Welcome to the future, Miss Carson - ft. Marian E. Carson

Marian dort mal. Pour ne pas dire pas du tout. Ørvind refuse de la laisser sur le canapé, elle refuse de lui voler son lit. Il en a fallu des heures d'argumentation et des protestations d'Asper pour qu'au final, les deux amis se glissent sous la couette de concert. Mais une heure plus tard, la brune se retrouve sur le canapé avec une quelconque bouteille d'alcool. Dès qu'elle ferme les yeux, elle revoit le sang d'Ørvind couler à flots, elle entend les hurlements déchirants de Niall. Le déroulement des événements à l'Institut Xavier a perturbé la jeune femme sur bien des plans. Même si c'était son choix, son idée presque, elle ne pensait pas que ça se passerait aussi mal. Qu'elle serait à deux doigts de perdre des amis chers. Même si, malgré les blessures réparées, elle a effectivement perdu certaines personnes. Scott, Logan, Poor, ainsi que tout ses élèves. Elle ne regrette rien, c'est certain. Mais on ne fait pas le deuil de toute une vie en un claquement de doigts. Zain aussi fait partie des pertes sociales en un sens, puisque Marian a rompu avec lui dès son réveil. A l'étonnement général. Marian a ses raisons, qu'elles semblent légitimes ou pas aux autres. Qu'importe.

Et puis on lui annonce que Magneto veut la rencontrer. Quoi de plus normal. La Confrérie n'est pas un moulin, et en tant qu'ancienne X-Woman, c'est tout à fait légitime. Le trac est bien au rendez-vous. Il tord l'estomac de Marian alors qu'elle se juge dans le miroir de la salle de bain d'Ørvind. Le bleu offert par Scott forme une tâche ingrate sur sa mâchoire, violacée, jaunâtre sur les contours. Elle a ôté son plâtre à la scie la veille, hors de question d'aller à l'hôpital et il était grand temps de libérer son bras. Sur l'autre, la cicatrice encore fraîche, souvenir du crash du BlackBird. Physiquement, elle est de celle qui s'en sort le mieux. Psychologiquement, c'est une autre histoire.
Elle revêt des vêtements simples qu'elle est sortit acheter la veille pour être présentable, n'ayant guère eu le temps d'emporter sa garde-robe. Un jean serré, un long débardeur destiné aux touristes avec la Statue de la Liberté dessus. Ses vieilles doc's aux pieds, un foulard enroulé autour de son cou pour cacher le bas de son visage, elle se laisse emmener au quartier général de la Confrérie.

Devant la porte du bureau, Marian prend une grande inspiration en fermant les yeux. Que se passera-t-il dans le pire des cas ? Elle sera renvoyée et n'aura plus qu'à mener une vie d'indépendante. Cette perspective lui tord les entrailles. Elle ne veut pas être seule à nouveau. Elle a besoin d'un groupe, d'une appartenance pour se sentir exister. D'une famille.

« Tėtis, žiūrėti po manęs. » souffle t'elle, petite prière enfantine à son défunt père, mais qui a pour effet de l'apaiser un peu.

Ses doigts cognent à la la porte.

« Entrez ! »

Marian ne se le fait pas dire deux fois et pénètre dans le bureau en refermant la porte derrière elle. La sensation est étrange, c'est comme retourner dans le passé et se faire convoquer par un professeur à la fin du cours. En pire.

« Mademoiselle Carson, je vous en prie, asseyez-vous. Voulez-vous quelque chose à boire ? »

La brune prend place dans le siège indiqué en hochant la tête et ôtant son foulard.

« Volontiers, » répond t'elle, étonnée que sa voix ne soit pas tremblante, à l'image de ses mains. « La même chose que vous. » Elle croise les jambes et finit, par miracle, par esquisser un sourire en recevant le verre qu'on lui serre. « Merci beaucoup. » Avoir quelque chose où serrer ses doigts fébriles est un don du ciel.

Un silence s'installe alors que les yeux noisettes de Marian se relèvent vers Magneto. Comment on est censé se vendre auprès de l'homme contre qui on vous met en garde depuis quinze ans ? Comment on est censé établir son CV face à l'homme que l'on pensait ennemi toute sa vie. En se posant ses questions, Marian boit une gorgée de cognac, son pied bougeant légèrement, nerveusement. Elle n'a jamais été dans une situation aussi étrange. L'espace d'un instant, elle pense à se lever, s'enfuir en courant et se cacher dans un trou pour y pleurer toutes ses larmes. Elle se contente de redresser le dos dans son siège et de prendre la parole d'une voix ferme, ne cachant cependant pas son trouble à quelqu'un d'aussi perceptif que son interlocuteur.

« J'imagine que vous vous en savoir plus sur celle qui prétend vouloir rejoindre vos rangs. » La réplique est accompagné d'un petit sourire. Surtout ne pas craquer. Pas maintenant.

D'un mouvement du poignet, Marian fait tourner le cognac dans son verre, le regard toujours relevé vers Magneto. Pour contenir la tempête dans sa tête et dans son coeur, la brune aborde un visage impassible, respirant lentement.

