Next Mission ft Marian E. Carson

Parfois encore, Marian se demande si son aventure dans l'espace n'est pas qu'un rêve ou un cauchemar très convainquant qu'elle aurait fait une nuit vraiment agitée. Puis elle se réveille avec l'inconfort de son avant-bras dans le bras, et le goût des lèvres de Kate persistant sur les siennes. Alors elle sait que cette aventure est bien arrivée, et elle ne sait pas si elle doit s'en inquiéter ou s'en amuser. Une chose est sûre, c'est qu'elle n'arpentera plus jamais Central Park de la même façon.

Pourtant aujourd'hui, le soleil brille, le vent frais s'est calmé, et tout le monde semble apprécier la douceur de la journée. Les familles sont nombreuses dans le parc, tout comme les couples, les vieux avec leurs chiens, les sportifs, et n'oublions pas les touristes. Marian se sent en sécurité au milieu de cette foule presque rassurante. Les cris d'un groupe d’adolescents qui jouent au volley, le crissement des vélos sur les graviers, les aboiements joyeux des chiens. Le monde entier semble sourire à la mutante, et elle se dit qu'elle a bien fait de prendre sa journée loin de tout pour se détendre un peu. Pas de sport non plus pour elle aujourd'hui et, une fois n'est pas coutume, elle a troqué son jogging contre un short en jean et une chemise piquée dans l'armoire de Vind. En revanche, et quelle que soit la situation, il est difficile de lui faire quitter ses doc marteens. Même au mariage d'une amie, elle les avait portées avec la robe de demoiselle d'honneur.

Au détour d'une allée, Marian tombe nez à nez avec un marchand ambulant dont les différentes odeurs alléchantes la forcent à s'arrêter pour succomber à la tentation.

« B'jour ma jolie, qu'est-ce qui vous ferez plaisir ? » C'est un petit homme, qui doit avoir facilement soixante-dix ans, et sa voix un peu chevrotante tire un sourire attendri à Marian.
« Bonjour monsieur, je vais vous prendre une gaufre au nutella avec un supplément chantilly, » commande la brune, les yeux pétillants d'envie.
« Ca marche ma jolie, » lance le petit vieux en se retournant pour préparez la commande. « On se demande où vous mettez tout ça ! »
« J'élimine rapidement, » répond Marian en donnant l'appoint pour la somme indiquée sur le panneau coloré, amusée. Le temps que sa petite douceur soit prête, la jeune femme se décale pour laisser d'autres gens passer commande, regardant autour d'elle d'un air distrait.
« Et voilà pour vous ma jolie ! »
« Merci beaucoup, bonne journée, » termine la brune en récupérant sa gaufre plus énorme qu'elle ne le pensait.

C'est un peu galère à manger en marchant, surtout avec une main, mais Marian profite de son plaisir calorique en passant un doigt dans la chantilly avant de le porter à ses lèvres comme une enfant. Un banc se profile à l'horizon mais il est rapidement occupé par un couple et par défaut, la mutante décide de s'assoir dans un coin d'herbe pour manger sa gaufre.
Assise sur le gazon en tailleur, Marian savoure son met en regardant autour d'elle. Sans vraiment faire attention au début, son regard glissant sur les gens sans s'y arrêter. Puis, ses yeux noisettes font demi-tour pour se poser sur une silhouette étrange, un individu au style atypique. En fronçant les sourcils mais en détournant quand même le regard pour ne pas être insistante, la brune se rend compte que l'homme était déjà non loin d'elle alors qu'elle achetait sa gaufre. Et entre le Registration Act, son épopée dans l'espace, et tout le reste, il n'en faut pas moins à la jeune femme pour être sur la défensive.
Peut-être de la paranoïa, sans doute un instinct de survie. Instinct qu'elle a rapidement développé depuis le passage de la loi forçant les mutants et plus qu'humains à se pucer.

L'air de rien, la jeune femme termine sa gaufre puis se relève, jetant sa serviette en boule dans une poubelle d'un geste et d'une bonne visée. Elle se remet en marche quelques instant et fini par sortir son téléphone. Camera frontale activée, elle fait mine de vérifier son maquillage mais remarque rapidement que l'inconnu est toujours là, à son plus grand désespoir. Elle qui pensait passer une bonne journée. Une journée normale. Mais après tout, ça avait également été le cas avant qu'elle ne tombe sur l'objet la faisant voyager à travers l'espace. Se pourrait-il qu'il y ai un lien ? Non, là, c'est vraiment de la paranoïa. Mais d'un autre côté, la jeune femme déteste avoir le sentiment d'être ainsi observée.
Ni une, ni deux, elle fait volte-face pour réduire la distance qui la sépare de l'inconnu, devant lequel elle se plante, l'air furieux. Malgré son mètre soixante-dix, Marian doit lever le menton pour que son regard accroche celui de son stalker à travers les lunettes de soleil.

