Rescuing is the best part of a hero's life ➶ Kate & Gabrielle

Rescuing is the best part of a hero's life
   

Le vent fit légèrement frissonner la jeune fille. Les rues de New York étaient très fraîches dernièrement et elle n'était pas forcément très couverte mais que voulez-vous ? Quand on veut avoir une classe de super-héros, il fallait savoir faire des sacrifices. Alors Kate avait décidé de sacrifié son confort pour avoir l'air d'une vrai super-héroïne. Et les super-héros, ça ne se bat pas en doudoune. Déjà que ce qu'elle portait faisait plus civil… Et pour cause. Débardeur de sport, pantalon façon combinaison gracieusement offert par le S.H.I.E.L.D. et veste violette aux manches noires, on voyait ça tous les jours. Ajoutez à ça les grosses lunettes violettes en demi-teinte qui masquaient une bonne partie de son visage -essayons de garder l'anonymat on s'engueule déjà assez avec papa comme ça- et les sparadrap qui couvraient certaines blessures fraîches de son visage et elle avait clairement pas l'air super. Mais bon. Il fallait savoir faire avec.

Elle n'avait pas de mission ce soir-là. Elle n'en avait pas si souvent que ça d'ailleurs. Les Avengers passaient désormais plus de temps à s'engueuler qu'à travailler ensemble. Elle-même restait silencieuse face à ça. Oh, elle avait un avis bien sûr mais elle ne se sentait pas l'envie de le donner. Elle n'était même pas une membre à part entière et son opinion ne ferait pas avancer le débat alors à quoi bon ? Ils étaient tous plus vieux, plus anciens, plus forts, plus… plus tout. Pas qu'elle se sente particulièrement faible, mais à côté d'eux elle n'était rien. Alors elle se taisait, écoutait, observait. Attendait que les choses se tassent et qu'ils reprennent les missions au besoin.

Elle passait de toit en toit, l'oreille attentive malgré son esprit parfois distrait ou occupé. Elle avait opté pour une surveillance de New York par le haut. « Je vois mieux à distance », disait souvent Clint. C'était aussi vrai pour Kate. Dès qu'elle se trouvait assez loin, elle voyait les choses bien mieux. Comme si sa vision était plus précise que ce qu'elle était censée pouvoir être. Kate s'était parfois interrogée là-dessus mais elle n'avait pas d'explication. Elle était humaine et née comme ça, fin de l'explication. Mais parfois, elle aurait bien aimé avoir d'autres sens aussi bien développé. Voir était pratique mais si elle pouvait entendre, elle repérerait les zones ayant besoin de son aide tellement plus facilement.

Heureusement, ses oreilles humaines suffisaient parfois. C'est ainsi qu'elle entendit les bruits de coups et les cris. Un petit groupe de six personne avaient commencé à se tabasser les uns les autres un peu plus loin, sur une rue secondaire. Elle repéra rapidement le conflit en question, assez peu discret d'ailleurs. Ça aurait pu sembler un conflit habituel mais Kate n'était pas trompée par les apparences. Les yeux définitivement luisants de l'un d'eux était clair. Surhomme, mutant, inhumain, elle n'en savait rien. Mais ça avait tout du règlement de compte. Peut-être que la seule différence était les yeux. Ça arrivait. Parfois les mutants et inhumains ne développaient pas de super-pouvoirs. Parfois l'évolution se cantonnait à une coloration des yeux ou des écailles sur la peau. Mais pour certains humains, ça suffisait largement.

Kate mit quelques secondes à comprendre ce qu'il se passait. Deux contre trois, le non-humain et son ami -humain ou pas ?- en infériorité numérique. Mais qui savait quels pouvoirs ils avaient. Les agresseurs l'avaient peut-être cherché mais les choses dégénéraient si vite. Trop. Et elle voyait une sixième personne, une civile peut-être ? Quelqu'un qui ne se battait pas, qui tentait de partir mais chaque fois le combat débordait, l'empêchait de partir. Kate ne réfléchit pas trop. Les yeux rivés sur sa cible, elle prit une flèche et la décocha. Quand elle tirait, le temps semblait comme ralentir autour d'elle. Inspiration. On bloque. Et l'instant d'après la flèche filait juste entre les pieds des jeunes qui se battaient. Quand elle toucha le sol, elle déclencha un nuage de fumée. Pas de quoi arrêter vraiment le combat mais assez pour les déstabiliser le temps qu'elle arrive. C'était le genre de combat qui ne demanderait pas d'arc. Les jeunes n'étaient que des jeunes. Pas des agents d'Hydra ou d'autres vrais vilains. Elle tira une flèche câble et utilisa son arc pour descendre. Atterrissant au milieu des « combattants ». Elle chercha la civile des yeux. Était-elle partie ? Elle devait savoir. Devait le prendre en compte pour ne pas manquer de la blesser aussi par mégarde.

