Stuck in an hospital [Tony & Loreine]

Stuck in an hospital

Anthony E. Stark & Loreine Marchand

-Courage, tu peux y arriver, je me chuchote à moi-même en éteignant ma cigarette.

J’expire un bon coup, libérant une grande quantité de fumée blanche. J’inspire ensuite profondément, me remettant en route pour l’intérieur du bâtiment. Je déteste cet hôpital. Mais pas comme je déteste tous les autres. Ici, les gens sont trop gentils avec moi. Je n’aime pas ça, j’ai l’impression que ça cache quelque chose. C’est plus fort que moi, je persiste à entretenir de la méfiance envers le personnel hospitalier, même s’ils m’ont sauvé la vie. J’ai beau commencer à leur sourire depuis ce matin, je suis toujours incapable de les remercier de vive voix. C’est leur boulot de guérir des gens, non? Il ne faut pas se sentir obliger de leur dire merci pour ça. Sauf que des remords me démangent désormais chaque fois qu’une infirmière ou un médecin me sourit. J’ai hâte de rentrer chez moi.

Je retourne à l’intérieur sans me presser. Difficile de me perdre alors que je suis dans une section de quarantaine. J’ai accès à l’air new-yorkais uniquement via une terrasse commune. De là, on me permet de fumer. Ce n’est pas comme si la fumée pourrait incommoder beaucoup de gens. Nous ne sommes que cinq malades sur le département. Et il y a l’un d’entre eux que j’évite depuis notre arrivée, il y a quatre jours. Je n’ai aucune raison de le faire. Il n’est plus contagieux et moi non plus. Ce qui m’empêche d’aller le voir c’est ma stupidité. J’ai honte pour ce que j’ai fais devant lui et devant les ambulanciers. La façon dont j’ai agis, je n’en reviens pas comment j’ai pu adopter un tel comportement. À force de me repasser le scénario dans ma tête, j’ai finis par mettre le doigt sur l’origine de ma peur. Mon expérience passée en matière d’hôpitaux m’a fait perdre mes moyens. J’aurais dû comprendre plus tôt que d’agir de la sorte ne pouvait pas avoir d’autres conclusions. On a du me mettre sous sédatif pour être capable de m’emmener à l’hôpital. Le test de dépistage du virus X1R1 était positif et on a immédiatement commencé les traitements agressifs d’antiviraux. Comme la maladie était à peine naissante, cela n’a pas été difficile de l’éradiquer. J’étais libre de me déplacer dans le département dès le lendemain. Mais pas libre de partir. Pour ça, il faut un dix jours d’observation sans symptôme obligatoire pour tous. Je suis donc dans le même bateau que Tony, qui a commencé ses traitements en même temps que moi. J’ai appris hier qu’on l’autorisait désormais à quitter sa chambre. Si la guérison à été plus longue à cause de l’avancement de la maladie chez lui, j’ai été tellement soulagé d’apprendre qu’il allait s’en sortir malgré tout. Sauf que me voilà face à un nouveau dilemme. Je ne veux pas me retrouver devant lui et lui avouer pourquoi j’ai paniqué et perdu le contrôle. Sauf que je sais que ce n’est pas une option. Je lui dois des explications. Et le fais que nous soyons coincés ici tous les deux est le meilleur prétexte pour le confronter que je ne pourrais avoir. C’est pourquoi je réunis mon courage depuis hier. C’est aussi pour ça que j’évite de me déplacer dans les endroits fréquentés afin de ne pas le croiser accidentellement. Aujourd’hui, je n’ai plus le choix d’agir. La journée tire à sa fin et les infirmières de soir sont sur le point de prendre leur garde. Après ce moment, nous ne sommes plus autorisés à nous promener sur le département. Il me faut donc le trouver, ne voulant pas passer une autre nuit d’insomnie.