« Vous avez un problème ? » demande-t-elle d'une voix basse mais froide, peu désireuse d'attirer l'attention des passants sur eux, mais impossible de se retenir de réclamer une explication.

Marian le sait, la meilleure défense, c'est l'attaque. Logan lui a bien enseigné cela et c'est le moment idéal pour mettre la théorie en pratique. D'ordinaire, c'est elle qui accoste les hommes ou les femmes dans la rue, elle fait toujours le premier pas, et déteste qu'on lui vole ce privilège. Pourtant, ce n'est pas cela qui dérange la brune en cette journée ensoleillée. Avec tous les évènements qui se sont produits au long de la semaine, et alors qu'elle sort de l'appartement de Vind pour la première fois depuis des jours, la méfiance est à son comble. Elle redoute des représailles des X-Men, ainsi que la dette de vie qu'elle doit au Dieu de la malice.
C'est ainsi que, pleine de fouge, les yeux brûlants derrière ses lunettes... Elle laisse échapper un
« Oh » de surprise quand l'inconnu eu l'air soudainement gêné, se frottant la nuque.

« Je... Je ne savais pas vraiment comment vous aborder, je suis pas vraiment doué pour parler aux filles ... Surtout lorsqu'elles sont aussi jolies. »

La surprise immobilise Marian, la rendant muette alors que ses yeux cachés fixent l'homme. Maintenant qu'elle est aussi près de lui, une petite voix au fond d'elle lui fait remarquer le charme de l'inconnu. Marian fout un coup de pied au cul de ladite voix en retenant un soupir las.

« J'suis un peu gêné là... hm moi c'est Peter. »

Le sourire de Peter semble calmer un peu la furie en Marian qui garde cependant les mains sur les hanches, l'air perplexe. Au bout de quelques secondes d'un silence que la brune ne sait comment briser, par une réplique cinglante ou des excuses, l'étranger charmeur reprend la parole.

« Je vais quand même tenter ma chance en te demandant si tu acceptes de m'accompagner ... Oh rien d'extravagant ne t'en fait pas, simplement partager une glace et profiter de cette journée. »

Alors là, Marian n'en peut plus et au vu de la situation incongrue, elle laisse échapper un éclat de rire. Elle se trouve ridicule, d'avoir réagi de la sorte face à quelqu'un qui, visiblement, a juste envie de la rencontrer. Gênée, les joues rosies, elle remonte les lunettes de soleil sur le haut de sa tête en dégageant un peu les cheveux de son visage. Elle a oublié que son carré bouclé aujourd'hui servait en partie à cacher le bleu qui orne le côté de sa mâchoire et qui s'étend presque jusqu'à son oeil.
Ses mains se joignent nerveusement alors qu'elle peine à se tenir immobile sur ses jambes en arrêtant de rire.

« Je suis vraiment désolée, Peter, je ne voulais pas te manquer de respect... » Marian esquisse un sourire d'excuse, c'est elle la plus gênée des deux désormais. « C'est toujours un peu effrayant de se sentir suivi, alors j'ai préféré prendre... le taureau par les cornes. » Elle tend une main pour serrer celle de Peter en guise de salutation. « Enchantée Peter, je m'appelle Liara. » Fini l'époque où Marian donnait son prénom même aux inconnus au fin fond du Canada... Les temps sont différents, et elle préfère donner un faux prénom juste par précautions. Même si elle aime à vouloir croire que Peter ne s'intéresse qu'à elle parce qu'il l'a effectivement trouvée charmante.