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La civil était encore là. D'un côté, Kate s'y attendait. Elle savait que les personnes n'avaient pas forcément le réflexe ou la possibilité de fuir. Parfois, il fallait juste se battre en ayant conscience qu'on protégeait aussi un civil. A partir de là, l'objectif n'était pas en soin d'arrêter le combat mais d'en protéger le civil. Bien sûr, arrêter le combat la protégerai. Mais parfois il fallait laisser les gens se battre et simplement éloigner la personne. Kate n'aimait pas cette idée. Pour elle, les combattants aussi devaient être sauvés. Il ne s'agissait pas de s'occuper d'une personne mais de plusieurs, d'un tout. Elle était peu encline au sacrifice, contrairement à bien des agents du S.H.I.E.L.D. C'était en partie pour ça qu'elle n'était agent qu'à temps partiel. Elle ne voulait pas perdre ses valeurs pour les leur.

La fumée avait en effet ralenti le combat mais pas autant que Kate l'avait espéré au premier abord. Elle manqua de se prendre un coup de poing au premier abord. Elle ne savait pas par qui et à vrai dire elle s'en fichait. Mutant, humain, tant qu'ils faisaient du grabuge elle les traitait pareil. Elle évita le poing in extremis et attrapa le bras qui suivait pour faire passer son adversaire par dessus sa propre épaule, le mettant à terre. Elle passa son arc en travers de ses épaules. Ça la ralentissait dans ses mouvements mais au moins elle évitait de donner des coups d'arc à tout va. Elle aurait pu gravement blesser quelqu'un avec, ou même simplement le casser. Au prix que ça coûtait, on garderait le coup de la casse pour plus tard. Pour un adversaire plus impressionnant que des jeunes civils.

Le poing de Kate rencontra le nez d'un des combattants. Celui aux yeux qui luisaient, le mutant ou quoi qu'il soit. Elle le voit reculer en se tenant le nez. Elle ne l'avait pas cassé, elle en était sûr. Mais ça devait quand même faire mal. Elle attrapa un troisième gars et l'envoya contre un mur, pas trop fort. Encore ce souci de blesser le moins possible. Elle jeta un regard à la civil, juste pour s'assurer que tout allait bien pour elle. Un instant, elle se demanda si celle-ci allait appeler la police. Ce serait un réflexe tout à fait logique de sa part mais Kate évitait le plus possible ses interactions avec la police depuis que le Registraction Act était passé. Elle n'était pas recensée. Ne le voulait pas. Son père en deviendrait malade et sa sœur serait mise en danger. Non, elle ne pouvait pas le tenter, elle…

Un coup dans le ventre la coupa dans sa réflexion. Elle avait été trop distraire, l'adversaire en avait profité pour lui porter un coup qui lui avait coupé la respiration. Elle jura intérieurement et se reconcentra sur ce qu'elle faisait. Pour l'instant, l'autre s'était redressé et cracha un :

— Saleté de mutants. Toujours en bande.

Suuuper. Voilà qu'on la prenait pour une mutante venue aidé un confrère. Est-ce que ce type avait remarqué qu'elle avait frappé Yeux-qui-brillent ? Est-ce qu'il en avait seulement quelque chose à faire ? Kate n'avait rien contre les mutants. Bien au contraire, elle les considérait comme des personnes comme les autres avec juste un quelque chose en plus. Mais elle n'aimait pas non plus être confondue avec ce qu'elle n'était pas. Sûrement que ça venait de ses expériences d'asiatiques. Se prendre un « chinoise » dans la gueule quand on était à demi coréenne énervait. Alors ça s'étendait pour le rester.

Pour une fois, Kate ne l'ouvrit pas pour une réponse cinglante. Elle préféra faire signe au mutant et son pote de filer, ce qu'ils firent de bien bonne grâce. Comme la jeune Hawkeye s'en doutait, ils ne voulaient aucun mal. Ils s'étaient juste retrouvés au mauvais endroit au mauvaise moment et le reste avait suivit. Kate se tourna vers les trois restants.

— Voilà. Plus de mutant. La rue est aussi tranquille que si vous les aviez laissés tranquille. Alors on fait quoi maintenant ? On continue à mettre cette jeune femme en danger ? Ou vous vous rendez compte que vous vous comportez comme des menaces pour les passants et vous vous calmez ?

Elle ignora presque toute possible réponse. Elle avait un autre tracas pour le moment. Elle se retourna vers la civil, tournant délibérément le dos aux jeunes, en signe que pour elle c'était fini.

— Vous allez bien mademoiselle ? Aucun de ces idiots ne vous a fait de mal ?

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La jeune femme avait l'air sous le choc et cela pouvait se comprendre. Kate elle-même aurait eu peur si elle avait été à sa place. Elle l'avait été, en quelque sorte, c'est ce qui l'avait motivée à devenir ce qu'elle était aujourd'hui. Depuis elle en avait vu d'autres. Oh, moins que certains mais elle en avait quand même vu d'autres. Une rixe comme celle-là n'était rien du tout en comparaison à d'autre combats. Mais pour la civil… Ouais, c'était clairement différent. On se retrouvait pas souvent coincé au milieu d'un conflit comme elle l'avait été.

