Faire le point, il le faut - Feat Richard

J'étais en plein vol au milieu vide à récolter les débris d'un satellite de l'ex Union Soviétique qu'un autre, américain lui, avait réduit au silence bien des années auparavant. Mon commanditaire, le gouvernement russe actuel, voulait le récupérer avec dans l'espoir sans doute d'y trouver encore les données glanées pendant le court laps de temps où il avait survolé impunément les Etats Unis. Comme toute source de finances est bonne à prendre, j'avais, par l'intermédiaire d'une de mes firmes fictives, accepté d'effectuer l'opération, tout en sachant que je viderais de toute substance les mémoires de la bête avant de la livrer à ses nouveaux propriétaires. Je suis américain quand même avant d'être Terrien et Xandarien honoraire. Je cueillais donc les moindres morceaux dans l'espace et les fourrais dans un grand sac en toile de kevlar façon alien quand l'appel de Felicia résonna dans mon casque. Je laissais mon répondeur décrocher, non pas parce que je ne pouvais lui parler en vaquant à mes occupations, mais surtout parce que que ne me sentais pas la force d'entendre sa voix et de lui répondre quoi que ce soit si elle me posait des questions à propos de la soirée catastrophique que nous avions passé tantôt. J'avais gardé le silence de mon côté, et c'était la première fois qu'elle désirait me contacter depuis.
Fataliste, j'avais fait une croix sur notre relation à peine engagée, je commençais à trop tenir à elle et à être trop attiré pour lui faire une nouvelle fois courir ce genre de danger. Professionnellement parlant, nous étions toujours liés par mon contrat de travail, pour le reste, je pensais qu'il valait mieux qu'elle soit le plus éloignée possible de moi.
Elle me donnait tout simplement rendez vous au Cimetière de Greenwood sans autres explications, sans doute pour une autre affaire où elle avait besoin de mes aptitudes particulières. Cependant, quelque chose d'infime dans le ton de sa voix me titilla, mais je mettais cela sur le fait d'être contrariée de devoir laisser un message plutôt que de me parler directement. Nous devions nous y rencontrer en milieu d'après midi dans un peu moins de 3 heures, juste le temps de livrer mon paquet à l'endroit convenu, j'avais déjà fait le nettoyage des données, et de revenir sur le continent. La suite de ma récolte pouvait bien attendre quelques jours après toutes ces années ...
J'eu juste le temps de passer au hangar, d'y prendre une douche et de me changer, une tenue de ville avec des boots, un jean propre, une chemise bûcheron à carreaux, un trench-coat et une écharpe beige feraient l'affaire.
Ce fut environs un quart d'heure avant le terme prévu que je me laissais tomber du ciel à la verticale derrière la sorte de petite cathédrale à l'abris des arbres, arrêtant ma chute au dernier moment pour toucher terre légèrement tout en dépolarisant mon armure. Je m'accoudais à un arbre et surveillais l'entrée.
Felicia apparu portant des fleurs et marchant d'un bon pas en regardant autours d'elle tant au sol que dans le ciel, sans doute à ma recherche, mais de là où j'étais, elle ne pouvait me voir et je lui emboîtais le pas de très loin, curieux de voir où elle allait déposer ses gerbes et plein d'appréhension. J'étais comme un amant fautif venant chercher son pardon, sauf que la belle ne se souvenait de rien, jusqu'au souvenir de notre étreinte.
Je la suivais donc, restant à couvert, et la laissais se recueillir un instant sur une tombe dont elle me cachait le nom de celui qui y reposait avant de m'avancer derrière elle. Je ne savais quoi dire ni comment faire, jusqu'où aller dans mes gestes, la peur me remplissait et me glaçait ...
Je suis là ... Quelqu'un de ta famille ? Arrivais je à articuler d'une voix rauque et basse en passant mon bras autours de ses épaules alors que je me plaçais à ses côtés. C'était venu comme ça, naturellement, bien que je savais que cela n'était pas bon, que cela appelait d'autres contacts, d'autres gestes, d'autres rapprochements qui pouvaient déboucher sur de funestes conséquences pour elle comme pour moi ... La peur me tenaillait le ventre, m'enserrait le coeur, vidait mon esprit ... Qu'on me donne une armée de Skrulls à combattre les mains nues et j'irais en chantant ! Mais là ... J'attendais qu'elle me dise, qu'elle fasse, ...