« Je serais ravie de passer du temps en ta compagnie, » finit-elle par accepter, son habituel sourire éclatant venant illuminer son visage avec plus de force que le soleil au-dessus de leurs têtes. « Je te suis, j'imagine que tu connais un endroit pour manger de bonnes glaces, » dit la brune sans cesser de sourire. Encore une fois, même en acceptant l'invitation, Marian ne peut s'empêcher d'être méfiante. Son but actuel est de savoir d'où vient Peter, car, en dépit de son look atypique, elle est presque sûre qu'il n'est pas de la ville.
Sous la chaleur, Marian déboutonne sa chemise -ou plutôt, celle de son ancien professeur/amant et plus vieil ami- sous laquelle elle porte un simple débardeur blanc. Elle n'a guère pu emporter toute son armoire en fuyant l'Institut Xavier avec ses amis aux portes de la mort, et depuis, faire du shopping n'était pas sa priorité. Pourtant, elle pense furtivement qu'elle aurait aimé porter une robe aujourd'hui. Légère. Pourquoi pas fleurie.

Il faut aussi dire que, suite aux évènements à l'Institut, son arrivée à la Confrérie.. Et le fait de manquer de perdre ses amis les plus proches, tout cela a beaucoup chamboulé Marian. Pour ne pas dire traumatiser. Qui ne le serait pas, en tournant le dos aux quinze dernières années de sa vie ? Suite à cela, Marian a décidé de rompre sa relation avec Zain. Décision difficile à prendre, mais au vu des circonstances, les idées de la brune ne s'en font que plus fortes : ne jamais s'attacher. Et pour cela, manger une glace avec le premier inconnu séduisant, est une bonne pratique.

Plus les secondes passent, plus elle observe le sourire amusé et joyeux de Peter, plus Marian se sent stupide. Stupide de douter de lui, de sombrer ainsi dans la paranoïa. Après tout, c'est tous les jours que des gens se rencontrent dans la Grande Pomme, pourquoi voudrait-on forcément lui nuir ? Et puis... Cela ne peut lui faire que du bien. De passer une journée normale après tous les événements depuis ces derniers mois.
Le geste de Peter, bien que délicat, la prend par surprise. Rangeant au fond d'elle la Marian qui lui aurait asséné un coup de plâtre dans le nez, la brune esquisse seulement un petit sourire un peu gêné, les joues rougissantes. Bien qu'elle ne sache pas trop encore comment interpréter ce geste et les sourires qui suivent, Marian est déjà moins sur ses gardes. Peut-être est-ce stupide de sa part, le danger est partout, surtout pour quelqu'un comme elle dont rien que l'existence enfreint la plus en vogue des lois de l'Etat de New York. Mais qu'importe. Rien que pour une fois, une heure, une journée... Elle veut être quelqu'un d'autre. Quelqu'un qui n'a pas peur des autres. Quelqu'un qui n'a pas peur des conséquences de chaque acte, aussi infime soit-il. Accepter de passer du temps avec cet homme aux allures atypiques et au sourire charmeur est un bon début.

« Evidemment ! Tu ne crois quand même pas que je t'aurai proposé ça sans avoir une idée de où t'emmener ! »

Le clin d'oeil fait sourire Marian à nouveau, ce sourire qui lui fait plisser le nez et qui s'accompagne d'un bref rire enjoué. Le fait que Peter sache où l'emmener rassure Marian, et ne fait qu'accentuer son sentiment de culpabilité d'avoir douté et agressé verbalement l'individu. Une petite voix au fond d'elle lui dit qu'elle se fait sans doute avoir mais, dans le pire des cas... Elle saura se défendre, qu'il fasse une tête de plus qu'elle n'y changera rien.
Mais pour l'instant, l'heure n'est pas à la défense ni à l'attaque. Seulement au beau temps, et au bon temps.

« Prête ? »

« Plus que jamais, » répond la jeune femme en ne se faisant pas prier pour glisser son bras valide sous celui tendu par Peter.

Naturellement, ses pas s'accordent aux siens, à moins que ce ne soit l'inverse, et c'est avec une bonne humeur retrouvée que Marian se laisser entraîner dans Central Park. Elle connait les lieux comme sa poche, venant y faire son jogging du dimanche chaque semaine depuis une bonne décennie. Pourtant aujourd'hui, l'air semble différent. Le soleil brille davantage, l'herbe est plus verte. Elle observe les lieux avec un oeil nouveau, tout à fait différent de lorsqu'elle vient courir.