La civile fit soudain un mouvement. Kate fronça les sourcils mais finit par comprendre. Elle se retourna juste à temps pour éviter le coup. Elle porta un coup de pied dans l'abdomen de l'un avant de se prendre quand même un coup d'un second. Elle avait peut-être de l'expérience en combat, trois contre un ce n'était pas toujours facile. Elle n'était pas Black Widow non plus. Elle savait se battre mais n'avait encore qu'un niveau assez faible par rapport à d'autre super-héros. Elle attrapa le bras de l'un pour l'envoyer plus lui mais le dernier agrippa ses cheveux. Kate gronda un peu sous la douleur. On lui avait souvent dit que les cheveux longs n'étaient pas pratiques pour ce genre d'activité mais elle les aimait bien.

Kate attrapa la main qui tenait ses mèches et releva le coude de l'autre avant de tout simplement lui coller la première main dans les cheveux pour le faire reculer. Elle évita in extremis l'un des types qui fonça tout simplement vers son camarade. Elle fit une balayette au dernier qui se redressait avant de reprendre son arc, armer sa flèche et viser dans leur direction à tous les trois.

— Et voilà ce qu'il se passe quand on écoute rien. Je vous préviens, je ne rate jamais ma cible et encore moins à une si piètre distance. Maintenant dégagez avant que je ne m'énerve et réfléchissez à votre comportement à la con.

Kate n'aimait pas se faire passer pour quelqu'un de violente. Oh bien sûr, elle l'était quand même un peu. On était pas un héros si on était pas violent, surtout pas un sans super-pouvoir. Mais elle était profondément contre les réelles agressions. Elle blessait gravement si vraiment elle n'avait pas le choix. Et surtout, jamais elle ne tuait. Et elle espérais de tout cœur que ça ne viendrait jamais. Malheureusement, elle ne pouvait pas en être certaine. Peut-être que cela arriverait un jour. Le futur était plein d'imprévus après tout. Peut-être qu'un jour elle se retrouverait dans une situation dans laquelle elle n'aurait pas le choix. Mais elle était jeune et optimiste. Elle préférait penser que tout irait toujours bien.

— Je ne vais pas vous tuer, même pas vous blesser. Vous n'êtes pas des criminels, juste de sale gosses. Mais je vous préviens : vous vous mettez en danger en jouant aux cons. Vous avez voulu tabasser ce mutant, très bien. C'est votre choix d'être con. Mais un jour, ça va vous retomber sur la gueule, vous payerez pour ce que vous avez fait de mal. Alors j'vous conseil de vous remettre un peu dans le droit chemin.

Kate rangea la flèche dans son carquois et une fois de plus leur fit dos, mais cette fois elle garda l'arc en main. S'ils n'avaient toujours pas compris, c'est qu'ils l'auraient cherchés, elle ne serait pas aussi conciliante. Kate sourit aimablement à la civile et proposa :

— Je vous accompagne jusqu'à votre destination ? J'espère qu'il ne vous arrivera pas d'autre malheur, mais on est jamais trop prudents, n'est-ce pas ?

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Le silence semblait quelque peu tendu. Kate pouvait le comprendre, ça aussi. Tout le monde ne se baladait pas tous les jours dans les rues accompagné d'un super-héro, même un aussi peu connu que Kate. Oh bien sûr, celle-ci avait quand même quelques faits d'arme, merci les Avengers. Mais ça ne voulait pas dire pour autant qu'elle était connue. Ils avaient du remarquer cette jeune femme avec une veste violette mais connaissaient-ils seulement réellement son nom de super héroïne ? Elle n'en était pas sûre. En tout cas la femme qu'elle accompagnait désormais ne semblait pas être une fan. Elle avait remarqué que les fans des autres avaient tendance à directement demander des selfies et autographes. Ou en tout cas à dire qu'ils étaient fans. Là, rien. Bon. Elle n'était pas non plus déçue, mais un peu d'appréciation n'aurait pas non plus fait de mal à l’ego.

Elle était soulagée que les jeunes soient partis, cependant. Elle n'aurait pas voulu leur faire de mal mais s'ils avaient insisté elle aurait dû s'y résoudre. Elle ne comprendrai jamais ces jeunes. Pourquoi ressentaient-ils un tel besoin de faire du mal aux gens pour leur différence ou leurs agissements ? Ils avaient voulu s'en prendre à ce mutant juste parce qu'il avait les yeux qui luisaient, elle avait fini par en être totalement convaincue même sans avoir de réelle preuve. Et puis ils avaient insisté quand elle les avait battu la première fois. Ah, elle les reconnaissaient bien, ces comportements d'hommes blancs dont la virilité se sentait attaquée. Mais était-ce si important ? Fallait-il vraiment en arriver là ? Ne pouvait-on pas se contenter de mal se sentir sans aller jusqu'à agresser les gens ? Non, décidément, jamais elle ne comprendrai.

Kate réajusta ses lunettes avant de se tourner avec la pauvre victime involontaire et lui sourire un peu. Elle ne savait pas trop quoi dire mais l'autre ne semblait pas être prète à parler et elle détestait les silences. La faute à Clint ça. Il ne savait pas la fermer alors elle n'avait plus vraiment l'habitude de ne pas entendre parler. Même si Clint l'énervait à parler autant, elle ne supportait plus les silences. La force de l'habitude, il fallait croire.

