[DEFI] - Is it your hand I feel on my shoulder ? ft. Foggy

Un nuage de poussière me fait tousser et relever la tête du dossier que j’étais en train de feuilleter. On n’a pas idée de laisser trainer ce genre de documents ici. Mais madame Lindsey sera contente si j’arrive à remettre la main sur cet acte de propriété. Cela lui permettrait de court-circuité toute l’attaque des personnes qui l’ont trainés en justice pour pouvoir récupérer sa maison à cause d’une fuite judiciaire. Mais c’était sans compter sur moi ! Dès que j’ai appris que l’acte de propriété était fait au nom de son défunt mari mais qu’elle n’avait pas pensé à le prendre avec elle lors de son déménagement, il y a plusieurs années de cela, j’avais tout de suite mené l’enquête. Elle avait dû quitter son domicile suite à l’invasion Chitaurii. Il y avait eu des dégâts irréversibles sur la maison et au lieu de la faire raser, elle l’a simplement quitté en l’état pour aller vivre dans la maison qui avait appartenu à son époux. En laissant tout en l’état. Donc la maison est dangereuse. De plus, ma cliente m’avait annoncé avec un sourire taquin que si elle n’avait pu se résoudre à faire démolir cette maison, c’était parce que son mari hantait les lieux. Super rassurant.

Mais c’est plus fort que moi, je dois partir à la recherche de ce papier. Cela fait déjà plusieurs heures que je cherche et, depuis mon arrivée, la nuit est déjà tombée. Mais je ne perds pas espoir. Je cale à nouveau la lampe de poche entre mes dents et je retourne fouiner dans mon tiroir. Je finis par en extraire un dossier plutôt volumineux. Je serais plus à mon aise pour lire ça en bas, dans le salon. Je me constitue donc une pile de dossier poussiéreux et humide et je quitte le bureau. Je descends les escaliers avec précaution, essayant de ne pas penser à tous les grincements de la maison. J’évite les marches que j’ai déjà notées comme étant à risque et je retourne dans le salon. Je frisonne alors que j’entends des pas au rez-de-chaussée. Non, ça doit forcément être mon imagination qui me joue des tours. Après tout, cela fait des heures que j’entends cette vieille maison craquer dans tous les sens.

Je vais donc pour déposer mon tas de feuilles sur la table basse du salon quand un grincement sonore beaucoup plus imposant que les autres me fait relever la tête. J’ai tout juste le temps de m’écarter pour éviter le lustre qui était en train de me tomber dessus. Je me retrouve le cul par terre, les feuilles que je transportais volant dans tous les sens alors que la poussière se soulève, me donnant une nouvelle quinte de toux. « Monsieur, vous allez bien ? Rien de cassé ? » Je me retourne pour voir un jeune homme, lui aussi munit d’une lampe de poche. La concurrence ? S’ils mettent la main avant moi sur ce papier et qu’ils le font disparaitre, il y a alors dissimulation de preuve… Encore faut-il pouvoir le trouver. « Je vais bien, merci. C’est pas passé loin. Je comprends pourquoi cette maison est signalée comme dangereuse. » Je tousse à nouveau alors que je le relève. Je frotte un peu mes vêtements, essayant d’en faire partir la poussière avant de me pencher pour commencer à ramasser les dossiers éparpillés partout dans le salon à la lumière de ma lampe de poche. « Laissez-moi deviner. Vous êtes là de la part de Lindman Corp ? La dissimulation de preuve est punie par la loi, vous savez ? »

« Encore faudrait-il le prouver. » Ce que je peux détester ces avocats peu scrupuleux qui contournent les lois. Discrètement, je glisse ma main dans ma poche et alors que je souris à l’avocat, je lance un enregistrement sur mon téléphone. En espérant capter autre chose que des bruits de poche. « C'est quoi votre nom ? Je ne pense pas qu'on se soit déjà rencontré » Je sors ma main de ma poche. Je pourrais échanger une poignée de main avec lui mais savoir qu’il fait partie de ces personnes qui attaquent cette pauvre vieille femme pour récupérer sa maison, ça me refroidit directement. « Foggy Nelson, de Nelson & Murdock. Je suis l’avocat de la défense. Le procureur entendra parler de votre visite ici. » Comment ne pas me montrer distant, froid et ferme avec cet homme ? Il représente tout ce que Matt et moi on a voulu éviter, tous les travers qu’on s’est escrimés à contourner. L’appât du gain pour l’appât du gain et aucune considération sur le fait de rendre ou non la vraie justice.