« Alors, comment tu t'es fais ça ..? »

« Tu parles de mon oeil ou de mon bras ? » taquine la jeune femme, même pas sûre pour le coup de savoir l’intérêt de Peter. Mais puisqu'il faut jouer le jeu... « J'ai fais une mauvaise chute, » dit-elle en désignant son bras, « et une mauvaise rencontre. » ajoute-t-elle en désignant son oeil au beurre noir. Heureusement qu'elle porte toujours sa chemise, cachant la cicatrice encore fraîche balafrant son bras libre de l'épaule jusqu'au coude. « C'est pour ça que j'ai réagit un peu violemment tout à l'heure, » confesse Marian, alors sans mentir tout à fait . « J'avais peur que tu fasses partie des mauvaises rencontres. »

Elle lui adresse à nouveau un sourire d'excuse avant de détourner son regard noisette vers le lac. Le soleil se reflétant sur l'eau lui fait plisser les yeux et elle profite que Peter lâche son bras pour rabaisser ses lunettes sur son nez.

« Tu m'attends ici ? »

« Je ne bouge pas, » assure Marian en profitant des verres de ses lunettes pour laisser quelque peu vagabonder son regard sur la musculature cachée par le tee-shirt. Qui a dis que les femmes ne mataient pas ? Elles n'ont simplement pas besoin d'accompagner le regard de gestes et paroles obscènes, voilà tout.

Tandis qu'il s'éloigne en direction du marchand de glace, Marian ne peut s'empêcher de rire et de lui répondre à son signe de la main en le voyant se retourner pour voir si elle ne s'est pas enfuie à toute vitesse. En revanche, elle se décale légèrement sur la droite pour prendre place sur un banc en l'attendant.

« Me demande pas c'est quel parfum, j'en sais rien du tout, mais rassure toi elles sont toujours bonnes ! »

Plongée dans sa contemplation du lac, Marian sursaute en voyant Peter déjà de retour, et elle s'empresse de tendre la main pour récupérer son cornet avec un « Oh » d'admiration. Elle se décale sur le banc pour que Peter puisse prendre place et sans attendre, goûte la gourmandise glacée. Au râle de satisfaction de l'homme, se mêle le sien alors qu'elle rougit derrière ses lunettes en sentant son regard en coin.

« C'est... Waouh. Je n'ai jamais mangé de glace aussi bonne ! » avoue la jeune femme en savourant la crème glacée dont les couleurs se mélangent pour le plaisir de yeux et des papilles. « Et dire que j'ai failli louper ça en pensant à vous cassez le nez... » souffle-t-elle d'un air faussement outré avant de laisser échapper un rire sous le regard du concerné. Elle ne se rend même pas compte qu'elle le vouvoie à nouveau, bien que l'ayant tutoyé précédemment.


La jeune femme ramène ses jambes dénudées en tailleur pour une position plus confortable et continue de se délecter de cette glace aux couleurs et parfums si particuliers, son regard vagabondant un instant sur le lac, les enfants et les gens qui passent. Le moment est paisible, le soleil agréable, et elle fini par couler un regard en direction de Peter, petit sourire en coin.

« Vous êtes ici en touriste ? » demande Marian en venant à croquer un bout du biscuit qui forme le cornet.

L'instant est des plus agréable. Dans une vie chamboulée par le chaos, la mort, le sang et la violence, les moments comme celui-ci sont à chérir plus que tout. Même s'ils sont sans lendemain. Le fait qu'ils soient éphémères les rend encore plus précieux.
Elle savoure sa glace, son regard glissant sur le lac, puis revenant à Peter. Il est bien silencieux à sa question et l'espace d'un instant, elle ne craint de l'avoir froissé d'une manière ou d'une autre.

« Oui...en quelque sorte. »
« Quelque chose ne va pas ? » demande Marian, finissant juste sa glace en captant le regard de Peter qui prend une inspiration.

« Je vais être sincère avec toi, si je t'ai abordé ce n'était pas vraiment pour passer du temps avec toi comme je te l'ai avoué ... Pas que je n'en ai pas envie ! Tu es vraiment charmante, sur ce point je n'ai pas eu à mentir. »

Les sourcils de Marian se fronçent et elle relève ses lunettes de soleil pour mieux voir le visage du jeune homme. Il parle de mensonge, mais pour l'instant, elle lui a menti également. Elle attend donc la suite, curieuse et incertaine de là où elle s'aventure.
« Écoute, je sais que Liara n'est pas ton prénom, je sais aussi que ton vrai prénom, c'est Marian ... Je ne t'ai pas menti sur le mien, je m'appelle Peter Quill, je viens de l'espace et si je suis ici, sur Terra, c'est parce que tu étais ma prochaine mission. »

Le coeur de Marian s'arrête un instant, son ventre se tord. Elle ouvre la bouche d'un air énervé, mais n'a guère le temps de dire un seul mot.