— Je suis désolée que vous vous soyez retrouvée dans ce combat. Enfin, pas que ce soit de ma faute, c'est de la leur. Mais j'ai dû intervenir et je sais qu'un coup perdu est si vite arrivé. Mais bon, depuis quelques temps les jeunes sont de plus en plus violents comme ça. Je ne compte plus le nombre de combats que j'ai eu à arrêter. On espère passer une journée à ne rien trouver dans la ville mais on est vite déçus. Je ne comprends même pas ce qui les amène à être aussi violents, ce n'est pas comme si les mutants venaient d'arriver. Ils sont là depuis un moment maintenant, on aurait pu penser qu'ils s'y étaient fait depuis.

En fait si, Kate avait une petite idée de pourquoi. Les mutants n'avaient pas été un réel problème depuis longtemps mais après la bataille de Sokovie, qu'elle n'avait vu qu'à la télé à défaut d'y avoir participé, le Parti Collectif avait fait revenir le projet de fichage. Et malheureusement, cette fois il était passé. Elle n'arrivait pas à croire que ce soit le cas d'ailleurs. Ficher des êtres humains, leur coller une puce sous la peau ? N'était-ce pas le commencement de bien plus et bien pire ? Ne commençait-on pas ainsi avant de partir dans des extrêmes ? Kate n'était pas une optimisée ou une mutante. Mais avec sa vision si précise, les membres du gouvernement ne la mettraient-ils pas dans la même catégorie ? Et alors, elle se retrouverait avec un dossier sur elle, presque comme si on lui créait un casier, elle qui n'avait jamais commis le moindre crime pourtant. Et on suivrait ses moindres mouvements. Oh, le Parti Collectif prétendait que ça ne s'activerait que dans « les zones à risque » mais Kate savait. Toutes les zones étaient à risque. N'importe qui pouvait être attaqué n'importe où. Sur son lieu de travail, chez soi, sur le chemin du retour… La puce serait activée en permanence, elle s'en doutait. Et elle ne voulait ça ni pour elle-même, ni pour qui que ce soit d'autre.

— Enfin, je suppose qu'ils ont juste peur. C'est dingue ça. Des choses vous font peur et plutôt que d'admettre votre peur vous blâmez des innocents pour ça. Nan, vraiment, je comprendrai jamais ces jeunes. Pas qu'on me le demande, remarquez.

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Elle le sentait, le malaise. Ouais, mais qui ne le sentirait pas ? Il était presque palpable, il les écrasait presque. La faute au Registraction Act ? Peut-être. Peut-être pas. Elle n'était pas héroïne depuis longtemps mais elle l'avait été avant la Sokovie, avant la polémique, avant la nouvelle loi d'enregistrement. Et elle la voyait, quand même, la différence. Elle la sentait lorsqu'elle sauvait les gens, lorsqu'elle volait au secours d'innocent ou tout simplement lorsqu'elle aidait la ville avec quoi que ce soit.
Avant, ils étaient si heureux de la voir. Ils la remerciaient, la serraient contre eux, lui embrassaient la joue. Voulaient même lui offrir une récompense, un rien, un pas grand-chose. Ils étaient juste heureux, soulager, qui sait ce qu'il se serait passé si elle n'avait pas été là, si elle n'était pas intervenue ? Mais plus maintenant. C'était la peur qui régnait désormais, comme si le monde entier n'était plus qu'une vaste zone de guerre qu'il fallait à tout prix éviter. Quand elle aidait les gens, ils la regardaient de travers. Ils se demandaient si elle n'allait pas leur causer encore du soucis, si elle n'allait pas leur faire du mal à son tour. Ils craignaient pour leurs vies, ça elle le comprenait. Mais à cause d'elle ? Elle qui faisait parti à temps partiel des Avengers ? Elle qui venait de leur sauver la mise ? Ça la rendait malade, cette peur de l'autre. C'était comme si on ne pouvait plus accepter la générosité et l'aide.

Elle sentait que la jeune femme qu'elle venait de sauver ne voulait pas parler. Elle répondait par phrase courte aux longs discours de Kate. Encore de quoi mettre encore un peu plus mal à l'aise la jeune asiatique, mais elle ne sait pas de quoi d'autre lui parler. Elle ne doit pas révéler son identité secrète. Elle ne doit pas dire qu'elle est Kate Bishop, que son père possède une entreprise… Non, rien de tout cela. Et elle le sait, c'est son choix après tout. Mais il n'est pas facile de ne rien dire quand il s'agit de meubler le silence. On a envie de parler, et la plupart des discussions avec des inconnus commencent par des présentations. Impossible sous son identité de super-héros.

— Parfois, il faut juste faire ce qui est bon à nos yeux, rien de plus.

Kate passe l'arc autour de ses épaules, elle sent qu'elle ne devrait pas en avoir besoin. Elle l'espère, en fait. Pauvre civile sinon, deux attaques en une seule petite demi-heure. Oh, elle se tient prête au cas où, après tout c'est bien pour protéger qu'elle est là. Mais il ne faut pas non plus qu'elle ai l'air au bord de la paranoïa. Elle se gratte l'arrière du crâne, sortant sans le vouloir quelques cheveux de sa queue de cheval haute. Elle ne sait trop quoi répondre, il faut l'avouer.