Passer mon bras autours de ses épaules m'avait fait un bien fou, un soulagement, mais quand elle me répondit en faisant les présentations de son père enterré là comme s'il pouvait être encore capable de nous voir et de l'entendre un sentiment confus m'envahit. Je découvrais une facette de cette merveilleuse femme qu'étais Felicia que bien peu de gens pouvaient se venter de connaître. C'était une attitude étrange et étrangère, qui me fit penser à mes propres parents. Je ne savais s'ils y en avait un d'encore vivant, je n'avais même pas cherché à savoir en fait, et je n'avais aucune idée de l'endroit où ils pouvaient avoir pu être enterrés. Même de mon frère je ne savais rien. Je me tenais là, silencieux, ne savant quoi dire ni répondre. Devais je entrer dans ce jeu d'un père fantomatique ?
Elle ne me laissa pas le loisir d'y réfléchir longtemps car elle pivota pour me faire face, levant son visage vers le mien et braquant ses yeux dans mes yeux avec cette moue butée et volontaire que j'avais déjà observé chez elle.
Elle voulait savoir ce qui s'était passé ce soir là. Sa sagacité, son don d'observation, sa seconde nature de détective et son instinct exacerbés avaient trouvés les indices d'un événement qui s'était produit et dont elle n'avait aucun souvenir, ce qui était pour elle une suprême insulte à son intelligence, à son entendement ...
Au fur et à mesure de ses paroles, de ses questions, je sentis d'abord une rougeur envahir mon visage, puis ensuite le sang refluer et un froid spectral m'envahir.
Comment lui dire, comment lui avouer ce qui s'était passé ? Une immense tristesse doublée d'une intense détresse me submergeaient.
Comment lui avouer que je l'avais blessé, au plus profond de son être, que j'aurais pu la tuer en oubliant de me contrôler peut être ... Comment lui dire qu'elle était en danger avec moi si nous avions une vie plus intime que professionnelle à laquelle j'aspirais. Car oui, je découvrais chaque fois que je nourrissais des sentiments envers elle, cette femme si indépendante et forte, si intelligente et cultivée ... Si jolie et désirable ...
J'étais perdu dans le bleu de ses yeux, accroché à ses lèvres que je chérissais et qu'il ne me fallait que baisser un peu la tête pour embrasser et m'embraser.
Mais j'étais comme la flamme du feu, chaleureuse et puissante mais mordante et cruellement mortelle.
Je la regardais et ma main vint caresser sa joue doucement, peut être pour la dernière fois si je lui disais par quel danger elle était passée entre mes bras.
Je ... Les mots ne sortaient pas, j'étais tétanisé, acculé au bord du gouffre avec pour unique choix que de me laisser tomber ou de sauter vers l'autre côté de la crevasse au risque de me perdre à jamais.
Il y a eu un incident ... Nous étions si bien enlacés sous cette eau chaude que j'en avait oublié de mesurer mes gestes... Si bien ...
J'arrivais enfin à me détacher de son regard, et j'embrassais son front, les yeux perdus dans le lointain. Lui dire la vérité ? Et la perdre ? Ou se taire et partir au moins les choses au clair entre nous ... Car il ne faisait aucun doute que des révélations sonneraient le glas de toute relations entre nous ... Qui voudrait avoir un monstre comme amant ?
Et je t'ai blessée ... Je suis désolé, j'ai été lâche ... Nous avons effacé cela de ta mémoire et si tu n'avais pas été la réincarnation de Sherlock Holmes, tu n'en aurais rien deviné ... C'était ma faute, que ma faute, je suis un monstre ... J'avais baissé les yeux n'osant plus la regarder et lentement, je m'écartais d'elle de moi même, ne pouvant supporter qu'elle ne le fasse de son côté, de peur ou de colère. J'allais quitter ces lieux et disparaître, c'est tout ce que j'avais en tête, disparaître loin pour cacher ma honte et mon chagrin ...

