plus rien… La journée était bonne, Maxence était de bonne humeur prêt à prendre son prochain patient.
Niall Southway. On lui a décelé un cancer des poumons. Absence d’assurance maladie. Déjà, cela voulait dire que les moyens sont moindres voir peu présent dans le ménage de cet homme. Mais qu’importe, c’était l’hôpital qui prenait en charge. Mais ceci n’est que détail. Dans le dossier, il y avait très peur d’informations concernant le jeune homme. Est né en Ecosse. L’hôpital possédait de biens maigres informations à son sujet. Dans un sens, ce n’était pas problématique car Maxence finira par comprendre le pourquoi du comment, mais surtout trouvera le moyen de suivre et soutenir psychologiquement ce malade dans son combat contre le cancer.
Maxence continua de lire et relire ce dossier quand un bruit le coupa dans sa lecture. Un bruit de toux, forte et sèche. Niall ? Maxence observa sa montre et vit qu’il était en avance de cinq minutes. Le psychologue se leva et, dossier à la main, ouvrit la porte. IL découvrit Niall débout, tentant une feinte pour fuir.

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« Docteur Lorenzi ? » Maxence eut comme un bref blocage. Pas un blocage froid, mais un je-ne-sais-quoi qui était sur le point de le déstabiliser. Le regard perdu sur le visage de son patient, Maxence secoua discrètement la tête comprenant que Niall venait de faire une sorte de blague.
Il lui adressa un doux sourire avant de l’inviter à entrer dans son bureau.
« Et bien, prenez donc place Niall.. Southway ? » Il lui indiqua la chaise sur laquelle s’asseoir, chose que Niall fit. Pendant ce temps, Maxence ferma la porte, cherchant à comprendre d’où venait ce moment d’égarment. Mais il reprit vit ses esprits quand son professionnalisme intérieur lui rappela la présence du patient. Il se posa devant Niall, un carnet stylo sur les jambes et mettant ses lunettes.

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Maxence Lorenzi ∞ Niall Southway

J’étais en face de cet homme… et je ne me sentais pas à ma place. Je n’avais pas envie de lui parler, de lui confier mes doutes. A quoi bon de toute manière vu que j’allais mourir à petit feu ? Qu’est-ce que cela changerait qu’il sache ? J’avais pensé que ma respiration parfois difficile ou ma voix parfois rauque n’était que des soucis passagers dû à la cigarette. Je ne le connais pas, il ne me connaît pas. Comment pourrait-il prétendre m’aider ? Je le détaillais en silence. J’aurai peut-être dû partir plus tôt de sa salle d’attente, j’aurais peut-être dû ne pas venir du tout après coup… « Et bien, prenez donc place Niall.. Southway ? » Gardant le silence, j’allai m’installer sur cette chaise. C’était un peu gênant comme situation. Et l’utilisation de mon nom… Southway… Cela faisait longtemps qu’on ne m’avait plus vraiment appelé ainsi. Cela me ramenait loin en arrière. Je manquai grimacer à l’utilisation de ce dernier. « Niall, ce sera très bien. » Parce que Southway voulait dire repenser à l’Écosse, à ma famille, à ma sœur et à cette putain de nuit qui m’a poussé à tout plaquer là. « Et moi ? Comment suis-je donc sensé vous appeler ? » A vrai dire je n’avais retenu que son nom… Lorenzi. Je n’étais pas heureux d’être face à lui, je ne comptais pas vraiment faire preuve de monts d’efforts pour établir le contact. Je ne crois pas en ces méthodes.

Mon regard se balada dans la pièce. Sobre, simple, efficace. Rien de trop personnel. Cela me rappelait le centre de désintoxication. Un plutôt mauvais souvenir. A la rigueur, les séances de groupe étaient encore ce qu’il y avait de plus sympa. Je n’ai jamais fait l’expérience de me retrouver seul face à une personne voulant m’aider. Enfin, voulant… C’est surtout une histoire de salaire si vous voulez mon avis. Pourquoi voudrait-il m’aider ? Je ne suis qu’un inconnu. Même les informations que l’on pouvait trouver sur moi avaient été nettoyées. Graham avait accepté de le faire. Il n’y avait plus rien sur le fait que j’ai été en désintox vers mes 18 ans. Cela a été enlevé de mon dossier médical, comme le fait que j’étais suspecté de meurtre par la police d’Édimbourg. Il m’avait fait mes papiers américains, me faisant passer au-dessus de toutes les démarches habituelles. Pour le coup, cela m’avait foutrement aidé. Je caressai le bois du bureau du bous des doigts. « Alors ? Par quoi sommes-nous sensé commencer ? Je me roule en boule et je vous raconte à quel point cette histoire de cancer est une putain de folie tout en pleurant ? » Je relevai le regard, plongeant mes yeux dans les siens. « Parce que, je vous préviens, ce n’est pas du tout mon genre. »