— Bien sûr. Si je pensais l'inverse, je n'aurais jamais commencé ce que je fais aujourd'hui. Mais je pense qu'il faut quand même respecter les autres. Si ces gars avaient rien fait, je les aurai laissés tranquilles. J'vais pas attaquer les gens sur un critère inutile comme eux on fait. J'ai déjà…

Elle se tait, se rend compte qu'elle va trop parler, dire des choses sur elle. « J'ai déjà assez vécu ça pour ne pas le faire subir à d'autres », voilà ce qu'elle allait dire. Mais ça dit déjà beaucoup sur elle. Ça dit qu'elle a déjà subit des choses, des remarques, du racisme. Ca sous-entends qu'elle est pas blanche, et elle joue de la crédulité des gens alors elle ne peut pas révéler ça. Elle sait que les gens s'attendent à trouver une blanche sous ses lunettes et sa peau métisse trompe facilement mais pas ses yeux. Raison pour laquelle elle ne cache pas son visage avec un masque, mais ses yeux avec des lunettes.

Alors elle change de sujet, même si ce n'est pas discret, même si on risque de capter qu'elle a failli dire quelque chose qu'elle ne veut pas. Et même si on risque de penser qu'elle voulait dire autre chose. Elle ne réfléchit pas trop à ça à vrai dire.

— Enfin, j'ai déjà vu pas mal. Ca aide à forger un avis. Au fait, moi c'est Hawkeye. Je sais pas si vous me connaissiez vu que… Bah, je suis pas non plus Iron Man quoi, tout le monde ne me connaît pas.

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Le nom ne disait rien à la jeune femme, Kate le voyait bien dans ses yeux. Elle n'avait pas eu le soudain éclat qu'ont les gens qui reconnaissent un nom ou une personne, pas de soudaine exclamation. Peut-être que pour cette jeune femme, Hawkeye n'est pas le nom d'une héroïne, mais celui d'un héros, au masculin. Parfois Kate regrettait un peu d'avoir choisi le même nom qu'un autre, elle passait toujours derrière. Mais elle avait voulu envoyer un message avec son nom et elle se tenait à son message.
La jeune femme se sentit sûrement obligée de justifier le fait qu'elle ne la connaissait pas, parce qu'elle sortit juste après :

— Non, je ne suis pas très super héros, désolé.

Compréhensible. Elle n'était pas la première personne à ne pas être fan des super-héros, Kate en connaissait certains et ils étaient parfois pires que ça. Elle pouvait citer principalement J. Jonah Jameson qui avait une dent contre beaucoup de super-héros, principalement Spider-Man mais pas seulement. Elle aussi avait eu droit à son article assassin, et un rien machiste aussi. Mais ce genre d'article de plaisait pas, trop de gens venaient après se plaindre parce qu'il ne respectait pas les fans. Ou alors il n'en avait rien à foutre d'elle. Kate n'était pas sûre de vouloir savoir.

— Je peux le comprendre. On est pas au goût de tout le monde, encore moins quand on crée autant de polémiques autour de nos activités. Ce n'est pas grave, je ne suis pas vraiment connue de toute façon.

Kate lui fait un petit sourire rassurant, pour bien lui montrer qu'elle ne lui en veut pas de ne pas être fan de ses compères. Elle-même n'est pas forcément fan de chacun d'entre eux non plus, à vrai dire. Déjà, elle n'aime pas ceux qui tuent. Elle est foncièrement contre la mort et la justice personnelle. Elle-même aurait pu aller chercher l'homme qui l'avait brisé. Mais elle avait choisi de faire passer ses principes avant ses sentiments. Ce n'était pas toujours facile. Il arrivait qu'elle se retrouve à sauver une femme agressée par le même genre d'ordure et le sentiment de rancœur revenait au galop. Elle avait du mal à la repousser parfois, mais elle voulait rester quelqu'un de bien.

— Pourquoi avoir choisi cette voie ? Pourquoi ne pas être rentrée dans les forces de police plutôt ?

Au premier abord, la question surprend Kate. La jeune femme n'avait pas l'air de vouloir beaucoup parler et Kate était prête à laisser un autre silence s'écoulait mais non, finalement elle se montrait curieuse. Ou voulait-elle faire passer un point ? La personne qu'elle venait de sauver semblait être du côté des forces de l'ordre officielles. Peut-être était-elle pour le Registraction Act, la question était posée de façon à le laisser supposer, mais Kate ne voulait pas savoir, elle ne voulait pas en parler.

Elle plongea un instant dans ses pensées. La première réponse qui lui venait en tête était la plus évidente, mais aussi celle qu'elle ne voulait pas évoquer. Parce que ça la ferait passer pour une vengeresse. Parce que ce serait raconter à une inconnue ce qu'elle n'avait même pas raconté à ses proches. Mais répondre à cette question n'était jamais facile, parce qu'on ne pensait jamais vraiment à ce pourquoi on le faisait vraiment.
On pouvait dire, bien sûr, qu'on le faisait parce qu'un proche était mort, parce qu'on avait subi des agressions, parce que c'était la chose à faire. Ce n'était pas des pourquoi. C'était des comment. Des quel est l’événement qui a amené à cela. Mais il y avait plus, bien plus. On y pensait pas souvent, on ne voulait pas toujours y penser. Mais c'était là. Et parfois, quand on pose la question, on est obligé d'y songer, à ce vrai pourquoi. Comme Kate à ce moment-là.