Je connais le numéro de sa chambre par cœur, l’ayant mémorisé le premier jour. Je me dirige donc vers la porte, heureuse qu’elle soit ouverte. Je me glisse lentement la tête dans l’ouverture, le cherchant du regard. Il ne semble pas là. J’ose entrer, afin de fouiller chaque recoin de la pièce des yeux. Non, il n’y a aucune trace de Tony. En me retournant vers la télévision allumée, je reconnais une vieille série télévisée des années quatre-vingt. Je souris en reconnaissant les personnages, mais j’ai beau chercher dans mes souvenirs, je ne me rappelle pas du nom de la série américaine. Je me décide à sortir de la chambre et aussitôt ai-je un pas de fait que j’entends mon nom dans mon dos. Je me retourne, reconnaissant la voix. Un Tony qui m’apparaît encore un peu fragile est dans l’embrasure de la porte de sa salle de bain privée. J’avoue ne pas avoir poussé mes recherches jusque là, ce qui est bête quand on y pense. En le voyant, je me souviens de ce moment où je l’ai trouvé évanouie au QG des Avengers. Au sentiment que j’ai ressenti en l’apercevant en si mauvaise état. Et de ma crise lorsque les ambulanciers m’ont demandé de les suivre. Je me sens rougir malgré moi, baissant la tête instinctivement.

-Hey, salut. Je lui dis, avec hésitation. Désolé de ne pas être passé plus tôt.

Je regrette ce geste également. Je n’aurais pas dû le laisser tomber de la sorte, seul dans cette chambre alors que je me portais bien. C’était idiot de retarder le moment de la sorte. Stark est suffisamment intelligent pour comprendre, j’aurais dû le saisir bien avant aujourd’hui. Les yeux toujours baissés vers le plancher lustré, je me décide enfin à entrer dans le vif du sujet :

-Je dois te parler de quelque chose d’important. Si tu te sens suffisamment en forme, évidemment.

Je suis toujours horriblement gênée. Je n’ai pas envie de l’ennuyer avec mes soucis s’il se sent encore faible et mal en point. Il était après tout à un stade déjà avancé de la maladie au moment de son admission à l’hôpital. Se relever de ça peut lui prendre un certain temps. Bien que connaissant de plus en plus Tony, je me doute qu’il ne laissera pas cela l’arrêter.

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Anthony E. Stark & Loreine Marchand

Revoir Tony qui est fidèle à lui-même me fait le plus grand bien. On dirait qu’un poids se retire de mes épaules, me soulageant d’une partie de mes inquiétudes. J’avais l’impression qu’en allant le voir dans sa chambre, que je le trouverais couché dans son lit, trop faible pour être capable de tenir une conversation. Voilà qu’il s’extirpe de la salle de bain pour s’avancer vers moi un peu. Si je suis gênée d’ainsi le déranger, il semble ne pas le prendre de la sorte. Il est comme je le connais depuis quelques temps déjà. Il plaisante pour me permettre de me détendre. Il est accueillant, même si je débarque à l’improviste. Cela me motive à poursuivre dans mon idée de lui confesser la vérité sur moi. Je m’avance donc et prend place sur l’un des deux fauteuils disponibles dans le coin salon de la chambre. Cette dernière est de toute évidence plus luxueuse que la mienne, ce que je peux comprendre étant donné le statut financier de Stark. Je ne fais aucun commentaire là-dessus, n’étant pas là pour faire des comparaisons entre la constitution du mobilier de nos chambres d’hôpital respective. Il vient s’assoir dans la seconde place vacante. Je dois dire que je suis surprise d’entendre la voix de FRIDAY résonner autour de nous. Elle est moins puissante que ce à quoi j’ai l’habitude. Probablement parce que cette fois elle parle via le téléphone du milliardaire. Je ne sais pas comment c’est possible, mais encore une fois, je retiens un commentaire. Plus rien ne devrait me surprendre avec Tony Stark et pourtant, il réussit si aisément à me sortir de ma zone de confort. En regardant un instant le téléphone, je souris. Je suis contente de constater qu’il s’est trouvé un peu de compagnie. Si j’avais été plus courageuse, j’aurais pu également être une ressource pour l’aider à surmonter le traitement. Hors, j’ai lâchement fuis et retarder nos retrouvailles, juste par honte vis-à-vis de mon comportement au QG des Avengers. De toute évidence, je me trompais royalement. J’ai été stupide.

Je me redresse, quittant le téléphone des yeux pour regarder un instant l’homme. Je ne compte pas tourner autour du pot plus longtemps, mais je ne peux pas non plus passer sous silence certains détails cruciaux pour m’assurer de sa compréhension. Je dois revenir sur ma réaction ce fameux jour. Je joins mes mains dans un geste nerveux, entremêlant mes doigts qui sont si froids. Je ravale ma salive doucement, puis je me décide à ouvrir la bouche :

-La raison pour laquelle j’ai réagis aussi violemment quand les ambulanciers ont essayés de m’emmener à l’hôpital, c’est parce que j’ai souvent été hospitalisé avant. Très souvent. Et pour des raisons que je ne suis pas fière. Je n’aime pas vraiment en parler, mais je crois que c’est important que je tu le saches. Surtout si tu comptes faire de moi une employée de Stark Industries.