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Maxence Lorenzi ∞ Niall Southway

Maxence… Un  petit rire le secoua à ma précédente tirade. Au moins, il avait un minimum d’humour. Mon attention était définitivement posée sur lui alors qu’il se penchait en avant vers moi. Je préférais l’observer lui que d’observer le décor. Trop impersonnel, trop de mauvais souvenirs. Et l’homme n’était pas déplaisant à regarder. Il était même plutôt beau. Dommage que nous soyons dans son cabinet et pas dans un bar gay… Il aurait fait un magnifique coup d’un soir. Mais je suppose que comme la plupart, il est hétéro. « Vous savez, je suis là pour vous aider dans ce combat contre la maladie. Un traitement physique est nécessaire, mais un traitement psychologique l’est encore plus. » Je lâchai un souffle sarcastique. Comme si j’allais honnêtement suivre leur traitement, comme si j’allais revenir ici après cette première séance. La fin est inévitable, pourquoi prolonger l’échéance ? Avec un peu de chance, je mourrai d’une insuffisance pulmonaire chez moi, avec Graeme, une clope à la main. Je préfère cela que de devoir luter pour chaque bouffée d’oxygène pendant des semaines. J’allais dire à mon… psy… d’aller gentiment se faire voir avec ses idées de médication lorsqu’il reprit la parole. « Je sais que dans votre passé peu ou personne n’était présent pour vous, et que, de cette solitude que vous fait souffrir, vous vous êtes renfermé. Détendez-vous, vous n’avez rien à craindre de moi. Vous n’avez qu’à accepter l’aide que je vous propose. » Je me figeai, observant Maxence d’un air interdit pendant quelques instants. Comment ? Il n’y a rien qui indique que je suis seul. Ou alors il testait les pistes habituelles… Du genre je lance quelques phrases et je regarde comment le client réagit. « Co…. ? » Je me mordis la langue, mais trop tard. La solitude… Combien de temps l’ai-je ressenti ? Même à Édimbourg, j’étais le rejeton drogué, celui qui ne ferait jamais rien de sa vie, celui qu’on a foutu à la porte sans même lui laisser le temps de se retourner. Je plissai les yeux. Cette thérapie n’était vraiment pas une bonne idée.

Je n’aimais pas ce que cela faisait remonter en moi, les pistes qu’il était en train de prendre. Il voulait me psychanalyser ? Pour la première fois, je me rendais compte qu’il allait sérieusement avoir du travail avec moi. Entre la drogue quand j’étais jeune, le centre de désintoxication, le meurtre involontaire, l’arrivée à New-York loin de tout ce que j’ai connu et… la vie à la rue. Il y avait bien eu des personnes à mes côtés pendant ce temps là… Enfin… personnes… J’ai appris à les considéré comme tel. Ils se sont tous les deux montré bien plus humain que ceux qui se contentaient de me regarder avec un air dégouté avant de me jeter quelques centimes. Potes et Graeme. Les deux chiens que j’ai trouvés quand j’étais à la rue. J’ai eu de la chance de tomber sur Graeme peu après la mort de Pote. J’ai partagé tout ce que j’avais avec eux, ils ont fait de même. Des compagnons d’infortune, des présences importantes pour tenir le coup. « Je croyais que j’étais ici pour parler de mon cancer, pas de mon passé. » Non, je ne pouvais pas juste ‘accepter l’aide que l’on me propose’. Certes, c’était ce qui m’avait sorti de la rue mais là, il n’y avait rien à dire. J’ai un cancer. Point. Fin de l’histoire. Il n’y a rien à dire de plus. Rien à faire pour éviter cela. Je soupirais. L’hôpital ne lui avait vraiment pas envoyé un cadeau en me faisant suivre par lui. Je me passais une main sur le visage. Autant y mettre fin de suite non ? Ce sera plus facile pour nous deux. « Écoutez… Je n’ai envie de parler ni de l’un ni de l’autre. Il n’y a rien à dire. De plus, je ne suis pas doué pour la passivité. Donc, je vais nous éviter à tous les deux un moment pénible et je vais vous laisser si vous le voulez bien. »