— Ce n'est pas un question facile, finit-elle par répondre. Mais je dirais que… Les policiers ne sont pas là quand les choses se passent. On les appelle souvent une fois que c'est fini, ou en tout cas une fois que c'est engagé. Mais vous imaginez, avoir une femme au visage défoncée et lui dire que c'est pas grave, qu'au moins la police est là maintenant ? Elle n'en a rien à branler qu'ils soient là à ce moment. Ce qu'elle aurait voulu, c'est qu'ils aient été là avant, quand elle allait encore bien, avant qu'elle ne finisse dans cet état.

Kate remet une mèche derrière son oreille, pensive et soucieuse. Ouais, c'était un peu ça sa raison. Elle avait été cette « nana à la gueule défoncée ». Et aucun flic n'était venu la sauvée. Elle avait été livrée à elle-même, seule face à l'agresseur. Sans personne qui veillait. Sans personne pour la repérer et la sauver. Juste elle, et la peine, et la douleur.

— Je ne dis pas que les policiers ne font pas leur boulot. Ils le font parfois. Mais quand on voit tout ce qu'il y a ? Quand on voit que des victimes, des personnes détruites, ne sont pas crues par manque de preuve ? C'est pas leur faute à eux, ils suivent leurs procédures. Mais c'est pas assez. Y a tout un tas de personnes qui subissent des dommages, qui ne sont pas sauvées et n'obtiendront jamais réparation. C'est pour ça que je le fais. C'est pour ça que je passe mes nuits, parfois mes jours, sur des toits, à regarder les rues à la recherche de personne seul, sans défense. Pour réduire le nombre de victime. Pour leur éviter le pire des traumatismes. Parce qu'ils méritent d'être protégés à tout moment et qu'on fait pas assez pour eux.

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La jeune femme face à elle n'étais toujours pas convaincue mais Kate ne s'attendait pas à la convaincre avec ces quelques mots. Elle n'était qu'en train de donner son opinion, une opinion qu'elle s'était forgée au fil des épreuves de la vie. Quelqu'un qui n'avait pas vécu toutes ses choses ne pouvait pas forcément voir les choses sous le même angle, ne saurait pas forcément comprendre, et Kate n'avait pas le courage de passer le temps qu'il faudrait à la convaincre. Après tout, elle était une inconnu, une étrangère à qui elle parlait parce qu'elle l'avait sauvée mais que peut-être jamais elle ne reverrait. Non, ce qu'il fallait, c'était quelqu'un pour les représenter auprès du plus grand nombre.
C'était vrai, après tout, le Parti Collectif avait Scarlett Connely pour représenter ses idéaux et sa loi. Alors que l'opposition, elle était où exactement ? Oh il y avait des gens qui faisaient entendre leurs avis, pas de soucis. Mais une opposition concrète ? Non, eux n'en avait pas, de ça. Et c'était peut-être le plus dommageable en fait. Parce qu'il manquait ce partie foncièrement contre, cette opposition concrète qui dirait « Non. Nous sommes là et nous nous ferons entendre. ». Tout ce qu'il y avait, c'était des gens comme Kate, solitaires, sans vrai représentants, qui parlaient dans leurs coins. Parfois une ou deux manifestations, mais qui est vraiment là pour les organiser ? Personne. Les gens ne trouvent peut-être pas le danger assez présent, elle pense. Ou peut-être est-elle juste mal informée. Mais ça lui fait peur.

— Vous agiriez pareil si vous n'aviez pas été une victime un jour ?

Kate manque de protester, se retient mais l'expression outrée de son visage a dû se voir. Elle n'aurait jamais dû parler de ça de cette façon. Maintenant elle a révélé une chose trop personnelle. L'a laissée devinée du moins et sa réaction n'est que confirmation de ce que la jeune femme venait de dire, qu'elle était la victime de l'histoire, qu'elle ne prenait pas une situation au hasard mais la seule. Oh, elle ne pouvait pas deviner qu'elle n'avait pas subit de simples coups. Mais le mal était fait.

— Qu'est ce qui vous empêche de faire des rondes, la nuit, à tout moment en étant policière ? Cela ne vous serait pas interdit, au contraire, je pense que ce serait bien vu. La police agit de cette façon déjà, vous pourriez les soutenir en allant dans leur rang, non ?