Je marque une pause, continuant de me tordre les mains nerveusement :

-Je souffre d’un dédoublement de la personnalité depuis l’adolescence. Je suis sous traitement médical depuis plus années, mais ce n’est pas une maladie qui se guérie, du moins pas dans mon cas. Je suis en contrôle, enfin je travaille beaucoup sur moi pour l’être. Mais il m’arrive parfois de perdre mes moyens et que l’une des deux personnalités parasites prend possession de mon corps. Je fais tout pour ne pas que ça arrive, mais quelque fois c’est inévitable. Lorsque j’étais adolescente, on devait fréquemment m’hospitaliser à cause de ça. Je dois avouer que les services psychiatriques c’est moins agréable qu’ici. Mais j’avais peur sur le coup au QG. Les souvenirs sont remontés et j’ai paniqué. C’était une période difficile de ma vie, tu vois. Une que je préfère oublier.

Je me tais. Je l’observe en silence, dans l’attente de sa réaction. Je n’ai pas d’inquiétude quand à sa vision des choses. Il est intelligent et compréhensif, il a assez de souvenirs de moi pour se douter que je ne suis pas une folle furieuse qui pourrait perdre le contrôle devant lui. Ça pourrait arriver, ce que je ne souhaite pas. Mais une part de moi sait que tant que son regard à mon égard ne changera pas, que je ne peux tout simplement pas laisser une autre prendre ma place. J’anticipe une réponse humoristique de sa part. Pour être honnête, j’ai envie de rire pour relâcher la pression. Peu importe sa façon de réagir, je viens enfin de lui dire la vérité sur qui est Loreine Marchand.

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Anthony E. Stark & Loreine Marchand

Lui parler me fait un bien fou. Cela m’arrive rarement je dois dire, de me sentir aussi soulagé après l’aveu de ma maladie. Je sais que je peux lui faire confiance, qu’il ne sera pas du genre à le crier sur tous les toits. Il comprend la notion de vie privée, étant lui-même grand admirateur de ce genre de chose, enfin j’imagine. Ce n’est pas parce qu’il est à l’aise et extravertie en public qu’il n’a pas de temps à autre besoin d’être seul et de travailler sans qu’on l’embête. Je sentais donc qu’il serait en mesure de comprendre l’importance qu’à pour moi cette révélation et donc son caractère confidentiel. Son regard dans le mieux après la fin de mon monologue me pousse à ne pas céder à la panique. Tout se passe bien jusqu’à présent, alors pourquoi s’en faire? L’envie de tout lui dire me démange depuis l’incident au QG. Sauf que rien ne m’obligeait techniquement à me justifier. Ce n’est pas comme si par accident je l’avais frappé dans ma furie. Ce qui me pousse réellement à vouloir lui dire au point d’en faire de l’insomnie, c’est que je veux qu’il garde une bonne opinion de moi. C’est bête, je sais. Il ne va pas me haïr et refuser de me voir dans l’avenir à cause de ma conduite insolite ce jour-là. Je vois même qu’il est surpris à mes révélations. Je m’y attendais, mais je pensais en même temps qu’il aurait eu des doutes depuis le temps. Comment aurait-il pu deviner, mon diagnostic n’est tout de même pas écrit sur mon front. J’attends avec une faible tension ses paroles. Et lorsqu’elles viennent, je me sens conforté dans mon sentiment de confiance. Il tente de me faire rire et le stress en moi n’est plus un obstacle pour que cela se réalise. Je ris doucement, sachant qu’il n’y a pas de mal à le faire. Mes paroles n’étaient pas des plus joyeuses, mais je souhaite changer cette attitude un peu et Tony m’aide d’une brillante façon à le faire. Mon corps est à présent entièrement détendu. Ce poids enlevé sur mes épaules me soulage. Je me sens même un peu plus droite sur ma chaise. Je le regarde un instant lorsqu’il m’offre son appui. Je lui souris en retour, appréciant son geste. Il vient de m’avouer qu’il me fait confiance et cela me fait plaisir de l’entendre. Une relation d’amitié doit être basée sur la confiance et le fait de l’avoir bâti entre nous au fil de nos rencontres est un outil précieux pour l’avenir. Je me sens rougir juste un peu, toujours immensément reconnaissante de ce compliment qu’il me fait :

-C’est vraiment gentil de ta part. Quelque fois je me sens seule, je dois l’avouer. Alors, avoir quelqu’un sur qui on peut compter dans les moments difficiles c’est le plus précieux des cadeaux.