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Maxence Lorenzi ∞ Niall Southway

Maxence faisait preuve d’une grande patience et d’un silence impressionnant. Notant chaque réaction qu’avait Niall. D’ailleurs, le jeune psychologue avait vu juste ; Niall a souffert toute sa vie de la solitude. C’était un point important pour Maxence. Cela expliquait le fait que pour Niall, se soigner n’était pas utile. Pourquoi rester en vie quand personne ne vous attend ? C’était tragique et même triste. Mais pas de place pour la pitié, Maxence continua à prendre des notes.

« Co.. ? » Bingo. Maxence avait réussi son coup de bluff, mais en plus il avait trouvé la corde sensible qui faisait mal. Voilà un point de départ qu’il allait utiliser pour sa thérapie. Parler du passé est une chose primordiale.
En effet lors d’une thérapie psychologique avec une personne atteinte d’un cancer, il est important de comprendre d’où vient la cause psychologique à tout cela. Pourquoi ce patient lambda buvait-il beaucoup d’alcool ? Qu’est-ce qui l’a poussé à consommer de la drogue, etc, etc. Une fois le problème cerné, il est important que le patient soit en acceptation de sa maladie et de son passé, car, pour un bon traitement de la tumeur, il faut impérativement une stabilité psychologique et sociale.
Mais ici, cette méthode allait être beaucoup plus longue, et c’est ce qui inquiétait Maxence. Un cancer des poumons peut très rapidement se propager. Cette séance devait bien se passé et faire réagir Niall. C’était primordial.
De plus, cette situation de solitude, pour un malade ou non, n’est pas bonne du tout. Il fallait commencer par parler de ce point. Mais, voyant la fermeture de coopération de cet homme, Maxence devait ruser.
« Je croyais que j’étais ici pour parler de mon cancer, pas de mon passé. » affirma Niall. Maxence n’eut pas réellement le temps de répondre que son patient, montrant une certaine gêne et impatience, lui expliqua qu’il n’avait pas envie d’être ici et de parler de sa vie, présente comme passée.
« Niall, si je puis me permettre, parler de votre cancer est une chose, mais avant cela, je dois comprendre ce qui vous êtes arrivés. Manifestement, vous souffrez d’une solitude chronique, qui au fils des ans vous a poussé à vous refermer sur vous-même. Mourir ne vous fait pas peur car, inconsciemment, vous savez que personne ne sera là le jour de votre enterrement. » Maxence savait pertinemment que ses propos allait pousser Niall hors de lui. Il pouvait tenter de fuir, la porte était fermée à clef. Ces dernières dans la poche de veste.

« Vous êtes seul, et ce n’est pas normal, surtout quand vous devez vous battre face à une telle maladie. J’aimerai comprendre ce qui a provoqué une telle solitude et vous aider à lutter contre cela. Vous n’êtes plus seul, je suis là, et je vais vous aider. » Maxence ferma son carnet et se pencha à nouveau vers Niall. Il observa dans les yeux, un regard sérieux et ferme.
« Vous souhaitez partir de ce bureau pour quelles raison M. Southway ? Vous avez peur de votre passé ? Ou peut-être avez-vous peur de vous rappeler de votre adolescence qui fut affreuse ? » Deuxième coup de bluff. Espérons que ça fonctionne comme le premier.
« Je suis désolé de vous dire que je ne laisse pas mes patients sortir d’ici tant qu’ils ne vont pas mieux.. ! » affirma-t-il avait un sourire un brin sadique.

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Maxence Lorenzi ∞ Niall Southway