Le contact de sa main sous mon menton m'électrisa de la tête au pieds et je levais les yeux pour me retrouver à nouveau planté dans son regard.
Encore des questions, Felicia voulait savoir la vérité, obstinée, avide de vérité. Un instant de silence s'installa entre nous pendant que je pesais le pour et le contre et qu'enfin je prenne sa main et la portait à mes lèvres pour l'embrasser sur la paume. Après tout, la vérité valait mieux qu'un mensonge parfois, même par omission, et se trouver séparer en ayant dit tout valait mieux que d'y être en ayant un contentieux entre nous.
Je baissais les yeux à nouveau puis revint aux siens, ma décision était prise, irrévocable.
Marchons veux tu ... Dis je sans lui lâcher la main et en me plaçant à ses côté en la tirant un peu au début, accrochée de l'autre à ses bouquets qu'elle serrait contre elle comme une bouée de sauvetage.
Marcher m'aiderait à lui dire la vérité, et surtout m'éviterait d'avoir son regard fixé dans le mien. De plus, la proximité de cette tombe à laquelle elle donnait une telle importance me mettait mal à l'aise.
Tu veux la vérité, je vais te la dire ... La soirée s'annonçait bien, et j'ai voulu prendre une douche ... Et je lui racontais tout avec force détails, enfin sans trop m'appesantir sur mes propres émotions mais sans aucune restriction pour le reste. Je racontais notre étreinte dans la douche, puis le changement de température, le faux mouvement et la chute que je rattrapais d'où la trace dans le mur. Le choc de sa tête contre la parois et le sang entre ses jambes. Puis je lui expliquais comment elle avait été soignée de ses blessures et d'autres bricoles qui sommeillaient en elle à l'aide de l'armure, qu'elle était en fait repartie de l'hôtel en meilleure forme qu'elle n'y était arrivée si ce n'est cette portion de temps qui avait été effacée par le Worldmind dont je lui touchais deux mots, juste assez pour qu'elle comprenne ce qu'il était, une entité cybernétique autonome logée en moi, une sorte de parasite symbiotique sans lequel je ne pouvais plus vivre maintenant. Et je marquais alors une pause ne sachant comment expliquer ma décision de partir et de rester à l'écart d'elle ...
Je ne sais pas bien si l'eau est devenue inexplicablement glacée pendant ou après que j'ai perdu temporairement le contrôle de mes instincts et de ma force ... Je sais seulement qu'alors je t'ai blessée, gravement ... Toute ma détresse passait dans ces derniers mots sans que je puisse en mesurer l'expression.
Je n'ose imaginer ce qui aurait pu se passer si nous étions au lit ou ailleurs ... J'ai perdu le contrôle ... Je suis devenu dangereux pour toi ... Mortel même ... Je ne pourrais pas supporter de te faire du mal, je ne peux même pas en envisager l'idée ... Je te demande pardon pour ce que j'ai fait ... Et je tiens trop à toi pour ... Je m'arrêtais de parler, me rendant compte que j'allais lui livrer mes sentiments naissant pour elle et que cela ne rendrait les choses que pire encore. Je n'avais pas besoin de pitié, juste de son pardon, car je ne voulais risquer que la moindre de nos étreintes ne se transforme en horreur à cause de mon inconsistance et de ma défaillance à mesurer mes gestes ...
Tu n'es pas en sécurité avec moi Felicia ... Je ne suis plus assez humain pour ça ... Ces derniers mots tombèrent comme un couperet, tranchant et définitifs ...