Je l’observe manger sa compote de pomme, me rappelant que j’ai faim moi aussi. Je n’ai pas mangé beaucoup ces derniers temps. Non seulement à cause de ma rémission face au virus X1R1, mais également à cause de l’anxiété qui me nouait l’estomac. Je m’en suis visiblement fait pour rien. Tony le prend bien et son comportement à mon égard n’a absolument pas changé. Comme ça me fait plaisir de le constater. Par la suite, il m’avoue spontanément qu’il a souffert de crises d’angoisse. Il n’a pas laissé cela l’arrêter et ça me prouve une fois de plus sa force. Il semble vraiment capable de surmonter n’importe quelle situation. Cela est admirable, prouvant que rien ne peut l’abattre. Je me souviens alors de ma visite improvisée à la Tour Stark. Je m’étais mise à m’inquiéter pour lui. Il se jetait tête baissée dans les situations et même sans son armure, il n’avait pas peur de foncer. Je me disais qu’il pourrait être blessé de la sorte, voir tué. J’avais réellement peur pour lui. Le voir aujourd’hui me fait reconsidérer un peu les choses. C’est un battant, il ne laisse rien ni personne le stopper. Il prend des risques énormes tout le temps, mais ne s’en fait pas trop avec ça. Si au début j’y voyais de l’imprudence, désormais j’y vois le courage que je n’aurais jamais. Malgré avoir été presque vaincu par un virus mortel, il se tient toujours fièrement et il plaisante comme si de rien n’était. Est-ce un masque qu’il porte, des faux airs qu’il se donne pour que les gens le perçoivent avec admiration? À force de le côtoyer, je pense qu’il projette beaucoup de confiance, mais que ce n’est pas entièrement bidon. Il est réellement brave, il peut gagner contre n’importe quoi, y compris des crises d’angoisse. Il ne les a pas laissé le paralyser, l’empêcher de briller. Il est donc réellement plus fort que moi. Il a été capable de mettre de côté un trouble mental alors que moi je me sens toujours esclave du mien. Je ne pense pas que cela a été facile pour lui et c’est bien là que réside sa force. Puisque je suis certaine qu’il n’a rien laissé paraître. Il n’a pas idée à quel point je l’envie en ce moment. Pas pour son argent, ni pour sa vie. La gloire ne m’intéresse pas. Ce que j’envie c’est sa capacité à remporter ses batailles et à toujours en sortir plus robuste. Je me demande si un jour je vais être doté d’un tel talent, retrouvant enfin pleine possession de mon corps et de mon esprit. Puisqu’à l’heure actuelle, chaque combat contre ma maladie me rend plus faible et me fait perdre à chaque fois un peu plus d’emprise sur ma vie. J’ai l’impression qu’un jour ou l’autre, Loreine n’existera plus et sera remplacé par une autre. Je chasse cette pensée angoissante rapidement, ne voulant surtout pas me laisser envahir par autant de négativité. Je reviens à Tony, qui me regarde toujours.

-Je suis contente que tu aies réussis à surmonter cela. Je sais à quel point ce genre de crises est éprouvant.

Mon estomac se met alors à gémir à cause de la faim. Je pose une main sur mon ventre, surprise par sa plainte soudaine. Je regarde Stark en retenant un rire.

-Désolé, je ne comptais pas rester longtemps de toute façon. Je voulais seulement qu’on règle certains détails.

Je ne veux tout de même pas lui demander qu’il me donne de la nourriture. Il en a à peine assez pour lui-même dans un repas apporté par les infirmières. Je serais opportuniste d’ainsi lui réclamer quelque chose pour calmer ma faim.

-J’imagine que comme ma maladie ne te pose pas de problème, que l’offre d’emploi tient toujours?