« Niall, si je puis me permettre, parler de votre cancer est une chose, mais avant cela, je dois comprendre ce qui vous êtes arrivé. Manifestement, vous souffrez d’une solitude chronique, qui au fils des ans vous a poussé à vous refermer sur vous-même. Mourir ne vous fait pas peur car, inconsciemment, vous savez que personne ne sera là le jour de votre enterrement. Et, en vérité, vous angoissez terriblement, vous avez peur d'être seul pour l'éternité...» Je me levai. Je n’avais pas envie d’entendre des choses pareilles. « Il n’y a pas d’éternité. Mon cancer peut s’aggraver du jour au lendemain. » Non, il n’y avait plus d’éternité. Chaque heure était contée. Je n’avais pas conscience de ce décompte avant qu’on m’annonce que j’en étais à ce point-là. Je n’avais pas conscience que nous marchions tous vers la mort. A quoi bon avoir survécu aussi longtemps dans la rue si c’est pour en arriver là aujourd’hui ? C’était absurde. Absurde, con et frustrant. Je me tournais vers la porte et avançai vers cette dernière. Je m’arrêtai néanmoins en cours de route, lorsqu’il reprit la parole. Je me tournai à nouveau vers lui, son regard se plongea dans le mien. « Vous êtes seul, et ce n’est pas normal, surtout quand vous devez vous battre face à une telle maladie. J’aimerai comprendre ce qui a provoqué une telle solitude et vous aider à lutter contre cela. Vous n’êtes plus seul, je suis là, et je vais vous aider. » Je ne retins pas mon reniflement dédaigneux. Il n’était pas sincère. Comment aurait-il pu l’être ? Je ne suis qu’un inconnu pour lui. Une personne qu’il ne connaissait même pas avant que je ne mette les pieds ici. Je ne suis qu’un dossier. Comme au centre de désintoxication. Juste un numéro parmi les autres. C’est peut-être égoïste de ma part mais je ne voulais pas d’aide si elle n’était pas sincère. « Pourquoi ? Parce que c’est votre job ? Je ne me fais pas d’illusion vous savez. Pour vous, je ne suis qu’un client parmi les autres. Vous n’êtes pas sincère. » Comment ne serait-ce qu’essayer de baser sa confiance sur quelque chose d’aussi instable ? Cela ne donne pas envie. Je ne veux pas m’ouvrir à lui, je ne veux pas lui expliquer ma route jusqu’ici.

Mais quelque part… Il était le premier à demander. Le premier à faire mine de s’y intéresser. Mais j’avais bien trop de fierté que pour céder. Une fois mort, que resterait-il de moi si ce n’est mon chien ? Je devrais probablement laisser une note à quelqu’un de la confrérie pour qu’il en prenne soin le jour où… Raven avait l’air de bien l’aimer… Je pourrai peut-être lui en parler… « Vous souhaitez partir de ce bureau pour quelles raison M. Southway ? Vous avez peur de votre passé ? Ou peut-être avez-vous peur de vous rappeler de votre adolescence qui fut affreuse ? » Southway… Un long frisson me remonta le long du dos. Je détestais être appelé ainsi. Une fois mon nom prononcé, je n’écoutai même plus la suite. J’aurais peut-être dû demander à Graham de changer mon nom lorsqu’il m’a fait mes nouveaux papiers. Je ne sais pas trop pourquoi je n’y ai pas pensé à ce moment-là. Peut-être par pure habitude, par confort. Je m’approchai de son bureau et prit appuis d’une main dessus pour me pencher sur lui, le mitraillant du regard. « Ne m’appelez pas Southway. » Southway était resté en Écosse. Il était resté à l’aéroport le soir ou je me suis envolé pour New-York. Je n’étais plus que Niall. Ce nom était toujours présent parce qu’il fallait bien avoir un nom mais il ne m’appartenait plus. Je me détournais à nouveau et me dirigeai vers la porte, bien décidé à foutre le camp pour de bon. « Je suis désolé de vous dire que je laisse pas mes patients sortir d’ici tant qu’ils ne vont pas mieux.. ! » « C’est ce qu’on verra… » Ma main se porta à la poignée et j’essayai d’ouvrir. Verrouiller. J’insistai un peu, hésitant à défoncer cette foutue porte. Je me tournai à nouveau vers Maxence, pas très heureux d’avoir été enfermé. « C’est petit de votre part Maxence. Ouvrez cette porte. » Nouveau retour sur son bureau. Cette fois ci, je m’y appuyai à deux mains, le dominant de ma hauteur. « Je n’aime pas vos méthodes et ce que vous sous-entendez. Laissez-moi partir. Il se pourrait que je demande moins gentiment la prochaine fois. »

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Maxence Lorenzi ∞ Niall Southway