Kate serre un peu les poings. Elle sait qu'elle en devrait pas aller sur cette voie, qu'elle ne devrait pas trop s'aventurer sur la pente glissante, mais comment répondre à ça autrement ? Forcément, l'autre ne sait pas et elle doit lui expliquer, hein ? Il faut lui expliquer à cette jeune femme toute blanche. Kate a toujours évité d'en vouloir aux caucasiens, elle sait que c'est pas leur faute, que c'est juste l'héritage de l'histoire qui veut ça, qui veut tout, qui amène tout. Mais elle est obligée de constater la différence, n'est-ce pas ? Parce qu'elle est là, parce qu'elle se fait voir, parce qu'on ne peut pas la manquer. A moins d'avoir été du bon côté de la barrière toute sa vie.
L'archère n'est pas en colère contre la femme, non. Elle est en colère d'avoir répondu, elle aurait mieux fait de ne pas répondre, de simplement expliquer que des circonstances qu'elle ne voulait pas expliquer l'avait conduit à ne pas partir dans la police. Elle pourrait mentionner le S.H.I.E.L.D., mais elle ne sait plus trop à quel point le S.H.I.E.L.D. est officiel et accepté. Depuis l'affaire à Washington et la chute, tout est confus au sein de l'organisation. On ne sait plus bien quelle place on a dans le monde de la Sécurité Mondiale.

— Plus de cent. C'est le nombre de personnes noires non-armées qui ont été tuées par les flics aux Etat-Unis l'an dernier. Bien plus que les blancs. Et c'est pareil pour tout autre origine, toujours plus que les blancs. Les flics sont pas tous comme ça, j'en suis putain de consciente mais… Comment je pourrais penser à rejoindre les flics si je sais que certains pourraient tuer des innocents sur un critère discriminatoire.

Elle tripote son arc, le serre un peu dans sa main, relâche sa poigne. Elle est nerveuse, elle sait qu'elle part sur un sujet qui cause débat, qui pose problème. Mais elle peut pas se taire, elle peut plus à ce point, elle est partie un peu trop loin alors allons jusqu'au bout.

— Vous savez combien de flic disent aux femmes qu'elles l'ont un peu cherché quand ils les ramassent après un viol ? A quel point ils font remarquer qu'elles auraient dû être plus couverte, qu'elles auraient pas dû boire, que c'est leur putain de faute ? Trop. Bien trop. Les héros sont pas parfaits et les flics non plus. Mais les héros font moins de différence, ils arrêtent les gars sans a priori. Et je préfère soutenir ça que de soutenir des gars qui pourraient en faire. Les héros quand tu vas les voir, ils te disent pas de remplir quarante mille papier pour une plainte qui portera sûrement jamais et qu'on te dissuadera sûrement de porter à terme.

Kate se tait, elle s'est un peu perdu dans ses mots, a l'impression d'être agressive. Et elle ne veut pas l'être, mais elle n'a pas asse réfléchi à toutes ces questions pour ne pas l'être. Non, elle réfléchit pas, elle réfléchit après, et elle se trouve conne là, sur le coup, de pas avoir de réponse, de devoir trouver et expliquer en même temps que ça lui vient en tête.

— Je comprends votre opinion. Vraiment, je le comprends. Mais je peux pas être d'accord, pas avec tout ce qu'on voit. C'est pas ça que je veux voir, ces trucs plein de papiers et bureaux qui te dissuadent d'arrêter toute procédure avant de trop casquer. Non, c'est pas ça pour moi la justice. Ça peut pas être ça parce que ça voudrait dire que la justice est injuste. Et je peux pas imaginer ça.

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Rescuing is the best part of a hero's life
   

Le désaccord est grand entre les deux femmes et Kate le sait. Elle ne voulait pas s'énerver mais elle ne sait pas retenir ses nerfs lorsque l'on en vient à parler de ça. Cela avait été la source du désaccord avec son père d'ailleurs. Ça plus que le reste. Elle n'avait pas mâché ses mots quant à l'adhésion du paternel au Parti Collectif. Avait clairement refusé de l'y rejoindre. L'avait envoyé se faire foutre, purement, simplement et en ces termes. Elle n'avait pas encore de self-control mais il lui faudrait apprendre si elle prenait la succession de son père à la tête de la société d'édition. Pour le moment ce n'était pas gagné, elle parlait dur et parlait cru, disait sans complexer le fond de ses pensées, répondait avec effronterie avec n'importe quelle personne qui serait en désaccord avec elle. En un sens, elle était encore adolescente et loin d'être déjà une jeune adulte. Très loin pourrait-on même dire.
Peut-être que toute cette conversation ne mènerait qu'à un cul de sac. C'est ce qui semble le plus probable en tout cas. Qu'elle ne changerait pas l'avis de la jeune femme avec la façon dont elle s'y prenait. Et que la jeune femme en retour ne saurait percer l'effronterie de la jeune fille pour lui faire comprendre le point de vue des membres du Parti, ou en tout cas des personnes qui étaient d'accord avec leurs idées même sans en faire partie. Pourtant elle arrivait à comprendre leur peur. Elle aussi avait peur. Elle voyait les super-vilains, ces gens avec des pouvoirs phénoménaux qui pouvaient s'en prendre à elle, à sa famille. A des innocents qu'elle ne connaissait même pas. Et ça la terrifiait. Et c'est cette peur pour les autres et son envie de les protéger qui l'avaient vraiment forcée à devenir super-héroïne.