Je ne veux pas divaguer trop des raisons qui m’ont amenés ici. Je ne veux pas non plus qu’il le prenne mal que j’aborde le sujet alors que nous sommes tous les deux en jaquettes d’hôpital. Sauf que je dois savoir. Pour planifier mon budget du mois par exemple. Surtout avec un nouveau séjour à l’hôpital, je vais avoir besoin d’un salaire stable plus que jamais.

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Anthony E. Stark & Loreine Marchand

Lorsque Tony me propose de me servir dans son frigo si je le souhaite, je refuse doucement en secouant de la tête. Je ne suis pas ici pour cela. En fait, je tenais surtout à voir comment il allait et lui dire la vérité à mon sujet. Maintenant que c’est fait, beaucoup plus facilement que je ne l’anticipais d’ailleurs, je ne souhaitais pas m’imposer davantage. Sauf qu’en le voyant, mon angoisse d’obtenir un emploi au sein de sa compagnie s’est manifesté presque aussitôt. Et voilà que je lui ai tout bonnement demandé si ma maladie mentale me privait du poste qu’il m’avait proposé si subitement lors de notre deuxième rencontre. Au QG des Avengers, nous n’avons même pas eu la chance dans discuter, l’urgence de la situation nous ayant conduit tous les deux à l’hôpital. Maintenant que j’y pense, cela me semble approprier de mettre les choses au clair maintenant, même si ça aurait pu aisément attendre à notre sortie de quarantaine. La vie est décalée ici, on se sent vraiment coupé du reste du monde. Retrouver Tony me remet de nombreuses priorités en tête, dont celle d’avoir un emploi stable pour une fois. Aussi indiscret et anxieux pouvait paraître ma question, elle ne m’apparaît qu’un peu plus logique à mesure que j’y réfléchis. Il fallait que j’en ai le cœur net, qu’une confirmation me vienne de sa part. Et effectivement, il vient de m’assurer qu’une fois dehors, il compte m’engager à Stark Industries. Je souris aussitôt, me sentant immensément soulagé par un autre poids. Je me retiens de le remercier. Mon sentiment transparaît dans mon regard, mais mon commentaire ne s’exprime pas. J’ai l’impression qu’il m’est inutile de le remercier verbalement une fois supplémentaire. Depuis que nous nous connaissons, il me semble que j’ai passé mon temps à le faire. Pas que cela m’embêtais, mais je pense qu’il a compris le message à présent. Mon frein soudain dans mes mots déclenche chez moi un rire. Voilà un certain temps que je n’avais pas ris d’aussi bon cœur et avec une telle sincérité. Après coup, je me sens merveilleusement bien.

-Ça me soulage vraiment de l’apprendre, je lui dis finalement pour ne pas qu’il s’inquiète de mon état mental.

Des bruits de pas attirent alors mon attention. Une infirmière a du être entendre mon rire ou bien notre échange de paroles. Effectivement, elle apparaît dans le cadre de porte quelques secondes plus tard. En nous voyant tous les deux, elle n’a pas le réflexe de me renvoyer à ma chambre, malgré que le quart de soir interdise ce genre de choses. Au contraire, elle nous demande si tout va bien et si nous voulons quelque chose. J’hésite à lui demander un morceau à grignoter. Finalement, je lui fais signe que non avant de me retourner vers Stark. L’infirmière repart donc, nous laissant à nouveau seuls.

-J’ai cru comprendre qu’on va être libéré dans quelques jours. Comme on est arrivé en même temps, on a le même délai de quarantaine. Ce qui est une chance, je ne veux pas rester ici toute seule.

Cela n’a rien à voir avec le personnel. C’est simplement le fait de me savoir dans un établissement hospitalier. J’ai trop de mauvais souvenirs dans ma tête pour me sentir bien ici, même dans un périmètre raisonnable d’un hôpital. J’ai cette petite voix dans ma tête qui me répète qu’on risque de me capturer et de me garder enfermé dans ses murs si jamais je m’en approche trop. C’est une crainte qui me hantera probablement le restant de mon existence. La bouée qui me permet de ne pas couler suite à ces peurs est le fait de savoir que Tony est tout près. Il est un être rassurant et familier qui me permet de garder mon calme, même prisonnière d’un hôpital. Si je ne l’avais pas, voilà un moment que j’aurais succombé à mes terreurs.