Il faut l’avouer, Maxence était assez heureux de voir que Niall tomber en plein dans sa thérapie. Qu’on se le dise, les réactions du jeune homme étaient tout ce qu’il y a de plus normal. Le rejet et la fuite face à une réalité qui le fait souffrir. Finalement le rendez-vous se débrouillait mieux qu’il n’imaginait. Par ailleurs, ces vives réactions laissaient beaucoup d’explications concernant son passé. Comme si son corps le trahissait.
Pour commencer, le rejet total de son nom de famille, ce qui laisse à penser que Niall a eu un ou des conflits avec sa famille ; ce qui revient à cette idée de solitude. Il s’agit de spéculation, mais Maxence n’écarta pas la possibilité que Niall vive seul et a vécu seul. Enfin, en vue de son état de santé, qui a été largement dégradé en peu de temps, Maxence pensa à l’hypothèse que son patient a vécu dans le rue. Ce n’est pas anodin qu’un sdf ou ancien sans abri ait un cancer à un âge si jeune. C’était même de la logique presque pure, mais comment être certain que son hypothèse soit juste ?
La remarque de Niall concernant son choix « de dossier » fit rire Maxence. Il avait tort, complètement tort. Le psychologue était sincère avec Niall comme il a toujours été sincère avec ses patients. Oui, il gagne de l’argent, mais s’il est devenu ce qu’il est, c’est pour aider des gens, pas pour gagner uniquement de la monnaie. Mais Maxence préféra se taire, laissant à Niall le plaisir de s’exprimer.

Puis, ce dernier tenta de quitter le bureau. Quand il vit que la porte était ouverte, Maxence garda un sourire doux et ironique et remontant ses lunettes. En revanche, il ne s’attendait pas à voir son patient s’approcher aussi prêt de lui. Par ailleurs, ça le déstabilisa un peu.
« C’est petit de votre part Maxence. Ouvrez cette porte. Je n’aime pas vos méthodes et ce que vous sous-entendez. Laissez-moi partir. Il se pourrait que je demande moins gentiment la prochaine fois. »

Ses yeux, bon dieu, Maxence pouvait les contempler pendant des heures s’il pouvait. Même en colère, il n’était pas déplaisant à regarder. Et pour être sincère, cette situation de le dérangeait pas. Mais Maxence se leva, frôlant presque le visage de Niall avec le sien.
« Oh, des menaces ? Comment c’est amusant, mais assez inefficace je dois dire. Votre état de santé ne vous permettrai pas de vous battre je vous rappelle. Et puis, je n’aime pas la violence.. » Maxence fit le tour de son bureau pour se mettre en face de son interlocuteur.
« Niall. Ici, il n’y a pas de client, seulement des personnes que j’aimerai aider. L’argent n’est pas motivation, loin de là, sinon je serai devenu, je ne sais pas, proxénète ou homme politique. Vous n’êtes pas le dossier x-230 qui va me procurer telle ou telle somme. Vous êtes Niall, cet homme atteint d’un cancer des poumons, celui qui a souffert toute sa vie de solitude, que j’aimerai aider. »

Maxence se posa à légèrement sur le bureau, ne quittant pas Niall du regard. « Et si j’ai décidé de vous aider, c’est que j’en avais envie. Je sais ce que c’est d’être seul, d’être perdu et de plus avoir de chez soi.. » Oui, il sous entendait bien son hypothèse. « Et je sais que remonter la pente est difficile, surtout quand on est malade.. Je vous l’ai dit, je ne souhaite qu’une chose, vous aider » Ce qu’il disait différait un peu de la vérité. Maxence était seul pendant longtemps, mais il était avec sa sœur, Al’ya. Mais pendant longtemps ils étaient seuls, dans une ville qu’ils ne connaissaient pas, ne trouvant pas maison de suite. Maxence était un pilier pour sa sœur, sachant quoi faire pour combler sa tristesse.

Il ne fallait pas se mentir, Niall lui faisait penser à Al’ya à leurs débuts à New York. Perdue et seule. La vie est injuste, et Maxence refusait cette vérité en aidant ceux qui n’ont pas eu de chance. Voilà pourquoi Maxence attachait de l’importance à aider ce Niall Southway.