— Je pense que personne n'est parfait. Je suis bien d'accord que certains flics ont un mauvais comportement, mais ce n'est pas le cas de tous. Mon frère est mort dans le cadre de ces fonctions et personne n'a jamais rien eu à lui reprocher alors qu'il tentait de sauver des vies. Ce n'est pas parce que vous jouez au super héros que vous devez vous croire au dessus des lois. Elles sont là et faites pour être respectées. Personne ne devrait se faire justice soit même parce qu'on ne veut pas remplir de formulaire de plainte, personne. Mais je pense que cela ne sert à rien de partir dans ce débat là Hawkeye. Je vous remercie de m'avoir tirer de ce mauvais pas, nous sommes juste à côté de chez moi, je pense que je pourrais terminer la route seule.

Son frère ? Sûrement un policier. S'il était mort dans ses fonctions, cela expliquait certainement la vision que la jeune femme avait des forces de l'ordre. Pour lui, il était certainement un héros. Un véritable héros. Car on pouvait dire ce qu'on voulait, il y avait une différence entre une personne morte pour sauver des innocents et une personne en collant qui courrait les rues. Il avait fait le sacrifice ultime. Kate savait qu'elle aussi ferait un jour face à des situations qui lui feront manquer la mort. Est-ce qu'elle mourrait un arc à la main ? Possible. Elle espérait que ce serait de façon réellement héroïque mais parfois elle en doutait. Ça aussi, ça lui faisait peur. Elle avait peur de tellement de choses dans sa vie. Mais d'une certaine façon, elle n'avait pas aussi peur que lorsqu'elle était une femme normale. Ses anciennes peur la faisait se recroqueviller dans son lit la nuit. Les nouvelles la remplissait de courage et l'aidait à aller de l'avant. Parce que si elle avait peur, qu'en était-il des personnes sans défense ? Ils devaient être si perdus…

Elle détourna un instant le regard. Pas honteuse, sûrement pas, mais gênée. Les autres aussi avaient leurs problèmes. Elle l'oubliait parfois par égoïsme ou parce qu'elle avait la tête ailleurs. Mais oui, les gens communs aussi vivaient des épreuves, perdaient des proches, se faisaient agressés. Comme elle avait été une personne commune, si peu de temps dans le passé. Et elle a critiqué comme ça les flics, ouvertement, alors que le frère décédé de cette jeune femme avait lui aussi été un gardien de la paix. Presque comme si elle manquait de respect, pourrait-on dire. Même si ça n'était pas son intention, ça avait pu être interprété comme ça.

— Je suis désolée pour votre frère. Je sais bien qu'ils ne sont pas tous comme ça. Et j'ose supposé que s'il a donné de sa vie là où d'autres se seraient malgré tout dégonflés, c'est qu'il était parmi les bons.

Elle ne savait pas trop où se mettre. Vite, changer de sujet, ne pas paraître inapproprié. Elle avait perdu sa mère mais elle était si jeune à l'époque qu'elle ne se souvenait plus du sentiment que c'était, de savoir qu'un proche était parti. Elle avait quelques souvenirs. Une douleur, des larmes… Mais tout cela avait été estompé par ses souvenirs d'enfant. Et elle ne se souvenait donc plus comment on se sentait, ne savait donc pas dans quel bout prendre la jeune femme. Changer de sujet serait mieux.

— Je ne me pense pas au dessus des lois. Je pense juste aider à les faire respecter, à ma façon à moi. Une façon que tout le monde peut ne pas approuver. Mais je pense que j'aime. Au moins un peu, à mon échelle. Et je pense… Je pense que les policiers peuvent vite être dépassés avec tous ces super-vilains. Ces hommes qui crachent du feu ou se transforme en bêtes. Je suis d'accord, cela peut être dangereux. Mais comme tous les flics ne sont pas racistes, tous les super-héros et autres anormaux ne sont pas dangereux. C'est surtout ça que je défends, ou en tout cas que je veux défendre.

Elle retire une flèche de son carquois et la met dans la main de la jeune femme, sans même attendre qu'elle la prenne, sans trop même lui laisser le choix de la prendre.

— Prenez ça. Elle peut se rétracter pour entrer dans un sac à main ou une poche. Je sais que ce n'est pas grand-chose, que vous avez certainement d'autre choses sur vous ou chez vous, mais si jamais il vous arrivait un truc, un vrai truc bien grave… Je pense que nous serions toutes deux plus rassurées que vous ayez ça sur vous. Même si vous l'utilisez pas, c'est pas grave, mais par les temps qui courent on ne sait jamais. Faites attention à vous.

Kate sourit un peu à la jeune femme, elle ne veut pas partir en trop mauvais termes avec elle. Elle lui fait un petit salut en collant deux doigts sur son front avant de les diriger vers elle puis part. Leur discussion, bien que courte et sans issue, lui tourne encore dans la tête. Plusieurs heures durant, même. Elle s'interroge elle-même sur ses raisons, sur ce en quoi elle croit. Elle ne veut pas se rendre compte qu'elle fait ce qu'elle fait pour les mauvaises raisons. Elle savait que bien plus de questions difficiles viendraient bientôt et elle ne savait pas répondre à celles-là. Il lui faudrait réfléchir. Sur elle-même, sur ses choix. Elle savait qu'elle faisait ce qui était bien, ce qui était juste. Mais la vérité, c'est qu'elle était moins sûre des raisons pour lesquelles elle le faisait. Et il fallait qu'elle soit sûre. Pas pour les autres. Pour elle-même.

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