« Après le cirque que vous avez foutu là-haut, dans ce marché galactique, ta tête à été mise à prix, je suis chasseur de prime, c'est plus un passe temps qu'autre chose, mais je savais que pour cette affaire j'étais le mieux qualifier, je me fond plutôt bien ici ... j'avais pensé t'aborder pour pouvoir t'embarquer avec moi, mais ce n'est pas mon genre. J'en serais incapable. Ça doit te sembler dingue mais je t'assure, tu dois me croire ... d'autant plus que si ce n'est pas moi, d'autres voudront surement te récupérer. »

Muette, Marian détourne les yeux, sa main désormais libre venant frotter ses yeux. Tiraillée entre l'envie de frapper Peter comme elle se dit qu'elle aurait dû le faire dès le début, et celle de partir en courant sans rien dire.
« J'essaierai de faire annuler les contrats qui vous concernent, mais en attendant vous devez être prudentes et ... je pense que je peux vous être utile si vous me laissez vous aider. »

La brune laisse échapper une esquisse de rire sarcastique. Elle et Kate se sont débrouillées comme des grandes sur ce marché galactique. Même si en résulte apparemment une prime sur leurs têtes. La justice alienne paraît aussi étrange que celle sur Terre. La légitime défense, ils ne connaissent pas ? Elle ôte sa main de son visage qu'elle tourne vers Peter. Malgré ses efforts, elle n'arrive pas à cacher la déception au fond de ses yeux. Parce qu'au final, elle avait vraiment eu envie d'y croire, à cet instant hors du temps. Loin de tout. Loin d'elle-même. Cette désillusion lui fait mal dans la poitrine et elle inspire doucement en rabaissant ses lunettes sur son nez. Le désenchantement de ce moment lui donne presque envie de pleurer.

Le pire, c'est qu'elle n'en veut pas à Peter. Il vient de se montrer honnête avec elle et propose même son aide. Elle n'est pas non plus quelqu'un de rancunier. Elle se déçoit simplement elle-même, d'y avoir cru. De s'être laissé embarquer dans un jeu encore plus faux qu'il ne semblait l'être. Une boule dans la gorge, elle pense à nouveau se lever et s'en aller. Peut-être est-ce la meilleure des choses à faire ?

« Merci pour la glace, » se contente de souffler la brune d'une petite voix, contrastant avec celle qu'elle avait jusque maintenant, se forçant à esquisse un sourire pas très convaincu.

Marian se lève alors et quitte le banc. Elle fait quelques pas avant de se rendre compte que Peter s'est mis en tête de la suivre pour une obscure raison. Elle tente de l'ignorer, mais au bout de quelques secondes, elle ne tient déjà plus et se tourne vers lui en soupirant.

« Ecoute, t'a été sincère avec moi et tout, mais... C'est bon ça suffit, je sais me débrouiller comme une grande. Je ne sais pas comment ça fonctionne votre justice là-haut mais je n'ai pas tué cet alien pour le plaisir, je sauvais juste la peau de ma pote comme la situation me le permettait. Merci pour l'avertissement en tout cas. » La voix de Marian tremble légèrement. Elle s'en veut de s'être laissé attendrir par des sourires charmeurs, une caresse sur la joue et une glace pastelle. Peter ne faisait que son boulot, et même après le subterfuge du rendez-vous improvisé dans lequel elle avait placé ses espoirs d'une journée normale, elle n'arrivait pas à en vouloir au blond.

L'espoir est quelque chose de rare et de fragile en ces temps sombres pour Marian, comme pour beaucoup d'autres habitants de New York. Les sourires de Peter avaient, comme la glace, ce petit goût d'espoir qui manque tant à la mutante. L'espoir que, pour une fois, tout allait bien se passer. Qu'il n'y aurait rien de travers, rien d'étrange, rien d'imprévu. Dans le mauvais sens du terme en tout cas. Peut-être était-cela le problème finalement. Son envie, son besoin de croire en ces choses comme l'espoir. Comme un inconnu qui lui offre des sourires sans qu'il n'y ai aucune mauvaise pensée derrière.
Après tout, Magneto a sans doute raison : nous n'aurions jamais de déceptions si nous tenions sans cesse nos cœurs préparés pour l'adversité et pour la souffrance.