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Maxence Lorenzi ∞ Niall Southway

Je l’observais en silence. Il avait raison. Je n’étais clairement pas en état de me battre. Comme pour faire écho à ces paroles, je fus prit d’une quinte de toux. Saloperie. Son discourt avait du sens. Et ça me perturbait. Je ne comprenais pas que l’on puisse se consacrer à aider ainsi des inconnus en totale simplicité. Peut-être… peut-être devrais-je faire ce que j’avais dit plus tôt. Lui laisser le bénéfice du doute le temps d’une séance. Jouer un peu le jeu. Qu’avais-je à perdre ? Même si je détestais qu’il fasse remonter tout cela… C’était lui le psy non ? « Et si j’ai décidé de vous aider, c’est que j’en avais envie. Je sais ce que c’est d’être seul, d’être perdu et de plus avoir de chez soi.. » Je me laissai tomber dans son siège, m’avouant ainsi vaincu quant à ma crise de colère. Il ne pouvait pas sous-entendre ce à quoi je pensais. Il doit parler d’une sorte de métaphore. Sans doute d’un sentiment de ne pas être à sa place. Il ne doit surement pas parler de vivre à la rue. Comment le pourrait-il ? Il ne peut pas tomber aussi juste à chaque fois. Non, il ne pouvait pas savoir ce que cela fait vraiment de ne plus avoir de chez soi, de ne plus être rattaché à rien, de ne plus être que l’inconnu à qui on lance parfois une pièce parce que son chien fait naître un peu de pitié.  « Et je sais que remonter la pente est difficile, surtout quand on est malade.. Je vous l’ai dit, je ne souhaite qu’une chose, vous aider » Je me passai une main devant le visage. Il allait avoir du boulot avec moi le pauvre. A force de le répéter, j’allais presque finir par croire qu’il était sincère quand il disait vouloir m’aider.

Je lâchai un soupire. Bon, il était temps de rendre les armes et de regarder de plus prêt à cette main tendu non ? « Bien… Je jouerais le jeu le temps de cette séance mais… je me pose une question. » Je relevai la tête, mon regard cherchant le sien.  « A partir de quel degré d’informations êtes-vous dans l’obligation de briser la confidentialité de ce que je vous raconte ? »  Juste une simple question… Juste histoire de savoir ce que je dois garder à tout prix pour moi. Je ne parlerais déjà pas de la confrérie. Le sujet de ma mutation… je ne sais pas trop. Est-il dans l’obligation de me signaler, de me faire rentrer dans le système ? Si j’aborde le meurtre involontaire commit à Édimbourg, est-il dans l’obligation de contacter la police locale ? Quelque part, j’avais conscience de l’aveu que je venais de faire au jeune homme. Un joli teasing involontaire mais… je devais avoir la réponse à cette question pour que les choses se passent au mieux.

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Maxence Lorenzi ∞ Niall Southway

Maxence ressentait une certaine satisfaction de voir que Niall cédait petit à petit à la thérapie. Il était évidant que Niall souffrait et souffre à l’heure actuelle. Un pincement au cœur venait de le frapper le psychologue. Son patient était bien plus au bout du rouleau qu’il ne l’imaginait. Mais savoir que ce dernier lui accordait une once d’espoir lui apporta suffisamment de satisfaction pour oublier cette douleur.

Ce n’était pas de la pitié, au contraire, de la compassion vis-à-vis de cette histoire qui lui faisait songer à la sienne. Maxence resta silencieux pendant quelque instant, regardant Niall avec un sourire. Il s’avança vers lui et s’assit en face de lui. Il croisa ses mains et se pencha vers son interlocuteur.

« En tant que psychologue, je suis soumis au secret professionnel. Vous pouvez me dire que vous avez mangé une pomme, tué un enfant ou que sais-je encore, je n’ai pas le droit de divulguer un seul mot. Tout ce qui se dit ici doit et restera entre nous, entre ses murs. Enfin, il n’y aura également aucun jugement de ma part, je ne suis pas là pour critiquer qui que ce soit, nous faisons tous des erreurs. » En ses mots, Maxence tenta d’être le plus doux possible afin de faire comprendre ses bons sentiments vis-à-vis de Niall.

Et pour le coup, Maxence était encore sincère. Il n’a aucunement le droit de parler des confidences de Niall, même s’il avouait un meurtre. Le serment d’Hippocrate était une cause importante pour Maxence au même niveau que la confiance ou la fidélité. On ne plaisante pas avec ce genre de parole. Qui plus est, déjà qu’avoir la confiance de ses patients peut se révéler difficile, il est, en toute logique, inadmissible d’aller « kafter » ce qu’ils nous disent. En tant que psychologue, la confiance et la confidentialité sont les maitres mots de toutes les séances.