Tout en lui relatant le plus fidèlement possible, nous avancions dans les allées du cimetière, moi parlant, elle, écoutant, moi regardant devant moi ou le sol sans oser jeter un coup d'oeil vers elle de peur de trouver dans son regard, dans son attitude ce soupçon de peur, de colère ou de dégoût tant redouté.
J'avais senti sa main se contracter quand j'évoquais l'épisode de la douche puis une pression alors que je lui expliquais comment je l'avais équipée de mon armure pour la guérir et effacer ses souvenirs traumatisants au passage. Enfin je me taisais et nous faisions encore quelques pas en silence avant qu'elle ne s'arrête et ne prenne à son tour la parole. Curieusement, nos pas nous avaient fait revenir à notre point de départ, devant la tombe de son père, et nous nous faisions face quand elle parla enfin. Dans ses yeux il n'y avait ni reproche, ni haine, ni dégoût, juste de l'incertitude peut être derrière cette façade énergique et volontaire. Et elle me révéla alors sa véritable nature de mutante, que j'avais constatée lors de ma première investigation en portant mon armure. Mais qui plus est, elle me révéla son aptitude, qui me sembla être plus une malédiction qu'autre chose vu les effets obtenus rien que pour nous deux, répétition semble t il d'autres expériences aussi malheureuse qu'elle avait vécue. La seule chose qu'elle ne pouvait savoir ou esquivait mentalement, pourtant j'avais bien raconté chronologiquement les faits, c'était que notre ultime étreinte sous la douche qui avait provoqué la réaction instinctive de son pouvoir, et que c'était alors que je l'avais blessée dans mon absence de retenue, j'en étais intimement convaincu, la suite n'ayant fait qu'aggraver ses blessures intimes.
Quand elle se tue à son tour, les yeux levés vers moi, mon regard plongé dans le sien, milles pensées aussi raisonnables que logiques, aussi émotionnellement envers et contre, se bousculaient dans mon esprit. Je fis taire le Worldmind d'une estocade mentale, si je devais décider quelque chose, ça devait être de mon propre chef, de ma propre volonté, en toute connaissance de cause. Je lâchais sa main que je serrais toujours et lentement pris son visage entre les miennes, courbant le cou je m'abaissais et déposais tendrement un baiser sur ses lèvres puis la pris dans mes bras, la serrant doucement contre moi avec milles précautions comme si elle était faite du plus pur cristal.
Je ne sais pas si je t'aime, je ne peux te le dire, tout ce que je sais, tout ce que je puis affirmer avec certitude, c'est que j'aime être avec toi, que j'ai besoin de toi et de te savoir heureuse et en sécurité ... Je n'ai plus l'habitude de ce genre de choses, j'ai peur pour toi ...
Je relâchais mon étreinte et m'écartais d'elle un peu la tenant par ses épaules et plongeant mon regard dans le sien.
Je ne demande qu'à poursuivre, à aller plus loin, mais je suis terrifié ... Encore plus depuis cette nuit là ... J'ai réussi à te soigner cette fois là, mais la prochaine ? Il suffit que je perde le contrôle ou que ton pouvoir fasse encore des siennes et tu seras la première en danger. Je suis bien moins exposé que toi, beaucoup moins humain aussi ...

Elle entrouvrait la bouche pour répondre et je lui mis mon doigt en travers pour l'obliger à garder encore le silence.
Chut, attend, laisse moi aller jusqu'au bout pour cette fois ... Lui dis je en souriant pauvrement ...
Il y a déjà assez de menaces qui pèsent sur nous, sur toi, ce fichage qui me laisse un goût amer dans la bouche, et tous les dangers qui couvent ici et là venant de ceux de la Terre ou d'ailleurs ... Je levais un instant les yeux au ciel comme pour chercher une preuve de cette impression malsaine dont même le Worldmind et ses calculs prévisionnels susurraient l'existence. Quand je les rebaissais ensuite vers elle, c'est dans son magnifique regard que je me plongeais et me noyais.
M'ajouter à la liste de ces menaces potentielles serait une folie ... Serais tu prêtes à prendre ce risque ? Chuchotais je presque en lui caressant à nouveau tendrement la joue tout en m'imprégnant de la vision de son visage comme si c'était la dernière fois que je la voyais, comme faisaient sans doute tous les soldats de leurs compagnes avant de partir au front, ne sachant pas s'ils reviendraient ou non ...