Je continue de ramasser les papiers qui jonchent toujours le sol. Il ne manquerait plus qu’il prenne le papier dont j’ai besoin juste sous mon nez. Depuis l’affaire de Wilson Fisk et du Punisher, j’ai tendance à me montrer un brin trop paranoïaque mais, après tout, mieux vaut prévenir que guérir non ? Je relève la tête quand j’entends des bruits de pas. « C'est un des vôtres qui est là-haut ? » J’aurais bien aimé. J’aurais bien aimé que Matt soit là avec son sourire assuré et son attitude nonchalante. Ça m’aurait déjà plus rassuré. « Non, je suis seul ici depuis le début de l’après-midi. » Je m’approche de la cheminée et je ramasse le tisonnier. Tout cela commence à me rendre nerveux. Beaucoup trop nerveux. Je suis ensuite l’inconnu jusqu’au couloir. Je laisse le tisonnier le long de mon corps sans m’armer avec. Savoir qu’il est là, ça me donne le courage nécessaire pour m’avancer jusque-là.

Lorsqu’on arrive dans le couloir, je relève ma lampe de poche vers les escaliers. Il n’y a personne. Mais on peut clairement entendre des pas à l’étage. Je repense à Madame Lindsey qui m’avait fait un clin d’œil taquin en m’avouant que son mari hantait toujours la maison. Le faisceau de ma lampe remonte sur le plancher. Juste au-dessus de nous, il grince. Un peu de poussière nous tombe dessus. Il y a bel et bien quelqu’un à l’étage. Je raffermis mes prises sur ma lampe torche et sur mon tisonnier et je me lance, commençant à monter les marches.

Lorsque j’arrive en haut, ma lampe torche ne trouve aucune silhouette. « Il y a quelqu’un… ? » Je tente toujours, on ne sait jamais. On peut toujours avoir une bonne surprise… Je m’avance sur le palier, ma torche fouillant les ténèbres. Mon cœur bat la chamade et j’essaye de me rassurer comme je le peux. Prit d’un drôle d’instinct, je tente une nouvelle chose. « Monsieur Lindsey ? C’est vous ? » Totalement stupide… Mais si mon meilleur ami porte des collants pour combattre le crime la nuit, que des aliens envahissent la ville et qu’une partie de la population mondiale commence à développer des pouvoirs, pourquoi les fantômes n’existeraient-ils pas ?

Que se passe-t-il ?:

« Vous tentez de réveiller les morts, Mr Nelson ? » J’hausse les épaules en seules réponses. « Entre les mutants, les aliens et les portails qui s’ouvrent au-dessus de New-York, il me semble intelligent de garder l’esprit ouvert à ce que nous pension être jusque-là de la fiction et de l’affabulation. » Après tout, aux côtés de Matt, j’en ai déjà vu de toutes les couleurs. Où est-il d’ailleurs ? A cette heure-ci de la nuit, il doit être en train de parcourir la ville dans son costume en se mettant bêtement en danger pour sauver une poignée d’inconnus. Je lâche un soupire alors qu’on continue de faire le tour de l’étage. Rien. Rien du tout. La frustration. Mais aussi l’angoisse qui commence à monter. Et si j’avais eu raison de garder l’esprit ouvert ? Un long frisson court le long de mon dos lorsque j’entends quelqu’un tousser en bas. Mon regard accroche celui de l’inconnu et on se met en route pour retourner au salon. Une silhouette se détache en bas des marches. Il me tend la main et je ne me fais pas prier pour y glisser mon tisonnier.

Mais il n’y a rien. Ce que nous avons pris pour une silhouette humaine n’est autre qu’un manteau suspendu au coin d’une porte. Je lâche un soupir de soulagement… Jusqu’à ce que mon regard ne tombe sur une certaine lueur rougeoyante. Je prends une profonde inspiration avant de me rendre compte que, définitivement, quelque chose cloche. Je retourne au salon, suivant mon instinct. Là, je trouve tous les papiers que j’avais descendus en train de bruler dans la cheminée. Mon sang se fige alors que je cours vers le petit tas de papiers en train de bruler en retirant ma veste au passage. « Non, non, non non non non non ! » Je me jette à genoux devant la cheminée. Je ne vais pas laisser ma défense partir en fumée devant mes yeux ! Hors de question. Je frappe le feu de ma veste pour essayer de l’étouffer mais le papier brule beaucoup trop vite. Une chance pour moi, il était gorgé d’humidité, ce qui m’a évité une trop grosse flamme. Lorsque je juge avoir une chance, je jette pour de bon ma veste sur la flamme pour finir de l’étouffer.