« Vous voyez, nous avons déjà progressé. Par rapport au début de la séance, vous êtes plus réceptif à ce que je vous dis. Pardonnez mes méthodes un peu brutes, mais il ne faut pas attendre pour panser la plaie. » Maxence se leva, se dirigea vers le bureau et récupéra son carnet en se baissant. Après cette petite acrobatie il retourna s’assoir.
« Bien, pour commencer, nous devons parler de votre passé, de ses événements qui vont amener à cette solitude pour ensuite parler de votre cancer et la façon dont nous allons le traiter. C’est important  que vous ailliez confiance en moi pour que tout se passe pour le mieux, d’accord ? » Le jeune homme lui offrit ce doux sourire dont lui seul a le secret. Maxence espérait beaucoup que son patient soit coopératif et prenne confiance en cette thérapie.  

«A entendre votre voix, vous n’êtes pas américain, je me trompe ? Ou êtes-vous né Niall ? » Maxence ouvrit son carnet et était prêt à rédiger.

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Maxence Lorenzi ∞ Niall Southway

Donc, il ne parlera pas. Il gardera pour lui tout ce que je lui dirais. J’avais envie de croire  à cette charmante perspective mais une petite voix me rappelait que la vie était une chienne et qu’elle ne faisait pas de cadeau. Je ne savais pas si je pouvais vraiment lui faire confiance ou non. Ce n’est pas comme si j’avais l’habitude d’attribuer ma confiance aux gens. Seuls les membres de la Confrérie ont réussi à obtenir cela de moi. Et encore… Je ne leurs faits pas tous entièrement confiance. Alors me confier ainsi à un homme que je venais tout juste de rencontrer sous prétexte qu’il le gardera pour lui et qu’il veut m’aider était quelque chose que j’avais beaucoup de mal à concevoir. J’en aurais sans doute encore plus à le faire. « Bien, pour commencer, nous devons parler de votre passé, de ses événements qui vont amener à cette solitude pour ensuite parler de votre cancer et la façon dont nous allons le traiter. C’est important  que vous ailliez confiance en moi pour que tout se passe pour le mieux, d’accord ? » Encore une question de confiance… Je m’enfonçai un peu plus dans mon siège, un peu mal à l’aise à cette idée. J’avais toujours apprit que je ne pouvais compter que sur moi, que j’étais le seul qui ne plierait pas en cours de route. Les autres trahissent, mentent et profitent. Au final, comment faire confiance à quelqu’un d’autre que soit même ? Et… il voulait vraiment que je me soigne ? Cela n’a aucun sens. Je préfère attendre la mort à bras ouverts.

« A entendre votre accent, vous n’êtes pas américain, je me trompe ? Ou êtes-vous né Niall ? » Je soupirai. Je suppose que quand il faut y aller, il faut y aller. « En effet, je ne suis pas américain. » Sauf si on se contente de lire mes papiers d’identité, là je suis tout ce qu’il y a de plus américain. « Je suis né à Édimbourg, en Écosse. C’est juste au-dessus de la Grande Bretagne. » Une petite localisation ne me semblait pas inutile. Les américains ont tendance à ne pas connaître la géographie en dehors de leur propre territoire. Quoi qu’au vu de son nom, je ne suis pas sûr qu’il soit purement américain. « Et vous ? Lorenzi, ça ne sonne pas très américain non plus. » Puis, il y eut une sorte de déclic. Je relevai la tête, surpris. Ce genre de ressentit, je l’avais uniquement lorsque je restais assez longtemps à côté d’un mutant que je ne connaissais pas. « Vous… » Qu’allait-il m’arriver cette fois ci ? Je détestais ce petit moment où je ne pouvais pas savoir quel pouvoir j’avais copié, ce moment où je savais que mon corps n’allait pas tarder à utiliser cette mutation inconnue. J’en avais déjà tellement vu de toutes les couleurs. A chaque fois, une mutation différente, qui se gère différemment des autres, qui ne se maîtrise pas de la même manière. A chaque fois, la peur d’en perdre le contrôle. « Vous êtes un mutant. » Ce n’était pas une question mais une affirmation. Il n’y avait que lui et moi ici. Je n’aurais pu copier la mutation de personne d’autre. Restait plus qu’à espérer que sa mutation n’était pas dangereuse.

Une parenthèse dans mon hasard,
un aparté dans mon destin.

Maxence Lorenzi ∞ Niall Southway

BLA BLA