{Intermède Historique
Il y a quelques milliers d'années, alors que l'homo Sapiens n'avait pas encore vu le jour sur la Terre, un génial chercheur avait découvert et réussi à maîtriser l'énergie qui constituait la puissance des cohortes de Xandar afin de s'affranchir des ressources cosmiques largement ponctionnées à l'époques par les Krees et quelques autres civilisations de haute évolution qui se menaient des combats sans merci de part l'Univers et les dimensions.
Au lieu d'utiliser la positivité ou la négativité, il avait choisi d'étudier la neutralité et avait trouvé la source qui maintenait le grand tout en équilibre cohérent. Où que pouvait être un utilisateur, cette énergie était présente et à profusion. Les Krees reçurent leurs premières grandes défaites et Xandar força ainsi leur respect éternel. Cependant, concentrer une telle énergie était impossible dans autre chose qu'un être vivant qui en était le catalyseur et condensateur obligé. Lorsque Xandar créa ses armées regroupées plus tard dans un seul corps d'armée baptisé Nova-Corps, des capteurs furent disséminés dans tout l'univers pour analyser et déceler les mouvements énergétiques spécifiques à son utilisation. Quand Xandar tomba pour la première fois, les Krees s'emparèrent de quelques un et les surveillaient à l'affût de toute résurgence. Si un être vivant parvenait à faire appel à cette force, tout l'univers en était affecté et des flux constants se créaient en direction de cet te source de consommation jusqu'à ce qu'elle soit entièrement chargée, telles les limailles de fer attirées par un aimant.}

Les émotions son néfastes à la régulation de l'énergie primordiale qu'utilisent les Organiques, elles leur font accumuler des masses énormes dont ils ne peuvent réguler le flot s'ils ne portent l'armure. La structure même de l'espace et du temps est en danger par le fait et les implants sont là pour éviter tout débordement.

J'étais HEUREUX, Felicia venait de m'avouer plus ou moins qu'elle ressentait autre chose qu'une ATTIRANCE physique envers moi, que ce que je ressentais était réciproque.
Mais j'étais MALHEUREUX, car elle ne semblait pas bien comprendre l'étendue d'une telle relation, du DANGER où je la mettrais à chaque instant, de mon impossibilité à garantir un CONTRÔLE total.
Car j'avais PEUR de la BLESSER, ou pire par négligence d'un simple geste. Une part de moi voulait quitter les lieux, loin d'elle, l'autre ne voulait qu'avancer d'un pas et la serrer dans ses bras, et j'étais là, entre les deux, tiraillé, écartelé. L'AMOUR me pressait d'aller vers elle, l'AMOUR me disait de filer au plus vite, quitte à lui faire un peu MAL sur le coup pour son BIEN, quitte à SOUFFRIR seul de l'intérieur ensuite tout en garantissant sa SÉCURITÉ ... Je sentais mon esprit chavirer alors que je la regardais. Il fallait qu'elle voit, qu'elle se rende compte à quoi elle avait affaire ... Je cherchais des yeux autours de nous et trouvais ce que je voulais pour ma démonstration, un gros galet à moitié prisonnier dans la stèle d'une tombe. En trois pas j'y étais, d'un mouvement je l'arrachais à sa prison puis revenait me planter devant elle, le bras tendu, le galet dans mon poing.
ÉMOTION ... BONHEUR ... PEUR ... AMOUR ... CHAGRIN ...
Regardes la puissance qui est dans mes mains ... Et faisant pression, je réduisais le galet en poussière de Quartz qui s'écoula entre mes doigts.
AGRESSION ... DÉSÉQUILIBRE ...
Tu comprends maintenant ce que je veux dire par "DANGER" ? Si tu étais comme moi, cela ne serait rien, mais tu es une humaine ! Il suffirait que je ... Des images d'horreur se précipitaient dans ma tête, milles façons par lesquelles par étourderie, sans intention, je pouvais la TUER, la blesser ... Milles émotions qui transitaient et me transperçaient comme autant de lances ...
Alors que je levais à nouveau la main pour lui prendre la sienne, je m'arrêtais en plein geste, ma main brillait, faiblement, mais elle exhalait de la lumière comme le feraient mes gants d'armure en phase de concentration. Estomaqué, je m'étais arrêté interdit en pleine phrase et je ne pouvais m'empêcher de la fixer avec horreur ...
... FOLIE ...
{Quelque part, loin, un détecteur jusqu'alors en sommeil, indiqua une fluctuation sensible dans les mouvements naturels de la troisième énergie. Le scientifique Kree chargé de ce bastion reculé en fut autant étonné qu'effrayé ... Pour qu'un tel événement se produise, il fallait qu'un Guerrier Nova attire quelque part une somme considérable d'énergie. Le veilleur resta en observation prêt à enfoncer le contact d'alerte. C'était la seconde fois que cela arrivait en quelques mois ...}