« Eh bien, Mademoiselle Carson, pour être honnête avec vous, oui. Vous êtes une ancienne X-woman et j'aimerai bien savoir ce qu'il vous a motivé à quitter l'équipe de mon cher ami Charles Xavier. »

La jeune femme hoche la tête d'un air entendu alors que Magneto ouvre un dossier, visiblement le sien. Qu'il feuillette autant qu'il veut, des mots sur des pages ne peuvent rien apprendre en comparaison à une entrevue. A nouveau, elle porte son verre à ses lèvres, le vidant sans plus de cérémonie. Son nouveau patron n'attend guère pour la resservir et elle esquisse un sourire reconnaissant. Il est tellement plus facile de trahir toute une vie de conviction avec de l'alcool dans les veines.

« Le choix, tout simplement. » Commence Marian d'une façon assez énigmatique. « J'ai intégré l'Institut Xavier à treize ans, parce que je n'avais pas le choix. C'était ça où un centre pour adolescents difficiles, ce que je n'étais pas. Je mentirais en disant ne pas avoir trouvé ma place là-bas. D'abord en tant qu'élève, puis que professeur et que X-Woman. J'y ai trouvé des amis. Une famille. » Sa voix se brise légèrement et elle prend une gorgée d'alcool avant de reprendre. « Je ne me suis jamais posée de question, je n'ai jamais douté de ma place. Je crois que la reconnaissance et ma dette envers Charles, et tous les autres, m'empêchaient d'ouvrir les yeux. Et puis le Registration Act a été voté et... » La brune se racle la gorge. « Et tout a basculé. Les tensions, les désaccords... J'avais toujours plus ou moins eu des amitié de votre côté. Draugur pour commencer, Rogue, maintenant Cheater qu'on a dut sortir des sous-sol de l'école pour une raison obscure... Beaucoup d'évènements m’amènent face à vous aujourd'hui. » Marian plonge ses iris noisettes, cernés de creux sombres, dans le regard de Magneto. « Je pense que je ne pourrais pas vous convaincre de quoi que ce soit avant d'avoir fait mes preuves, mais sachez ceci : je viens de tourner le dos à tout ce qui constituait ma vie jusqu'à présent, j'ai failli voir mourir la personne qui compte sans doute le plus pour moi... Et je suis toujours là. En l'instant présent, je n'ai rien de plus à vous offrir que ma capacité à me sacrifier afin de service une cause plus juste à mes yeux. Votre cause. »

« Mademoiselle Carson. Je dois être franc avec vous, la Confrérie ne sera pas de tout repos. Mais je dois aussi vous dire que vous me plaisez. Vous me semblez quelqu'un de confiance. Je décèle en vous une franchise dans le discours que vous venez de tenir. »

Marian hoche la tête avec déférence. Pour la partie qui "ne sera pas de tout repos", elle en a eu un exemple très récent, et elle retient un faible sourire à cette idée.

« Maintenant, j'aimerai que vous me parliez de l'institut. De Charles Xavier, Scott Summers et les autres X-Men. Vous êtes dans mes rangs. Ainsi, je dois tout savoir à leur sujet qui pourrait nous être utile. »

La brune hausse un sourcil et ne peut retenir un soupir en passant sa main encore marqué par la poigne de Scott. Elle boit son verre comme s'il s'était s'agit d'eau et vide, le fait tourner entre ses doigts. Elle n'as plus qu'une envie, retourner chez Vind, dormir tout son soûl. Ne jamais se réveiller.

« Etant donné le dossier que vous avez sur moi, j'imagine que vous en savez autant sur les autres. Concernant le professeur Xavier, vous le connaissez bien mieux que moi, Monsieur. Et en dépit du respect que je vous dois, je ne dirais rien que vous ne sachiez pas sur l'Insitut. Si je ne souhaite ne plus rien à voir avec les X-Men, cela n'en reste pas moins une école, avec des enfants qui furent mes élèves pendant de très longues années. Je pense ma trahison déjà assez grande, leur déception conséquente, pour ne pas les mettre en danger plus que de raison. »

Elle relève les yeux vers Magneto. Il est encore trop tôt pour elle, pour livrer ce genre de choses. Et quelle que soit sa décision, il est hors de question de mettre en danger les enfants plus qu'elle ne la déjà fait. Faire entrer des confréristes, même sans objectif d'attaque, au sein de l'école avait été des plus irresponsable. Scott avait bien raison d'être furieux, mais elle continue de penser que si Niall n'avait pas été capturé, rien de tout cela ne serait arrivé.

« Pour faire preuve de la même franchise que vous, vous devez également comprendre, que si je suis ravie de vous plaire et encore plus si vous décelez la franchise dont je suis animée... La confiance est quelque chose de mutuel. De réciproque. Pour le moment, ce n'est pas en vous que j'ai confiance, Monsieur, avec tout le respect que je vous doit. J'ai confiance en mes amis et camarade au sein de ce groupe et par extension aux idées qu'ils défendent. Je n'ai jamais eu a me battre contre eux. Je ne les aient jamais considéré comme mes ennemis ou des mauvaises personnes. »

Sa main passe dans ses cheveux, boucles brunes en bataille, et elle reprends.

« J'ai parfaitement conscience d'être en position de faiblesse, et d'être celle qui a besoin de faire ses preuves pour obtenir la confiance. Mais j'ai également besoin d'être certaine que, en dépit des confréristes proche à mon coeur, je ne serais pas mise sur la touche ou pire, une fois que je n'aurais plus d'informations utiles à vous communiquer. »