-Des nouvelles de mademoiselle Potts? Je lui demande en songeant soudain aux personnes qui comptent pour le milliardaire. Elle doit être morte d’inquiétude.

À sa place, je le serais. Surtout que comme nous sommes en quarantaine, les visites ne sont pas autorisées malgré le fait que nous ne soyons plus symptomatiques tous les deux. Le protocole que le personnel soignant respecte est excessivement rigoureux à ce niveau là. Pas d’exception, même si on s’appelle Tony Stark. J’imagine donc que Pepper n’a pas aimé cela, bien que ça soit nécessaire pour s’assurer que nous soyons complètement rétablis.

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Anthony E. Stark & Loreine Marchand

L’infirmière ainsi partie sans passer de commentaire, je disposais de davantage de temps pour pouvoir discuter avec Stark. J’ai l’impression que depuis qu’on se connaît, on a toujours été poussé par le temps ou par un évènement qui nous empêchait d’être assis calmement l’un en face de l’autre et de prendre notre temps. Il y a bien eu ce moment où je suis passé lui offrir la toile que j’ai faite pour lui, mais j’étais tellement gênée lors de cette rencontre là. Je considère donc ce moment-ci comme étant vraiment celui où on peut pousser les choses. Nos multiples rencontres ont bâtis une confiance qui nous permet de nous dire davantage. Rien d’extrêmement personnel, évidemment. Mais j’ose espérer que nous avons dépassé le niveau des formalités. Il m’avoue d’ailleurs qu’il n’en a pas encore touché de mot à Pepper. Je trouve cette décision appropriée vu les circonstances. Si sa compagne avait appris sa situation au tout début de la quarantaine, elle se serait angoissée inutilement de nombreux jours et le fait qu’on lui refuse l’accès à Tony n’aurait pas aidé à améliorer la situation. En fait, à la place de Pepper, j’aurais préféré ne pas vivre autant d’angoisse consécutive. Certes en apprenant qu’il lui a caché tout ce temps elle va probablement être en colère, mais je ne suis pas là pour juger si l’un ou l’autre à mal agit. Je préfère rester neutre.

-C’est normal de s’inquiéter pour celui qu’on aime. Mais elle est aussi impuissante que nous deux dans cette situation.

L’observe l’écran de télévision qui reflète une lumière constante. Je ne sais pas quelle série ou émission est en train d’être diffusée, étant mal positionné pour le confirmer. Mais je trouve cela sympathique d’avoir cet écran comme bruit de fond. Et puis avec FRIDAY toujours à ses côtés, Tony ne peut pas s’ennuyer dans sa chambre. Il doit évidemment attendre que la quarantaine se termine avant de rentrer chez lui et de reprendre le travail, mais il n’est pas complètement dépourvu ici. En cas de besoin, il peut toujours venir me voir et me parler. À présent que j’ai éclaircis le mystère de mon comportement et rétablis le dialogue entre nous, il n’y a plus de raison pour demeurer chacun de notre côté. Étant donné qu’il est réceptif à ma maladie, je préfère profiter de ce moment pour clarifier certains détails.

-Si un jour tu es confronté à l’une ou l’autre de mes personnalités, je pense qu’il serait bon que tu saches certaines choses à leur sujet. Mon comportement change drastiquement, donc c’est très facile de déterminer si je suis moi ou si je suis une d’elle. Ensuite, je garde toujours sur moi un flacon de secours contenant ma médication. Donc si la situation devient trop intense, tu peux me forcer à la prendre et les pilules agissent rapidement et me permettrons de reprendre le contrôle. Je ne pense pas que tu dois avoir peur du phénomène. Je me doute déjà que tu ne l’es pas. Sauf que c’est surprenant. Mon entourage m’en a souvent fait mention. C’est exactement comme avoir une nouvelle personne en face de soi mais qui ne vous reconnaîtra jamais, puisque nous ne partageons pas les mêmes souvenirs. La personnalité dont tu dois te méfier le plus se nomme Reina. Elle est la plus explosive et imprévisible des deux. La seconde s’appelle Anna.

Je marque une pause, vérifiant si j’ai fais le tour.

-Si jamais tu as des questions ou que certaines te viennes plus tard, tu peux me les poser. Je ne veux surtout pas que ça reste un sujet délicat entre nous. Si on est appelé à travailler ensemble, je pense qu’il est bon que tu saches au moins quoi faire si ma maladie se manifeste. Dans le pire, tu as l’armure pour te défendre.