Je la retire vivement une fois l’incendie éteins. Du bout des doigts, je vais à la recherche d’un papier n’ayant pas totalement brulé. Merde, merde, merde. La cendre chaude me brule les doigts mais cela n’a pas d’importance. Il faut que je trouve cet acte de propriété. J’espère qu’il n’était pas dans le tas. Je n’ai pas encore finit d’éplucher tous les documents du bureau. Tout occupé à ma tâche, je lance un regard furieux au rouquin qui se tient derrière moi. « Ça vous fait rire hein ? Vous n’avez pas le droit d’expulser Madame Lindsey de chez elle. Ce que vous venez de faire, c’est de la destruction de preuves ! Merde, l’acte de propriété devait surement être dans ces papiers… » Finie la flipette de tout à l’heure. Il n’y a plus de raison d’avoir peur. Je me suis fait avoir comme un con depuis le début. Il doit avoir un complice à l’étage et un à l’extérieur qui attendait juste qu’on monte pour bruler les papiers. Et moi, je me suis fait avoir comme un bleu. « Je vous jure que ce n’est pas fini ! Vous ne vous en sortirez pas comme cela ! » Et pendant que je peste, je continue d’essayer de récupérer ce que je peux du désastre qui vient de se jouer devant mes yeux.

« J'ai rien détruit du tout, vous avez bien vu, j'étais tout le long avec vous mais si vous pensez que j'ai le don d'ubiquité, vous pourrez toujours en faire mention au juge » Parce qu’en plus, il joue les innocents !  Je me lève, laissant les restes des feuilles là où elles sont. Là, je suis en colère. Cette pauvre femme n’a pas d’autres endroits où aller et eux, ils profitent honteusement d’une faille dans la loi pour essayer de s’approprier tout ce qu’il lui reste. Tout pour l’argent hein ? Cette maison, ils n’en ont pas besoin. Ce n’est qu’un caprice de leur société. Ils l’attaquent parce qu’ils le peuvent, parce qu’ils ont plus d’argent qu’elle. Parfois, les gens du milieu me rendent malades. Je lance un regard froid à l’avocat en face de moi. « Lindmans Corp ne s’en sortira pas comme ça. Je vous assure que ma défense sera aussi solide qu’un rock. » De l’intimidation, de la poudre aux yeux. Pour le moment, je n’ai rien. Rien de solide pour la défendre correctement. Mais, même si je dois y passer des nuits blanches, je ferais ce qu’il faut pour faire de cette affaire un succès.

Soudainement, je me fais tirer vers l’avant. Une protestation s’échappe de mes lèvres alors que je trébuche légèrement, devant faire quelques pas pour conserver mon équilibre précaire. Je me retourne, prêt à me montrer un peu plus agressif avec l’inconnu. Je déchante tout de suite lorsque je vois une silhouette tomber dans le salon, au milieu des décombres qui auraient très bien pu me tomber dessus. « Hé ! C'est vous qui avez brûlé les papiers ? » Je ne me prive pas pour lui mettre le faisceau de ma lampe torche en plein visage, l’aveuglant bien volontiers au passage. Qui d’autre ? Je déchante vite quand je vois la taille de l’homme qui nous fait fasse. Ce mec est une base ! Il lève une main pour se protéger de la lumière qui l’aveugle et je ne peux qu’espérer qu’il ne nous veuille pas de mal alors que je vois ses muscles rouler sous sa peau. C’est à se demander comment cet homme est capable de se déplacer aussi silencieusement. Avoir mon tisonnier sur moi en ce moment, ça m’aurait un peu rassuré tiens…

Un cri de surprise m’échappe quand l’homme commence à nous charger. Pour faire quoi, j’en ai aucune idée, mais il n’a pas l’air très amical à notre égard. J’attrape l’avocat par la manche et je le traine derrière moi alors que je me précipite vers les escaliers. Je le tire devant moi par habitude de passer en dernier. Je m’élance à sa suite alors que la silhouette s’écrase contre la porte du placard de sous l’escalier. Toute la maison proteste sous la maltraitance et je dois m’arrêter une seconde dans mon ascension pour m’assurer que le sol reste stable sous mes pieds. Je reprends ma course effrénée juste après. Pourquoi être monté ? Pour que les escaliers fassent en barrage temporaire mais j’avoue que maintenant, nous sommes coincés à l’étage.