Mais Marian n'est pas comme cela. En dépit de tout, elle continue de croire, d'espérer. Pour les petites choses de la vie, qui sont finalement les meilleures et les plus précieuses. Le sourire qu'elle offre spontanément au monde et aux gens en est la plus belle preuve. Pourtant, son sourire est disparu cette fois, alors qu'elle lève le visage vers Peter. Il ne semble même pas l'écouter et elle esquisse un geste pour se détourner de lui à nouveau mais il en décide autrement.
Sans qu'elle ne s'y attende, la brune se retrouve enlacée par l'homme. Une étreinte tendre mais ferme. Il enfouit son visage contre son cou. Elle se sent minuscule, Marian, dans les bras de cet homme. Son corps est tendu, prêt à exploser, la main de son bras valide se serre en un poing nerveux.

« Laisse moi me rattraper ... et laisse moi t'aider. »

La brune lève les yeux vers le ciel bleu en se mordant la lèvre inférieure. Les mots, la voix semble sincère. Mais ne s'est-elle pas déjà fait avoir ? Pourtant elle frémit. De cette étreinte inattendue, de ces bras la soutenant fermement. Elle est si tendue que ses muscles lui font mal, la mâchoire crispée. Elle a du mal, Marian, à se laisser aller. Trop méfiante, pas forcément envers Peter, mais envers le monde entier.
Il se redresse, lui tire un nouveau frisson imperceptible quand il glisse une mèche de cheveux derrière son oreille, embrasse le haut de son front.

« Tu sais ... si ça peut me faire pardonner je veux bien te montrer l'intérieur de mon vaisseau. Et je t'assure qu'il n'y a aucun sous entendu là dessous ! »

Quelque chose se fissure. La banquise craque, les flots se déversent. Ca commence par le corps de Marian qui tremble légèrement contre Peter, comme secoué de légers spasmes. Elle même ne se rend pas compte qu'elle rit, nerveusement, comme quelqu'un qui a oublié comment faire. Ce petit début de rire fragile qui essaie de s'échapper comme une fleur qui tente de pousser à travers la neige.
Elle rougit, Marian. Elle craque. Ne résiste pas. Comment faire face à la petite moue de Peter, son sourire en coin, sa chaleur ? Elle qui a si froid depuis si longtemps.
L'espace d'un instant, il n'y a plus rien qui existe. Seulement les bras de cet inconnu venu à sa rencontre dans un but pas très louable, mais qui désormais la soutienne fermement et contre lesquels elle sent qu'elle peut se laisser aller.
Tandis qu'elle rit doucement, elle pose son front contre l'épaule de Peter. Capitule. Sa main valide remonte se poser sur sa taille, ses doigts s'accrochent au tissu du tee-shirt.

« Bien, très bien... » souffle doucement la jeune femme après avoir arrêté de rire, son sourire se dessinant à nouveau sur son visage. Elle relève ce dernier vers Peter, toujours penché vers elle. « Je dépose les armes, » réplique la brune avec une petite moue. Son regard se plonge dans celui de l'homme qu'elle soutient quelques instants.

Pour les passants ayant assisté à la scène depuis l'achat de la fameuse glace, ils ont presque l'air d'un jeune couple s'étant chamaillé pour une broutille et qui finit par s'étreindre dans un parc sous le soleil de printemps. Le genre de chose que Marian déteste, lui rappelant sa manie de prendre les gens et de les jeter dès qu'il y a une once d'attachement. Mais puisqu'il ne s'agit de rien de tout cela aujourd'hui, qu'ils ne sont rien l'un pour l'autre qu'un supposé chasseur et sa proie, Marian sourit. Amusée. Peut-être est-il temps d'inverser les rôles.

Sa main sur la taille de Peter remonte le long de ses côtes pour se glisser sous son bras, cheminant jusqu'à son visage où elle se dépose contre sa joue. Le geste est tendre, et c'est avec douceur que les doigts caresse le début de barbe. Le visage toujours relevé vers l'homme, Marian ne se défait pas de son sourire alors qu'elle se rapproche un peu plus.

« Je serais ravie de visiter votre vaisseau, Monsieur Quill, » murmure la mutante d'un air taquin, son souffle teinté des saveurs de la glace passant sur les lèvres de Peter. Ça, c'est vraiment Marian. Taquine, joueuse, souriante et tactile.
C'est sur ses mots que Marian enjambe le pas de Peter, son sourire retrouvé et il faut le dire, l'excitation de découvrir un véritable vaisseau spatial au rendez-vous. En cet instant, la bonne humeur et la joie de retour, elle se sent prête à le suivre au bout du monde.