Je ris à ce dernier commentaire, destiné à détendre l’atmosphère. Certes j’ai encore un malaise à lui dire tout cela, mais il disparait tranquillement. Cela fait du bien d’avoir une personne dans la confidence qui ne réagit pas mal au fait de connaître cette réalité de moi. J’envisage alors l’idée de retourner à ma chambre, en ayant dit déjà beaucoup en si peu de temps. Je compte répondre à ses questions, s’il en a évidemment et lui dire bonne nuit ensuite.

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Anthony E. Stark & Loreine Marchand

La confiance que me témoigne Tony arrive encore à me surprendre. Mais en même temps, elle me rassure dans mon insécurité. Je sais qu’avec lui comme supérieur, travailler pour Stark Industries ne sera pas une source de stress. Avant, lors de mes emplois précédents, je craignais toujours de déraper devant mes patrons et de me retrouver à la porte. Voilà pourquoi je taisais ce détail avec eux et dès que ça devenait trop difficile, je démissionnais volontairement. Depuis quelques années, je suis ma propre patronne, ayant opté pour la facilité. Mais recommencer à avoir un cadre, une structure au dessus de moi, je pense que ça me ferait le plus grand bien. Surtout une personne que je respecte autant que Stark. À première vue, il ne semble pas avoir de questions. Je ne lui en aurais pas voulu s’il en avait eu, mais il faut croire que mes explications lui on suffit pour qu’il se fasse une idée claire de la chose. Il plaisante d’ailleurs sur ma référence à l’armure, demandant à FRIDAY de conserver son invention toujours à ses côtés. Je ris doucement, adorant cette façon qu’il avait de tourner les situations à la blague afin de calmer la moindre tension pouvant se créer dans l’air.

-Je ne pense pas que Reina pourrait être agressive à ce point, mais on ne sait jamais avec elle. Donc, je préférais te prévenir.

Je lui dis cela avec un grand sourire, toujours amusée par sa réaction. Sauf qu’au fond, je suis sérieuse et je le laisse bien transparaître dans mon regard. Je sais qu’il saura le capter et prendre les dispositions nécessaires si jamais par malheur il se retrouve avec une Reina de mauvaise humeur en face de lui. Je le regarde un instant, me sentant bien en sa présence. Il est probablement la première personne à réussir cet exploit en aussi peu de temps. Je suis d’ordinaire hostile longtemps avant de laisser les gens être aussi amicaux avec moi. Jamais d’ailleurs je n’ai révélé ma maladie aussi tôt dans une relation avec quelqu’un. Il faut croire que les choses que nous avons vécues m’ont convaincu sans que je m’en rende compte que je pouvais tout lui dire sans crainte ou jugement. Jusqu’à présent, je ne regrette rien. Il me complimente alors en disant que je vais être une excellente employée. Il me demande de ne surtout pas me renfermer. Il a deviné que j’avais tendance à agir de la sorte et cela me fait baisser les yeux un instant. Il semble lire en moi beaucoup plus que je ne le l’aurais imaginé. Cela facilite les choses, je dois dire. Je suis contente qu’il me fasse une telle demande. Ça me prouve qu’il tient à ce que je m’intègre et que je sois bien dans sa compagnie. Je ne peux tout de même pas refuser une telle proposition.

-Merci, je lui dis en le regardant dans les yeux. Je tâcherais de ne pas commettre cette erreur cette fois.

Je lui souris doucement, le remerciant mille fois en silence pour cet avenir qu’il m’offre. Puisque, si pour la première fois je réussis à être comme un poisson dans l’eau dans un milieu de travail, je vais peut-être demeurer un moment à Stark Industries. Avoir une sécurité financière serait bien, pour une fois.

Toutes les choses ayant été dites, je me lève et je lui tends une main afin d’ainsi officialiser cette entrevue d’embauche qui finalement n’a pas du tout été stressante. Les cartes ont été mises sur la table. J’accepte donc l’offre de Stark Industries et de Tony du même coup. Il est temps de le laisser se reposer afin de ne pas le retarder dans son processus de guérison.

-Bonne nuit, Tony.

Je me dirige vers la sortie, me retournant une fois le cadre de porte atteint et lui souriant une nouvelle fois. Je retourne à ma chambre en me sentant légère. L’avenir ne peut être que meilleure désormais.