Le ‘splach splach’ de nos pas sur le vieux parquet trempé rythme notre course alors qu’on se rend dans le bureau, la pièce juste au-dessus du salon. Je ferme la porte derrière nous et observe la pièce à la recherche d’une solution pour nous sortir de là. Je me fige alors que je me rends compte de l’odeur particulière qui règne à l’étage. Mon regard effaré tombe sur le rouquin, puis sur les jerrycans amassés dans un coin du bureau. « Il va faire bruler la maison… Votre collègue est fou ma parole ! » Ma voix s’échappe dans un souffle apeuré. Faut vraiment qu’on se tire d’ici. Je me détache de la porte pour m’approcher de la fenêtre que j’ouvre en grand. On est trop haut pour sauter mais il y a cet arbre qui n’est pas très loin… Ça peut toujours se tenter…

« Mais vous êtes cons ou quoi ?! C'est pas mon collègue ! Sinon, il me ferait pas cramer avec vous dans cette maison ! » Peu importe. Ce qui est important, c’est de se sortir d’ici en un seul morceau. Et idéalement sans brulures… Ça serait bien sans brulures. Je jette un œil par la fenêtre. Mouais… Parfois, j’aimerais être aussi sportif que Matt. Mais, vraiment, le sport, c’est pas mon truc… Et j’aime beaucoup trop manger que pour entretenir un rythme de vie sain. J’ai surtout trop à faire que pour encore trouver le temps pour aller faire du jogging le matin. « Même pas en rêve, je saute pas, il faut trouver autre chose » Je me mord la lèvre. Effectivement, l’idée ne semble pas si lumineuse que cela… Mais ça ressemble aussi à tout ce qu’on a… A moins de se laisser tomber au rez-de-chaussée. Mais ça sera pareil niveau hauteur… Et on sera toujours à l’intérieur. Les escaliers, c’est hors de question. Non, vraiment, je ne vois que la fenêtre… « Parce que vous avez une autre idée peut-être ? Ça ne va pas juste prendre feu. Si c’est vraiment de l’essence, ça va exploser. La maison est en bois. Imaginons qu’on trouve un moyen d’échapper à l’explosion, on sera coincé dans les décombres d’une maison qui sera en train de partir en fumée ! Faites pas votre tête de mule et descendez par cette fenêtre ! Je vous suis ! »

A côté de la fenêtre, je lui tends la main, l’invitant à s’approcher. « Par pitié, on n’a pas beaucoup de temps et je ne vous laisse pas derrière dans l’enfer que ça ne va pas tarder à devenir ici. » Je vais continuer mon argumentaire quand j’entends des craquements. Sinistres, lents, rythmés. Ce sont les escaliers. Je perds encore des couleurs alors que je me rends compte que l’homme est en train de monter à l’étage. Je lance un regard presque suppliant à l’inconnu. Je pourrais enjamber la fenêtre et tenter ma chance. Mais quel représentant pitoyable de la loi je ferais si je venais à abandonner quelqu’un derrière moi ? Tout aussi crapuleux semble-t-il être, personne ne mérite de finir comme cela. « S’il vous plait… J’ai aucune envie de finir griller comme du bacon et il est hors de question de vous laisser derrière. » C’est plus fort que moi. Je suis incapable de penser avant tout à moi. Toujours les autres, toujours ce besoin de guérir le monde. Je n’ai pas la prétention de dire que cela fait de moi un héros mais j’aime penser que je contribue à rendre le monde un peu meilleur. Cette ligne de conduite, j’ai parfois tendance à l’oublier pendant les fins de mois difficiles mais si je venais à sauter avant lui et qu’il lui arrivait malheur, je ne me le pardonnerais sans doute jamais.