... RAISON ... RÉGULATION ...
Le Worldmind engagea les protocoles de coercition et de prise de contrôle de son hôte. Le danger devenait trop grand, surtout avec les modifications qu'il avait apporté lui même au modèle d'origine. L'organique n'était plus en mesure de supporter cette dualité, ayant été fragilisé par son incarcération et les tortures subies ces dernières années. Les plaies étaient trop fraîches encore et les mesures extrêmes qui avaient été employées pour le libérer hors de propos aujourd'hui.
Les yeux de Richard s'assombrirent tout à coup alors qu'il prenait le contrôle, repoussant l'esprit éveillé vers des limbes obscures et sécurisées. D'un ordre il fit apparaître l'armure tout en évaluant les mesures et contre mesures à prendre pour régler définitivement le problème. Effacer la mémoire de la femelle n'avait servi à rien, il fallait se résoudre à supprimer tout souvenir dans les deux cerveaux.
Reconfiguration des deux organiques initiée ... Et d'un geste prompt, il toucha la tempe de Felicia, y introduisant temporairement une nano cellule qui serait son cheval de Troie. Il obligea Felicia à se tourner vers la tombe de son père, puis toucha à nouveau la tempe et récupérait sa sonde, son oeuvre terminée.
De l'épisode de l'Hôtel jusqu'à cet instant et celui d'après, plus rien ne subsistait dans le cerveau de l'humaine, ni dans celui de Richard. Juste un trou comblé par des faux souvenirs d'action habituelles recueillies de ci de là pour former un tout cohérent.

L'oubli est le meilleurs des remèdes ...

Sont oeuvre faite, il s'envola vers l'espace et revint à l'endroit même où Richard récupérait les débris du satellite russe, là où il avait laissé son filet de capture dérivant mollement ...

Rendre les commandes était un jeu d'enfant, l'organique, une fois de plus, avait été manipulé avec succès ... Mais chaque fois, cela devenait plus difficile au fur et à mesure du processus d'unification ...


J'étais en train de ramasser les dernier débris de l'engin espion de l'ex URSS quand un bruit passa dans mon casque, celui de mon téléphone quand un appel était supprimé ... Je consultais ma messagerie et ne trouvais rien. Haussant les épaules, je continuais ma pèche, me demandant quand je pourrais revoir Felicia pour participer à résoudre une autre affaire ... Je me sentais proche d'elle, enfin, j'aimais bien être avec elle, mais je savais que toute autre relation était à bannir, nous n'étions pas du même monde ... N'est ce pas ?